photo_xtophe.jpg

Sans doute la situation des deux hommes et le sujet de la controverse sont-ils fort différents : Manuel Valls n&rsquo;en est qu&rsquo;au début d&rsquo;une primaire fort incertaine pour lui, alors que F. Fillon est sorti grand vainqueur de la sienne. Le premier a anticipé la reprise d&rsquo;une attaque sur son exercice du pouvoir, alors que le second a réagi à une polémique qui gonflait de jour en jour sur la distinction entre &quot;grands&quot; et &quot;petits&quot; risques en matière de santé.&nbsp;<div>&nbsp;</div>Il reste que les calculs politiques sont finalement assez proches dans les deux cas : pour le candidat à la primaire de la gauche, désamorcer la coalition montante du &quot;Tout sauf Valls&quot; qui aurait pu aisément prendre pour mot d&rsquo;ordre &quot;A bas Monsieur 49-3 !&quot; ; pour François Fillon rassurer la droite juppéiste tout juste ralliée et surtout un électorat (même à droite) attaché au totem de la &quot;Sécu&quot;.Mais le succès d&rsquo;un tel calcul est tout sauf assuré et pour la même raison dans les deux cas : la contradiction avec leurs positions précédentes met en péril leur CREDIBILITE, sans laquelle aucun discours de leur part ne peut être reçu.<div>&nbsp;</div>Certes, Manuel Valls a eu l&rsquo;habileté de ne pas cacher son revirement, instruit, a-t-il dit, par son expérience de Premier ministre qui y a eu tant recours. Mais ce renversement de l&rsquo;argument pousse le paradoxe un peu trop loin. F. Fillon, lui, n&rsquo;a pas voulu reconnaître son changement de cap et, de &quot;malentendus&quot; en &quot;précisions&quot; et autres &quot;approfondissements&quot;, les éléments de langage ont déferlé dans les médias. &nbsp;&nbsp;Or, nier l&rsquo;évidence de ce revirement -attestée par la suppression de la mesure controversée sur son site &ndash; non seulement ne sera pas efficace mais ajoutera à la confusion et à la polémique. Quitte à changer de position, il valait mieux le reconnaître d&rsquo;emblée et mettre le sujet derrière soi. Il y avait bien des façons de le dire, surtout quand on est un aussi fin rhéteur que F. Fillon. Il vient encore de le prouver dans sa tribune du Figaro sur la question. Mais justement : cette tribune montre qu&rsquo;il avait toutes les raisons et toutes les armes pour justifier la proposition attaquée, quitte à la conditionner à l&rsquo;audit annoncé des comptes sociaux. Ceux-ci sont en effet bien loin de &quot;l&rsquo;équilibre&quot; proclamé par la langue de bois socialiste et repris en chœur par trop de médias complaisants : 6,9 milliards d&rsquo;euros de déficit prévus pour 2016 et plus de 10 milliards l&rsquo;an prochain. Pourquoi la droite ne martèle donc pas ces chiffres au lieu de se perdre en circonvolutions rhétoriques ? En reculant trop vite, François Fillon ouvre la boîte de Pandore : la suppression de 500.000 postes d&rsquo;agents publics est déjà sur la sellette en attendant les 100 milliards d&rsquo;économie budgétaire, la dégressivité des allocations chômage etc. Nul doute que les adversaires (voire certains &quot;amis&quot;) vont dérouler toute la pelote.&nbsp;<div>&nbsp;</div>La réaction de l&rsquo;opinion (sondage JDD) est sans surprise : même si 72% des Français approuvent le recul sur la Sécu, la crainte devant la &quot;radicalité&quot; du programme Fillon reste presqu&rsquo;aussi élevée qu&rsquo;auparavant (-2 points), tandis que la croyance dans sa capacité à réformer le pays subit une érosion significative ( -9 points). C&rsquo;est ce qui s&rsquo;appelle perdre sur les deux tableaux.Mais Manuel Valls commet une erreur au moins aussi grande en minant sa réputation d&rsquo;homme d&rsquo;autorité, symbolisé par l&lsquo;usage du 49-3 contre l&rsquo;agitation irresponsable des Frondeurs. De plus, sur le fond, cette suppression est une mauvaise idée qui rendra le pays encore moins gouvernable. Enfin, sur le plan stratégique, en se posant dès avant le premier tour de la primaire comme &quot;le rassembleur&quot; des socialistes, il se trompe de scrutin, exactement comme l&rsquo;avait fait à droite Alain Juppé. D&rsquo;autant plus qu&rsquo;à la différence de ce dernier, Manuel Valls n&rsquo;a ni l&rsquo;image ni le caractère d&rsquo;un &quot;rassembleur-de la famille&quot; et c&rsquo;est justement cela qui a fait sa fortune politique. En adoptant cette posture à contre-emploi, c&rsquo;est cette fois l&rsquo;erreur de Nicolas Sarkozy qu&rsquo;il reproduit.Au fond, les deux candidats ont oublié deux règles fondamentales de la rhétorique politique :1/ le discours tenu doit être en adéquation absolue avec la personnalité et les valeurs de l&rsquo;orateur, son ethos comme disait Aristote. &nbsp;2/ le vrai &quot;rassemblement&quot; s&rsquo;opère par le ralliement de l&rsquo;électorat sur une thèse claire et une solution crédible, non pas sur le plus petit commun dénominateur de l&rsquo;opinion.Règles qui doivent inviter les deux hommes à méditer sérieusement cet épisode et non à le réduire, comme le voudraient les communicants, aux péripéties d&rsquo;une &quot;séquence&quot; qui, fêtes aidant, serait vite oubliée. L&rsquo;histoire politique française est pleine de ces &quot;séquences&quot; qui ne veulent pas cesser.

François Fillon et Manuel Valls pris au piège mortifère de la contradiction

Rhétorico-laser

L&rsquo;annonce risque de faire couler beaucoup d&rsquo;encre. Invité de<a class="Colorbox" href="https://www.franceinter.fr/" target="_blank"> France Inter</a> ce jeudi matin, Manuel Valls a proposé de &quot;supprimer purement et simplement&quot; le 49-3, &quot;hors texte budgétaire&quot;.&quot;Je propose une renaissance démocratique car il y a un malaise dans notre démocratie&quot;, a estimé le candidat à la primaire de la gauche. &quot;Je connais parfaitement les effets pervers du 49-3. Je suis très lucide. Dans la société de la participation dans laquelle nous vivons, son utilisation est devenue dépassée et apparaît comme brutale. Je proposerai, hors texte budgétaire de supprimer purement et simplement le 49.3. Je veux revenir aux sources de l&rsquo;esprit démocratique, en associant davantage les citoyens aux prises de décision&quot;,&nbsp;a-t-il poursuivi.Une déclaration assez surprenante alors que le 49.3 (un article de la Constitution qui permet au Premier ministre d&#39;imposer l&#39;adoption d&#39;un texte de loi, immédiatement et sans vote) a été utilisée six fois par l&rsquo;ancien chef du gouvernement, afin de faire passer notamment la loi travail au Parlement et la Loi Macron. Au micro de BFMTV, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, a jugé de son côté que &quot;restreindre l&#39;utilisation du 49.3 paraît être une bonne solution&quot;.<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/crise-49-3-etrange-champ-ruines-quinquennat-hollande-president-culbuto-qui-se-releve-toujours-et-qui-pourrait-meme-encore-2693928.html" target="_blank">&gt;&gt;&gt;&gt; A LIRE AUSSI : Crise du 49.3 : l&#39;étrange champ de ruines du quinquennat Hollande, ce président culbuto qui se relève toujours et qui pourrait même encore relever la gauche (et si...)</a>

Manuel Valls silence grimace - Atlantico.fr

Manuel Valls propose de "supprimer purement et simplement le 49.3"

Pas une blague

France

Politique

De la "sécu" au "49-3" : François Fillon et Manuel Valls pris au piège mortifère de la contradiction

