Le gouvernement grec a décidé de soumettre le dernier accord avec l&#39;Eurogroup à un référendum. C&#39;est une bonne idée, et les Grecs doivent voter &quot;non&quot;.<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/crise-grecque-dernier-episode-guerre-lutheriens-contre-catholiques-comment-divisions-seculaires-europe-sont-en-train-reprendre-2222462.html" target="_blank">&gt;&gt;&gt;&gt;&gt; A lire également : La crise grecque, dernier épisode d&rsquo;une guerre luthériens contre catholiques ? Comment les divisions séculaires de l&rsquo;Europe sont en train de reprendre le pas sur ce qui l&rsquo;unissait depuis 1945</a>On veut faire rembourser leurs dettes aux Grecs. Le problème, c&#39;est qu&#39;ils n&#39;y arriveront jamais. Dans le monde réel, lorsqu&#39;une personne ou une entreprise ne peut pas rembourser ses dettes, on la restructure. Ce n&#39;est jamais joyeux, mais c&#39;est comme ça - quand on peut pas on peut pas.C&#39;est d&#39;autant plus vrai dans le cas d&#39;un Etat, où le forcer à restructurer ses dettes déprime son économie, ce qui veut dire qu&#39;il n&#39;arrive pas à générer les rentrées fiscales pour rembourser la dette. Donc ça ne sert absolument à rien.On rétorquera qu&#39;il faut faire rembourser leurs dettes aux Grecs, parce qu&#39;ils se sont engagés, parce qu&#39;ils sont irresponsables, parce qu&#39;ils ont beaucoup de problèmes, parce qu&#39;ils doivent réformer et que c&#39;est le seul moyen de leur faire réformer.Cet argument était peut être audible en 2009 ou en 2012. Aujourd&#39;hui, ça fait 7 ans que les Grecs vivent l&#39;équivalent d&#39;une grande dépression. Jusqu&#39;à quand faire souffrir un peuple dont presqu&#39;aucun n&#39;est individuellement responsable, juste pour renforcer un point moralisateur ?Est-ce que la Grèce a encore besoin de réformes ? Oui, mais ça ne veut pas dire qu&#39;on doit faire souffrir des millions de gens pour les forcer à le faire, au mépris de la démocratie et de la souveraineté. Et le gouvernement grec actuel n&#39;a d&#39;ailleurs jamais dit qu&#39;il ne voulait faire aucune réforme, bien au contraire.Et puis, surtout, aujourd&#39;hui la Grèce a fait d&#39;énormes progrès. Leur budget est en excédent primaire, c&#39;est-à-dire que l&#39;Etat arrive à se financer par l&#39;impôt sans s&#39;endetter si n&#39;étaient les intérêts de la dette - la France aimerait pouvoir en dire autant. Les Grecs ont fait d&#39;énormes progrès sur des sujets clés comme la corruption et la lutte contre la fraude fiscale.Ce qui ne doit que renouveler la question : jusqu&#39;à quand poursuivre dans cette lancée qui ne mène à rien et qui ne fait que faire souffrir des gens innocents ?Un vote &quot;non&quot; ne garantira pas une sortie de crise. Mais il ouvrira une porte.Car une chose est certaine : un vote &quot;oui&quot; garantit que la situation actuelle perdurera éternellement. Et elle ne peut plus durer.&nbsp;

