Pratiquement plus une journée ne se passe sans qu&rsquo;une société européenne ne soit acquise par une société chinoise. Cette accélération récente nous interpelle et nous fait-nous poser beaucoup de questions pour le court et le moyen terme. Les sommes en jeu sont très importantes : à la mi-2016 les acquisitions chinoises ont atteint le double de l&rsquo;ensemble de celles réalisées pour l&rsquo;ensemble de 2015 &hellip;elles sont également deux fois supérieures à celles des Etats-Unis pour la même période. La liste des sociétés est édifiante, tous les secteurs sont concernés en fait&nbsp;: Syngenta, dans l&rsquo;agrochimie&nbsp;;&nbsp; Pirelli,dans la fabrication de pneus&nbsp;; Kuka, dans la robotique&nbsp;; Swissport, dans l&rsquo;assistance au sol pour les avions&hellip; Club Med, Accor, Peugeot, Louvre Hôtel, Servair en France font l&rsquo;objet de prises de participation importantes. Wirecard, technologie et services financiers a fait l&rsquo;objet de rumeurs en milieu de semaine et l&rsquo;on ne prend ici en compte que les plus connus. Même des clubs de foot (Milan AC) ou des terres agricoles sont concernés.Notre première réaction en tant qu&rsquo;investisseur est de conclure, en voyant la Chine investir aussi massivement, qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un bon signal pour les actifs européens. Ils doivent représenter une valeur importante que ce soit en valeur d&rsquo;actif&nbsp;, en potentiel de &laquo;&nbsp; création de richesses&nbsp;&raquo;, ou en potentiel technologique. Nous disons depuis des mois que les entreprises européennes sont attractives sur un horizon long-terme. Les chinois nous ont visiblement entendus&nbsp;!Cela conforte aussi notre opinion&nbsp;: un investisseur long qui reste en cash actuellement réalise probablement une perte d&rsquo;opportunité. Si l&rsquo;on raisonne &laquo;&nbsp; prix payé / potentiel de gain&nbsp;&raquo; il nous semble clair qu&rsquo;il faut suivre avec attention ce que font les chinois en Europe&hellip; Le même raisonnement peut, bien sûr, être tenu sur la France.Force est aussi de reconnaitre que les européens font preuve d&rsquo;une certaine naïveté sur ces dossiers. Les Américains ont, de leur côté, depuis longtemps freiné les ardeurs des chinois. La Chine a certes déboursé 25 Milliards de $ aux Etats-Unis en 2015 mais les demandes avant refus de l&rsquo;autorité Fédérale s&rsquo;élevaient à 430 Milliards. Il est clair que le morcellement des centres de décisions en Europe ne facilite pas l&rsquo;instauration d&rsquo;un rapport de force plus équilibré avec la Chine.Il sera intéressant de voir comment la France sur le dossier Accor ou l&rsquo;Allemagne sur le dossier Kuka vont réussir à éviter de voir leurs fleurons quitter leur territoire. L&rsquo;idée d&rsquo;envisager une forme de réciprocité est à exclure à court-terme. Les autorités Chinoises limitent en effet à 50% (en général) les possibilités de détention d&rsquo;une société chinoise par une société étrangère.Les dossiers comme Accor ou Kuka sont symboliques mais traduisent aussi un autre problème&nbsp;: voir les centres de décisions de ces entreprises quitter l&rsquo;Europe est assez angoissant à moyen-terme&nbsp;: c&rsquo;est autant de capacité à maitriser son économie et son avenir qui s&rsquo;en vont. Le cas Syngenta est moins connu mais interpelle finalement beaucoup plus&nbsp;: l&rsquo;agroalimentaire va être ces prochaines décennies un secteur clé dans un monde à ressources limitées.Si on fait le lien entre Syngenta et les autres achats réalisés par la Chine via ChemChina dans la chimie, les fertilisants, les termes agricoles ou les pesticides, on s&rsquo;aperçoit du poids qu&rsquo;aura la Chine dans ce secteur si crucial. Il est d&rsquo;ailleurs à noter que la Chine raisonne sans se soucier des frontières sur ces sujets stratégiques&hellip; et sans contrainte de temps...Achats massifs, stratégies de long-terme sur des sujets vitaux et vision transfrontalière sont aussi bien aidés par l&rsquo;utilisation d&rsquo;une arme clé&nbsp;: la monnaie. Après avoir longtemps bénéficié d&rsquo;une monnaie sous- évaluée pour gonfler ses réserves de change, la Chine profite maintenant d&rsquo;une monnaie sur- évaluée pour acheter des entreprises en bénéficiant de la faiblesse actuelle de l&rsquo;Euro.L&rsquo;Europe présente donc pour les chinois de nombreux atouts&nbsp;:-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Des actifs intéressants sur des segments stratégiques.-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Une ouverture facilitée par la faiblesse des gouvernements-&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Un Euro faible qui rend les actifs attrayant.Il nous semble, en attendant une réponse coordonnée de l&rsquo;Europe, que l&rsquo;investissement en actions européennes présente de nombreux atouts et que suivre les chinois dans leur réflexion est sinon un acte patriotique, une manière de valoriser son patrimoine à terme. Dans le contexte d&rsquo;incertitude actuelle&nbsp;: pas de précipitation.&nbsp; Une fois le référendum passé en Grande-Bretagne (Brexit ou pas) il y aura certainement des investissements à réaliser.&nbsp;