Il semble qu&rsquo;ils se soient passé le mot : de Manuel Valls à Martine Aubry en passant par Montebourg et Cambadélis, tous les leaders de gauche en appellent au &quot;rassemblement&quot;. Comme François Hollande avant eux, dans les derniers soubresauts à peine audibles d&rsquo;une éventuelle candidature : le renoncement du Président, qui a poussé l&rsquo;usage du mot jusqu&#39;à la saturation, devrait mettre la puce à l&rsquo;oreille de ses successeurs putatifs.Certes, il faut y voir l&rsquo;effet d&rsquo;un spectre qui hante le pouvoir sortant : la crainte d&rsquo;un &quot;21 avril puissance 10&quot;. Que les gouvernants et le parti majoritaire actuels soient terrifiés à cette perspective, qui signifie un congé avec ou sans solde mais sans doute de longue durée, est parfaitement compréhensible ; mais, en dehors des militants et des convaincus, le mot d&rsquo;ordre n&rsquo;est pas crédible. &nbsp;Pas crédible parce qu&rsquo;avec au maximum 1/3 de l&rsquo;électorat, la gauche n&rsquo;est plus en mesure, quoi que l&rsquo;on dise pour entretenir le suspense, d&rsquo;emporter l&rsquo;élection présidentielle.&nbsp;Pas crédible encore parce que le résultat de la primaire, quel qu&rsquo;il soit, ne recollera pas les morceaux du PS, bien au contraire, tant le clivage autour de la personnalité et du bilan de Manuel Valls va être violent.&nbsp;Pas crédible enfin et surtout parce que, comme ce dernier l&rsquo;a dit, les &quot;positions sont irréconciliables&quot; sur le fond de la politique entre les sociaux-réformistes et les socialistes &quot;canal historique&quot;.Volonté de parallélisme oblige, certains essaient de mettre sur le même plan &quot;les divisions de la droite&quot;. Il serait peut-être temps de s&rsquo;aviser que celles-ci ne touchent justement pas au fond mais à la méthode et plus encore aux querelles d&#39;égos qui lui ont tant coûté dans son histoire. En un sens, l&rsquo;instauration de la primaire aura été le plus beau cadeau fait par la gauche à la droite, qui y a trouvé le remède inespéré à ce mal congénital.La victoire écrasante de F. Fillon à cette primaire devrait en retour faire réfléchir la gauche. Le thème du &quot;rassemblement&quot; n&rsquo;a en effet jamais été présent dans sa rhétorique de campagne. Bien au contraire, il n&rsquo;a cessé d&rsquo;insister sur sa volonté de &quot;casser la baraque&quot;. Tout l&rsquo;inverse d&rsquo;Alain Juppé qui n&rsquo;avait que le &quot;rassemblement&quot;&nbsp;à la bouche. On connaît le résultat.Trois raisons fondamentales concourent à cet échec prévisible du thème du&nbsp;&quot;rassemblement&quot;&nbsp;à gauche.1/ Il n&rsquo;a pas de sens AVANT le premier tour d&rsquo;une primaire, où il faut précisément se différencier de ses concurrents (nombreux). Le brandir dès aujourd&#39;hui c&rsquo;est se croire (comme Alain Juppé) déjà au 2ème tour. Petite erreur de contexte dont la prise en compte est, faut-il le rappeler, l&rsquo;impératif absolu de tout discours réussi.2/ Contexte qui va d&rsquo;ailleurs bien au-delà : la situation du pays, l&rsquo;échec des politiques menées depuis 30 ans privilégient les scénarios de rupture et les discours transgressifs : d&rsquo;où l&rsquo;échec retentissant d&rsquo;Alain Juppé et la composition du trio de tête actuel : Fillon, Le Pen, Macron. Certes ce dernier parle de&nbsp;&quot;rassemblement&quot;&nbsp;mais, justement, à travers la transgression du clivage gauche/droite.3/ Le &quot;rassemblement&quot;&nbsp;ne peut être que la conclusion, le message qui se dégage d&rsquo;une argumentation crédible et d&rsquo;une thèse claire sur la situation et les besoins du pays. On ne trouve ces éléments chez aucun des candidats de la primaire socialiste. Et pour cause : comment soutenir, vu le bilan du quinquennat Hollande, qu&rsquo;il faille continuer sur le même chemin (pour Manuel Valls) ou qu&rsquo;il faille encore augmenter les impôts et/ou creuser encore les déficits (pour les Frondeurs) ? D&#39;où la polarisation du discours sur &quot;l&#39;avenir de la gauche&quot;, ses &quot;valeurs&quot;, sa &quot;mission&quot; : vocabulaire religieux, d&rsquo;ailleurs accompagné d&rsquo;excommunications réciproques entre les différentes chapelles de la &quot;Belle Alliance Populaire&quot;.&nbsp;L&rsquo;une des raisons fondamentales de l&rsquo;effondrement du Parti socialiste (et plus largement de la gauche) est sans doute là : son attention obsessivement autocentrée, accompagnée d&rsquo;un déni des vrais problèmes du pays. Voilà pourquoi, faute de diagnostic crédible et partagé, il ne peut y avoir de &quot;rassemblement&quot; possible à gauche. &quot;Le tout sauf Fillon&quot; qui se profile, de l&rsquo;extrême gauche à l&rsquo;extrême droite en passant par le PS, n&rsquo;y suffira pas, même s&rsquo;il peut s&rsquo;avérer redoutable pour le candidat de la droite. Il pourrait en fait avantager Emmanuel Macron qui avance ses pions dans l&rsquo;espace laissé libre par la gauche, mais aussi par la droite, au vaste centre d&rsquo;un électorat qui cherche une nouvelle issue.&nbsp;

"Rassembler la gauche !" : dans les urnes pour gagner la grande bataille

<h3 class="s2">Atlantico : À gauche, la probable candidature de Vincent Peillon semble raviver les flammes de la division : ses proches font savoir que ni Valls, ni Montebourg ne sont en mesure de rassembler. L&#39;ancien ministre de l&#39;Éducation devrait incarner le trait d&#39;union entre toutes les gauches du PS&hellip; Dans quelle mesure cela illustre-t-il la culture, à gauche, des querelles de chapelle ? Au détriment de qui se font le plus souvent ces combats ?</h3>Sylvain Boulouque :&nbsp;Il y a toujours eu des courants dans le socialisme ou dans la gauche de gouvernement qui ont fait l&#39;unité : Jaurès, Mitterrand, Léon Blum, Guy Mollet dans les années 1950 avant la traversée du désert de la gauche, et d&#39;une certaine manière Jospin dans les années 1990. Pour trouver un second soufle, il faut trouver un homme qui fasse une synthèse : est-ce que Vincent Peillon sera l&#39;homme de la situation ? Peut être que oui, peut être que non. Il est très marqué par ses études philosophiques et universitaires et il peut s&#39;inspirer de Jaurès. Est-ce que ce que Jaurès a réussi à faire est transposable aujourd&#39;hui ? Il est trop tôt pour y répondre. On ne sait pas si Vincent Peillon réussira à transformer l&#39;essai, on reste dans l&#39;expectative.&nbsp; Les querelles de chapelle de la gauche sont très anciennes : depuis le 19e&nbsp;siècle, il y a toujours eu des interprétations différentes du socialisme. Ces querelles sont fréquentes, constantes. Avant, elles avaient surtout lieu par voie de presse et étaient peu commentées : ça n&#39;intéressait que les socialistes ou presque. Aujourd&#39;hui elles occupent l&#39;espace médiatique. Par ailleurs, ces querelles portent aujourd&#39;hui davantage sur des questions de personnalité que sur des questions de fond. Par rapport à avant, et même par rapport aux années 1970, on constate une certaine paupérisation du débat politique. Ce phénomène va d&#39;ailleurs au-delà de la gauche et s&#39;applique à l&#39;ensemble des partis politiques : il y a un phénomène de personnalisation très fort. &nbsp;<h3 class="s2">En se basant sur des précédents historiques, que permettent d&#39;envisager ces conflits et ces divisions au sein même de la gauche ? Peut-on penser que, une fois de plus, elles éloignent la gauche du pouvoir ? Comment composer avec toutes ces divisions pour régner ?</h3>​Sylvain Boulouque : Les conflits écartent la gauche du pouvoir mais c&#39;est aussi sa pratique du pouvoir qui a éloigné la gauche du pouvoir. Cet éloignement résulte également d&#39;engagements non tenus et d&#39;une ambiguïté dans les propos. Ce phénomène est observable à plusieurs reprises dans l&#39;histoire de la gauche : après 1983, en 1993. L&#39;exercice du pouvoir par la gauche, et ses engagements non tenus - ou du moins une interprétation de l&#39;exercice du pouvoir par l&#39;électorat de gauche non conforme à ce qu&#39;il attendait - créent inévitablement un retour de bâton : l&#39;électorat sanctionne.Les divisions sont la conséquence de la pratique du pouvoir. Si la gauche désigne un candidat rassembleur, la dynamique peut s&#39;inverser et être positive. Mais ce n&#39;est pas le cas aujourd&#39;hui : la peur de perdre le pouvoir engendre des divisions.&nbsp;Les divisions sont également liées à deux phénomènes. D&#39;une part, la médiatisation, qui a tendance à radicaliser les conflits entre les personnes. D&#39;autre part, le fait qu&#39;aujourd&#39;hui les conflits de personnes ont remplacé les conflits d&#39;idées. Ainsi, 4,5 candidats à la primaire viennent de la gauche du PS : cela montre bien qu&#39;il ya plus de conflits de personnalité que de conflits de projet. &nbsp;<h3 class="s2">La droite met souvent en avant le déni de réalité de la gauche. Dans quelle mesure cette critique trouve-t-elle des fondements, d&#39;un point de vue psychologique ? Peut-on penser que le profil psychologique qui amène à être de gauche peut conduire à davantage de divisions ?</h3>Jean-Paul Mialet :&nbsp;Posons nous ne premier lieu la question de ce qu&#39;est la réalité pour les deux camps, droite et gauche. Pour la droite, la réalité est une situation de fait&nbsp;: elle correspond à des données économiques et matérielles qui lui paraissent nécessaires, sinon suffisantes, pour garantir le bien-être aux individus. Elle ne se soucie pas pour autant de leur bonheur : c&#39;est à eux qu&#39;échoit la responsabilité de réussir leur existence dans des conditions qui présentent le moins d&#39;entraves possible à leur réussite. Elle compte sur la dynamique de l&rsquo;individu pour faire évoluer la société.Depuis toujours, en revanche, la gauche se soucie peu de la réalité. Pour elle, la réalité est ce qu&rsquo;on en fait. Ce qui compte, c&rsquo;est que la collectivité s&rsquo;organise pour permettre aux individus d&rsquo;être heureux. Elle pose, plus ou moins implicitement, que la société peut être tenue pour responsable du bonheur ou du malheur des individus. Si la société est adéquate, l&#39;individu doit s&#39;y sentir bien. Elle met donc l&#39;accent sur la qualité de l&rsquo;environnement (humain, social autant qu&rsquo;écologique)&hellip; et néglige logiquement la responsabilité individuelle. Elle est d&rsquo;ailleurs soupçonneuse par rapport à l&rsquo;individu, qu&rsquo;elle imagine animé d&rsquo;appétits égocentriques quand il n&rsquo;est pas encadré par la collectivité. Elle compte sur la dynamique collective pour améliorer l&rsquo;individu,&nbsp;Le procès en déni de réalité que fait la droite à la gauche vient du fait que la première estime que la seconde ne tient pas suffisamment compte de paramètres économiques et matériels auxquels il faut s&#39;adapter, ainsi que de certains paramètres humains. Or, ce sont ces paramètres qui viennent borner la marge de manœuvre. C&#39;est eux qui limitent les possibilités de transformation du contexte. Nier ces paramètres constitue, aux yeux de la droite au moins, un déni de réalité.&nbsp;Dès lors, le souci de la gauche est le suivant : la modification &ndash; voire la transformation &ndash; de l&#39;environnement et de l&#39;esprit collectif, dans l&#39;idée d&#39;apporter un remède au mal-être de chacun. La gauche est compassionnelle&nbsp;: elle voudrait éradiquer la souffrance, qui devrait disparaître dans une société idéale. A titre d&rsquo;exemple, je me souviens qu&rsquo;à l&rsquo;époque du maoïsme triomphant, des amis universitaires soutenaient que les maladies psychiatriques avaient disparu en Chine&nbsp;! Naturellement, cet effet miraculeux de la collectivité peut être produit par différentes façons, qui nous rapprochent &ndash; en un sens &ndash; des options religieuses. On peut considérer que ce qui fait souffrir l&#39;Homme, c&#39;est en priorité une mauvaise répartition, injuste, des profits économiques. On peut aussi juger qu&rsquo;il faut avant tout protéger des conditions de vie à l&#39;avenir (ce qui correspond typiquement à l&#39;attitude des écologistes). Ce ne sont que deux exemples loin d&#39;être exhaustifs. Si l&#39;on fait de l&#39;environnement et de la collectivité la clé du bonheur et du malheur de l&#39;Homme, les causes de souffrances potentielles sont nombreuses et les arbitrages entre ces causes majeures sont difficiles.&nbsp;La multitude des candidatures à la primaire de la gauche peut-être ainsi rapprochée, effectivement, d&rsquo;une querelle de chapelles. C&#39;est un terme d&#39;autant plus intéressant que nous parlions tout à l&#39;heure de religion. Quand la psychanalyse était florissante, il s&#39;était constitué un très grand nombre de chapelles et chacun avait sa propre interprétation sur la façon de conduire la cure psychanalytique qui permettrait à l&#39;individu de s&#39;émanciper de toutes ses névroses. Ici aussi, on pourrait constater chez les hommes politiques de gauche une forme de générosité aveugle qui frôle la toute-puissance. Elle les amène, séparément, à considérer qu&#39;ils sont les seuls à avoir la bonne manière de répondre au mal social. Naturellement, quand de multiples solutions sont en compétitions, cela engendre des points de fracture.<h3 class="s2">La gauche française se qualifie souvent par sa volonté à incarner une certaine forme de bien &quot;moral&quot; et irréprochable. Ce désir ne la bloque-t-il pas, in fine, quand il s&#39;agit d&#39;accéder au pouvoir ? Pourquoi ?</h3>​Jean-Paul Mialet :&nbsp;Ma première remarque portera sur le bien &quot;moral&quot; et irréprochable. Rappelons avant toute chose que le terme &quot;morale&quot; avait été banni du vocabulaire ; qu&#39;on ne pouvait plus l&#39;évoquer. Il était, jusqu&#39;à récemment, devenu ringard et estampillé de droite. Si la gauche a très longtemps voulu bannir ce terme, c&#39;est bien parce que la morale se référait à tout un ensemble de croyances et de traditions religieuses. Or, la gauche voulait précisément se débarrasser de tout ce qui était susceptible de faire office de croyance : il s&#39;agissait de replacer l&#39;individu face à un bien collectif dont elle tenait elle la responsabilité. Plus que la morale, là encore, c&#39;était la collectivité qui était responsable des actions de l&#39;individu.La morale est dorénavant de nouveau à la mode. La gauche s&#39;en est d&#39;ailleurs emparé, au moins partiellement. La quasi-intégralité des hommes politiques ont été touchés par des scandales que l&#39;on ne peut pas ne pas juger en termes moraux. C&#39;est pourquoi la morale fait son retour aujourd&#39;hui. C&#39;est le fruit de la conduite de nos hommes politiques.Là encore, la gauche reprend les valeurs morales en son nom politique. Pourtant le paradoxe que l&#39;on pourrait souligner, c&#39;est le triomphe de Fillon, qui représente des valeurs morales également. Les valeurs qu&#39;il représente et qu&#39;il revendique sont clairement attribuées à un héritage chrétien. Toute la différence, en vérité, vient du fait que François Fillon n&#39;est pas moralisateur comme l&#39;est la gauche : il revendique un héritage qu&#39;il tient d&#39;une pratique spirituelle, mais qui ne lui appartient pas. La gauche, de son côté, considère représenter la morale.Tout à l&#39;heure, nous avions estimé que les divisions à gauche étaient dues au fait que chacun pensait incarner la bonne façon de rendre l&#39;homme heureux. Je ne crois pas, donc, que la question se pose en terme de morale à proprement parler. Si la gauche est aujourd&#39;hui bloquée pour accéder au pouvoir, c&#39;est parce qu&#39;au final, chaque candidat présente une approche un peu totalitaire de l&#39;appréhension du bonheur de l&#39;individu. C&#39;est tout le problème de tous ceux qui souhaitent assurer le bonheur des autres : chercher à prendre en main le bonheur et la vie des autres mène souvent au totalitarisme. La solution que l&#39;on prône est toujours meilleure que celle des autres et laisse peu de place au compromis. Si le régime de François Hollande a peut-être si peu marché, c&#39;est en raison de ces gauches inconciliables, incompatibles dans leur façon d&#39;envisager la &quot;réglementation&quot; du bonheur. La droite est plus ouverte à la négociation, mais les gauches ont toutes une vision du salut de l&#39;Homme, toujours relativement incompatibles.

