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Thème central des affiches électorales, la manifestation la plus spectaculaire (et la plus délirante pour des yeux français) de cet appel à la liberté a été l&rsquo;hymne composé par Jeff Popick et chanté par les &quot;USA freedom kids&quot;, sorte de mini-majorettes, à la gloire de Trump : &quot;Lorsque la liberté sonne à ta porte, répond à l&#39;appel !&quot;&nbsp;En écho, le message de félicitations de Marine Le Pen a salué le choix du &quot;peuple américain, libre&quot;. Comme elle avait salué &quot;une victoire de la liberté&quot; après le Brexit. Qui lui-même s&rsquo;était fait au nom de la défense de la &quot;liberté britannique&quot;. Et c&rsquo;est encore dans la célébration de cette &quot;liberté&quot; que Trump vient de recevoir son premier (!) visiteur étranger, le chef des Brexiters, Nigel Farage. Enfin, lorsque l&rsquo;on songe que le nouveau groupe populiste au Parlement européen s&rsquo;appelle le &quot;Mouvement pour l&rsquo;Europe des nations et des libertés&quot;, on se dit que la boucle est bouclée...&nbsp;Mais allons un peu plus loin : s&rsquo;il fallait encore se convaincre des convergences idéologiques entre Le Front national et le Front de gauche, l&rsquo;on remarquera que le mot &quot;liberté&quot; est également au cœur du discours de Jean-Luc Mélenchon, comme le dit bien son appel à la &quot;France insoumise&quot;.&nbsp;Ceci dit, il y a insoumission et insoumission, liberté et liberté : si tous les populistes sont souverainistes, la &quot;freedom&quot; américaine est fondamentalement hostile au pouvoir central, alors que la &quot;liberté&quot; selon Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon adore l&rsquo;Etat, dont le renforcement dans tous les domaines est pour eux LA solution. Différence radicale des cultures politiques, entre le fond libertaire de la révolution américaine et la tradition étatiste qui l&rsquo;a emporté dans la révolution française. &nbsp;Il reste que cette nouvelle thématique des populismes devrait faire réfléchir les commentateurs mais aussi les autres partis. Elle signale que ces derniers ont ouvert la voie à cette captation en abandonnant quasiment toute référence à la liberté.&nbsp;La gauche non communiste, était pourtant naguère très engagée dans le combat pour la liberté (valeur cruciale de Jaurès à Mitterrand). Elle s&rsquo;est désormais repliée sur son obsession de l&rsquo;égalité allant du matraquage fiscal à la dernière réforme du collège. Dans le même temps, le quinquennat qui s&rsquo;achève aura été l&rsquo;un des plus liberticides la Ve République : empilement des restrictions à la liberté d&rsquo;entreprendre, déjà bien mal en point dans notre pays, entre multiplications des normes et des taxes ; attaque frontale contre la liberté individuelle par la loi sur le Renseignement qui va bien au-delà de la lutte indispensable contre le terrorisme, comme vient de le rappeler le Conseil Constitutionnel en matière de surveillance hertzienne ; menaces redoutables pour la liberté d&rsquo;expression dans la loi &quot;égalité et citoyenneté&quot;, avec la répression de toutes les &quot;discriminations&quot;, ouvrant la voie à tous les abus.Mais force est de constater que la droite dite &quot;républicaine&quot; n&rsquo;est nullement en reste en la matière. En témoigne l&rsquo;adoption récente par le Sénat des dispositions les plus dangereuses de cette dernière loi, tout comme le vote massif par la &quot;droite républicaine&quot; de la loi Renseignement.&nbsp;De même, la rhétorique dominante des candidats à la primaire de la droite ne fait guère place à la liberté, seulement présente dans le programme économique de François Fillon et dans le programme éducatif de Bruno Le Maire. Pour le reste, &quot;Autorité&quot;, &quot;sécurité&quot; et &quot;identité&quot; semblent être devenus son nouveau triptyque de référence. Que Marine Le Pen mette désormais en avant son &quot;souci de la France libre&quot; en dit long sur sa tentative de captation de l&rsquo;héritage gaullien&hellip;Rappelons donc aux partis qui se réclament de la République, que la devise de celle-ci est &quot;liberté, égalité, fraternité&quot;. Rappelons surtout, fait totalement passé sous silence dans le débat politique, que parmi ces trois valeurs, la première emporte la préférence des Français : 43% contre 37% à l&rsquo;égalité et 20% à la fraternité (sondage IFOP/Opinion/Génération Libre, avril 2016).De sorte que l&rsquo;on voudrait avancer ici une hypothèse iconoclaste : le succès croissant des populismes pourrait AUSSI s&rsquo;expliquer par la défense d&rsquo;une valeur, bien sûr instrumentalisée et réinterprétée comme toujours dans l&rsquo;histoire des idées, mais trop négligée par les familles politiques dont elle avait pourtant constitué l&rsquo;inspiration première.&nbsp;

