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Le discours médiatique dominant sur la protestation de &laquo; la jeunesse &raquo; contre la loi travail repose d&rsquo;abord sur une belle figure de rhétorique : la métonymie (la partie pour le tout) qui fait passer quelques dizaines milliers de jeunes pour &laquo; la jeunesse &raquo; française, qui compte quelque 7 millions d&rsquo;individus (15-24 ans). Métonymie double au demeurant, car la partie de la jeunesse qui (se) manifeste ne représente même pas un pourcentage significatif de la catégorie à laquelle elle appartient : les lycées d&rsquo;enseignement général et les universités. Bref, nous avons à faire à une petite partie d&rsquo;une petite partie du tout&hellip;Quant à la &laquo; précarité &raquo; qui est sur toutes les lèvres, elle relève également d&rsquo;une technique rhétorique bien connue : la péjoration, qui consiste à reprendre l&rsquo;argumentaire adverse en le reformulant de manière négative : &laquo; la souplesse &raquo; devient &laquo; la loi de la jungle &raquo;, &laquo; le pragmatisme &raquo;, &laquo; l&rsquo;arbitraire patronal &raquo; et la &laquo; flexibilité &raquo;, &laquo; la précarité &raquo;.Et si puissante est la force de ces images qu&rsquo;elles masquent aisément, dans un pays qui se dit cartésien, les sophismes les plus ahurissants : en France, un stage à 400 euros est ainsi plus désirable qu&rsquo;un CDD à 1300, un CDD d&rsquo;un mois, plus attractif qu&rsquo;un CDI assoupli et, pour tout dire, le chômage moins &laquo; précaire &raquo; que le travail. En vertu de quoi, les milliers de non-qualifiés, souvent venus des quartiers, et qui ont trouvé leur salut dans la funeste &laquo; ubérisation &raquo;, sont priés de retourner sagement à Pôle emploi&hellip;C&rsquo;est ainsi que l&rsquo;on voit défiler des 16-25 ans pour sauver les indemnités prud&#39;hommales réservées aux plus anciens, empêcher le licenciement économique de ceux déjà en place et assurer la carrière de futurs apparatchiks. &nbsp;Sans se demander si, par hasard, la surprotection des uns ne se payait pas par la précarisation des autres, la leur notamment ; et encore moins pourquoi l&rsquo;Etat, premier producteur français de travail précaire voire non-déclaré, ne s&rsquo;applique pas à lui-même les règles qu&rsquo;il impose à l&rsquo;horrible secteur privé.&nbsp;Signe parmi tant d&rsquo;autres d&rsquo;une école où l&rsquo;ignorance le dispute à l&rsquo;idéologie au nom de la sainte égalité, où &laquo; le travail se partage &raquo;, où &laquo; l&rsquo;Etat crée des emplois &raquo; et où l&rsquo;enseignement de l&rsquo;économie est toujours dominé par la vulgate keynésienne des années 1970.&nbsp;Signe aussi d&rsquo;une éducation parentale reflétée dans les commentaires de certains &laquo; experts &raquo;, souvent parents de manifestants, où la tendresse pour les chers petits le dispute à la nostalgie de leurs propres combats (&laquo; Ah, Devaquet !), à la nécessité des &laquo; rites de passage &raquo; et&hellip; à l&rsquo;intérêt bien compris de leurs confortables CDI lestés d&rsquo;ancienneté. Après tout, comme on a pu l&rsquo;entendre, cette bonne vieille &laquo; politisation &raquo; de la jeunesse n&rsquo;est-elle pas plus rassurante que le djihad ?Mais il se pourrait bien qu&rsquo;il n&rsquo;y ait non pas une, ni même deux, mais trois, voire quatre jeunesses : haut du panier des grandes écoles et des (trop rares) formations universitaires d&rsquo;excellence ; diplômés des universités générales ; éjectés des parcours universitaires (au moins la moitié) ; et jeunes sans aucune qualification (150.000 par an). Catégories promises à des destinées bien divergentes, mais baignées dans le même illusionnisme ambiant qui va du taux de réussite et de l&rsquo;inflation des mentions au bac à la mastérisation à tout va, en passant par le refus (Ô combien sélectif !) de la &laquo; sélection &raquo;. &nbsp;Une immense entreprise d&rsquo;infantilisation en somme, qui conduit la grande majorité des jeunes à une terrible frustration lorsque vient la confrontation avec le très réel marché du travail, dont ils n&rsquo;ont reçu ni les codes, ni les clefs. Frustration redoutable pour eux-mêmes, mais aussi pour la société.&nbsp;Et c&rsquo;est là que réside le vrai terreau révolutionnaire, car les révolutions, depuis 1789, naissent toujours du heurt entre attentes de la jeunesse et blocages de la société. Et en ce sens, les manifestations contre la loi Travail même si elles reposent sur un contresens et l&rsquo;ignorance de son contenu, traduisent bien un malaise profond qui pourrait un jour cristalliser.A moins que le Pouvoir actuel n&rsquo;ait trouvé (sans doute involontairement) un providentiel exutoire : l&rsquo;émigration massive des jeunes les plus dynamiques, les plus talentueux&hellip; et les plus lucides. Par centaines de milliers, les voilà partis, non pour un beau &laquo; voyage qui forme la jeunesse &raquo;, comme on fait semblant de le croire mais pour longtemps, sinon pour toujours.&nbsp;Ouf ! Les redoutables Cohn-Bendit, les Geismar, les Cambadélis et autres Dray d&#39;aujourd&rsquo;hui ne sont plus là pour mener la rébellion : ils étudient à Londres ou lancent leur start-up à Berkeley.&nbsp;Il nous reste William Martinet. &nbsp;&nbsp;