Faites comme les Chinois… achetez des valeurs européennes

Atlantico Bourse

<h3 class="s2">Atlantico : Dans quelle mesure la compétition internationale a-t-elle participé à la dégradation de la situation des classes moyennes occidentales ? Quelle est la part de responsabilité de la Chine en particulier ?&nbsp;</h3>Jean-Marc Siroën :&nbsp;Il faudrait encore définir le concept flou de &quot;classes moyennes&quot;. Les principaux perdants de la mondialisation ont été les &quot;cols bleus&quot; principalement engagés dans l&rsquo;industrie qui se sont vus &quot;concurrencés&quot; par les travailleurs peu qualifiés des pays en développement. Mais le progrès technique a également joué son rôle par ses besoins en travail qualifié. Les deux phénomènes ne sont pas indépendants&nbsp;puisque l&rsquo;innovation a été une réponse des pays développés à la concurrence des pays émergents. A partir des années 1990, la Chine accroit ainsi sa part dans le commerce mondial jusqu&rsquo;à devenir le premier exportateur de biens. La Chine, mais avec d&rsquo;autres pays émergents ou en développement, y compris les pays de l&rsquo;Est européen, ont contribué à cette évolution. Remarquons néanmoins que rien n&rsquo;aurait été possible sans les investissements, et donc les délocalisations, des firmes occidentales ou asiatiques comme la Corée. Si responsabilité il y a, elle doit être partagée.Philippe Waechter : &nbsp;L&rsquo;émergence de la Chine à partir du début des années 2000 a bouleversé la dynamique de l&rsquo;économie mondiale plus que tout autre évènement depuis la Seconde Guerre mondiale.La leçon pour les économistes a été majeure. Avec l&rsquo;expérience chinoise, il a été constaté que la dynamique du commerce mondial pouvait avoir des effets persistants. Et ces effets n&rsquo;étaient pas systématiquement positifs pour tous. C&rsquo;est la taille, la durée et l&rsquo;ampleur du développement chinois qui ont engendré un changement radical dans l&rsquo;analyse de l&rsquo;impact du commerce mondial. Les expériences passées n&rsquo;avaient pas créé de telles ruptures et montrer à une si grande échelle les effets forts du commerce mondial sur l&rsquo;emploi et les revenus. La Chine a provoqué un bouleversement dans l&rsquo;équilibre économique mondial en devenant, pour la plupart des pays asiatiques, et pour de très nombreux pays émergents, le premier partenaire commercial. Ces économies se sont développées dans le sillage de la Chine.Les pays occidentaux ont été durablement affectés par cet épisode. Une partie de l&rsquo;activité mondiale s&rsquo;est déplacée en Chine, mais aussi dans un grand nombre de pays asiatiques. Puis la croissance, prenant de l&rsquo;ampleur dans ces régions, l&rsquo;activité s&rsquo;y est installée et développée de façon durable. Les emplois perdus dans cette délocalisation n&rsquo;ont jamais été retrouvés par la suite dans les pays occidentaux. Les personnes peu ou pas qualifiées ont ainsi été durablement pénalisées et le sont encore. L&rsquo;équilibre de l&rsquo;économie mondiale a basculé vers la Chine et l&rsquo;Asie, et ce phénomène parait irréversible. C&rsquo;est ce phénomène qu&rsquo;il faut désormais prendre en compte dans l&rsquo;analyse. &nbsp; &nbsp;<h3 class="s2">Quels sont les autres facteurs ayant également contribué à ce phénomène ? Peut-on estimer que ce processus est en voie d&#39;achèvement&nbsp;aujourd&rsquo;hui&nbsp;?&nbsp;</h3>Philippe Waechter :&nbsp;Non, le processus ne s&rsquo;achèvera pas spontanément, ni rapidement, même si les salaires chinois augmentent. L&rsquo;économie a basculé vers l&rsquo;Asie et il n&rsquo;y aura pas de retour en arrière. C&rsquo;est aux pays occidentaux d&rsquo;inventer un nouveau modèle capable de maintenir et de développer l&rsquo;emploi et l&rsquo;activité dans leur propre périmètre.