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Un mot se fait de plus en plus fréquent dans le vocabulaire de l&rsquo;Exécutif. RESPONSABILITE (S). Il sature le discours du premier ministre, véritable leitmotiv de ses interventions à l&rsquo;Assemblée nationale, où &quot;l&rsquo;appel à la responsabilité&quot; est distribué sans compter à la droite, au MEDEF&hellip; et aux frondeurs. Le Président lui-même y a recours et dans des contextes qui ne doivent rien au hasard : pacte du même nom bien sûr, promu au rang de totem économique du quinquennat&nbsp;; mais cette semaine encore, à propos du vote des étrangers&nbsp;: François Hollande rappelle qu&rsquo;il y est favorable mais qu&rsquo;il n&rsquo;a, hélas, pas la majorité requise&nbsp;; et qu&rsquo;il demande donc aux formations politiques de &quot;prendre leurs responsabilités&quot;.Le phénomène mérite d&rsquo;être relevé pour au moins deux raisons&nbsp;:La première est que la responsabilité n&rsquo;est pas un totem habituel de la gauche française (à la différence de la gauche allemande et nordique)&nbsp;; et pour cause&nbsp;: son saint des saints est l&rsquo;EGALITE (voir ma chronique précédente dans Atlantico) et sa vision du monde est largement déterministe. Peut-on être vraiment individuellement responsable si l&rsquo;on est socialement conditionné&nbsp;? La responsabilité est, de fait, une valeur clef du libéralisme car elle constitue la contrepartie morale de son principe fondamental&nbsp;: la liberté. Liberté qui n&rsquo;a donc rien à voir avec la loi de la jungle car être responsable, c&rsquo;est à la fois agir et rendre compte&nbsp;: double sens très productif, où coexistent l&rsquo;idée de pouvoir et celle de devoir, résumé dans l&rsquo;expression &quot;assumer ses responsabilités&quot;.Lire également : <a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/rdv/totem-et-tabou/egalite-totem-francais-fait-grand-retour-escorte-tentations-dangereuses-christophe-voogd-1904094.html" target="_blank">&quot;Egalité&quot; : LE totem français fait son grand retour escorté de tentations dangereuses</a>On retrouve ces deux sens de pouvoir et de devoir dans l&rsquo;usage que fait Manuel Valls du mot et qu&rsquo;il utilise d&rsquo;ailleurs indifféremment à propos de lui-même (&quot;quand on est en responsabilités&hellip;&quot;) et de ses adversaires (&quot;prenez vos responsabilités&nbsp;!&quot;). Encore une preuve de l&rsquo;horrible libéralisme inavoué du Premier ministre&nbsp;?Ce n&rsquo;est en tout cas pas le cas du Président qui emploie le sens moral du mot à l&rsquo;usage exclusif&hellip; des autres. Ainsi du &quot;Pacte de responsabilité&quot;, où il faut comprendre que la responsabilité en question incombe aux entreprises. D&rsquo;où l&rsquo;idée d&rsquo;un &quot;Observatoire des contreparties&quot; de ces dernières. Peu importe qu&rsquo;en la matière l&rsquo;Etat ne leur donne rien, mais consente seulement à un allègement de leurs lourdes charges. Peu importe que l&rsquo;Etat décide d&rsquo;accroître chaque jour davantage règlementation, pression fiscale et cotisations sociales (cf. le compte de pénibilité). Et peu importe que la logique du dispositif aurait voulu la création d&rsquo;un observatoire des contreparties&hellip; de l&rsquo;Etat&nbsp;! Au demeurant et en dehors de la (très minoritaire) presse économique et libérale, personne ne semble s&rsquo;étonner, encore moins s&rsquo;indigner, de cette légèreté revendiquée des obligations contractuelles de l&rsquo;Etat français. On le mesure aux épisodes &quot;Ecomouv&quot; et autres concessions autoroutières, où la seule question posée est celle de l&rsquo;opportunité d&rsquo;une rupture de contrat&nbsp;: le principe même de cette rupture semble naturel aux yeux de tous&nbsp;! Bref dans notre mentalité collective, façonnée par des siècles d&rsquo;arbitraire, l&rsquo;engagement public échappe au principe fondamental du droit qui veut qu&rsquo;un contrat soit d&rsquo;abord fait pour être observé. Demandons-nous une seconde quelle serait la réaction des mêmes journalistes du service public, si le même Etat décidait de rompre à sa convenance le contrat qui le lie à eux&hellip;Quant au vote des étrangers, la réaction dominante des médias a été sceptique mais modérée&nbsp;: au mieux un &quot;coup de com&quot; ; au pire un aveu d&rsquo;impuissance. Rares sont ceux qui, tel Bruno Rayski dans ces mêmes colonnes, se sont avisés que le Président dispose bel et bien en la matière du pouvoir de consulter le peuple par referendum (article11 de la Constitution). Bref, que le sujet et sa solution entrent pleinement dans ses propres &hellip; responsabilités&nbsp;!Et c&rsquo;est ainsi qu&rsquo;un noble mot moral devient un redoutable piège politique pour les partenaires/adversaires du gouvernement. On le sent bien à la petite musique entendue depuis quelques mois et reprochant aux patrons &quot;de ne pas assumer leurs responsabilités&quot; ; on voit bien, en cas d&rsquo;échec, quelles seront les victimes désignées à la vindicte populaire&hellip; Mais voit-on assez que le piège pourrait se refermer, à l&rsquo;intérieur de l&rsquo;exécutif lui-même, sur ceux qui sont en charge du dossier, Manuel Valls et Emmanuel Macron&nbsp;? Car les voici désormais seuls sur le front économique et social, tandis que le Président prend comme on dit &quot;de la hauteur&quot;, d&rsquo;escapades dans le pays profond en discours sur son passé. De son présent et de son avenir, n&rsquo;est-il donc plus responsable?Magnifique tour de passe-passe politique, dans la meilleure tradition machiavélienne, qui fait de &quot;François II&quot; (Hollande) le digne successeur de &quot;François Ier&quot; (Mitterrand)&nbsp;: responsable suprême qui sut si bien échapper, &quot;les yeux dans les yeux&quot; (déjà&nbsp;!), du Rainbow Warrior à l&rsquo;affaire Gordji en passant par le chômage de masse, à sa responsabilité (sauf européenne&nbsp;!). Et qui, après une impopularité, alors sans précédent, sut se faire réélire triomphalement... Une leçon parfaitement retenue par le deuxième François, qui a vécu cette époque au plus près du premier, on l&rsquo;oublie trop souvent. Comme on sous-estime toujours, dans son propre camp comme chez l&rsquo;adversaire, son habileté tactique et rhétorique.Sans doute les deux hommes diffèrent-ils sur bien des points. Sans doute l&rsquo;histoire ne se répète-t-elle pas. Et sans doute le monde a-t-il bien changé&nbsp;: mais François Hollande&nbsp;? Dans cette approche si&nbsp; sélective de la responsabilité, est-il au demeurant le seul&nbsp;? Depuis plus de 20 ans - les historiens dateront sans doute le phénomène de l&rsquo;affaire du sang contaminé - les politiques de tout bord jouent de la responsabilité comme d&rsquo;un mistigri, accusant les uns, se défaussant sur les autres, ou contournant leur &quot;bilan&quot;&hellip; Faut-il chercher ailleurs la raison profonde du divorce entre le peuple et les élites&nbsp;?