"La-jeunesse-dans-la-rue-contre-la-précarité !" : voyage au cœur d’un mensonge 

Rhétorico-laser

<h3 class="s2">Atlantico : Les syndicaux étudiants (Unef en tête) et le Mouvement des Jeunes socialistes (MJS) ont appelé à manifester ce mercredi contre le projet de loi El-khomri. Pourquoi des jeunes manifestent-ils (encore) alors qu&#39;ils ne sont spécifiquement concernés par cette réforme ? Dans quelle mesure cela révèle-t-il leur incompréhension des enjeux du projet, alors que celui-ci est conçu, sur le papier du moins, de manière à rendre le marché du travail plus stable (généralisation du CDI,&nbsp;coup d&#39;arrêt au recours systématique aux CDD renouvelés, etc.)&nbsp;?&nbsp;</h3>Olivier Galland :&nbsp;Il faut distinguer les &quot;jeunes&quot; et les syndicats ou organisations censés les représenter. Mais en ce qui concerne les jeunes qui manifestent, certains le font sans doute par conviction politique (le rejet de la politique supposée &quot;libérale&quot; du gouvernement), d&#39;autres ont peut-être le sentiment d&#39;avoir été trompés par les promesses du candidat Hollande à la Présidentielle de 2012; d&#39;autres encore peuvent être inquiets de leur avenir. Sur ce dernier point, on ne peut pas leur donner entièrement tort car la situation des jeunes en France n&#39;est pas particulièrement brillante et ne s&#39;est pas améliorée ces dernières années.Eric Verhaeghe :&nbsp;Il me semble que les raisons du mouvement sont doubles. D&#39;une part, la jeunesse française vit encore une forme de romantisme bolchevique. Lutter contre la réforme du marché du travail participe d&#39;une forme d&#39;appartenance ou d&#39;adhésion à un mythe quasi-éternel : celui de l&#39;émancipation des classes laborieuses laminées par un capitalisme sans scrupule. Descendre dans la rue contre le projet El-Khomri, c&#39;est lutter pour l&#39;émancipation des classes populaires et préparer la grande internationale. Au-delà du mythe marxiste, la jeunesse fait probablement l&#39;objet d&#39;une opération de manipulation complexe à cerner mais assez évidente. Dans toutes les universités, l&#39;UNEF a pu s&#39;exprimer sans limite et appeler à la grève sur des motifs qui sont loin d&#39;être éclaircis. La personnalité de William Martinet fait ici débat. Pourquoi fait-il preuve d&#39;un tel acharnement à combattre un projet de loi qui concerne aussi peu les jeunes ? Cet engouement unilatéral est de plus en plus suspect.&nbsp;<h3 class="s2">Les syndicats étudiants représentent quasi exclusivement des jeunes engagés dans des filières générales, et leur représentativité est par ailleurs très faible. Quelle légitimité ont-ils pour revendiquer le retrait du projet de loi El-Khomri au nom de la jeunesse dans son ensemble ? Qu&#39;en est-il des autres jeunes que ces mouvements ne représentent pas ?&nbsp;</h3>Olivier Galland :&nbsp;Effectivement, ces syndicats sont très peu représentatifs. Le taux de participation aux élections universitaires tourne autour de 8/9% et les étudiants ne doivent représenter qu&#39;environ 40% des jeunes. Il y a donc toute une partie de la jeunesse, la moins diplômée et la plus défavorisée, qui n&#39;est pas partie prenante de ce mouvement.&nbsp;Eric Verhaeghe :&nbsp;Rappelons ici que la représentativité de l&#39;UNEF est extrêmement contestable, pour une première raison très simple: les élections dans les universités mobilisent moins de 10% du corps électoral, et même régulièrement moins de 5%. L&#39;emprise de l&#39;UNEF sur les étudiants a donc du mal à se traduire dans les chiffres. Il est vrai que le monde politique peine à revenir à ces réalités et marque surtout sa frayeur vis-à-vis des mouvements de foule qui pourraient paralyser la rue. C&#39;est l&#39;angoisse de François Hollande: pas de &quot;mouvement social&quot;, c&#39;est-à-dire de convergence entre les salariés qui protestent contre la loi El-Khomri, et les jeunes qui, à des degrés divers pourraient se sentir prêts à intervenir dans le conflit. Il faut circonvenir les étudiants. Quelle est l&#39;ampleur du mouvement jeunes ? Personne ne la connaît clairement. On peut se féliciter du nombre grandissant de jeunes qui refusent le diktat d&#39;un seul syndicat et appellent à la construction d&#39;un rapport de force qui leur soit propre, indépendamment des partis politiques. Or on sait les liens de connivence entre le PS et l&#39;UNEF, largement dirigée, vous avez raison, par des jeunes &quot;aristocrates&quot; nés avec une petite cuillère d&#39;argent dans la bouche, et qui aspirent pour la plupart à faire une carrière politique au PS.&nbsp;Réforme du bac, CPE, CIP, projet Devaquet (1986), etc. On ne compte plus les projets de loi dont &quot;les jeunes&quot; (des générations successives) ont demandé le retrait, qu&#39;ils ont finalement obtenu.