"Liberté !" Comment un mot abandonné a été repris par Donald Trump

Rhétorico-laser

Son visage s&#39;est brusquement fermé, depuis l&#39;élection. Donald Trump n&#39;est plus le fantasque milliardaire mais le futur président des Etats-Unis. Quelques jours après son élection, il détaille plusieurs points de son programme dans l&#39;émission 60 minutes, de la chaine CBS mais lance aussi un appel au calme dans un pays fracturé. &quot;N&rsquo;ayez pas peur. Nous allons rétablir notre pays.&quot;<ul><li>Les armes à feu et l&#39;avortement : une grande partie de la société américaine dépend des juges de la cour suprême. Donald Trump va en nommer un, voire plusieurs en cas de décès. &quot;Voici ce qui va se passer. Je suis pro-life [anti-avortement] et les juges seront pro-life&quot; explique-t-il. &quot;Ils vont être très favorables au Deuxième amendement&quot; de la Constitution. En d&#39;autres termes, le port des armes à feu sera renforcé et l&#39;avortement pourrait être remis en cause.</li><li>Le mariage homosexuel : En revanche, pas question de toucher au mariage gay. &quot;C&rsquo;est la loi (...) Cela me convient&quot; juge-t-il, rappelant que le mariage homosexuel a été confirmé par la cour suprême.</li><li>Les clandestins et le mur à la frontière : &quot;Ce que nous allons faire, c&#39;est prendre les gens qui sont des criminels et qui ont des casiers judiciaires, qui appartiennent à des gangs, qui sont des trafiquants de drogue (...), sans doute 2 millions, ça peut aussi être 3 millions (de personnes), nous allons les renvoyer du pays ou nous allons les mettre en prison. Mais nous allons les renvoyer de notre pays, ils sont ici illégalement&quot;, a-t-il déclaré. Il assure aussi qu&#39;il construira bien &quot;un mur&quot; entre les Etats-Unis et le Mexique. Dans certaines zones, il s&#39;agira plus d&#39;une &quot;clôture&quot;, mais à d&#39;autres endroits, &quot;un mur est plus approprié&quot;, indique-t-il, mettant en avant son expérience dans le BTP.</li><li>Son salaire : milliardaire, le futur président a décidé de faire une croix sur son salaire (400 000 dollars par an). Il ne touchera que le dollar symbolique, imposé par la loi.</li><li>Twitter : Il continuera à utiliser le réseau social Twitter, qui l&#39;a aidé à gagner l&#39;élection. &quot;Le fait que j&#39;aie un tel pouvoir en terme d&#39;audience sur Facebook, Twitter, Instagram, etc. Je pense que cela m&#39;a aidé à gagner tous ces (Etats) où ils dépensaient beaucoup plus d&#39;argent que moi&quot;, explique-t-il avant de reconnaitre : &quot;Il va falloir que je me refrène, si je continue de les utiliser.&quot;&nbsp;</li></ul> <a class="Colorbox" href="http://http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-electorat-donald-trump-ne-devrait-pas-lui-tenir-beaucoup-rigueur-premiers-reculs-promesses-campagne-jean-eric-branaa-2878708.html#rA3boyWVcRiWtroz.99" target="_blank">A LIRE AUSSI -&nbsp;Pourquoi l&#39;électorat de Donald Trump ne devrait pas lui tenir beaucoup rigueur des premiers reculs sur ses promesses de campagne</a>En parallèle, Donald Trump a présenté ceux qui vont l&#39;entourer de près, à commencer par le chef de cabinet de la Maison Blanche, le poste le plus important de Washington. Il s&#39;agit de Reince Priebus, le président du Republican National Committee, équivalant du président du parti, au niveau national. Pur produit de &quot;l&#39;establishment&quot;, Reince Priebus sera un allié de taille pour peser sur le Congrès. Autre nom, celui de Stephen Bannon, son ancien directeur de campagne qui devient &quot;haut conseiller et chef de la stratégie&quot; et s&#39;annonce comme l&#39;éminence grise du président.&nbsp;