“Responsabilité” : comment on a transformé une qualité morale en piège politique

Totem et Tabou.

A une gauche en perte accélérée de repères, d&rsquo;identité, et d&rsquo;adhésion(s), la semaine passée semble avoir offert un répit, voire un ballon d&rsquo;oxygène. Avec le discours de Manuel Valls à la fondation Jean Jaurès, voici qu&rsquo;elle se ressource auprès de son totem tutélaire : l&rsquo;Egalité. Discours conforté par l&rsquo;étude de l&rsquo;OCDE, peu suspecte de marxisme militant, sur les effets négatifs des inégalités sur la croissance, qui a été habilement sollicitée dans ce retour aux fondamentaux.A première vue comment ne pas donner raison au Premier ministre sur la différence fondamentale entre la droite et la gauche sur le rapport à l&rsquo;égalité&nbsp;? La première ne privilégie-t-elle pas l&rsquo;ordre comme valeur cardinale&nbsp;? Et comment ne pas lui donner raison lorsqu&rsquo;il constate les limites de la redistribution et prône une politique de &laquo;&nbsp;pré-distribution&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-à-dire de prévention et non de correction des inégalités&nbsp;?Sauf que c&rsquo;est aller un peu vite en besogne&nbsp;: d&rsquo;une part le saint graal de l&rsquo;égalité pourrait bien être très difficile à conquérir pour le preux chevalier Manuel&nbsp;: peu de chances que la suppression des notes à l&rsquo;école y contribue. Cette autre actualité de la semaine, <a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/vers-suppression-notes-10-ans-apres-avoir-fait-suisses-eux-regrettent-pierre-duriot-conference-nationale-evaluation-scolaire-1898799.html" target="_blank">dont Pierre Duriot, dans les colonnes d&rsquo;Atlantico, vient de démontrer le caractère aussi hypocrite que contreproductif&hellip;</a> D&rsquo;autre part la politique du Premier ministre reste massivement une politique de redistribution, qu&rsquo;il vient lui-même de renforcer en supprimant la première tranche de l&rsquo;impôt sur le revenu&nbsp;!Sauf encore que cette notion d&rsquo;égalité est fondamentalement ambigüe, voire contradictoire&nbsp;: égalité des droits&nbsp;? Mais celle-ci est un héritage du libéralisme (classique) de Locke à Hayek et non du socialisme. Egalité des opportunités&nbsp;? C&rsquo;est ce que semble recouvrir l&rsquo;appel à la &laquo;&nbsp;pré-distribution&nbsp;&raquo; de Manuel Valls. Mais là encore un petit hic&nbsp;: cette &laquo;&nbsp;égalité des chances&nbsp;&raquo; est elle aussi un héritage du libéralisme (progressiste), de John Stuart Mill à John Rawls&hellip;Le &laquo;&nbsp;cas Valls&nbsp;&raquo; décidément s&rsquo;aggrave et son libéralisme pourrait bien être une maladie (honteuse) encore plus grave&nbsp;que ne la diagnostiquent ses pires ennemis à gauche! Reste &laquo;&nbsp;l&rsquo;égalité des conditions&nbsp;&raquo;&nbsp;: c&rsquo;est-à-dire l&rsquo;égalité des revenus, rêve bel et bien socialiste celui-là, marxiste même, et dont on connaît le résultat historique&nbsp;: la pauvreté pour tous, nomenklaturas exceptées&nbsp;!Sauf, de plus, que la lecture dominante de l&rsquo;étude de l&rsquo;OCDE, sur fond de &laquo;&nbsp;Pikettisme&nbsp;&raquo; triomphant, traduit une inquiétante dérive de l&rsquo;esprit critique, où les règles élémentaires de la logique et de l&rsquo;analyse statistique sont bafouées&nbsp;: corrélation entre inégalités et croissance qui n&rsquo;a rien de linéaire&nbsp;; exceptions gênantes comme&hellip; la France précisément, aussi peu inégalitaire (eh oui&nbsp;!) qu&rsquo;en panne de croissance&nbsp;; rôle finalement modeste des inégalités sur le niveau effectif des taux de croissance (la Nouvelle-Zélande, le pire élève en matière de croissance des inégalités dans l&rsquo;OCDE, est l&rsquo;un des pays les plus dynamiques du monde&nbsp;!). Eh bien, tout cela n&rsquo;empêche pas le chœur des commentateurs (sauf des Echos à Atlantico !) de décréter une causalité directe et unilatérale&nbsp;: les inégalités tuent la croissance&nbsp;! Sans se demander si la causalité dominante ne jouerait pas exactement en sens inverse&nbsp;: le manque de croissance renforce les inégalités, par un mécanisme aussi simple que redoutable, le chômage de masse et de longue durée. Et c&rsquo;est au passage ce que démontre le même rapport de l&rsquo;OCDE&nbsp;: l&rsquo;inégalité nocive est celle des plus pauvres, non par rapport aux plus riches, mais rapport aux classes moyennes. Lire également : <a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/croissance-minee-agravation-inegalites-que-dit-vraiment-rapport-ocde-quand-on-prend-peine-lire-jusqu-au-bout-nicolas-goetzmann-1897298.html" target="_blank">La croissance minée par l&rsquo;aggravation des inégalités ? Ce que dit vraiment le rapport de l&rsquo;OCDE quand on prend la peine de le lire jusqu&rsquo;au bout</a>Sauf, enfin, que &laquo;&nbsp;ce grand retour à l&rsquo;Egalité&nbsp;&raquo; fait l&rsquo;impasse sur des enjeux capitaux, opportunément oubliés dans la démonstration&nbsp;: celui, par exemple de cette agaçante liberté&nbsp;: Valeur de droite&nbsp;? Valeur de gauche&nbsp;? Incertitude insupportable&nbsp;! Or pas un mot de Manuel Valls sur le conflit lancinant entre égalité et liberté dans nos sociétés démocratiques, la première menaçant d&rsquo;écraser la seconde sous un &laquo;&nbsp;despotisme doux&nbsp;&raquo;, dont la France d&rsquo;aujourd&rsquo;hui pourrait bien être le meilleur exemple historique. A entendre tant de déclarations, punitives, menaçantes ou accusatrices des ministres eux-mêmes&nbsp;; mais aussi à voir tant de réalités déprimantes, du délire fiscal au si pénible &laquo;&nbsp;compte de pénibilité&nbsp;&raquo;, on ne peut que penser à ces lignes terribles de Tocqueville, dont j&rsquo;invite le lecteur à méditer chaque mot&nbsp;:&laquo;&nbsp;Au-dessus [des citoyens] s&#39;élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d&#39;assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. II est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. I1 ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l&#39;âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu&#39;à les fixer irrévocablement dans l&#39;enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu&#39;ils ne songent qu&#39;à se réjouir. I1 travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l&#39;unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre? (&hellip;)Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l&#39;avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d&#39;un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d&#39;agir, mais il s&#39;oppose sans cesse à ce qu&#39;on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gène, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n&#39;être plus qu&#39;un troupeau d&#39;animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.Aussi vrai que glaçant&nbsp;! &laquo;&nbsp;La liberté, voilà l&rsquo;ennemi&nbsp;!&nbsp;&raquo;&nbsp;: tel serait donc le vrai consensus secret de notre pays&nbsp;? Tant est forte la tentation liberticide de notre culture politique&nbsp;: au nom de &laquo;&nbsp;l&rsquo;égalité&nbsp;&raquo;, à gauche&nbsp;; mais aussi à droite, au nom de &laquo;&nbsp;l&rsquo;ordre&nbsp;&raquo;&nbsp;!Et ce n&rsquo;est pas la petite hirondelle de la &laquo;&nbsp;loi Macron&nbsp;&raquo; qui fera le printemps retrouvé de la liberté...