Pulsion de mort Atlantico.fr

Mais d’où viennent ces pulsions de mort récurrentes chez les socialistes ? 

C'est génétique, ou presque

Guerre des candidatures à la primaire de gauche : mais d’où viennent ces pulsions de mort récurrentes chez les socialistes ?

"Rassembler la gauche !" : dans les urnes pour gagner la grande bataille ou sur le pont juste avant le grand naufrage ?

Les atouts d&rsquo;Emmanuel Macron ne sont pas minces : jeunesse, charme certain (plutôt que charisme) et surtout courage d&rsquo;une démission et d&rsquo;une candidature sans attendre la permission et encore moins la propre annonce du &quot;Père&quot;. Et sans que cela ne lui nuise, car Emmanuel Macron, quoi qu&rsquo;on en dise, n&rsquo;est pas Brutus pour la bonne raison que César-Hollande est déjà mort (politiquement). Quant à son espace politique, il s&rsquo;est largement ouvert avec la perspective d&rsquo;une défaite probable d&rsquo;Alain Juppé à la primaire de la droite. Face à un François Fillon, clairement (et cette clarté aura été sa force dans la primaire) positionné à droite, tant sur le plan économique que sociétal, Emmanuel Macron pourrait rassembler une gauche modérée et un centre en déshérence. &nbsp;Son habileté n&rsquo;est pas davantage en cause : le timing de son annonce est excellent, prenant de court Valls et Hollande et perturbant sans doute la primaire de la droite, en rendant moins pressant pour le centre gauche un vote pour Juppé.Son discours de Bobigny, très proche de la longueur idéale des &quot;TED talks&quot; à l&rsquo;américaine (18 minutes), ne manque pas non plus de qualités rhétoriques et la double patte d&rsquo;une ancien khâgneux et d&rsquo;une épouse professeur de lettres se voient à chaque ligne : structure claire, usage du rythme ternaire, vocabulaire relevé.Peut-être un peu trop relevé d&rsquo;ailleurs pour un homme &quot;anti-système&quot;. Voire ambigu, comme ce choix d&rsquo;un centre d&rsquo;apprentissage pour faire son annonce, choix, qui, dit-il, &quot;n&rsquo;a rien d&rsquo;innocent&quot;Rien d&rsquo;innocent ? &nbsp;Le mot confine au lapsus lorsque l&rsquo;on sait que les apprentis en question ont été exclus de la cérémonie. Voilà une bien grosse &quot;erreur de com&#39;&quot; quand on se présente comme le candidat de la jeunesse et de la société civile. Il est vrai que l&rsquo;adresse à l&rsquo;auditoire commençait par un passe-partout &quot;Bonjour à toutes et tous, Mesdames et Messieurs&quot;. Pas de quoi susciter d&rsquo;entrée l&rsquo;enthousiasme.Pour le reste, ce discours est rempli de généralités et de clichés que tout candidat pourrait reprendre à son compte : appel au &quot;rassemblement&quot;, hommage à &quot;l&rsquo;histoire millénaire&quot; à &quot;la culture&quot; et aux &quot;paysages&quot; français (emprunt à BLM) etc. L&rsquo;héritage de F. Hollande (et/ou de l&#39;ENA ) reste encore trop présent avec cet éternel balancement entre &quot;liberté&quot; et &quot;protection&quot;, &quot;passé&quot; et &quot;avenir&quot; : jusqu&#39;à cette manie du double sujet, typiquement hollandienne : &quot;la solution, elle est en nous&quot;.La thèse centrale est convenue : le divorce entre les Français et le système politique ? Certes, mais qui ne le dit pas ?Tout comme le message : &quot;rassembler les Français&quot; dans une &quot;révolution démocratique&quot; qui reste bien obscure.Il manque encore un diagnostic précis et illustré de ce qui &quot;coince&quot; en France. Et un projet clair, identifiant les grands axes de l&#39;action et des soutiens possibles, allant bien au-delà du monde des start-ups et de BFM (la &quot;Bande des Fans de Macron&quot; ?)Mais surtout l&#39;ensemble a été desservi par une médiocre prestation orale chez un homme visiblement tendu par l&#39;enjeu : pauses au mauvais endroit, accents mal placés, baisse systématique de la voix en fin de phrase et monotonie générale. Tout cela rendait le discours ennuyeux, le pire risque que son auteur puisse courir.<div>Bref, Emmanuel Macron, excellent &quot;débateur&quot; comme il l&#39;a montré récemment dans une interview d&#39;anthologie avec Mediapart, n&#39;est pas encore un bon orateur.</div>Pour le devenir, il doit tirer la leçon de l&#39;échec de Bruno Le Maire, avec qui il partage un profil commun, et qui n&rsquo;est pas parvenu à asseoir sa crédibilité comme l&rsquo;homme du &quot;Renouveau&quot;. Et pour cela, se concentrer sur l&rsquo;adéquation de son message non seulement à l&rsquo;auditoire (comme s&rsquo;en contente la com&#39;) mais aussi à sa personnalité authentique (comme le veut la vraie rhétorique depuis Aristote). Jamais Emmanuel Macron ne passera pour l&rsquo;homme de &quot;l&rsquo;anti-système&quot;. La place est déjà prise par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Et ce n&rsquo;est pas grave, comme en témoigne le succès de François Fillon.