Pourquoi les Grecs doivent voter "non" au référendum

Le nettoyeur

Et pour cause, les Européens ont au moins deux dossiers qui fâchent à régler. Le premier, c&rsquo;est celui de la Grèce. Normalement, le Premier ministre Tsipras doit confirmer les concessions qu&#39;il accepte en contrepartie des aides européennes. Concessions par rapport à ses promesses électorales, sur la TVA, les pré-retraites et le nombre de fonctionnaires. En clair, il doit apporter la preuve que sa gestion quotidienne ne va pas creuser la dette. En contrepartie, les Européens vont lui donner les moyens de gérer son endettement passé. En clair, on&nbsp; va s&rsquo;arranger pour qu&rsquo;il n&rsquo;ait rien à rembourser avant longtemps.Normalement ça passe, sauf que la majorité parlementaire à Athènes s&rsquo;oppose au moindre coup de canif dans le programme électoral. Cette majorité est prête à aller au clash, alors que la majorité du peuple Grec lui, préfère rester dans l&rsquo;Euro et payer le prix qu&#39;il faut. C&rsquo;est pour beaucoup, encore moins cher que de sortir. A quelques heures de la réunion des ministres de l&rsquo;Economie, Alexis Tsipras est coincé entre ce qu&rsquo;il a accepté à Bruxelles pour sortir du piège et ce qu&rsquo;il avait promis à ses électeurs. Difficile de reconnaitre publiquement que l&rsquo;on est dans des jeux de rôle . Les Grecs doivent faire semblant d&rsquo;accepter le compromis et les créanciers doivent faire semblant de les croire.Le deuxième dossier concerne la Grande-Bretagne. Dès ce soir, David Cameron va éclipser Alexis Tsipras. Son dossier est beaucoup plus lourd. David Cameron s&rsquo;est mis lui aussi dans une position impossible à tenir longtemps. Pour être élu, il a promis au peuple britannique qu&rsquo;il allait organiser un référendum sur l&rsquo;avenir de la Grande-Bretagne dans l&rsquo;Europe. Or, il existe une majorité pour demander une sortie de l&rsquo;Europe. L&rsquo;ensemble de l&rsquo;industrie financière britannique, le patronat industriel et une partie de la classe politique considèrent que la sortie de la Grande-Bretagne de l&rsquo;Europe serait catastrophique pour l&rsquo;évolution économique. David Cameron est foncièrement de cet avis. Il s&rsquo;est donc mis en tête de réclamer à l&rsquo;Europe des réformes dans son fonctionnement.Très clairement, David Cameron veut obtenir des Européens qu&rsquo;ils retirent des traités fondateurs, &quot;la notion d&rsquo;une union européenne toujours plus proche&quot;. Cette formule est rejetée par les conservateurs britanniques qui considèrent qu&#39;elle peut justifier tous les abandons de souveraineté. Beaucoup pensent en Europe que Cameron est dans le symbole. En réalité, cette formule correspond à l&rsquo;ambition profonde de beaucoup d&rsquo;européens qui estiment que la crise économique et financière, que la crise Grecque et de l&rsquo;euro ont mis en évidence l&rsquo;incapacité des Européens a se gérer et de réclamer plus de solidarité, de cohésion, d&rsquo;harmonisation et plus de fédéralisme. Emmanuel Macron a mis en garde hier les Britanniques qu&rsquo;il était hors de question que l&rsquo;évolution européenne vers plus de fédéralisme, soit freinée ou abandonnée. Au contraire, il faut aller plus vite et plus loin. Cette position favorable au fédéralisme est beaucoup mieux partagée par les peuples que par les élus. Les opinions publiques sont en majorité favorables à une union des Etats européens. Union qui serait dotée des institutions correspondantes. Des Etats-Unis d&rsquo;Europe comme il existe des Etats-Unis d&rsquo;Amérique. La Grande-Bretagne est très éloignée de cette ligne et de cet objectif.Ce qui est très intéressant dans ce débat, c&rsquo;est que la Grande-Bretagne a pris le risque de le situer au niveau des principes &nbsp;et que la gauche au pouvoir en France commence a défendre le principe d&rsquo;un approfondissement de l&rsquo;Europe.Enfin, c&rsquo;est intéressant parce que politiquement Macron, en rejetant David Cameron dans les cordes, teste un thème qui pourrait s&rsquo;incruster au sein de la prochaine campagne électorale. L&rsquo;Europe a toujours été très absente des débats électoraux, elle pourrait revenir au premier rang des propositions, ne serait-ce comme porteuse de solution à la crise.