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"Egalité" : LE totem français fait son retour escorté de tentations dangereuses

Le poids des mots

"Egalité" : LE totem français fait son grand retour escorté de tentations dangereuses

Ils sont revenus sur l&#39;opération reconquête de François Hollande. Mercredi, le président&nbsp;a dîné&nbsp;à l&#39;Elysée&nbsp;avec une dizaine de députés socialistes, accompagnés d&#39;invités personnels issus de la société civile. L&#39;objectif : entretenir un sentiment de proximité avec les Français.

Leclerc

François Hollande : la reconquête ? Débat sur iTélé avec Jean-Sébastien Ferjou

Analyse

François Hollande dîne avec des Français : la reconquête ? Débat sur iTélé avec Jean-Sébastien Ferjou

Méfiance

France

Politique

Au regard de la situation du pays, il est assez surprenant de constater que la France est à l&rsquo;honneur sur le front économique pour cette année 2014. Mais si le prix Nobel a été décerné à Jean Tirole, le grand vainqueur national reste sans conteste Thomas Piketty. Suite à la publication, et aux multiples traductions, de son ouvrage le Capital au XXIe siècle, le professeur de l&rsquo;école d&rsquo;économie de Paris est en voie de réaliser le grand chelem. Honneurs académiques, succès médiatiques, et controverses incessantes permettant de feuilletonner l&rsquo;ensemble, ont offert à l&rsquo;auteur l&rsquo;ouverture d&rsquo;un réel débat public sur les inégalités.Pourtant, il existe un paradoxe. Comme l&rsquo;indique le Financial Times qui a récompensé l&rsquo;ouvrage comme étant &quot;le livre de l&rsquo;année&quot;, les propositions formulées par Thomas Piketty ne sont pas unanimement partagées&nbsp;: &quot;Bien que les prescriptions ne soient pas acceptées par tous, nous reconnaissons la qualité de la recherche&quot;.&gt;&gt; Lire également :&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/portrait-social-france-2014-pourquoi-cris-indignation-sort-plus-fragiles-ne-sont-malheureusement-que-larmes-crocodiles-rapport-1864675.html" target="_blank">Portrait social de la France 2014 : pourquoi les cris d&rsquo;indignation sur le sort des plus fragiles ne sont malheureusement que des larmes de crocodiles</a>Ce que l&rsquo;économiste français est parvenu à mettre en exergue est la très forte progression des inégalités de revenus et de patrimoine, à travers le monde, notamment depuis le début des années 80. Et si les inégalités mondiales sont à la baisse, notamment en raison de la fulgurante progression de l&rsquo;économie chinoise et de la sortie de l&rsquo;extrême pauvreté de plusieurs centaines millions de personnes, les inégalités se sont accrues à l&rsquo;échelon national. C&rsquo;est-à-dire qu&rsquo;à l&rsquo;intérieur même des économies les plus avancés, le partage des richesses s&rsquo;est déséquilibré.Mais la problématique de l&rsquo;approche développée par Thomas Piketty, et la source de controverses, est qu&rsquo;elle envisage de remédier aux inégalités en les traitants à posteriori. En effet, en privilégiant la piste du rééquilibrage des niveaux de vie après la distribution des revenus, c&rsquo;est-à-dire en fiscalisant et en redistribuant, la cause même de la distribution inégalitaire n&rsquo;est pas abordée. Il ne s&rsquo;agit pas ici de contester absolument les pouvoirs de la fiscalité, mais de faire passer en priorité les causes du phénomène plutôt que le traitement de ses conséquences.Car une cause majeure du développement inégalitaire depuis 30 ans est la propension des pays développés à subir une croissance inférieure à leur niveau potentiel. La conséquence d&rsquo;une telle situation est le développement d&rsquo;un chômage important qui frappe avant tout les personnes les moins éduquées et les moins qualifiées. Et ce paradoxe se vérifie assez bien dans la très riche publication de l&rsquo;INSEE de ce 19 novembre 2014&nbsp;;&nbsp;&quot;<a href="http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/sommaire.asp?ref_id=FPORSOC14">France, Portrait social&nbsp;</a>&quot;Dans un premier temps l&rsquo;INSEE relate le creusement des inégalités (Dossier &quot;La baisse des inégalités de revenu salarial marque une pause pendant la crise&quot;) en France depuis l&rsquo;entrée en crise, et ce alors même que la croissance connue entre 2002 et 2007 avait permis la baisse de celles-ci&nbsp;:&quot;La période 2002-2007 était marquée par une baisse tendancielle des inégalités de revenu salarial due à une dynamique plus favorable des bas revenus salariaux. Entre 2002 et 2007, le premier décile de revenu salarial (D1) a augmenté en moyenne de 2,1 % par an, contre + 1,2 % pour le premier quartile, + 0,6 % pour la médiane (D5) et + 0,2 % pour le 9e décile (D9). Les revenus salariaux les plus faibles ont donc progressé plus rapidement que les revenus plus élevés, ce qui a resserré mécaniquement la distribution.