&nbsp;D&#39;où vient ce réflexe de rejet en bloc propre à la jeunesse ? En quoi cela traduit-il une certaine forme de &quot;bêtise&quot;, que l&#39;on pourrait mettre sur le compte de l&#39;inexpérience politique, sachant que les syndicats de salariés, eux, misent davantage sur une logique de négociation et de compromis afin d&#39;obtenir ce qu&#39;ils peuvent ?&nbsp;Olivier Galland :&nbsp;Il y a plusieurs ingrédients. Tout d&#39;abord des motivations souvent politiques des leaders étudiants. Ces leaders font presque toujours carrière dans la politique après avoir animé des mouvements de ce type. Et pour entamer une carrière au PS, il vaut mieux y entrer par la gauche du parti et par la réussite d&#39;un mouvement protestataire. Ensuite, les jeunes lycéens et étudiants sont attachés - et c&#39;est un trait culturel de notre pays - aux symboles de l&#39;égalité, même lorsque ces symboles ne correspondent plus à une égalité réelle. On tient, par exemple, au baccalauréat parce qu&#39;il manifeste cette égalité, même si l&#39;on sait parfaitement que ce qui comptera dans la suite de la carrière scolaire, ce n&#39;est pas le bac en tant que tel, mais le bulletin scolaire et le lycée où on a fait ses études, ingrédients parfaitement inégalitaires. Par ailleurs, s&#39;opposer aux réformes, lorsqu&#39;on se destine aux études supérieures, n&#39;est finalement pas très coûteux car dans notre pays, en moyenne, les étudiants ne s&#39;en sortent pas si mal (pour trouver un emploi). Ceux qui pâtissent vraiment de l&#39;absence de réformes ne sont pas ceux qui protestent, ce sont les jeunes peu ou pas diplômés, qu&#39;on n&#39;entend pas et qui ne sont représentés par personne.&nbsp;Eric Verhaeghe :&nbsp;Là encore, il me semble qu&#39;il y a deux visions du même fait. La première, qui est la vôtre, part d&#39;un postulat d&#39;honnêteté ou de bonne foi des jeunes, qui bloqueraient tout changement en France par &quot;naïveté&quot;. Un postulat plus marxiste, ou plus orthodoxe, cherchera forcément des raisons objectives et nécessaires à ce blocage. Dans un système éducatif dominé par la reproduction sociale, l&#39;élite étudiante qui organise le mouvement capte à son profit les idéaux de solidarité et les utilise comme des instruments pour tordre la réalité en sa faveur. Au nom du bien du peuple, je bloque toute évolution du système. Que celle-ci permette de réduire les inégalités et je la combats farouchement, &nbsp;car l&#39;évolution du système constitue une menace pour les avantages acquis par ma caste. La question qui se pose est de savoir aujourd&#39;hui de quelle imposture l&#39;égalité est le prête-nom. D&#39;une certaine façon, la réaction à la réforme exprime bien, quoi qu&#39;ils en disent, l&#39;extrême conservatisme de jeunes qui trouvent un intérêt objectif au maintien de la réalité.&nbsp;<h3 class="s2">Un certain nombre de cadres du PS (Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis, Bruno Le Roux) se sont offusqués de la position du Mouvement des Jeunes socialistes (MJS) qui appelait à manifester contre le projet de loi El-Khomri avec l&#39;Unef ce mercredi. Y aurait-il également un ressort générationnel dans ces manifestations ? Comment interpréter cette opposition entre les jeunes et les &quot;vieux&quot; du PS ?&nbsp;</h3>Olivier Galland :&nbsp;Je crois qu&#39;au PS, il est de tradition que les jeunes soient plus à gauche que les &quot;vieux&quot;. Beaucoup de cadres actuels (y compris le Premier secrétaire) ont commencé leur carrière dans le Parti sur sa gauche. Ils s&#39;assagissent ensuite en vieillissant et en se &quot;notabilisant&quot;. C&#39;est assez classique. Evidemment, ce qui est nouveau aujourd&#39;hui, c&#39;est que les jeunes ou proches du PS manifestent ....contre le PS. Mais il est vrai qu&#39;il y a eu une mue idéologique, si ce n&#39;est du Parti, du moins du gouvernement, sans que cette mue soit vraiment assumée. Il n&#39;est pas très étonnant que certains, et surtout les jeunes, aient un sentiment de trahison.Eric Verhaeghe :&nbsp;Je l&#39;interprète un peu différemment. Je pense qu&#39;il existe une sorte de fuite en avant mal maîtrisée par William Martinet, qui mène une véritable opération en opportunité politique contre un projet de loi qui ne mérite pas tant de haine. On sent qu&#39;une partie d&#39;échec se joue entre la gauche réformiste et la bouillonnante UNEF qui ressemble à une pouponnière. Il me semble que Benoît Hamon en particulier est fréquemment &quot;sur ces dossiers&quot; et ne se montrent pas totalement tendre avec Emmanuel Macron ni Manuel Valls à qui il doit son éviction précoce du gouvernement. De mon point de vue, l&#39;écart n&#39;est pas idéologique mais personnel et de connivence. Le mouvement étudiant qui a commencé à prendre forme participe largement de cette logique très personnelle où les &quot;foules&quot; jeunes semblent manipulées pour appuyer un mouvement de blocage qui sert directement le clan qui la soutient. Quel est la part de l&#39;intérêt général dans ce mouvement ? La question reste entière.