&nbsp;La rupture est faite et l&rsquo;on ne peut imaginer que l&rsquo;économie chinoise revienne là où elle était avant le début du XXIème siècle.Depuis l&rsquo;adhésion de la Chine à l&rsquo;Organisation mondiale du commerce (OMC), les pays occidentaux ont considéré davantage la façon dont la Chine les concurrençait plutôt qu&rsquo;à mettre en oeuvre la réponse efficace dans ce nouveau cadre concurrentiel. On se souvient des discussions virulentes entre les autorités américaines et chinoises sur la parité de la monnaie. Il aurait probablement été plus efficace de mettre en place une stratégie de développement plus autonome afin de trouver les moyens d&rsquo;une plus grande autonomie dans la durée.&nbsp;En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;irruption de la Chine a été majeure et est irréversible mais face à cela, les pays occidentaux n&rsquo;ont probablement pas eu la meilleure stratégie.&nbsp;Jean-Marc Siroën :&nbsp;La fragilisation des &quot;cols bleus&quot; et le chômage ont réduit le pouvoir de négociation des salariés. Au-delà des inégalités salariales, les inégalités de patrimoine se sont également accrues. C&rsquo;est certes une contrepartie de l&rsquo;innovation qui crée des rentes de monopole plus ou moins durables, mais c&rsquo;est aussi une conséquence de la financiarisation de l&rsquo;économie qui crée des occasions de profit et de spéculation, sources d&rsquo;enrichissements rapides des classes supérieures. Elle affecte les classes moyennes. Quel employé ou ouvrier français a encore les moyens de devenir propriétaire à proximité de son lieu de travail&nbsp;? Pour l&rsquo;instant, si je perçois quelques signaux de rupture, il me paraît difficile d&rsquo;en prévoir les conséquences.<h3 class="s2">En l&#39;espace d&#39;une décennie, la Chine a rattrapé son retard sur le plan économique et technologique, talonnant/dépassant les économies développées. Dans quelle mesure ce rattrapage peut-il bouleverser les règles actuelles de la mondialisation en faveur des classes moyennes ?&nbsp;</h3>Jean-Marc Siroën :&nbsp;Je ne crois pas que la Chine ait rattrapé son retard. Par habitant, elle exporte beaucoup moins que la France et sa productivité moyenne reste loin derrière. De plus, le contenu en valeur ajoutée nationale de ses exportations reste très faible. Elle doit son succès à l&rsquo;assemblage par des firmes comme Foxconn &ndash; qui est taiwanaise&nbsp;&ndash;&nbsp;de composants produits à l&rsquo;étranger à partir d&rsquo;un &quot;design&quot; le plus souvent occidental. Les normes techniques restent occidentales, ou plus exactement américaines. Ces composants n&rsquo;intègrent pas de technologie chinoise et les activités d&rsquo;assemblage restent peu qualifiées. Certes, ce modèle est remis en cause, par la hausse des salaires et même des délocalisations vers le Bengladesh ou l&rsquo;Ethiopie. Mais il est encore trop tôt pour savoir si la remontée vers l&rsquo;amont amorcée en Chine et son repositionnement vers le marché domestique sera un succès. Si tel était le cas, je vois mal ce qui rassurerait les classes moyennes. Au contraire, ce sont les travailleurs de qualification intermédiaire, voire supérieure, qui seraient affectés.Philippe Waechter :&nbsp;Non, la Chine n&rsquo;a pas rattrapé son retard économique. Son PIB par tête est encore très loin des niveaux observés dans les pays occidentaux. Il y a eu néanmoins un saut absolument considérable de