&quot;Ainsi, lorsque l&rsquo;économie Française est en croissance, les inégalités tendent à se réduire. Mais depuis l&rsquo;entrée en crise, la tendance s&rsquo;est inversée&nbsp;:&quot;Après 2007, ce phénomène de baisse tendancielle des inégalités de revenu salarial s&rsquo;interrompt. Le premier décile baisse de 0,2 % par an entre 2007 et 2012, alors que la médiane progresse de 0,4 %. Plus généralement, sur la moitié basse de l&rsquo;échelle, les revenus salariaux proches de la médiane progressent désormais plus rapidement que ceux plus faibles, accroissant ainsi les inégalités&quot;<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/11/capture1_3.jpg" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/11/capture1_2.jpg" style="width: 480px; height: 249px;" /></a>Cliquez sur les graphiques pour agrandirAfin de contrer cette évolution défavorable de la distribution des revenus, le gouvernement va se lancer dans une politique fiscale ayant pour objectif de corriger la situation. L&rsquo;INSEE relate ces effets&nbsp;(Dossier &quot;Redistribution&nbsp;: en 2013, les nouvelles mesures accroissent la fiscalité des ménages et réduisent légèrement les inégalités&quot;)&nbsp;:&quot;En 2013, la législation socio-fiscale a évolué. Les mesures nouvelles ont conduit à une augmentation des prélèvements directs à la charge des ménages, en particulier de l&#39;impôt sur le revenu, mais la contribution des ménages les plus modestes a été limitée par le caractère progressif de ce transfert. Dans le même temps, les prestations n&#39;ont été modifiées qu&#39;à la marge. Au total, les mesures nouvelles ont conduit à une légère diminution des inégalités de niveau de vie. En l&#39;absence de réforme, le rapport entre le niveau de vie moyen des 10&nbsp;% les plus aisés et celui des 10&nbsp;% les plus modestes se serait établi à 6,6. Sous l&#39;effet des nouvelles mesures prises en 2013, ce rapport passe à 6,5.&quot;Comme il est possible de le constater dans le tableau ci-dessous, la &quot;réduction&quot; des inégalités ne se traduit pas par une augmentation du niveau de vie des plus pauvres mais par une réduction du niveau de vie des plus riches. Le système est plus &quot;égalitaire&quot; mais ne peut être considéré comme satisfaisant puisque la situation des plus pauvres ne s&rsquo;est pas améliorée.<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/11/capture2_2.jpg" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/11/capture2_1.jpg" style="width: 480px; height: 323px;" /></a>Le résultat est que l&rsquo;objectif recherché, la lutte contre la pauvreté, n&rsquo;est pas atteint. On peut se targuer politiquement d&rsquo;avoir &quot;réduit les inégalités&quot; mais dans la vie réelle, personne n&rsquo;en profite. Car, comme cela était évoqué plus haut, la fiscalité ne s&rsquo;est attaquée qu&rsquo;à la tentative de redresser une situation existante plutôt que de s&rsquo;attaquer à son fait générateur: le manque de croissance. Sans croissance, les chômeurs ne retrouvent pas d&rsquo;emplois, les revenus des moins qualifiés ne font que stagner, et seuls les revenus des mieux qualifiés progressent encore.Depuis 30 ans, la France compense son manque de croissance par une fiscalité de plus en plus lourde afin de contenir le développement des inégalités. Pourtant, seules de véritables politiques de croissance et de plein emploi pourront permettre de traiter les causes du phénomène. &nbsp;Ce qui aura également pour effet de rendre le traitement fiscal moins douloureux pour l&rsquo;ensemble de la population.Si Thomas Piketty ne réclame évidemment pas d&rsquo;imposer plus fortement le travail, mais le capital, il focalise bien trop son analyse sur une vision fiscale. Si l&rsquo;objectif est bien de rétablir un équilibre entre travail et capital, afin de contrer la dynamique favorable au &quot;capitalisme financier&quot;, la fiscalité ne pourra réparer que marginalement les dégâts. Pour un coût très élevé. Mais la dynamique qui conduit à ce déséquilibre ne découle pas d&rsquo;un mystère insondable, elle est d&rsquo;abord le résultat d&rsquo;une politique macroéconomique de lutte exclusive contre l&rsquo;inflation. En agissant de la sorte, le capital est porté au pinacle et Le travail n&rsquo;est alors plus qu&rsquo;un accessoire.A lire également, le nouveau livre de Nicolas Goetzmann :&nbsp;<a href="http://www.atlantico.fr/editions/books/sortir-europe-crise-modele-japonais-abenomics-nicolas-goetzmann-atlantico-editions-inflation-bce-905506.html" style="font-size: 12px;" target="_blank">Sortir l&#39;Europe de la crise : le modèle japonais</a>, (<a href="http://www.atlantico.fr/editions" style="font-size: 12px;" target="_blank">Atlantico éditions</a>), 2013. Pour acheter ce livre,&nbsp;<a href="http://www.atlantico.fr/editions/books/sortir-europe-crise-modele-japonais-abenomics-nicolas-goetzmann-atlantico-editions-inflation-bce-905506.html" style="font-size: 12px;" target="_blank">cliquez ici</a>.<img alt="" height="314" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/default/files/u39253/2013/12/europe.jpg" style="font-size: 12px;" width="219" />