Comment trop de com' pourrait compromettre une opportunité politique pour Macron

Macron candidat : comment "trop de com'" pourrait compromettre une réelle opportunité politique 

Comment donc expliquer que des politiciens très expérimentés se fassent prendre au jeu très balisé de journalistes qu&rsquo;ils pratiquent depuis des lustres ?On ne fera qu&rsquo;évoquer ici le fameux livre sur François Hollande des journalistes du Monde. &laquo; LE LIVRE &raquo; comme on dit désormais, continue semaine après semaine de saper sûrement une nouvelle candidature du locataire (précaire) de l&rsquo;Elysée, comme on l&rsquo;a vu avec les dernières déclarations de Manuel Valls.&nbsp;Ce qui nous intéresse ici, c&rsquo;est que cet exemple contredit l&rsquo;un des dogmes de la (mauvaise) communication politique, le sacro-saint découpage en &laquo; séquences &raquo; de la grande dramaturgie médiatique. Certes un événement chasse l&rsquo;autre, certes l&rsquo;hydre a besoin de viande fraîche chaque jour et les communicants sont précisément là pour la lui fournir, comme le préconisait Alistair Campbell, le grand prêtre de la communication de Tony Blair. Mais il faudrait s&rsquo;aviser que, si internet est un puissant incitateur au zapping, c&rsquo;est aussi un dépôt d&rsquo;archives sans limite, immédiatement disponible et très bavard. On le mesure au fait que depuis la parution &laquo; DU LIVRE &raquo;, l&rsquo;Elysée n&rsquo;arrive justement pas à passer à une &laquo; nouvelle séquence &raquo;. Comme si les pendules médiatiques s&rsquo;étaient arrêtées et que le temps (d&rsquo;orage) avait suspendu son vol au-dessus de la tête de François Hollande. Nul doute que l&rsquo;on parlera longtemps de cette &laquo; séquence sans fin &raquo; et qu&rsquo;elle figurera en bonne place dans l&rsquo;enseignement des futurs journalistes et communicants.Comme l&rsquo;on parle toujours, près de 10 ans plus tard, d&rsquo;une certaine soirée au Fouquet&rsquo;s en mai 2007, dont la mémoire colle toujours à l&rsquo;image de Nicolas Sarkozy avec son corollaire mortifère en France : &laquo; président des riches ! &raquo;. Lequel doit désormais se dépêtrer aussi de sa réponse embarrassée à Jean-Jacques Bourdin sur son choix entre François Hollande et Marine Le Pen dans un duel de second tour. Voilà que l&rsquo;ancien président semblait se résigner à voter pour son rival et successeur. De quoi semer le trouble parmi ses fans, pour qui le &laquo; TSH &raquo; (&laquo; Tout Sauf Hollande &raquo;) est le premier des dix commandements. En mode plus léger, Jean-François Copé s&rsquo;est lui fourvoyé sur le prix du pain au chocolat au micro de Thomas Sotto. &laquo; La Toile &raquo;, encore elle, s&rsquo;en est emparée dans l&rsquo;instant et n&rsquo;a cessé de déployer son imagination impertinente et son humour vachard sur le &laquo; vrai prix des choses &raquo;.Episodes d&rsquo;importance très inégale mais qui posent tous la même question élémentaire : comment ont-ils simplement pu se produire ? Ni Hollande, ni Copé, ni Sarkozy ne sont des perdreaux de l&rsquo;année. Leur sens de la formule et de la répartie est même exceptionnel. Dans les trois cas, il était d&rsquo;une facilité déconcertante d&rsquo;échapper au piège : le &laquo; off &raquo; systématique ou la relecture pour François Hollande (quitte à stopper le jeu) ; le coup de botte en touche pour Jean-François Copé, d&rsquo;autant plus facile qu&rsquo;il pouvait plaider avec humour une &laquo; allergie au pain au chocolat &raquo; depuis une certaine déclaration&hellip; Idem pour Nicolas Sarkozy, qui pouvait de façon imparable (voir plus haut) écarter dans un grand éclat de rire toute hypothèse d&rsquo;une duel Hollande/ Le Pen en 2017.&nbsp;Certes le talent et l&rsquo;expérience des journalistes concernés a joué un grand rôle dans les pataquès de leurs interlocuteurs. Les deux journalistes du Monde ne sont pas du genre à &laquo; lâcher l&rsquo;info &raquo; quand on leur offre sur un plat ; et c&rsquo;est en fin d&rsquo;interview que Thomas Sotto et Jean-Jacques Bourdin ont posé leur question fatale, après avoir bien &laquo; fatigué &raquo; leur proie, comme on dit à la chasse.&nbsp;Avis donc à tous ceux qui passeront prochainement entre leurs mains !A moins qu&rsquo;ils ne tombent, eux aussi, dans le piège tête la première&hellip;Et cela pour trois raisons :&nbsp;1/ C&rsquo;est précisément leur trop grande familiarité avec les journalistes qui aveugle de nombreux hommes politiques : ils oublient que les médias préféreront toujours un scoop à une complicité.2/ Trop de com&rsquo; tue la com&rsquo; : &nbsp;obsédés par &laquo; l&rsquo;image &raquo; et la &laquo; séquence &raquo;, la plupart en oublient une règle de base de la rhétorique : soigner son argumentation et de sa contre-argumentation.&nbsp;3/ Enfin, la puissance de certains égos les pousse à avoir réponse à tout, à disserter sur tout et à &laquo; déballer &raquo; sur tous.Avant d&rsquo;affronter les médias, mieux vaut donc lire les comédies de Molière ou les fables de la Fontaine sur les petits et grands travers de l&rsquo;homme, plutôt qu&rsquo;un manuel de com&rsquo; !&nbsp;