celui-ci, notamment pour environ 400 millions de Chinois dont le niveau de vie est comparable désormais à celui des pays développés.Il y a eu aussi une amélioration spectaculaire de la technologie en Chine. Ils ont désormais acquis des capacités importantes &nbsp;et un niveau technologique comparable à celui constaté dans de nombreux pays occidentaux. Cela a été remarquable et reflète la volonté des autorités chinoises à mettre l&rsquo;accent sur la qualification des hommes.Dans ce cadre, les classes moyennes des pays occidentaux ne seront pas gagnantes. L&rsquo;activité partie en Chine ne reviendra pas et les biens qui y sont produits ne seront pas de retour, ni en Europe, ni aux Etats-Unis. Quand bien même la production se relocaliserait dans les pays occidentaux, le mode de production ne serait pas du tout comparable à ce qu&rsquo;il était auparavant. Dès lors, les classes moyennes, celles qui ont bénéficié des phases de croissance passées, ne seraient pas gagnantes.Les pays émergents progressent parce qu&rsquo;apparait une classe moyenne importante. C&rsquo;est ce qui permet de solvabiliser la demande domestique et de disposer d&rsquo;une dynamique vertueuse. Dans les pays occidentaux, c&rsquo;est la classe moyenne qui a été pénalisée par la globalisation récente. Les innovations technologiques, qui sont à l&rsquo;oeuvre en Europe et aux USA, ne bénéficieront pas directement aux classes moyennes. Celles-ci risquent donc d&rsquo;être durablement pénalisées. L&rsquo;effort de formation qui doit mobiliser les gouvernements occidentaux doit se concentrer sur les personnes peu ou insuffisamment diplomées.&nbsp;<h3 class="s2">Numéro 1 mondial sur les panneaux solaires et les voitures électriques, importants investissements dans le domaine des drones à usage commercial, des voitures sans chauffeurs, de la biotechnologie et des applications mobile... la Chine est désormais un acteur majeur de l&#39;innovation à l&#39;échelle planétaire. Comment faire en sorte que l&#39;innovation bénéficie au plus grand nombre et participe à la réduction des inégalités ?&nbsp;</h3>Philippe Waechter :&nbsp;Il y a sur ce point plusieurs choses.La globalisation, depuis deux à trois décennies, a permis une réduction majeure des inégalités à l&rsquo;échelle de la planète. L&rsquo;accroissement du revenu dans les pays émergents a permis une situation plus favorable pour tous. C&rsquo;est un acquis essentiel de cette globalisation. L&rsquo;écart entre les pays développés et les pays émergents a eu tendance à se réduire avec la croissance de ces derniers et le développement d&rsquo;une importante classe moyenne.Cependant, au sein des pays développés, la dynamique du revenu n&rsquo;a pas eu la même allure. Les mesures faites suggèrent que la distribution des revenus a eu tendance à se déformer au détriment notamment des classes moyennes. Cela a notamment été le cas aux Etats-Unis. &nbsp;Il y a, sur ce point, un effort considérable à faire en faveur des classes moyennes qui, parfois, se retrouvent déclassées. Elles participent moins que par le passé au développement de l&rsquo;économie. La classe moyenne avait été la grande bénéficiaire de la croissance forte des années 1950 et 1960, et même des années 1970. Ce n&rsquo;est plus la même chose aujourd&rsquo;hui dans les pays développés. En outre, la concurrence s&rsquo;opère beaucoup désormais sur les services, même à l&rsquo;international, et il fault ici des gens qualifiés pour être compétitif. En d&rsquo;autres termes, la croissance basée sur l&rsquo;innovation telle qu&rsquo;on la constate aujourd&rsquo;hui, semble plus favorable aux personnes