Comment l’obsession pour Piketty nous fourvoie sur les causes des inégalités

Quand la solution se fait aussi symptôme

Ce que l’obsession collective pour Piketty dit de notre incapacité à comprendre les causes des inégalités

Les inégalités et leur évolution sont, chacun l&rsquo;aura noté, l&rsquo;un des sujets récurrents d&rsquo;actualité dans la crise économique que nous traversons depuis quelques années. Tout récemment encore, <a href="http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/FPORSOC14d_VE4_salaires.pdf">l&rsquo;INSEE a montré</a> &quot;qu&rsquo;alors que les inégalités de revenus salariaux baissent globalement entre 2002 et 2007, ce n&rsquo;est plus le cas entre 2007 et 2012&quot; (pour l&rsquo;anecdote&nbsp;: les inégalités entre les plus riches se réduisent&nbsp;; c&rsquo;est entre la classe moyenne et les moins fortunés qu&rsquo;elles se creusent). Le sujet pourrait toutefois être bien plus structurel&nbsp;: aux Etats-Unis, une réflexion académique émerge pour se demander si les nouvelles technologies ne seraient pas des facteurs durables d&rsquo;accroissement des inégalités.La <a href="http://www.technologyreview.com/featuredstory/531726/technology-and-inequality/">dernière livraison de la revue MIT Technology Review</a> y consacre ainsi sa une et un long développement. Les explications sont de trois ordres.D&rsquo;abord, il y a le contexte macroéconomique&nbsp;: la stagnation des salaires américains, la prime de rémunération accordée aux diplômes (ce que les économistes appelle &quot;education premium&quot;), la mondialisation &hellip;Ensuite, il y a la récompense des salariés les plus qualifiés. C&rsquo;est (sommairement) la thèse de Thomas Piketty&nbsp;: pour l&rsquo;économiste français, si la loi de l&rsquo;offre et de la demande joue en partie dans cette rémunération des talents rares, cela n&rsquo;explique pas tout.Enfin, il y a l&rsquo;automatisation. C&rsquo;est la thèse défendue par Erik Brynjolfsson. L&rsquo;économiste considère que <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/robots-vont-tuer-plus-emplois-qu-ne-vont-en-creer-second-machine-age-erwan-noan-980843.html">les robots vont remplacer les hommes</a>, et l&rsquo;emploi dépérir. La révolution numérique conduirait ainsi à une accélération de la productivité, détruisant les postes des salariés les moins qualifiés et récompensant de façon démesurée les génies des nouvelles technologies&nbsp;(on parle &quot;d&rsquo;economics of superstars&quot; : les premiers à réussir raflent tout).La thèse est forte, parce qu&rsquo;elle semble indiquer les inégalités ne vont cesser de croître. Elle peut pourtant être contestée. Des économistes comme Daron Acemoglu et David Autour n&rsquo;y croient pas: selon leurs recherches, le numérique n&rsquo;accélère pas la croissance de la productivité.Cette thèse est également à modérer. <a href="http://www.project-syndicate.org/commentary/internet-access-helps-inequality-by-j--bradford-delong-2014-11">Bradford Delong</a>, économiste de Berkeley, montre ainsi que le numérique a contribué au contraire à réduire les inégalités, en permettant à chacun d&rsquo;avoir accès à des prestations qui étaient auparavant réservées aux plus riches. Comme il l&rsquo;écrit&nbsp;: &quot;au XVIIe&nbsp;siècle, si vous aviez désiré assister à&nbsp;Macbeth&nbsp;bien confortablement installé chez vous, il vous aurait fallu vous appeler James Stuart, disposer de la présence sur place de William Shakespeare et de sa troupe de comédiens, et posséder un théâtre à l&rsquo;intérieur même de votre palais royal&quot;. Aujourd&rsquo;hui, vous utilisez votre tablette ou votre télévision.<a href="http://www.voxeu.org/article/technology-and-income-dynamics-1800-2000">D&rsquo;autres économistes</a> avaient montré que la diffusion des nouvelles technologies pourrait réduire également les inégalités internationales, en favorisant le développement économique des pays les plus défavorisés.Si tant est que l&rsquo;on souhaite réduire les inégalités (ce qui n&rsquo;est <a href="http://toujourspluslibre.com/2012/10/16/les-inegalites-ont-du-bon/">pas nécessairement évident</a>), l&rsquo;analyse choisie détermine les conséquences politiques à en tirer. Dans la version Piketty, le meilleur instrument est l&rsquo;impôt. Dans la version Brynjolfsson, c&rsquo;est l&rsquo;éducation qui peut contribuer à élever le niveau de formation de chacun.Il reste également une autre piste&nbsp;: celle de la concurrence, <a href="http://online.wsj.com/articles/john-h-cochrane-what-the-inequality-warriors-really-want-1416442460">comme le défendait John Cochrane dans le Wall Street Journal la semaine dernière</a>, en dénonçant le &quot;capitalisme de copinage&quot; (&quot;crony capitalism&quot;). En faisant en sorte que toutes les positions soient contestables par le mérite, en agissant pour que l&rsquo;économie soit plus fluide, la puissance publique ouvrirait la voie à des ascensions économiques pour tous&hellip;