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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Les Chinois traduisent la crise par &quot;opportunité&quot;. Ce qui veut dire que la crise, par son impact prévisible, pourrait rendre intelligent tous ceux qui ont quelques influences et quelques responsabilités. C&rsquo;est peut-être ce qui pourrait se passer avec la crise grecque. On sent bien que les acteurs principaux ont repris les négociations pour essayer de sortir du piège dans lequel ils sont tombés. Le Premier ministre, Alexis Tsipras a repris sa casquette de révolutionnaire pour s&rsquo;adresser au petit peuple de la Grèce. Mais Alexis Tsipras peut très bien revenir en arrière avant la fin de la semaine. Cette stratégie du maitre chanteur est un marqueur de faiblesse. Donc tout est encore possible&nbsp;Si on veut résumer la crise grecque, il faut retenir deux problèmes.Le premier tient au poids de sa dette. Plus de 300 milliards d&rsquo;euros. Tous les créanciers savent, peu ou prou, que la Grèce ne remboursera pas cette dette. On trouvera forcement des arrangements. Les Européens commencent à le reconnaitre. Le détail qui tue c&rsquo;est qu&rsquo;ils ne peuvent pas l&rsquo;acter officiellement sinon derrière les pays endettés défileront aux guichets de la BCE pour faire annuler leurs dettes. Il y a des formes qu&#39;il faut respecter. Les Grecs devraient comprendre que leur ambition ne peut pas être contagieuse. Donc on dira qu&rsquo;il faut restructurer la dette. C&rsquo;est de cela que l&#39;on discute depuis des semaines. Tout le monde est à peu près d&#39;accord, sinon il y a longtemps que la BCE aurait fermé les perfusions.Le deuxième problème est beaucoup plus important. Il faut que la Grèce reconstruise son modèle économique et social avec une industrie qui génère de l&#39;activité et de la valeur, avec des recettes fiscales qui remontent au niveau de l&rsquo;Etat et des dépenses de fonctionnent qui ne dépassent pas tous les jours, les recettes fiscales. Sur ce point, le gouvernement Tsipras n&rsquo;a jamais voulu l&rsquo;entendre.C&rsquo;est bien le problème. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;ajouter de l&rsquo;austérité à l&rsquo;austérité, il s&rsquo;agit de récupérer des recettes fiscales auprès des contribuables qui n&rsquo;ont jamais payer l&rsquo;impôt. La nuit dernière, on pensait que la gouvernance grecque avait compris cette nécessité de retrouver en Grèce un modèle de croissance. Hier soir dans son discours, Tsipras en contradiction avec la lettre de compromis a repris son discours de guerrier. &nbsp;L&rsquo;ampleur et la gravité de la catastrophe annoncée pourraient paradoxalement faire évoluer notre système économique et notre organisation politique dans des proportions importantes. A deux niveaux.Tout d&#39;abord, la construction européenne pourrait progresser vers plus d&rsquo;unité politique. Les crises en Europe sont le résultat d&rsquo;un déficit politique de l&rsquo;Europe. Tout le monde savait dès la création de l&rsquo;euro, que la monnaie unique aurait du être précédée ou suivie d&rsquo;une construction politique. Jacques Delors, le créateur de l&rsquo;euro pensait que l&rsquo;Europe fabriquerait son unité politique trois mois après le lancement de l&rsquo;euro. C&rsquo;était dans les gênes de départ. Les égoïsmes et l&rsquo;absence de volonté ont dressé des faisceaux de contraintes. Aujourd&#39;hui &nbsp;la situation n&rsquo;est plus tenable. Il est impossible de faire vivre une monnaie unique sans un budget fédéral, un gouvernement fédéral et une autorité européenne légitime pour procéder aux harmonisations fiscales et sociales, aux arbitrages. On peut penser que la crise grecque pourrait forcer les pays de la zone euro à préparer un peu plus les Etats-Unis d&rsquo;Europe.Ensuite, la démocratie ne peut pas fonctionner avec des partis politique extrémistes qui, pour accéder aux pouvoirs, promettent des programmes irréalisables. La démocratie doit être sanctuarisée mais elle doit aussi respecter les règles fixées.La légitimité politique d&rsquo;Alexis Tsipras n&rsquo;est pas en cause (pas encore). Ce qui est en cause, c&rsquo;est son expertise et les promesses faites qui ne peuvent être financées par les voisins. Ses voisins n&rsquo;ont pas voté pour payer les factures grecques. Angela Merkel a rappelé que toute aide supplémentaire devait être, autorisée par les parlementaires allemands du Bundestag. Le comportement allemand dans la crise grecque n&rsquo;est pas le résultat d&rsquo;une décision de la Chancelière, c&rsquo;est un résultat de la démocratie allemande. La démocratie allemande vaut bien la démocratie grecque n&rsquo;en déplaise au premier ministre Tsipras. La démocratie ne peut fonctionner correctement que si les leaders politiques sont totalement responsables et conscients des contraintes juridiques et financières. La politique n&rsquo;a pas tous les droits. Sinon c&rsquo;est le principe même du système démocratique qu&#39;ils fragilisent.

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Pourquoi les Grecs doivent voter "non" au référendum