qualifiées qu&rsquo;aux classes moyennes.Jean-Marc Siroën :&nbsp;Les dépenses de recherche-développement restent très orientées vers la défense et le spatial. Certes, la Chine s&rsquo;est positionnée sur des créneaux d&rsquo; &quot;avenir&quot; mais parfois au prix de surinvestissements et donc de surcapacité ce qui a ainsi coûté très cher au secteur du solaire. Dans la nouvelle économie digitale et robotisée, la Chine risque de payer chère son autarcie qui l&#39;a conduit à interdire Facebook ou Google, alors même qu&rsquo;elle reste très dépendante des technologies occidentales, y compris comme base pour de futures technologies &quot;sinisées&quot;. Néanmoins, s&rsquo;il ne faut pas surestimer le défi chinois, il ne faut pas non plus le sous-estimer. La Chine dispose d&rsquo;un avantage&nbsp;: la taille de son marché intérieur. On peut alors regretter la faiblesse, voire l&rsquo;absence de grands programmes européens au-delà de l&rsquo;aéronautique et du spatial. Il ne faut pas attendre des nouvelles technologies qu&rsquo;elles créent directement des emplois mieux rémunérés pour les classes moyennes des pays occidentaux ; et le modèle Apple, qui délocalise les tâches les moins qualifiées, risque d&rsquo;être complété par la robotisation des tâches industrielles. Par contre, elles peuvent créer des emplois indirects d&rsquo;entretien, de maintenance, de transport, de logistique, de formation, de sécurité, etc&hellip;. &nbsp;<h3 class="s2">Au regard de ce constat, quels mécanismes devraient être mis en oeuvre pour améliorer la situation des classes moyennes ?&nbsp;</h3>Jean-Marc Siroën :&nbsp;Plusieurs pistes sont possibles. La première est d&rsquo;abord de revoir en profondeur un système de formation orienté sur la sélection progressive des élites, ce qui est bien, mais qui laisse les autres sur le bas-côté. Les &quot;élites&quot; sont d&rsquo;ailleurs de plus en plus souvent issues des classes moyennes cassant ainsi l&rsquo;ascenseur social. C&rsquo;est sans doute là que se situe le principal problème français qui s&rsquo;aggrave d&rsquo;année en année, notamment lorsqu&rsquo;on nous compare aux autres pays de l&rsquo;OCDE. La seconde, mais qui complète la première, est de ne pas oublier que tous les emplois peu ou moyennement qualifiés ne sont pas délocalisables. Les incitations ne doivent donc pas les oublier. Enfin, le sentiment de déclassement ne vient pas uniquement des salaires mais de l&rsquo;accès à certains services publics (où la France est cette fois plutôt bonne) et, surtout, l&rsquo;accès au logement. Les classes moyennes &nbsp;souffrent cruellement &nbsp;de l&rsquo;absence de politique de logement ce qui conduit à l&rsquo;exode des classes moyennes et à une mauvaise allocation de nos ressources en travail.Philippe Waechter :&nbsp;Face à ce constat, il n&rsquo;est pas étonnant que l&rsquo;on évoque avec beaucoup plus d&rsquo;importance le concept de revenu universel afin de faire face à cette situation incertaine pour les personnes peu qualifiées. Le modèle de croissance des pays occidentaux doit se renouveller. C&rsquo;est cela la leçon à tirer du développement rapide et durable des pays émergents et de la Chine. Pour cela, la formation doit être au coeur des stratégies de tous les gouvernements. Cela ne pourra pas passer par une stratégie de repli sur soi car de nombreux biens et services sont développés ailleurs sans que l&rsquo;on ait, dans les pays occidentaux, les capacités à les remettre en route rapidement. Il faut s&rsquo;inscrire dans cette dynamique globale et se donner les moyens d&rsquo;y réussir. C&rsquo;est le challenge majeur. &nbsp;