robots humains 

Les inégalités sont-elles condamnées à augmenter dans l’économie numérique ?

Le buzz du biz

Federico Cingano, économiste détaché auprès de l&rsquo;OCDE, publiait ce 9 décembre une <a href="http://www.oecd.org/fr/presse/les-inegalites-pesent-sur-la-croissance-economique.htm" style="font-size: 12px; line-height: 1.5;">étude</a> intitulée&nbsp;: &quot;Tendances des inégalités de revenus et leur impact sur la croissance économique&quot;.&nbsp; Le titre est suffisamment clair pour connaître les conclusions de l&rsquo;auteur, les inégalités vont en s&rsquo;accroissant et leurs effets sont négatifs sur la croissance.Comme le démontre le graphique ci-dessous, les inégalités (mesurées ici par le coefficient de Gini) se sont effectivement accrues dans la plupart des pays représentés au cours des trente dernières années. A l&rsquo;exception notable de la France qui a maintenu, durant ces trois décennies, un niveau d&rsquo;inégalités légèrement inférieur à la moyenne des pays de l&rsquo;OCDE.<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/12/capture1_0.jpg" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/12/capture1.jpg" style="width: 480px; height: 332px;" /></a>Cliquez pour agrandirSelon l&rsquo;auteur, la progression des inégalités a eu pour effet de ralentir la croissance des pays concernés. Et ce dans des proportions considérables&nbsp;:<a class="Colorbox" href="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/12/capture2_0.jpg" target="_blank"><img alt="" src="http://static.v3.atlantico.fr/sites/default/files/staging/import/ufile/sites/atlantico.fr/files/u65387/2014/12/capture2.jpg" style="width: 480px; height: 359px;" /></a>C&rsquo;est ainsi que la Nouvelle Zélande perd 16 points de croissance, la Suède 7, ou encore l&rsquo;Allemagne qui en perd 6. L&rsquo;auteur estime ainsi que la cause de ces contreperformances est l&rsquo;impact des inégalités sur l&rsquo;activité économique. Et plus précisément, sur les répercussions que les inégalités peuvent produire sur le niveau d&rsquo;éducation&nbsp;:&quot;Selon de nouveaux éléments mis en évidence dans ce rapport, les inégalités agissent principalement sur la croissance en limitant les possibilités d&rsquo;instruction des enfants issus de milieux socioéconomiques modestes, ainsi que la mobilité sociale et le développement des compétences.&nbsp;Les résultats scolaires des personnes dont les parents ont un faible niveau d&rsquo;instruction se dégradent à mesure que les inégalités de revenu sont plus prononcées. À titre de comparaison, ce n&rsquo;est pratiquement pas le cas, voire pas du tout, lorsque le niveau d&rsquo;instruction parental est moyen ou élevé.&quot;La démonstration est sans ambiguïté, une distorsion inégalitaire dans la distribution des revenus engendre une perte de capital humain. Ce manque de formation des personnes les moins favorisées est une perte, pour eux, mais également pour le potentiel du pays. Et ces inégalités peuvent dès lors être considérées comme une cause du ralentissement de la croissance.La boucle est bouclée. Car l&rsquo;auteur ne s&rsquo;arrête pas à ce constat, trop simpliste, d&rsquo;une faible croissance engendrée par ce seul sujet en vogue que sont les &quot;inégalités&quot; .Comme l&rsquo;indiquait l&rsquo;économiste américain Jared Bernstein en 2012 (ex-chef économiste du vice-président américain Joe Biden)&nbsp;:&quot;Je considère que la question des inégalités qui réduiraient la croissance est ouverte (&hellip;) mais il devrait être évident que, dans notre traitement des inégalités, une forte croissance est une condition nécessaire, sinon suffisante, pour améliorer les conditions de vie de la population au sens large&quot;.Ce qui est évoqué ici par Jared Bernstein est la nécessaire question de la causalité. Si Federico Cingano évoque avec raison l&rsquo;impact des inégalités sur la croissance, il n&rsquo;en reste pas moins que la principale cause des inégalités est la faible croissance elle-même. Car les deux situations s&rsquo;alimentent négativement.Alors que la faible croissance génère une perte par rapport au potentiel du pays, c&rsquo;est-à-dire le chômage, la pauvreté, l&rsquo;exclusion, une faible mobilité, et la perte d&rsquo;opportunités, ce sont l&rsquo;ensemble de ces facteurs qui agissent, à leur tour, comme un frein sur la croissance potentielle du pays considéré.Il devient dès lors fondamental de se préoccuper, avant tout, d&lsquo;une politique de croissance. Puis de s&rsquo;adresser à la résolution des inégalités. A l&rsquo;éducation. Une vision qui est parfaitement soutenue par l&rsquo;auteur&nbsp;:&quot;Ces résultats ont des implications importantes pour les décideurs préoccupés par une croissance lente et la montée des inégalités. D&#39;une part, ils soulignent l&#39;importance d&#39;évaluer soigneusement les conséquences potentielles des politiques favorables à la croissance sur les inégalités : en se concentrant exclusivement sur la croissance et en supposant que ses bénéfices seront automatiquement répercutés sur les différents segments de la population, on &nbsp;peut compromettre la croissance à long terme dans la mesure. D&#39;autre part, ils indiquent que les politiques qui aident à limiter ou - idéalement &ndash; à inverser la hausse à long terme des inégalités ne doivent pas seulement rendre les sociétés moins injuste, mais aussi plus riches. En particulier, la présente analyse met en évidence l&#39;importance de deux piliers d&#39;une stratégie politique pour s&rsquo;attaquer à la montée des inégalités et la promotion de l&#39;égalité des chances.&quot;