Hollande, Copé, Sarkozy "coincés" par des journalistes

<h3 class="s2">Atlantico : Ces dernières semaines, François Hollande a régulièrement attaqué les programmes économiques des candidats à la primaire de la droite et du centre, les jugeant trop libéraux. Pourtant, il s&#39;est lui-même engagé lors de son quinquennat dans une voie qui tranche beaucoup avec la gauche dite &quot;traditionnelle&quot; (CICE, volonté de respecter la règle des 3% de déficit, etc.). N&#39;y a-t-il pas ici une contradiction ?</h3>Philippe Crevel : François Hollande est polysémique. On a eu droit au François Hollande keynésien de gauche entre 2012 et fin 2013, et depuis on a un François Hollande qui tente de s&#39;approprier l&#39;économie de l&#39;offre en réduisant un peu le coût du travail et un peu les impôts, après les avoir beaucoup augmentés les deux premières années. Il est lui-même en contradiction entre le début et la fin de son mandat. Il est donc assez étonnant qu&#39;il soit aujourd&#39;hui critique vis-à-vis de la droite en tant que tel.Une fois dit cela, entre le libéralisme version Fillon, Sarkozy ou Juppé et le libéralisme version Hollande, il y a quand même quelques écarts. François Hollande est plutôt un keynésien qui essaie de se convertir à l&#39;offre, quand les candidats de droite tentent de devenir de véritables libéraux.A lire également sur notre site :&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/decryptage/programme-economique-gauche-et-c-etait-valls-ou-montebourg-philippe-crevel-nicolas-bouzou-2863019.html" target="_blank">Programme économique de la gauche : et si c&rsquo;était Valls&hellip; Ou Montebourg</a>Nicolas Bouzou :&nbsp;Pour qu&#39;il y ait contradiction, encore eût-il fallu que la politique de François Hollande sur l&#39;ensemble du quinquennat soit libérale, ce qu&#39;elle n&#39;a pas été. Les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques ont fortement augmenté, malgré un ralentissement en fin de période. On a aussi vu beaucoup de réglementations en plus, l&#39;une des plus emblématiques étant peut-être le compte pénibilité qui pèse sur les entreprises.En revanche, nous avons eu &ndash; et c&#39;était bienvenu selon moi &ndash; une tentative de politique de l&#39;offre, à savoir une politique qui se base sur l&#39;idée selon laquelle ce sont les entreprises qui font la croissance et l&#39;emploi. C&#39;est la raison pour laquelle j&#39;ai soutenu personnellement le CICE et le pacte de responsabilité par exemple. C&#39;est une politique de soutien aux entreprises, mais ce n&#39;est pas une politique libérale.En revanche, ce que propose la droite, à des degrés divers malgré une nature similaire, c&#39;est bien de baisser les dépenses publiques et les impôts et d&#39;alléger un certain nombre de règlementations sur les entreprises. Pour le coup, c&#39;est une politique libérale.<h3 class="s2">À quoi pourrait bien ressembler un nouveau programme économique de François Hollande ? Serions-nous toujours dans une sorte d&#39;entre-deux, avec des mesures jugées libérales et centrées sur l&#39;offre, et d&#39;autres qui sont traditionnellement des mesures de gauche ?</h3>Philippe Crevel :&nbsp;Dans le cas pour le moment hypothétique mais pas impossible où il serait candidat, il devra se démarquer par définition de la droite comme de sa gauche. Il risque d&#39;être concurrencé sur sa gauche par Jean-Luc Mélenchon et donc de se retrouver comme en 2012 à essayer de récupérer des électeurs tentés d&#39;aller voir un peu plus à gauche si l&#39;herbe n&#39;est pas plus verte. Il est donc certain qu&#39;il devra draguer un électorat de gauche fortement déçu par ces trois dernières années et qui manque cruellement à l&#39;appel aujourd&#39;hui.Comment peut-il espérer y arriver ? Je vois trois &quot;solutions&quot; possibles pour lui.Premièrement, il pourrait jouer sur la corde sensible des impôts, en disant qu&#39;il fera ce qu&#39;il n&#39;a pas fait (exercice toujours très compliqué pour un candidat sortant). Il pourrait promettre d&#39;instituer la CSG progressive, en clamant que la retenue à la source est justement le moyen de faire la CSG progressive. Une partie des retraités sont d&#39;ailleurs déjà exonérés.Deuxièmement, il pourra promettre de nouvelles augmentations du point d&#39;indice des fonctionnaires. Il l&#39;a déjà fait et pourrait continuer à le faire.Troisièmement, il pourrait aller sur le terrain très sensible mais dangereux des prestations sociales en les couplant davantage au montant des revenus. On pourrait même aller jusqu&#39;à une assurance-maladie progressive, ce qui serait une véritable révolution. Mais je ne pense pas qu&#39;il ira jusque-là car cela lui couperait énormément de voix dans les classes moyennes.L&#39;écueil de François Hollande sera de soigner sa gauche tout en ne désespérant pas sa droite.<div>Il ne peut pas se permettre de se couper des classes moyennes et de proposer des mesures trop dures sur les allocations familiales, sur le plafond du quotient familial, sur les prestations sociales, etc. Après, il pourrait faire un coup et se lancer par exemple dans le revenu universel en affirmant que tout le monde aura droit à ses 500 ou 750 euros. Cela poserait bien sûr la question des prestations sociales qui seraient supprimées. Mais il aura besoin de faire des coups pour sortir de la masse, par rapport à des candidats de droite qui ont, eux, mis le curseur économique très à droite.Il lui faut donc absolument retrouver de l&#39;espace au centre-gauche et au centre-droite, en proposant des mesures qui ne heurtent pas la gauche et lui permettent de gagner un peu à droite. C&#39;est là où l&#39;on voit que sa situation est très délicate : il a des fuites de tous les côtés de son électorat et il ne contrôle pas grand-chose. À force de faire des grands écarts, il s&#39;exposerait à des problèmes de souplesse&hellip;Nicolas Bouzou : François Hollande est&nbsp;outsider&nbsp;dans cette campagne, donc son objectif est d&#39;arriver au deuxième tour de l&#39;élection présidentielle. Son programme sera donc un programme politique d&#39;union de la gauche, qui sera &ndash; je pense &ndash; très socialiste pour se différencier de ce qu&#39;il a fait ces cinq dernières années et inciter une partie de la gauche à voter pour lui. François Hollande souhaitera se différencier des programmes de la droite et d&#39;Emmanuel Macron.Je pense qu&#39;il expliquera que l&#39;idée qu&#39;il avait vendue lors de la campagne de 2012 (d&#39;abord le redressement, ensuite la redistribution) s&#39;appliquera sur deux quinquennats, faisant du quinquennat 2017-2022 celui de la redistribution. Ce sera donc un programme très marqué à gauche selon moi.<h3 class="s2">En termes de programme économique, François Hollande serait sans doute obligé de poursuivre dans la logique du CICE en cas de nouveau mandat. Dans ces conditions, critiquer le libéralisme de la droite ne l&#39;isole-t-il pas quelque part ?</h3>Philippe Crevel :&nbsp;Globalement, François Hollande a un problème de ligne économique depuis 2012. Il a augmenté trop fortement les impôts au début, ce qui a accentué le ralentissement de l&#39;économie. Puis, il s&#39;est converti à l&#39;économie de l&#39;offre en deuxième partie de mandat. La ligne est donc assez fluctuante.Critiquer la ligne libérale de ses adversaires politiques équivaut évidemment à se critiquer lui-même, sa crédibilité n&#39;en sort pas forcément renforcée. Le problème de la gauche aujourd&#39;hui est de savoir s&#39;ils ont véritablement choisi leur modèle économique, entre un nationalisme économique façon Hamon-Montebourg, un modèle protectionniste assez proche des thèses de Mélenchon, et un modèle mondialiste libéral ouvert sur le monde façon Macron.François Hollande a donc un peu le &quot;cul entre deux chaises&quot; et ne sait pas forcément sur quel pied danser. Par facilité, il tape donc sur le libéralisme excessif de ses adversaires.</div>&nbsp;

Boule de cristal prévisions - Atlantico.fr

Voilà ce que devrait être le programme économique de François Hollande pour 2017

Madame Irma vous dit tout

Ni celui de la droite, ni celui des frondeurs : voilà donc ce que devrait être le programme économique de François Hollande (pour ceux qui en voudraient encore...)

Les pains au chocolat, Jean-François Copé connait bien. En 2012, il avait créé la polémique en affirmant que, dans certains quartiers, des enfants se font &quot;arracher leur pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous&quot; qui leurs expliquent &quot;qu&#39;on ne mange pas pendant le ramadan.&quot; &nbsp;Invité sur Europe1, le député-maire de Meaux a été interrogé par un auditeur sur le prix du pain au chocolat. Si la question a été prise sur le ton de l&#39;humour, l&#39;élu a lâché une réponse surprenante : &quot;Aux alentours de 10 ou 15 centimes&quot; quand une viennoiserie dépasse, en fait, un euro.&nbsp;<a class="Colorbox" href="http://www.atlantico.fr/pepites/calais-evacuation-jungle-arrive-terriblement-tard-juge-jean-francois-cope-2860135.html#XE84uwEq5aVOSFGF.99" target="_blank">A LIRE AUSSI -&nbsp;Calais : l&#39;évacuation de la jungle arrive &quot;terriblement tard&quot;, juge Jean-François Copé</a>

Attaque de requin

Le prix du pain au chocolat ? "10 ou 15 centimes" avance Jean-François Copé

Le bon vieux temps

Hollande, Copé, Sarkozy "coincés" par des journalistes : mais pourquoi donc de grands fauves politiques se laissent ainsi prendre aux (gros) pièges médiatiques ?

Le gouvernement pratique cette tactique depuis le fameux pacte du même nom, qui s&rsquo;est transformé en véritable piège rhétorique pour le patronat, sommé d&rsquo;&laquo; assumer ses responsabilités &raquo;, c&rsquo;est-à-dire de créer des emplois en échange de l&rsquo;allègement des cotisations. Et le MEDEF, à commencer par son président arborant fièrement son pin&rsquo;s &laquo; un million d&rsquo;emplois &raquo; qu&rsquo;on lui rappelle à charge à chaque occasion, est tombé dedans. On s&rsquo;étonne encore de l&rsquo;absence, dans le discours patronal, d&rsquo;un contre-argumentaire très simple : l&rsquo;Etat ne fait aucun &laquo; cadeau &raquo; - même aux entreprises &ndash; mais modère seulement son appétit fiscal ; le Pacte de responsabilité n&rsquo;aboutira à son terme, en 2017, qu&rsquo;au niveau des charges de 2012 ; et en 2017, les entreprises françaises seront toujours les plus taxées d&rsquo;Europe ; enfin leur &laquo; responsabilité &raquo; n&rsquo;est pas la création d&rsquo;emplois mais la création de richesses.A tout seigneur tout honneur ! François Hollande sait admirablement manier l&rsquo;ambiguïté, le double sens et l&rsquo;engagement qui n&rsquo;engage à rien (cf. l&rsquo;inversion de la courbe du chômage). Et &laquo; la responsabilité &raquo; qui n&rsquo;engage que celle des autres&hellip; On se souvient notamment de l&rsquo;appel au &laquo; Parlement à prendre ses responsabilités &raquo; lors des derniers vœux présidentiels à propos de la déchéance de la nationalité, comme si l&rsquo;affaire initiée par François Hollande lui-même ne le concernait plus. Ce qui d&rsquo;ailleurs fut vérifié par la fin en queue de poisson du projet ; mais le président aura engrangé au passage le demi-succès d&rsquo;avoir impliqué dans sa propre déroute la &laquo; responsabilité &raquo; de la droite sénatoriale.&nbsp;Le procédé, aussi brillamment illustré par le chef de l&rsquo;Etat lui-même, est si tentant qu&rsquo;il est devenu un véritable tic dans le discours du Premier ministre, qui n&rsquo;hésite pas à employer le mot plusieurs fois dans une même phrase. Certes, à la décharge de Manuel Valls, il faut reconnaitre qu&rsquo;il revendique cette exigence pour sa propre action contre l&rsquo;aveuglement idéologique des Frondeurs. L&rsquo;ennui c&rsquo;est que cet &laquo; esprit de responsabilité &raquo; est aussi invoqué par le même Manuel Valls pour capituler à la moindre opposition, comme on l&rsquo;a vu dans la dénaturation de la loi Travail : &laquo; Notre responsabilité, c&rsquo;est de mener à bien ce texte avec les amendements nécessaires &raquo; (sic). Et soyons-en sûrs : si la loi capote au Parlement, ce sera la droite qui sera mise en accusation pour n&rsquo;avoir pas &laquo; assumé ses responsabilités &raquo;.Lesquelles sont aujourd&rsquo;hui invoquées par le Ministre de l&rsquo;intérieur à l&rsquo;égard des organisateurs de manifestations pour empêcher les violences désormais quotidiennes. En attendant, la question des instructions données aux forces de l&rsquo;ordre curieusement attentistes jusqu&rsquo;ici, demeure sans réponse, alors que là se trouvait la responsabilité propre du Ministre de l&rsquo;intérieur. Comme il relevait également de lui de porter plainte contre la CGT pour son affiche pour le moins diffamatoire à l&rsquo;égard de la police. Mais Bernard Cazeneuve - l&rsquo;un des plus habiles rhéteurs de la gauche &ndash; a su manier avec dextérité l&rsquo;une des grandes techniques de la parade rhétorique : la substitution. A la plainte en justice contre la CGT et à l&rsquo;intervention précoce contre les casseurs, il a substitué la ferme condamnation en parole qui ne coûte rien et des considérations sur l&rsquo;attachement des uns et des autres (syndicats, manifestants, et mêmes casseurs !) aux &laquo; valeurs républicaines &raquo;. Etait-ce le vrai sujet ? &nbsp;Nous voici donc tous renvoyés à nos &laquo; responsabilités &raquo;, qui sont bien souvent celles-là même que l&rsquo;Etat, par calcul politique et électoral, a décidé de ne plus assumer. De quoi être à notre tour fort tentés, à chaque fois que le mot resurgit dans le discours officiel, d&rsquo;appliquer la même maxime que nos gouvernants : &laquo; courage, fuyons ! &raquo; &nbsp;

L’appel vibrant du pouvoir à la "responsabilité"… des autres !