China - portrait de Mao décroché

La revanche des classes moyennes sur la mondialisation

Retournement de situation

Mondialisation, l'amélioration en vue ? Pourquoi la phase où les classes moyennes payaient le coût du développement chinois pourrait bientôt se retourner

<h3 class="s2">L&rsquo;Amérique devient une Europe comme les autres</h3>La présidence de Barack Obama aura consa‑ cré le réajustement des intérêts stratégiques des États-&shy;Unis de l&rsquo;Europe vers l&rsquo;Asie. Entre autres défis, les successeurs de Barack Obama devront relever celui de la relation avec la superpuissance chinoise. Ce regard tourné vers l&rsquo;Asie, sa vitalité et sa croissance explique aussi pourquoi l&rsquo;Europe n&rsquo;est plus que la seconde moitié de l&rsquo;Occident. Paradoxalement, si l&rsquo;Amérique se rapproche de l&rsquo;Europe, c&rsquo;est également parce que cette der‑ nière n&rsquo;est plus une terre d&rsquo;enjeu, de conflit ni de conquête. Après la chute du mur de Berlin,&nbsp;le rapprochement Amérique-&shy;Europe était une évidence &ndash;&nbsp; y compris métapolitique&nbsp; &ndash; à plus ou moins long terme ; après la fin de la guerre froide, le nouveau théâtre de tensions se déplace en Asie.La &laquo; banalisation &raquo; de l&rsquo;Amérique, sa pro‑ pension à ne devenir qu&rsquo;un pays comme les autres, va de pair avec une Europe qui a, de son côté, également perdu ses illusions fondatrices. Lorsque furent jetées les bases de la construc‑ tion européenne, le rêve des pères fondateurs était de &laquo; bannir la guerre &raquo;, de bâtir un sys‑ tème de relations internationales reposant sur la loi, l&rsquo;équité et le dialogue entre les peuples ; une &laquo; diplomatie des grandes conférences &raquo;, du consensus, de la concorde et du respect des spé‑ cificités de chaque pays. Cette Europe adepte de la norme, pacifiste, mais protégée par le para‑ pluie nucléaire américain, entre brutalement de nouveau dans l&rsquo;Histoire lors de la chute du mur de Berlin en 1989, qui l&rsquo;oblige à penser sa rela‑ tion avec les marches de l&rsquo;Est européen, et même au-&shy;delà, et à s&rsquo;interroger sur son identité réelle. Elle se trouve littéralement propulsée au cœur de l&rsquo;Histoire tragique une seconde fois, sous les attaques des djihadistes, d&rsquo;abord à Madrid en 2004, à Londres en 2005, puis à Paris en 2015. L&rsquo;incapacité des chancelleries européennes à&nbsp;s&rsquo;accorder sur le terrorisme, la crise migratoire, y compris européenne, la menace des irréden‑ tismes nationaux, qu&rsquo;ils soient internes aux pays européens comme en Flandres, en Écosse ou en Catalogne, ou bien externes comme le &laquo; Brexit &raquo; de la Grande-&shy;Bretagne, explique en grande par‑ tie la frustration des opinions publiques. Celles-&shy;ci sanctionnent l&rsquo;absence de réponse de leurs diri‑ geants et versent de plus en plus ouvertement, au gré des élections, vers un populisme de gauche ou de droite. Toute la question est, aujourd&rsquo;hui, de savoir si l&rsquo;Europe va se résoudre à accepter la violence des tensions internationales et le tra‑ gique de l&rsquo;Histoire, qu&rsquo;elle avait si bien su igno‑ rer pendant plus d&rsquo;un demi-&shy;siècle, et à en tirer les conclusions, par exemple par une législation fixant toujours davantage de limites à la liberté, ou par un réarmement substantiel du continent.Le mouvement de convergence entamé entre l&rsquo;Amérique et l&rsquo;Europe signe la fin de la période universaliste. Le fait nouveau du xxie &nbsp; siècle est que ni les États-&shy;Unis ni l&rsquo;Union européenne ne sont désormais en mesure d&rsquo;adresser un mes‑ sage hérité des Lumières, célébrant la raison, la tempérance, les droits de l&rsquo;individu. Que cette incapacité soit voulue ou subie, elle clôt une période où l&rsquo;Europe comme les États-&shy;Unis &laquo; par‑ laient &raquo; au monde et délivraient un message qui&nbsp;se voulait universel et non pas confiné à l&rsquo;Occi‑ dent seul. Ce basculement historique ne signifie pas que l&rsquo;Occident n&rsquo;a plus de valeurs propres à transmettre ; mais il signifie que transmettre ces valeurs ne va plus de soi, que la supériorité morale et idéologique occidentale a cessé d&rsquo;être une évidence.Extrait de &quot;La nouvelle révolution américaine&quot;, d&#39;Olivier Piton, aux éditions Plon.&nbsp;Pour acheter cet ouvrage,&nbsp;<a class="Colorbox" href="https://www.amazon.fr/nouvelle-r%C3%A9volution-am%C3%A9ricaine-Olivier-PITON/dp/2259249450/ref=sr_1_fkmr0_1?s=books&amp;ie=UTF8&amp;qid=1465570521&amp;sr=1-1-fkmr0&amp;keywords=La+nouvelle+r%C3%A9volution+am%C3%A9ricaine+olivier+piton+%C3%A9ditions+plon&amp;tag=a0660-21" style="font-size: 12px; line-height: 1.5;" target="_blank">cliquez ici</a><img alt="" src="/" style="font-size: 12px; width: 300px; height: 453px;" />