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Ce que dit vraiment l'OCDE sur l'effet des inégalités sur la croissance

Confusion des effets

La croissance minée par l’aggravation des inégalités ? Ce que dit vraiment le rapport de l’OCDE quand on prend la peine de le lire jusqu’au bout

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Le mot de la semaine aura été d&rsquo;un beau latin&nbsp;: &quot;sine die&quot;, sans date fixée, telle est la nature de la &quot;suspension&quot; de l&rsquo;écotaxe. Qu&rsquo;en termes galants ces choses-là sont dites, même s&rsquo;il faudrait plutôt parler, en toute correction linguistique, de &quot;report sine die&quot;... Mais sur le fond, de l&rsquo;avis général, c&rsquo;est d&rsquo;un enterrement qu&rsquo;il s&rsquo;agit.De même que, toujours de l&rsquo;avis général, ce énième renoncement semble indiquer la fin de la volonté et/ou de la possibilité de toute réforme par le gouvernement Valls. Autrement dit, l&rsquo;enterrement en question irait bien au-delà de feu l&rsquo;écotaxe&nbsp;: il serait celui, sans tambours ni trompettes, des grands projets de l&rsquo;exécutif. Et cela, quelles que soient les protestations d&rsquo;un Premier ministre volontariste, qui serait devenu, selon le mot assassin de Bruno Le Maire, un nouveau &quot;Jean-Marc Ayrault, le coup de menton en plus&quot;&hellip;On ne remettra certes pas en cause l&rsquo;essentiel de ce diagnostic&nbsp;: d&rsquo;ailleurs la fin des réformes sera sans doute datée rétrospectivement de la grève des pilotes d&rsquo;Air France, où les commentateurs les plus indulgents ont vu une &quot;victoire à la Pyrrhus&quot;&hellip; Sans trop préciser au demeurant qui était Pyrrhus en l&rsquo;occurrence&nbsp;: le gouvernement&nbsp;? La compagnie&nbsp;? Les pilotes eux-mêmes&nbsp;?Mais l&rsquo;on apportera néanmoins ici deux correctifs à l&rsquo;analyse dominante&nbsp;:Le premier concerne la nature des réformes envisagées et plus exactement leurs groupes-cibles: la leçon d&rsquo;Air France et de l&rsquo;écotaxe, pour ne rien dire des professions réglementées, est en effet que tout dépend de la force de réaction des intérêts menacés&nbsp;: nul doute que le gouvernement, trop affaibli politiquement, n&rsquo;est désormais plus en mesure d&rsquo;affronter des lobbies puissants. La loi sur la transition énergétique ne prend aucun risque à fixer des objectifs sans moyens, repoussés bien au-delà de la législature. Après le &quot;sine die&quot;, &quot;les calendes grecques&quot; ! L&rsquo;équation délicate de la réforme territoriale, déjà amputée de la suppression des départements, se résoudra &ndash;au mieux- par une nouvelle gabegie budgétaire, marquée par les doublons et l&rsquo;alignement des statuts par le haut. La remise en cause des privilèges des hauts fonctionnaires ne débouchera sur rien, car leur fronde paralyserait tout simplement l&rsquo;Exécutif. Quant aux autres fonctionnaires et agents du secteur public, qui constituent la (dernière) base électorale du PS, il est évidemment exclu d&rsquo;y toucher.En revanche tout indique que les catégories les moins organisées ou les plus faibles de la population risquent &ndash;et d&rsquo;autant plus&nbsp;! &ndash; de faire les frais de ce qui survivra de la &quot;volonté de réforme&quot;. Familles nombreuses évidemment, chômeurs promis à des contrôles de plus en plus tatillons et, de façon générale, les plus pauvres. Il est ainsi plus qu&rsquo;étonnant que des mesures littéralement antirépublicaines, prises par le gouvernement aient à peine soulevé de protestations, notamment de l&rsquo;opposition&nbsp;: ainsi de la suppression des bourses au mérite et de la fermeture progressive des internats d&rsquo;excellence&nbsp;: décisions prises au nom des économies budgétaires (alors qu&rsquo;il s&rsquo;agit de sommes dérisoires) et d&rsquo;un égalitarisme doctrinaire, radicalement contraire à la vraie égalité des chances. Or la méritocratie constitue justement l&rsquo;un des piliers de la tradition républicaine. Et les même viendront ensuite pleurer sur la fin de &quot;l&rsquo;ascenseur social&quot; ! La gauche française d&rsquo;aujourd&rsquo;hui aimerait-elle à ce point les pauvres qu&rsquo;elle préfèrerait qu&rsquo;ils le demeurent&nbsp;?Le second correctif est lié lui à l&rsquo;épée de Damoclès de &quot;Bruxelles&quot;, comme on dit c&rsquo;est-à-dire des règles budgétaires non seulement acceptées mais, on l&rsquo;oublie toujours, fixées par la France elle-même: ainsi de la fameuse limite des 3% proposée en son temps par&hellip; François Mitterrand en échange de l&rsquo;euro. Tous ceux qui fréquentent un peu ledit &quot;Bruxelles&quot; ou simplement lisent la presse étrangère, savent que désormais la coupe est pleine. Le pari fondamental de la présidence Hollande sur le caractère &quot;intouchable&quot; de la France parce que &quot;too big too fail&quot;, va se heurter, non certes à l&rsquo;adoption rapide de sanctions, mais à un rejet du budget 2015 en l&rsquo;état. Personne ne souhaite une nouvelle crise de la zone euro et l&rsquo;on prendra sans doute des gants avec nous&nbsp;; mais l&rsquo;on nous demandera de garantir les économies promises, encore incertaines et floues, et de trouver 8 milliards (au minimum) de ressources ou de coupes supplémentaires. De sorte que très vite l&rsquo;étau va se resserrer avec la collaboration contrainte de Pierre Moscovici, mis lui aussi dans une position intenable par une ruse machiavélique de Jean-Claude Juncker, grand politique s&rsquo;il en est.Autrement dit, le refus affiché par le gouvernement d&rsquo;aller plus loin dans l&rsquo;effort budgétaire placera le Premier ministre devant une alternative sans issue&nbsp;: ou bien, comme il le souhaite sans doute lui-même, accélérer les réformes structurelles&nbsp;; mais il y perdrait la paix sociale (ou ce qu&rsquo;il en reste) voire sa majorité et son électorat&nbsp;; ou bien défier l&rsquo;Europe et lancer un ultime cocorico national&nbsp;: la tentation en est grande et le soutien politique, de la droite à la gauche, pourrait être assez large. Calcul déjà présent dans l&rsquo;esprit des gouvernants&nbsp;? Après tout, la susceptibilité légendaire de la &quot;Grande Nation&quot;, bien malmenée ces derniers temps, n&rsquo;est qu&rsquo;en sommeil et ne demande qu&rsquo;à se réveiller&hellip;Mais la méfiance des marchés serait alors inévitable et le grand paradoxe de la présidence Hollande, qui n&rsquo;a tenu jusqu&rsquo;ici que par le soutien de la &quot;finance&quot; honnie, prendra fin. Encore une fois ce n&rsquo;est nullement tomber dans un scénario catastrophe&nbsp;: une légère tension sur les taux d&rsquo;intérêt suffirait à provoquer l&rsquo;épreuve de vérité pour le &quot;bateau France&quot;, rempli de dettes jusqu&rsquo;à ras-bord. Quand précisément&nbsp;? &quot;Sine die&quot;,&nbsp;justement, c&rsquo;est-à-dire sans date certaine à ce stade. Mais, de fait, tout est bien désormais &quot;une question de temps&quot;. Un temps qui manque au gouvernement car l&rsquo;embellie économique, autre grand pari du quinquennat ne se manifestera au mieux que dans un an&nbsp;: too late&nbsp;!