&quot;Monsieur le Président, êtes-vous encore de gauche ?&quot; Cette semaine encore, sur France Inter, un journaliste, avec l&rsquo;insistance doucereuse d&rsquo;un inquisiteur dominicain, a de nouveau posé LA question à François Hollande. Lequel, comme pétrifié devant le totem ainsi brandi, s&rsquo;est replié dans ses habituelles circonvolutions rhétoriques.LA question, récurrente à propos de Manuel Valls et d&rsquo;Emmanuel Macron (&quot;Sont-ils vraiment de GAUCHE&quot; ?), resurgit une énième fois à travers les dispositions (supposées) de la future loi El Khomri sur le Code du travail, véritable &quot;loi de droite&quot;, entend-on partout, et bien au-delà de la gauche.&nbsp;Curieuse interrogation, en vérité, si l&rsquo;on y regarde de près : pour en mesurer la pertinence, il suffit d&rsquo;appliquer le test de la symétrie rhétorique. L&rsquo;auteur de cette chronique, étant un libéral impénitent, s&rsquo;y livre d&rsquo;autant plus volontiers qu&rsquo;il n&rsquo;est ni d&rsquo;un camp, ni de l&rsquo;autre. Or, a-t-on jamais entendu les médias interroger Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy pour savoir s&rsquo;ils étaient &quot;encore de droite&quot; ? A y bien réfléchir pourtant, leur politique a beaucoup laissé à désirer, du principe de précaution à l&rsquo;aménagement des peines, quant au respect des valeurs de droite. Pourtant la seule question, surtout pour le deuxième d&rsquo;entre eux, a toujours été : &quot;n&rsquo;est-il pas d&rsquo;extrême-droite ?&quot; : cf. le discours de Grenoble.&nbsp;Ce test de la symétrie rhétorique offre d&rsquo;ailleurs une variante très productive que l&rsquo;on pourrait appeler &quot;le TEST SARKOZY&quot;. Avant de parler de &quot;Hollande bashing&quot;, il faut toujours s&rsquo;interroger sur ce qu&rsquo;auraient été les commentaires devant des décisions similaires de son prédécesseur : état d&rsquo;urgence et déchéance de la nationalité, par exemple&hellip; Dissymétrie de traitement qui est également patente dans le refus têtu de tout bilan comparé des deux quinquennats, aussi médiocres aient été les résultats du premier.Autre variante de cette asymétrie rhétorique : l&rsquo;expression &quot;droitisation&quot;, dont on n&rsquo;entend jamais le pendant, &quot;gauchisation&quot;. Quand le gouvernement adopte la loi Alur, le compte-pénibilité ou le tiers-payant généralisé, personne n&rsquo;évoque une &quot;gauchisation&quot; de sa politique. Non, celle-ci est tout simplement &quot;de gauche&quot;.Cette absence de symétrie s&rsquo;explique par la connotation évidente des mots de gauche et de droite dans le langage média-politique dominant. Si &quot;être ou ne pas être de gauche&quot; est à ce point un enjeu fondamental, c&rsquo;est qu&rsquo;il est a priori entendu que la gauche, c&rsquo;est le camp du bien, du vrai et du &quot;progrès&quot;. La droite, celui de l&rsquo;inégalité, du droit du plus fort et de la &quot;réaction&quot;. Ce référentiel est d&rsquo;autant plus impératif qu&rsquo;il est implicite, véritable inconscient du débat public, plaçant d&rsquo;entrée de jeu l&rsquo;homme de droite sur la défensive.Certes, les choses commencent à bouger et l&rsquo;on voit de plus en plus de personnalités de droite s&rsquo;afficher comme telles. Mais l&rsquo;on continue à s&rsquo;étonner que la droite française défende l&rsquo;ordre, la famille et la nation, qui constituent pourtant son ADN historique ; et, dès qu&rsquo;elle le fait, elle se voit accusée de &quot;courir après le Front national&quot;.&nbsp;Ce qui revient à dire, dans un parfait sophisme, que la droite a un tort fondamental : ne pas être de gauche.&nbsp;Mais voilà que toutes les enquêtes d&rsquo;opinion montrent que cette rhétorique n&rsquo;intéresse plus du tout les Français. Avec l&rsquo;insolence qui les caractérise, les voilà qu&rsquo;ils se contrefichent qu&rsquo;une politique soit &quot;de gauche&quot; ou &quot;de droite&quot; ; les voilà qu&rsquo;ils préfèrent la question : cette politique est-elle efficace ? A quoi, ne l&rsquo;oublions jamais, s&rsquo;ajoute aussi une autre préoccupation : cette politique est-elle équitable ? Ce qui est tout autre chose qu&rsquo;égalitaire.&nbsp;Eh oui ! Les Français considèrent que c&rsquo;est l&rsquo;entreprise et non l&rsquo;Etat qui crée les emplois ; que la solidarité n&rsquo;est pas l&rsquo;assistanat ; et que le droit à la différence n&rsquo;implique pas la différence des droits. Ils s&rsquo;indignent d&rsquo;un système où les rentes de situation s&rsquo;abritent derrière &quot;le modèle social à la française&quot; ; où le service public est trop souvent le &quot;sévice public&quot; ; et &quot;l&#39;intérêt général&quot;, le paravent des corporatismes les plus égoïstes et des conservatismes les plus archaïques. &nbsp;Qui sait ? Avec la prochaine campagne présidentielle, peut-être aurons-nous droit dans les médias à d&rsquo;autres questions : &quot;quelle est votre diagnostic de l&rsquo;état du pays ?&quot; ; &quot;quelle est votre vision de son avenir ?&#39; ; &#39;votre programme est-il réalisable ?&#39; ; &quot;peut-il rassembler une majorité de Français ?&quot;&nbsp;Rêvons un peu...

"Etre ou ne pas être de gauche, là est la question"...

Société

"Etre ou ne pas être de gauche, là est la question"… qui n’intéresse plus personne en France en dehors de la classe média-politique