Etudiants, jeunes

Les jeunes sont-ils des cons (comme les autres) ? 

Le bal des débutants

Manifestations contre la loi El Khomri : pourquoi les jeunes se laissent aller à être des cons (manipulés comme les autres)

Les jeunes encore mobilisés. Huit jours après s&rsquo;être réunis aux côtés des salariés, étudiants et lycéens descendent à nouveau dans la rue ce jeudi. Dans leur viseur, toujours le projet de loi Travail, ou Loi El Khomri. Bien que remanié par le gouvernement dans une version présentée lundi par Manuel Valls, le projet ne satisfait pas les représentants des syndicats. &quot;Nous ne sommes toujours pas convaincus par le texte, a confirmé William Martinet, le président de l&#39;Unef, premier syndicat étudiant. &quot;Valls a tout de même reculé, notamment sur les indemnités prud&#39;homales et le temps de travail des apprentis. C&#39;est la preuve que la mobilisation peut faire céder.&quot;Le leader syndical a poursuivi : &quot;L&#39;enjeu, c&#39;est de massifier la mobilisation côté jeunes, aussi bien en AG que dans la rue, avant de rejoindre les salariés le 31 mars&quot;. Pour autant, tous les syndicats étudiants n&rsquo;appellent pas à manifester. C&rsquo;est le cas du deuxième d&rsquo;entre eux, la Fage, qui a jugé que les modifications introduites par le gouvernement, notamment la garantie jeunes (un dispositif d&#39;accompagnement renforcé vers l&#39;emploi), permettaient &quot;la poursuite du dialogue&quot;. Mais pour l&#39;Unef, &quot;les soi-disant mesures jeunes, c&#39;est de l&#39;enfumage, ça ne mérite pas d&#39;arrêter la mobilisation&quot;.*Selon le ministère de l&#39;Education nationale, 115 lycées étaient bloqués à 11h00. Ils sont plus de 200 selon l&#39;Union nationale lycéenne (UNL).&nbsp;A Rennes, plusieurs centaines de manifestant ont envahi la gare peu avant 13h, et sont descendues sur les voies, entrainant l&#39;interruption du trafic.&nbsp;Par ailleurs, on aurait recensé des projectiles sur les forces de l&#39;ordre à Marseille, une voiture renversée à Nantes, des œufs lancés sur la vitrine du Parti socialiste à Rouen.Dans la capitale, le cortège, parti à 13h30 de la place de la République rallie en ce moment la place d&#39;Italie, en passant par Bastille. Trois manifestants ont été interpellés notamment pour des dégradations.&nbsp;En début d&#39;après-midi, selon des chiffres du syndicat lycéen FIDL, une soixantaine de lycées parisiens étaient mobilisés. La police parle elle de cinq établissements bloqués à Paris, et deux en Seine-Saint-Denis.&nbsp;

Manifestations lycéens - Paris - mars 2016

Loi Travail : les jeunes redescendent dans la rue ce jeudi 

Mobilisation

Loi Travail : les jeunes redescendent dans la rue, 115 lycées bloqués en France, des incidents en marge des cortèges

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"La-jeunesse-dans-la-rue-contre-la-précarité !" : voyage au cœur d’un mensonge français

