Nouvelle-Calédonie : Taubira en campagne contre le « vote pour tous »<!-- --> | Atlantico.fr
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Christiane Taubira, chanteuse lyrique et ex-ministre de la Justice.
Christiane Taubira, chanteuse lyrique et ex-ministre de la Justice.
©Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Amour déçu

On la croyait Victor Hugo, elle finit en Renaud Camus.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je lis le texte (le poème ? L’épopée ? Le cantique?) que Christiane Taubira consacre aux événe­ments de Nouvelle-Calédonie et je demande, pour la énième fois désormais, comment j’ai pu trouver cette femme brillante à une certaine époque…

D’un autre côté, j’ai voté et fait voter Ségolène Royal en 2007, alors je dois être devenu moins « bon public » pour les iconoclastes un peu maboules en prenant de la bouteille. On change. On ap­prend de la vie.

Mais pour Taubira, je crois que cette affection date du moment où elle passait pour subtile et érudite. Et surtout de ce fameux discours sur le mariage pour tous, que je préfère d’ailleurs ne pas réécouter de peur d’y trouver le même ton amphigourique et ultimement creux de toutes ses interventions subsé­quentes…

Ainsi, et alors que des bandes de brutes mettent tout un territoire en vrac au motif qu’elles sont contre le droit de vote de leurs concitoyens au pedigree douteux, et au terme d’un processus démocratique exemplaire d’une durée inédite ayant démontré l’attachement des Calédoniens à la France, l’ex-mi­nistre de la Justice (sic) se métamorphose en Renaud Camus.

Carrément.

Les brutes ne sont plus des radicaux violents que même le FNLKS a renoncé à convaincre, mais les nobles représentants d’un peuple ancien, avec « des racines, des cultures, des mythes », que trop d’éléments allogènes risqueraient de faire « dépérir ou d’éteindre », de grand-remplacer, quoi... La terre, qui ne ment pas, serait kanake comme la France est la Gaule, et ce droit de vote enfin décongelé une « forfanterie stérile, infantile et provocatrice » de l’État.

Les Calédoniens de toutes les couleurs, qui craignent pour leur vie derrière leurs barricades faites de tri­cycles et de vieux frigos, ne seraient plus de paisibles citoyens comme les autres, mais des « séquelles », des « stig­mates », des « vestiges » de l’empire colonial. Un empire colonial auquel on ne pourrait d’ailleurs vraiment échapper que par la « rupture »…

Moi, pour un peu, ça me donnerait presque envie d’aller m’installer en Nouvelle-Calédonie et d'y lancer un grand mouvement pour le « vote pour tous » sous les crachats de ceux qui pensent avec Taubira que, pour une carte d’électeur, c’est quatre grands-papas et quatre grands-mamans minimum. Avouez que ce serait marrant. 

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