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Dilemme ultra-contemporain : les aliments bons pour le cœur ne sont ne le sont pas pour le cerveau et réciproquement... Comment trancher ?
©Flickr/IsaacMao

Choix cornélien

Si notre corps a besoin des 40 substances indispensables que l'on trouve dans l'alimentation, chaque organe a toutefois des besoins particuliers.

Jean-Marie Bourre

Jean-Marie Bourre

Jean-Marie Bourre est membre de l'Académie nationale de Médecine.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à la diététique, dont Le lait : vrais et faux dangers (éditions Odile Jacob, 2010). Son dernier livre "La chrono-alimentation du cerveau" est paru en 2016 aux éditions Odile Jacob.

 "La chrono-alimentation du cerveau" du Docteur jean-Marie Bourre

 

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Atlantico : Lorsque nous en venons à la question d'une alimentation saine, faut-il faire un choix entre une alimentation saine pour la santé cardio-vasculaire et une qui serait plus favorable au cerveau ? Ainsi, la compétition entre Oméga 3 et 6 pourrait avoir des effets différents entre la santé cardiovasculaire et ceux sur le cerveau ?

Jean-Marie Bourre : La réponse est non dans la mesure où une alimentation saine concerne tous les organes. Les organes ont les mêmes besoins nutritionnels, c’est-à-dire les 40 substances indispensables que l'on trouve dans l'alimentation qui sont 13 vitamines, 15 minéraux, deux oméga-3 un oméga-6 et 10 acides-aminés. Chaque organe a toutefois des besoins particuliers. Le cœur, c'est du muscle donc des protéines de qualité qui vont apporter l'ensemble des acides aminés indispensables. Le cerveau qui lui aussi a ses spécificités qui font qu'il a des besoins particuliers. Il y a des besoins de protéines importants et les neurones ont besoin de vitamines particulières comme la B9, B6 ou B12. Elles sont importantes acr elles participent à l'élaboration des neuro-médiateurs qui facilitent la communication entre les neurones. Il n'y a aucune contradiction entre une alimentation bonne pour le cerveau, le cœur ou les orteils mais chaque organe a des besoins particuliers.

Le problème des Oméga B3 et B6 se situe en amont.  Dans le cadre de ce que l'on appelle les acides gras indispensables (qu'on ne sait pas fabriquer, dont on a besoin et qu'il faut donc retrouver dans l'alimentation), le problème actuel de notre alimentation c'est que l'on consomme trop d'oméga-6 et moitié moins de ce qu'il faudrait en oméga-3.

C'est bien là que se situe le problème. Les oméga-3 ont une importance considérable pour le cerveau comme pour le cardio-vasculaire. Le problème de la sous-consommation d'oméga-3 est un problème global et pour maintenir un bon niveau d'oméga-3 dans l'alimentation, la doxa est de dire qu'il faut consommer du poisson 3 fois par semaine, dont au moins 1 à 2 fois du poisson gras, ce qui réduirait par deux le risque d'infarctus du cœur. Et par voie de conséquence l'AVC. Ce n'est dont pas les oméga-6 le problème mais bien la sous-consommation d'oméga-3.

Quels sont les meilleurs aliments pour le cerveau ? Que cela soit pour les fonctions de la mémoire, de la créativité, sur le bienêtre, la capacité d'apprentissage, les régimes prétendument "sains" pour le corps sont-ils adaptés ?

Premièrement le cerveau a des besoins en énergie phénoménaux. Le cerveau c'est 2% du poids du corps et 20% de l'énergie alimentaire consommée et 20% de l'oxygène consommé. L'énergie de base c'est une molécule qu'on appelle le glucose consécutive du saccharose et l'on a  besoin en moyenne d'un morceau de sucre toutes les heures. La bêtise serait d'en prendre un morceau toute les heures car il faut absorber des glucides lents en réalité comme les pâtes, le pain...

Les régimes amaigrissants hypoglycémiques donc sont très dangereux pour le cerveau et son fonctionnement.  Il y a besoin de consommer tous les jours entre 250 et 300g de sucres et ces régimes vous en font manger moins de 50 grammes. Logique que le cerveau n'y trouve pas son compte. Au final pour être en bonne santé de manière générale, le scoop qui n'en est clairement pas un c'est qu'il faut manger un peu de tout.

Alors que des maladies comme Alzheimer tendent à toucher toujours plus de gens et qu'une étude récente pouvait montrer un lien entre cette huile et la maladie,  comment expliquer cette moindre préoccupation pour une alimentation dédiée à la santé du cerveau ?

Beaucoup d'études tendent à montrer que concernant les pertes cognitives liées au vieillissement il y a un bénéfice à consommer des oméga-3 qui sont contributifs à la bonne santé de l'organe. Le rapport oméga-6 sur oméga-3 revient en permanence sur le devant de la scène car ce que l'on consomme essentiellement ce sont des huiles végétales qui vont apporter le précurseur oméga-3 et -6. Ce dont le corps a besoin ce sont des chaînes carbonées plus longues et insaturées qui sont fabriquées par les organes et notamment par le foie. Quand vous consommez trop d'oméga-6 non seulement c'est trop par rapport aux oméga-3 mais les systèmes de transformation vont être inondés par les oméga-6.

Il va y avoir un cercle vicieux qui fait qu'au départ il n'y a pas assez d'oméga-3 et du fait qu'ils utilisent les mêmes systèmes de transformation, in fine, il y aura encore moins d'oméga-3 car il y a déjà un encombrement des portillons des enzymes.

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