Myriam El Khomri sur le CDD chez Jean-Jacques Bourdin a eu un retentissement (pardon, un &quot;buzz&quot; !) particulier, notamment sur les réseaux sociaux&nbsp;: l&rsquo;humour consterné l&rsquo;a disputé au tombereau d&rsquo;insultes habituel d&rsquo;auteurs protégés par un courageux anonymat. Invitée de RTL ce dimanche,&nbsp; la ministre du Travail a tenté de rectifier le tir dans une prestation mieux préparée sur le fond et surtout sur la forme, mais où la patte des communicants gouvernementaux pesait toutefois lourdement sur la spontanéité des réponses.Cette séquence agitée vaut-elle donc qu&rsquo;on la prolonge&nbsp;? Faut-il réinstruire le procès d&rsquo;une jeune ministre prise de court par un intervieweur chevronné qui en a croqué de plus coriaces&nbsp;? Tout n&rsquo;a-t-il pas déjà été dit et écrit, y compris dans ces colonnes&nbsp;?Eh bien pas tout à fait&hellip; Notamment sur le plan de la rhétorique utilisée par la ministre et par ses défenseurs&nbsp;: car ceux-ci ont été étonnamment nombreux, y compris dans les médias. D&rsquo;abord, personne (sauf erreur) n&rsquo;a relevé que la ministre a commis non pas une erreur sur le CDD mais deux&nbsp;: le nombre de renouvellements possibles, mais aussi la durée maximale &quot;jusqu&rsquo;à 3 ans&quot; a-t-elle dit, alors que la règle générale est de 18 mois. Certes, personne ne lui a délivré un satisfecit pour son ignorance mais toute une panoplie d&rsquo;outils a été déployée pour sauver le &quot;soldat El Khomri&quot;.Florilège&nbsp;: &quot;une interview, ce n&rsquo;est pas un quizz&quot;, &quot;Bourdin a été brutal&quot;, &quot;on ne demande pas à Myriam El Khomri de connaitre le code du travail par coeur&quot; ; &quot;et pourquoi pas le nom du vainqueur du tour de France en 1956&nbsp;?&quot; ; &quot;Benjamin Castaldi, lui, ne connaît pas le niveau du smic&quot; ; et bien sûr, comme sur tout sujet dans le débat français, un providentiel &quot;précédent Sarkozy&quot;, lequel en l&rsquo;occurrence sécha en mars 2007 devant le même Bourdin sur la distinction entre sunnites et chiites. A quoi la ministre elle-même a rajouté sur RTL toute une série d&rsquo;arguments&hellip;&nbsp;L&rsquo;arsenal est impressionnant. Récapitulons&nbsp;: tout d&rsquo;abord la minimisation&nbsp; (&quot;ma réponse était inexacte&quot; à la place de &quot;réponse fausse&quot;)&nbsp;; la marginalisation (au-delà de cette histoire de CDD, ce qui compte c&rsquo;est ma réforme du code du travail)&nbsp;; la substitution (j&rsquo;agis en politique, pas en experte)&nbsp;; le déni factuel (&nbsp;je ne suis pas une ministre hors sol&nbsp;; je connais bien l&rsquo;entreprise)&nbsp;; la preuve par l&rsquo;absurde&nbsp;: &quot;si je me suis trompée, n&rsquo;est-ce pas que le code du travail est trop complexe ?&quot; ou &quot;faut-il donc être médecin pour être ministre de la Santé ?