Une chose est sûre&nbsp;: la chemise (dé)trempée de la Rochelle n&rsquo;a pas fini de coller à la peau de Manuel Valls. A son avantage&nbsp;? Oui, dans la mesure où cette image met en valeur la sveltesse d&rsquo;un beau quinqua qui, malgré &laquo;&nbsp;l&rsquo;enfer de Matignon&nbsp;&raquo;, persiste à faire bien moins que son âge. Oui encore, parce qu&rsquo;elle est en parfaite adéquation avec l&rsquo;énergie sans limite d&rsquo;un homme qui, comme dit l&rsquo;adage, n&rsquo;hésite pas à &nbsp;&laquo;&nbsp;mouiller sa chemise&nbsp;&raquo;&nbsp;!Mais voilà, rien n&rsquo;est jamais sûr dans l&rsquo;art de la parole publique&nbsp;: l&rsquo;image pourrait aussi bien s&rsquo;inverser et évoquer une autre expression populaire à la connotation négative&nbsp;: &laquo; Eh bien, on peut dire qu&rsquo;il a eu chaud, celui-là&nbsp;!&nbsp;&raquo;. Une experte en la matière ne s&rsquo;y est pas trompée&nbsp;: Marine le Pen, qui a précisément tenté de tirer la chemise du Premier ministre vers l&rsquo;interprétation à charge, en dénonçant &laquo;&nbsp;l&rsquo;hystérie quotidienne et visible qui transpire d&rsquo;un Manuel Valls&nbsp;&raquo;.Invitation, en tout cas, à examiner le &laquo;&nbsp;non verbal&nbsp;&raquo; dans ses discours, avec ses forces et ses faiblesses&nbsp;: voix grave et bien posée mais qui ignore la modulation du timbre et ne varie que dans l&rsquo;intensité. Intensité qui demeure longtemps, trop longtemps, à un niveau maximal, au risque de saboter l&rsquo;effet recherché&nbsp;: non pas la force tranquille mais la débauche d&rsquo;énergie sans but et sans maîtrise, l&rsquo;impression d&rsquo;être constamment en &laquo;&nbsp;surrégime&nbsp;&raquo;, l&rsquo;hystérie comme l&rsquo;insinue Marine Le Pen. Mot qui est généralement accolé à Nicolas Sarkozy, avec lequel Manuel Valls est souvent comparé. A tort ou à raison dans les deux cas, mais peu importe&nbsp;: l&rsquo;impression de l&rsquo;auditoire est le seul juge de la réussite de la parole publique.Plus ennuyeux, le débit bien trop saccadé dans les moments &laquo;&nbsp;calmes&nbsp;&raquo; du discours, notamment au début, où Manuel Valls égrène chaque mot en négligeant de les grouper en unités de sens&nbsp;: erreur de débutant ou signe de fatigue&nbsp;? Heureusement à son avantage, la posture du corps, bien ancré dans le sol, l&rsquo;appui plein d&rsquo;autorité sur le pupitre, les mains démonstratives aux moments clefs et le regard qui sait passer de la braise au velours. Regard trop souvent absorbé par le déchiffrement de trop nombreux discours, et dont il devrait jouer davantage lors de ses interventions cruciales.Ces qualités sont au service d&rsquo;un ethos ultra présent&nbsp;: le discours de Manuel Valls est toujours un manifeste de valeurs collectives et d&rsquo;auto-affirmation. Son champ lexical est véritablement saturé d&rsquo;exigences morales&nbsp;: &laquo;&nbsp;lucidité&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;fermeté&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;humanité&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;autorité&nbsp;&raquo;, et surtout cette sacro-sainte &laquo;&nbsp;responsabilité&nbsp;&raquo;, le mot fétiche du Premier ministre, qu&rsquo;il oppose tout à tour aux frondeurs, à l&rsquo;opposition, au terrorisme, à la dureté des temps et au difficile exercice du pouvoir (&laquo;&nbsp;rien n&rsquo;est facile&nbsp;&raquo;, rappelle-t-il à l&rsquo;envi). Bien plus rare dans ce long catalogue de valeurs,&nbsp;la liberté, toujours minimisée, soit au profit de l&rsquo;égalité, soit de l&rsquo;autorité&nbsp;: préférences qui font de Manuel Valls un homme de la gauche autoritaire, dans la lignée revendiquée de Clémenceau.Proclamations assurément bien en phase avec son image d&rsquo;homme de caractère, de champion du &laquo;&nbsp;parler vrai&nbsp;&raquo; et de l&rsquo;apôtre de la sécurité et de l&rsquo;ordre, dans un camp politique qui a déserté ces thèmes depuis des décennies. On a loué avec raison la belle adresse à l&rsquo;Assemblée du 13 janvier en hommage aux victimes des attentats&nbsp;: les point forts en ont été la nomination du danger (&laquo;&nbsp;le terrorisme djihadiste&nbsp;&raquo;), à laquelle se refuse toujours le Président&nbsp;; le passage sur le &laquo;&nbsp;nouvel antisémitisme&nbsp;&raquo;, celui qui se propage sous l&rsquo;effet de l&rsquo;islamisme radical&nbsp;: rupture bienvenue avec la langue de bois habituelle à gauche selon laquelle l&rsquo;antisémitisme ne peut être que le fils du bon vieux maurrasisme/ lepénisme. A la question centrale &laquo;&nbsp;sommes-nous en guerre&nbsp;?&nbsp;&raquo;, le Premier ministre finit par donner une réponse claire&nbsp;: &laquo;Oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l&#39;islamisme radical&nbsp;&raquo; (mais réponse justement nuancée&nbsp;: pas en guerre contre les Musulmans).&nbsp;Enfin, la conclusion sur la &laquo;&nbsp;fierté d&rsquo;être Français&nbsp;&raquo; sonnait très juste, car venu d&rsquo;un jeune Catalan qui a &laquo;&nbsp;choisi la France&nbsp;&raquo;&nbsp;: adéquation parfaite (et émue) du message et de la personnalité.Ses vraies réussites oratoires correspondent à autant de moments de vérité personnelle, comme son premier discours de politique générale en avril 2014 où &laquo;&nbsp;il a fait du Valls&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;ont noté les observateurs&nbsp;: propos rassembleur bien au-delà de la gauche (&laquo;&nbsp;France&nbsp;&raquo; est le mot le plus cité) et résolument réformateur. Autre grande réussite, son intervention lors de la dernière motion de censure où ce grand fan de football a renvoyé dans leurs buts, aussi bien la gauche de la gauche que l&rsquo;opposition, en les plaçant systématiquement (le must de l&rsquo;argumentation&nbsp;!) devant leurs propres contradictions. Avec en filigrane, la création audacieuse d&rsquo;un nouveau groupe du &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo;&nbsp;: les réformateurs, contre &laquo;&nbsp;les autres&nbsp;&raquo;, les conservateurs de tout poil et de tout bord. Appel subliminal à la recomposition politique qui est, à l&rsquo;évidence, le fond de sa pensée.Mais voilà&nbsp;: lorsqu&rsquo;on est le premier ministre de François Hollande, &laquo;&nbsp;rien n&rsquo;est facile&nbsp;&raquo;, en effet&hellip; Comment s&rsquo;affirmer dans sa singularité de tempérament et de positionnement sous l&rsquo;œil d&rsquo;un président toujours soucieux de ménager la chèvre et le chou&nbsp;? Comment faire valoir son énergie lorsque l&rsquo;on est sans cesse retenu&nbsp;? Et comment surtout rendre crédible cette mâle assurance, lorsque ni les moyens, ni les résultats ne sont là&nbsp;?Eh bien, en faisant justement du &laquo;&nbsp;hollandisme&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-à-dire en reprenant les trucs et tics rhétoriques chers au Président. D&rsquo;où les contradictions, comme cette &laquo;&nbsp;fermeté bienveillante&nbsp;&raquo; prônée dans les banlieues, tout en refusant tout &laquo;&nbsp;paternalisme&nbsp;&raquo;&hellip; dont cette &laquo;&nbsp;fermeté bienveillante&nbsp;&raquo; est précisément la définition&nbsp;! D&rsquo;où le balancement constant entre une proposition et son contraire (cf. le tout récent statut intangible de la fonction publique et le soutien à Emmanuel Macron), ce &laquo;&nbsp;d&rsquo;un côté de l&rsquo;autre&nbsp;&raquo;, ce &laquo;&nbsp;ceci sans oublier cela&nbsp;&raquo;, qui est la marque de fabrique de la rhétorique présidentielle.Cette contamination&laquo;&nbsp;hollandaise&nbsp;&raquo; explique la rareté d&rsquo;une thèse indiscutable (&laquo;&nbsp;où en sommes-nous&nbsp;?&nbsp;&raquo;) et d&rsquo;un message univoque (&laquo;&nbsp;que devons-nous faire&nbsp;&raquo;&nbsp;?). Ainsi du calamiteux discours de politique générale du 16 septembre 2014, uniquement destiné à rassurer les frondeurs, dont le message était en substance&nbsp;: &laquo;&nbsp;nous allons réformer sans cesse et sans hésitation&hellip; sans toucher à rien&nbsp;!&nbsp;&raquo;Trop de décalages, de retards et de fausses habiletés risquent fort à la longue d&rsquo;user l&rsquo;image de&nbsp; Manuel Valls, entre un volontarisme proclamé urbi et orbi et la plate réalité des demi-mesures adoptées (crise migratoire), leur inconséquence (&laquo;&nbsp;nous sommes en guerre&nbsp;&raquo; mais ne la faisons pas vraiment) voire leur contradiction patente (politique économique). Dans l&rsquo;immédiat, ils sont sans doute la raison, en dehors d&rsquo;un &laquo;&nbsp;sang chaud&nbsp;&raquo; naturel, de ces poussées de sueur qui pourraient bien traduire un conflit intérieur entre pensée et dire.Sa réussite politique dépend donc de changements rhétoriques majeurs : d&rsquo;abord la rupture avec la langue technocratique et le désastreux système des &laquo;&nbsp;fiches&nbsp;&raquo; fournies par les cabinets ministériels&nbsp;; ensuite un plus grand recours aux images, au storytelling et à la synthèse du propos qui se perd trop souvent dans le détail analytique. Enfin et surtout, une thèse claire et pertinente appuyant un message fort et crédible.Autrement dit, Manuel Valls ne sera un grand orateur que lorsqu&rsquo;il sera en accord avec lui-même. En 2022, comme il vient de le confirmer au détour d&rsquo;une (fausse) blague&nbsp;? Qui sait, peut-être avant?