françois hollande li keqiang premier ministre de chine le 30 juin 2015

L’Amérique veut devenir une Europe son président devra se rapprocher de la Chine

Bonnes feuilles

Si l’Amérique veut devenir une Europe comme les autres, son prochain président devra lui permettre de se rapprocher de la Chine

Economie

Finance

Après des progressions spectaculaires depuis le début d&rsquo;année sur Peugeot&nbsp; (+79%) et sur Renault (+63%), les investisseurs se trouvent sur un dilemme assez fréquent&nbsp;: que faire sur un titre qui a progressé autant mais dont les données objectives restent positives&nbsp;?Les deux entreprises ont en effet connu une réelle amélioration de leurs résultats en 2014 et 2015 s&rsquo;annonce mieux encore.Peugeot a réussi à redresser la barre après plusieurs années très difficiles pendant lesquelles la viabilité même de l&rsquo;entreprise a été mise en doute. En 2014, la perte a été réduite de plus de moitié à 706M&euro; et Peugeot devrait revenir dans le vert en 2015 avec un résultat net qui devrait être proche de 500M&euro;. Peugeot est en avance sur son plan de marche&nbsp;: la chasse aux coûts porte ses fruits.Renault de son côté avait entamé un effort du même type depuis plus longtemps avec des résultats positifs. 2015 devrait confirmer cette tendance avec un résultat attendu en hausse de 32% à 2,5Mads&euro;.Bien sûr tout cela n&rsquo;est possible qu&rsquo;avec un marché domestique solide. Mois après mois, le marché automobile efface la terrible période traversée depuis la crise de 2008. Avril a ainsi été le vingtième mois consécutif de croissance. En cumul à fin avril, 2015 la progression est de plus de 8%. L&rsquo;Association des Constructeurs européens (ACEA) qui publie les chiffres du marché automobile en Europe se montre également confiant pour les mois à venir.La timide reprise de l&rsquo;économie européenne et les facilités de crédit &nbsp;confortent également l&rsquo;optimisme général&nbsp;et cette progression se retrouve dans tous les grands pays en Europe&nbsp;: l&#39;Allemagne, l&#39;Italie, l&#39;Espagne et la France voient tous leur marché automobile rester bien orientés en 2015 avec de bonnes perspectives en 2016.Nos deux constructeurs français ont, comme on l&rsquo;a dit, fait d&rsquo;énormes efforts sur leur base de coûts mais aussi sur leur gamme. Tous ces efforts ont porté leur fruit en termes de résultats et en termes de part de marché&nbsp;: Peugeot et Renault ont ainsi pu regagner quelques parts de marchés en Europe et surtout en France. C&rsquo;est vital pour Peugeot pour qui le marché européen représente 80% du chiffre d&rsquo;affaires et de la marge. Renault, très présent à l&rsquo;international, est également en progression sur son marché en Europe. Renault poursuit le développement de son offre sur tous les segments&nbsp;: le low-cost avec la Kwid annoncé cette semaine mais aussi le haut de gamme grâce à son partenariat avec Nissan sur l&rsquo;Infiniti.Les développements de Peugeot et Renault en Chine sont également prometteurs à plus long terme.Avec tous ces éléments positifs, il nous est évidemment difficile d&rsquo;être vendeurs sur ces titres&hellip; Pour autant, après des progressions aussi spectaculaires, il est aussi impossible de recommander un achat sans retenue sur ces valeurs : nous recommandons plutôt d&rsquo;attendre un repli pour se positionner sur les valeurs automobiles françaises.Par ailleurs, nous avions recommandé des achats sur Airbus dans ces colonnes en décembre : après une progression de plus de 60%, il nous paraît sage de prendre quelques bénéfices.&nbsp;&nbsp;

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Faites comme les Chinois… achetez des valeurs européennes

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Le secteur automobile : attendre un repli pour acheter