&quot;. Enfin la prétérition (qui consiste à dire ce qu&rsquo;on a affirmé ne pas vouloir dire)&nbsp;: je ne jouerai pas sur ma personne et mes origines mais &quot;il y a un problème dans notre pays&nbsp;: le nom ou la couleur de la peau restent des marqueurs extrêmement importants&quot;.Il se pourrait bien que le bilan final de la séquence au moins sur le plan média-politique soit paradoxal&nbsp;: cette ministre très peu connue est désormais sous les feux des projecteurs et bien des Français auront découvert son existence. De quoi réjouir ses communicants&nbsp;!A moins que des questions têtues ne demeurent et n&rsquo;assombrissent cette nouvelle notoriété&nbsp;:1/ Peut-on réformer ce qu&rsquo;on ignore&nbsp;?2/ Une question sur le CDD, qui représente 80% des embauches actuelles, ne relève pas d&rsquo;un &quot;quizz&quot; pour une ministre du Travail mais d&rsquo;une exigence journalistique légitime. Tout comme l&rsquo;exercice du &quot;droit de suite&quot; par Jean-Jacques Bourdin même s&rsquo;il est rare en France.3/ L&rsquo;argument du &quot;ministre de la santé-médecin&quot; est totalement spécieux&nbsp;: on ne demande pas à un ministre de la Santé de soigner, ni à un ministre du travail d&rsquo;embaucher. On demande aux deux de créer les meilleures conditions possibles pour les acteurs de terrain&nbsp;: en l&rsquo;occurrence les médecins et les employeurs&nbsp;! Les ministres sont donc censés connaître l&rsquo;organisation élémentaire de leur secteur de compétence.4/ Si, comme le dit justement la ministre, le régime des CDD est trop complexe, quel beau sujet pour ladite réforme&nbsp;! Or il n&rsquo;en sera aucunement question dans sa loi&hellip;5/ Ce qui est en cause ce n&rsquo;est pas son ignorance du code du travail mais celle du monde du travail.6/ Or, est-ce connaître le monde de l&rsquo;entreprise que d&rsquo;avoir travaillé pour son père (seul exemple donné par la ministre) et enchaîné ensuite depuis l&rsquo;âge de 23 ans stages, contrats et mandats dans la mouvance du Parti socialiste&nbsp;?7/ Est-ce répondre à la seule question posée, celle de sa compétence, que d&rsquo;invoquer ses origines et de protester de sa &quot;francité&quot; ?8/ N&rsquo;est-ce pas par ce genre d&rsquo;argument victimaire et hors-sujet, nourrir soi-même la tentation de l&rsquo;amalgame et desservir toutes les &quot;femmes, jeunes et beurs&quot;, qui connaissent, elles, parfaitement les règles de renouvellement du CDD&nbsp;?Mais pour l&rsquo;image personnelle de Myriam El Khomri, le plus grave est peut-être ailleurs. Cette jeune femme sympathique, spontanée et visiblement réformatrice était visiblement bridée par la langue de bois obligatoire. Sa remarque répétée sur &quot;les mots interdits&quot; aurait dû retenir l&rsquo;attention autant que sa bévue sur le CDD. Malgré la pression de Jean-Jacques Bourdin, impossible de lui faire dire &quot;assouplissement&quot; ou &quot;flexibilité&quot;. Malgré celle des animateurs de RTL, impossible de la faire s&rsquo;interroger sur les tabous du code du travail. Et impossible de lui faire émettre un doute sur ces &quot;syndicats représentatifs&quot; qui ne représentent guère plus qu&rsquo;eux-mêmes.La personne, on le voit, n&rsquo;est pas en cause&nbsp;; c&rsquo;est un système. Un système où tout, des nominations à la politique suivie, ne relève que de la communication et des considérations partisanes.C&rsquo;est bien pourquoi il est vain de demander la démission de Myriam El Khomri. Sans doute aurait-elle déjà eu lieu dans toute autre démocratie&nbsp;; mais dans un pays où un ministre n&rsquo;est jamais responsable de ses dires, mais aussi de son action (ou de son inaction&nbsp;!), la sanction serait inique. L&rsquo;exemple vient de bien plus haut. Et pas seulement à gauche&nbsp;!