Manuel Valls ou la sueur du conflit intérieur

Au risque de se faire traiter de néo-fasciste, l&rsquo;on affirmera d&rsquo;emblée que Marine Le Pen est une excellente oratrice. En témoigne, s&rsquo;il en était besoin, son véritable tour de force rhétorique de dimanche dernier aux universités du FN&nbsp;: un long discours d&rsquo;une heure et quart, où elle a tenu la distance sans fléchir, tout en étant à son meilleur au début et à la fin&nbsp;: toujours soigner la première et la dernière impression !Commençons par le &quot;non verbal&quot;, langage du corps et usage de la voix. Non pas, comme l&rsquo;affirme à tort un vrai mythe de la &laquo;&nbsp;com&rsquo;&nbsp;&raquo;, parce que ces éléments seraient bien plus importants que le propos lui-même&nbsp;; mais parce que leur congruence avec le discours est absolument décisive pour la délivrance du message. En la matière, sans avoir les ressources d&rsquo;un Obama, Marine Le Pen est efficace&nbsp;: bien ancrée dans le sol, elle englobe l&rsquo;ensemble de l&rsquo;auditoire (pourtant considérable) par l&rsquo;aller et retour constant du regard. Corps bien droit mais qu&rsquo;elle fléchit souvent avant de le redresser vivement, incarnant une sorte d&rsquo;énergie féline, prête à bondir sur l&rsquo;adversaire. Les mains sont utilisées à bon escient et (à la différence de Nicolas Sarkozy) avec économie&nbsp;: index levé pour demander l&rsquo;attention ou souligner le propos&nbsp;; doigts qui comptent les arguments en même temps que l&rsquo;orateur les énumère&nbsp;; poings qui se referment pour marteler une assertion&nbsp;; mains qui balaient l&rsquo;objection ou moulinent l&rsquo;air pour mimer le vide de la parole adverse. Puis qui s&rsquo;ouvrent, paumes vers le haut et bras écartés, en signe d&rsquo;accueil, d&rsquo;appel adressé au public et, au-delà, au &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo;. Invitation accompagnée d&rsquo;un large sourire&nbsp;: sourire qui se fait grinçant dans les nombreux moments de sarcasme accablant l&rsquo;adversaire.La voix est naturellement grave et ne dérape jamais dans l&rsquo;aigu un rien éraillée par la cigarette sans doute, mais cela convient parfaitement au registre de la&nbsp;gouaille populaire &ndash;ou populiste- dont elle use si volontiers. Contrairement à la &laquo;&nbsp;conversation naturelle&nbsp;&raquo; (et aux mauvais orateurs&nbsp;!), aucune baisse du niveau sonore en fin de phrase, car s&rsquo;y trouve souvent le mot-clef. Aucun &laquo;&nbsp;euh&nbsp;&raquo;, non plus, contrairement à François Hollande et un usage très maîtrisé du silence et de ses multiples usages&nbsp;: respiration, interpellation, attente des applaudissements etc&hellip;; D&rsquo;où une certaine lenteur de la diction, en moyenne autour de 150 mots/ minute, mais qui n&rsquo;est jamais uniforme et qui, là encore, convient très bien à la tonalité générale choisie&nbsp;: la solennité.La richesse du non verbal a pour symétrique la véritable encyclopédie du discours mise au service du propos&nbsp;: questions rhétoriques, images populaires (&laquo;&nbsp;roulés dans la farine&nbsp;&raquo;), sentences, oxymores (&laquo;&nbsp;belle âmes molles&nbsp;&raquo;), rythmes ternaires&hellip;La figure dominante reste celle de l&rsquo;accumulation&nbsp;: accumulation des défis, des dangers, des fautes, des contradictions, des scandales de l&rsquo;adversaire. Accumulation accentuée par le martèlement des anaphores et organisée en gradation pour assurer la montée de l&rsquo;indignation. L&rsquo;argumentation vise sans détour les trois ressentiments les plus puissants dans l&rsquo;être humain: ressentiments&nbsp;devant la menace, devant l&rsquo;injustice et devant l&rsquo;absurde. Car la thèse centrale est elle aussi sans détour&nbsp;: le &laquo;&nbsp;laxisme&nbsp;&raquo; dans tous les domaines du PS et de l&rsquo;UMP (jamais Marine Le Pen n&rsquo;emploie la nouvelle appellation des &laquo;&nbsp;Républicains&nbsp;&raquo;) met en péril la survie même de la France. Le message est tout aussi limpide, décliné&nbsp;à volonté à travers la métaphore filée de la protection: &laquo;&nbsp;Nous serons le bouclier des Français&nbsp;&raquo;.De là un discours littéralement hystérisant, chauffant la salle à blanc dans l&rsquo;attente impatiente de la délivrance&hellip; que l&rsquo;orateur va, à intervalles réguliers, offrir par son ethos (désintéressement, lucidité, et dévouement) et tel élément de son programme politique. Avant de repartir dans une nouvelle séquence d&rsquo;hystérisation, ponctuée par un nouveau message de réassurance&hellip;Le procédé central est celui de l&rsquo;inversion de la charge,&nbsp;selon l&rsquo;adage, lui aussi populaire, du &quot;c&rsquo;est celui qui le dit qui l&rsquo;est&nbsp;!&quot; : partant de l&rsquo;implicite (&quot;on nous accuse de&hellip;&quot;) Marine Le Pen renverse systématiquement l&rsquo;accusation&nbsp;: on nous dit brutaux et inhumains, mais &quot;où est la cruauté, où est l&rsquo;inhumanité au final ?&quot; Par une triangulation systématique (l&rsquo;apport de Florian Philippot) les services publics, la défense des faibles, la justice (leitmotiv du discours) sont arrachées à la gauche et captées par le FN. Ce qui rend au passage totalement dérisoire la sempiternelle illusion qu&rsquo;il ne menace que la droite...L&rsquo;antithèse structure donc logiquement le discours, à travers une mise en scène des plus simples et de plus efficaces. Les &quot;forces agissantes&quot; de cette dramaturgie sont clairement identifiées&nbsp;: face à &quot;eux&quot; (l&rsquo;UMPS, l&rsquo;Europe, l&rsquo;Allemagne, les mondialistes les multiculturalistes, les &laquo;&nbsp;pédagogistes&nbsp;&raquo; la finance, les islamistes etc&hellip;) le &quot;nous&quot; se construit, aussi rassembleur que possible, dans une vaste opération d&rsquo;attrape-tout électoraliste&nbsp;: paysans, retraités, salariés, médecins, enseignants et même &quot;musulmans&quot; soigneusement distingués des &quot;islamistes&quot;. Bref &quot;la majorité silencieuse&quot; qui doit sortir de son silence: Marine, nouvelle Jeanne d&rsquo;Arc, ne lui offre-t-elle pas sa voix&nbsp;?Mais voilà&nbsp;: la pente de l&rsquo;imaginaire collectif est fatale et la thématique glisse de l&rsquo;accusation de &laquo;&nbsp;laxisme&nbsp;&raquo; (première partie) à celle de &laquo;&nbsp;crime&nbsp;&raquo; (2ème partie). Non plus seulement incompétence, impuissance et illusion, mais volonté de &quot;destruction&quot;, application de &quot;sinistres projets&quot;, &quot;instrumentalisation de la mort&quot;. La bonne vieille &laquo;&nbsp;théorie de la conspiration&nbsp;&raquo; émerge au fil du discours. Avec tous ses marqueurs, si bien identifiés par Raoul Girardet dans ses Mythes et mythologies politiques. Cet ennemi est toujours &laquo;&nbsp;sans visage&nbsp;&raquo;&nbsp;: finance &laquo;&nbsp;sans visage&nbsp;&raquo; dit Marine Le Pen reprenant à dessein les mots de François Hollande en 2012 (nouvelle triangulation&nbsp;!). Donc aux cent visages, que l&rsquo;orateur-sauveur doit &laquo;&nbsp;démasquer&nbsp;&raquo; sans relâche auprès du peuple abusé. Visages évidemment des &quot;étrangers&quot; amalgamés, dans, un raccourci très parlant, avec les &quot;clandestins&quot;. Etrangers &quot;disséminés jusque dans les plus petits villages de France&quot; par &quot;la politique de peuplement de Manuel Valls, clin d&rsquo;œil évident au mythe du &quot;Grand Remplacement&quot;.&quot;Votre nom c&rsquo;est l&rsquo;étranger&quot; disait Michelet, aussi grand républicain que grand conspirationniste&nbsp;: et Marine Le Pen d&rsquo;égrener, avec une gourmandise suspecte, ces noms étrangers, des terroristes de 2015 à&hellip; Najat Vallaud-Belkacem&nbsp;! Sans manquer de jouer sur ces noms en faisant d&rsquo;Alain Juppé un &quot;Alain Vallaud Belkacem&quot;, la Ministre de l&rsquo;éducation devenant elle&hellip; &quot;Najat&nbsp;Juppé&quot; : immigrés et &laquo;&nbsp;immigrationnistes&nbsp;&raquo;, même combat&nbsp;!Marine Le Pen renoue ainsi avec les attaques ad hominem et ad nominem typiques de son père comme avec son thème fondamental&nbsp;: l&rsquo;immigration, qui occupe l&rsquo;essentiel de son propos et qui offre, dans la plus pure veine paternelle, la providentielle synthèse de tous les problèmes des Français&nbsp;: école, santé, chômage, délinquance, déficits, malaise identitaire etc&hellip;.Un expert qui n&rsquo;est autre que Jean-Marie Le Pen lui-même ne s&rsquo;y est pas trompé, en saluant un discours &quot;100% lepéniste&quot; (à quelques résidus &quot;philippiens&quot; près, corrigerons-nous). Lepéniste, il l&rsquo;est en effet par sa thématique dominante et son talent&nbsp;incontestable!De quoi sonner le tocsin rhétorique auprès de tous les opposants au FN&nbsp;: Cessez de tergiverser, de contourner ou de diaboliser. Cessez de bafouiller par peur de &quot;parler&nbsp;comme Marine le Pen&quot;. Commencez, pour la contrer, par parler aussi bien qu&rsquo;elle&nbsp;!Aux armes, Orateurs&nbsp;!

politico scanner 

Marine Le Pen ou la rhétorique du mythe

Les chiffres sont tombés et comme souvent, ils ne sont pas glorieux. Selon &nbsp;le baromètre mensuel Ifop-JDD, la cote de popularité de François Hollande a chuté d&#39;un point : 23% d&#39;opinions favorables, soit 16 points de moins que Manuel Valls qui en perd tout de même 4 d&#39;opinions favorables sur le mois de septembre. &nbsp;Ainsi, 77% des personnes interrogées se disent insatisfaites des dernières actions du chef de l&#39;Etat.Comme le souligne le JDD, deux dossiers brûlants handicapent le président : la baisse des impôts à laquelle les Français ne croient pas véritablement et l&#39;accueil des migrants. &quot;Est-ce qu&#39;on peut en accueillir tant alors qu&#39;il y a tant de pauvres en France?&quot; s&#39;est interrogée l&#39;une des personnes sollicité par l&#39;Ifop. Et une autre d&#39;ajouter : &quot;On va leur donner des subventions alors qu&#39;on ne cesse de dérembourser des médicaments.&quot;&nbsp;Manuel Valls affiche toujours une cote de popularité supérieure à François Hollande (39%) et se voit faire les mêmes reproches au sujet de la crise migratoire. Selon le JDD, &quot;les plus forts soutiens de Manuel Valls sont les professions libérales et cadres supérieurs (44%)&quot; et &quot;les 18-24 ans (48%)&quot;. &nbsp;