Derrière la mort de l'écotaxe, celle de la capacité de réforme du gouvernement

Elle était une épine dans le pied de la majorité. L&rsquo;écotaxe vient d&rsquo;être suspendue &quot;sine die&quot;, a annoncé la ministre de l&rsquo;Écologie, Ségolène Royal. Alors qu&rsquo;ils avaient menacé de manifester contre le péage de transit poids lourds, les fédérations de transporteurs ont décidé de suspendre leur mouvement dans la foulée. L&rsquo;écotaxe avait été remplacée en juin 2014 par un dispositif du nom de &quot;péage de transit poids lourds&quot; qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2015. Il devait concerner les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur un réseau de près de 4 000 kilomètres de routes nationales et locales très fréquentées par les poids lourds. Le péage de transit poids lourd devait rapporter 550 millions d&rsquo;euros par an.Reçus ce jeudi matin par Ségolène Royal et le secrétaire d&rsquo;État aux Transports, Alain Vidalies, les transporteurs ont clamé &quot;leur opposition à l&rsquo;écotaxe&quot;. &quot;Les chefs d&#39;entreprise du transport routier rejettent cette taxe, d&#39;abord parce qu&#39;elle est incompatible avec la situation de crise que nous vivons, et parce qu&#39;elle crée des disparités régionales qui sont inacceptables.&nbsp;Ce péage dit de transit va d&#39;abord toucher nos entreprises, le transport français, le transport de proximité&quot;, a expliqué Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transporteurs routiers, ou FNTR.La veille, la ministre de l&rsquo;Écologie avait affirmé vouloir proposer aux transporteurs routiers de &quot;mettre en place un groupe de travail, de suivi, de l&#39;application du dispositif&quot; afin de &quot;calmer le jeu.&quot; &quot;Il s&#39;agit de voir ensemble, intelligemment, si ça marche ou si ça ne marche pas avec bon sens et dans un esprit de partenariat&quot;, a-t-elle ajouté.

écotaxe gendarme bretagne AFP

Écotaxe : Royal annonce sa suspension "sine die"

Poids lourds

Écotaxe : Royal annonce sa suspension "sine die"


&quot;Je verrai si je reviens l&#39;année prochaine&quot; : le Premier ministre n&#39;a semble-t-il pas trouvé l&#39;auditoire du 10e congrès de l&#39;Association des régions de France&nbsp;(ARF) assez déchaîné pour lui.Alors qu&#39;il s&#39;exprimait sur les actions de son gouvernement pour les étudiants, le Premier ministre a lancé au parterre, d&#39;où s&#39;échappait quelques claquements de mains : &quot;Vous êtes chiches !&quot;Souriant, Manuel Valls a semble-t-il trouvé une explication à cette apathie : &quot;Je vois surtout que vous avez bien bu et bien mangé hier soir.&quot;. Il faisait référence au dîner de gala offert jeudi soir par la région Midi-Pyrénées&nbsp;aux congressistes.

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A Toulouse, Manuel Valls s'agace d'être peu applaudi

Diva

Requiescat in pace

Juste un report "sine die" dites-vous ? Derrière la mort non assumée de l'écotaxe, la mort inéluctable de toute capacité de réforme du gouvernement Valls