L’ignorance et surtout la défense de Myriam EL Khomri sont vraiment inquiétantes

Grand moment politique : la ministre du Travail elle même, ignore le nombre de fois auquel peut être renouvelé un CDD. Invitée au micro de BFMTV ce jeudi matin, la ministre Myriam El Khomri n&#39;a pas su répondre à Jean-Jacques Bourdin lorsque celui lui a demandé jusqu&#39;à combien de fois pouvait-on renouveler un CDD en France. &quot;On peut le renouveler combien de fois, le CDD ?&quot; lui a-t-il demandé. &quot;Trois fois&quot;, a aussitôt répondu la ministre. &quot;Trois ans&quot;, a-t-elle ajoutée, déstabilisée par l&#39;insistance de Bourdin. Et de reconnaître finalement : &quot;Je ne pourrai pas vous le dire.&quot; Celle qui veut donc refonder le droit social en réécrivant entièrement le code du travail d&#39;ici 2018 et qui a présenté les grandes lignes de sa réforme au Premier ministre le 4 novembre dernier, celle qui entend bâtir &quot;un code du Travail pour le 21ème siècle&quot; autour de trois verbes clés : &quot;simplifier, négocier, sécuriser&quot;, ignore combien de fois peut être renouvelé un contrat à durée déterminée. Pourtant, le gouvernement a annoncé que le Code du travail sera &quot;réécrit&quot;, en deux ans, de &quot;manière claire, accessible&quot; et qu&#39;il sera axé sur trois axes distincts. Le premier fixera &quot;l&rsquo;ordre public social&quot;, un socle de droits intangibles auxquels il ne sera pas possible de déroger. Le deuxième indiquera les domaines ouverts à la négociation et fixera&thinsp;l&rsquo;articulation entre la branche et l&rsquo;entreprise. &quot;&thinsp;Il n&rsquo;y aura pas d&rsquo;inversion de la hiérarchie des normes&quot;, indique le document de Matignon. Cela laisse donc entendre, point toutefois à préciser, qu&rsquo;un accord d&rsquo;entreprise ne pourrait pas prévoir de mesures plus défavorables au salarié que celles prévues dans l&rsquo;accord de branche. Le troisième niveau du futur Code du travail regroupera les dispositions applicables en l&rsquo;absence d&rsquo;accord de branche ou d&rsquo;entreprise. Une mission est confiée à des Sages du Conseil d&rsquo;Etat et de la Cour de cassation pour définir, d&rsquo;ici à janvier, les &quot;principes fondamentaux du droit du travail&thinsp;&quot;, qui guideront la réécriture du Code.

Myriam El Khomri

La ministre du Travail ignore combien de fois peut être renouvelé un CDD

La bourde

La ministre du Travail Myriam El Khomri ignore combien de fois peut être renouvelé un CDD

<div>C&#39;est le petit couac qui marqué la semaine. Sur BFTMV, la nouvelle ministre du Travail s&#39;est emmêlée les pinceaux sur une thématique qu&#39;elle devrait pourtant connaître sur le bout des doigts. Combien de fois peut-on renouveler un CDD ? Quelques bafouilles avant d&#39;avouer son ignorance. S&#39;en est suivie une polémique sur les compétences attribuées à la ministre, qui n&#39;a pas laissé indifférente cette dernière. &#39;&#39;J&#39;ai merdé&#39;&#39; aurait-elle affirmé à une amie, selon RTL. La chaîne parlementaire évoque une phrase moins directe : &#39;&#39;On n&#39;est pas toujours sur nos gardes, ça a merdé, ça a merdé... Surtout, ne pas regarder les réseaux sociaux aujourd&rsquo;hui !&quot;&nbsp;</div><div>&nbsp;</div><div>Toujours selon LCP, elle a néanmoins pu compter sur le soutien de ses collègues du gouvernent comme Emmanuel Macron qui lui a envoyé un petit texto : &quot;Ne t&rsquo;inquiète pas !&quot; lui a-t-il dit en lui conseillant &quot;d&rsquo;être elle-même. C&rsquo;est ce que les Français attendent&quot;. Une chose est sûre, elle ne veut subir le &#39;&#39;badbuzz&#39;&#39; reçue par Fleur Pellerin qui n&#39;avait pas su citer un seul livre de Patrick Modiano, malgré son poste de ministre de la Culture. &#39;&#39;J&#39;espère que ça durera moins longtemps&#39;&#39; aurait déclaré Myriam El Khomri.</div>

Myriam El Khomri et les CDD : ''j'ai merdé'', aurait-elle admis

Faute avouée...

Trois jours après sa réponse erronée sur le nombre de fois qu&#39;un CDD peut être renouvelé, la ministre du travail Myriam El Khomri a admis que sa réponse sur le plateau de BFMTV était &quot;inexacte&raquo; au milieu d&#39;une &quot;semaine particulièrement chargée&quot;.&quot;Je ne suis pas là pour me dédouaner, mais ca met en lumière la complexité. Il y a énormément de formes de CDD, c&#39;est la réalité&quot;, a-t-elle poursuivi.Elle a ensuite essayé de se justifier, alors qu&#39;un auditeur remettait en cause sa légitimité et rappelait qu&#39;on ne lui connait pas d&#39;expérience professionnelle dans le secteur privé. &quot;&#39;J&#39;ai eu une vie professionnelle avant d&#39;être élue en 2008. J&#39;ai eu des CDD, des CDI dans le public et dans le privé. J&#39;ai travaillé pendant 4 -5 ans en tant qu&#39;étudiant salarié dans une entreprise. J&#39;ai un parcours qui fait que je suis en phase avec la vie réelle.&nbsp;Ma réponse n&#39;était pas exacte mais je rencontre aussi dans le cadre de mes visites sur le terrain de nombreuses personnes qui me disent : &#39;ça fait 10 fois que mon CDD est renouvelé&#39;. C&#39;est aussi ça la vérité.&quot;Elle ajoute avoir fait &quot;du droit du travail. J&#39;ai été étudiante, je suis juriste, j&#39;ai un Bac+5 en droit, j&#39;ai fait du droit du travail (...)&nbsp;Quand on m&#39;a proposée cette mission, on l&#39;a fait parce qu&#39;[en tant que secrétaire d&#39;État à la Ville] j&#39;ai été dans les quartiers qui sont le plus touchés par le chômage. Voilà quelle est ma légitimité aujourd&#39;hui, on me jugera sur mes résultats&quot;.Si l&#39;on en croit RTL et LCP, elle aurait confié en off à une amie qu&#39;elle était attaquée après sa bourde sur les CDD, qu&#39;elle est une &quot;femme, jeune et beur&quot;. Des propos que la ministre a démenti ce matin : &quot;Je crois qu&#39;on a quand même un problème dans notre pays, c&#39;est que le nom ou la couleur de peau restent des marqueurs extrêmement importants. Et donc moi j&#39;en ai marre de venir sur des plateaux pour me justifier que je suis Française. (...) Sincèrement, regardez comment est la société française. J&#39;en ai marre de devoir me justifier sur mes origines.&quot;

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