Google Doodle Fête des mères

Ce qu'il faut retenir de la première interview de Donald Trump

Conservateur

Armes à feu, avortement, mariage gay… ce qu'il faut retenir de la première interview de Donald Trump

On pourra trouver étrange de voir les souverainistes d&#39;un pays A, disons la France, <a href="http://www.liberation.fr/france/2016/11/09/trump-l-emporte-marine-le-pen-jubile_1527245">se réjouir de la bonne fortune</a> des souverainistes d&#39;un pays B ou C, disons les États-Unis ou la Grande-Bretagne.&nbsp;On comprend bien qu&#39;à court terme les victoires de Trump et des &quot;brexiters&quot; puissent effectivement leur donner des ailes (&quot;Si des populistes xénophobes parviennent à séduire une majorité d&#39;électeurs chez les voisins, on doit être capables d&#39;en faire autant&quot;) mais, au-delà d&#39;une légitimation théorique de leurs thèses, qu&#39;ont vraiment à gagner les nationalistes d&#39;une puissance moyenne dont la prospérité dépend de son commerce extérieur et de son tourisme et la sécurité de la fiabilité de ses partenaires, d&#39;une telle propagation des égoïsmes locaux&nbsp;?&nbsp;De fait, les souverainismes sont nécessairement antagonistes et ce qui est (peut-être, on a le droit d&#39;en douter) &quot;bon&quot; pour les États-Unis, de la fermeture de ses marchés à un désintérêt croissant pour le coûteux bordel moyen-oriental, est difficile à présenter comme universellement positif. Et les partisans français de la fermeture des frontières et du repli sur soi, s&#39;ils ont vraiment la moindre ambition pour leur pays, feraient mieux de s&#39;interroger sur les conséquences concrètes du nouvel ordre en train d&#39;émerger.&nbsp;Oui, il est possible, maintenant que les Américains et les Britanniques ont ouvert la voie, d&#39;assister à une déferlante protectionniste et isolationniste dont le point d&#39;orgue serait, chez nous, l&#39;entrée de Marine Le Pen à l&rsquo;Élysée. Comme il est possible de voir exploser tout ce que l&#39;Occident (au sens géopolitique) a su mettre en place de structures de coopération stratégiques et économiques depuis 1945.&nbsp;Parce que l&#39;histoire, dit-on, ne repasse pas les plats et que le pire n&#39;est jamais sûr, on se gardera prudemment d&#39;en tirer des conclusions trop cataclysmiques à base de troisième guerre mondiale pour faire peur aux petits enfants. On suggérera toutefois qu&#39;il faut une sacrée dose de crétinerie pour prétendre que c&#39;est l&#39;harmonie, la joie et la concorde qui sortiront de ces réveils nationalistes en série.&nbsp;C&#39;est sûr, une version lepéniste de la France, sorte d&#39;utopie néo-pétainiste peuplée d&#39;agriculteurs et de petits commerçants monocolores, pourrait peut-être un temps se donner l&#39;illusion de tirer son épingle du jeu en claquant la porte de l&#39;OTAN, de Schengen et même de l&#39;UE pendant que les Russes, les Chinois et les califes compteraient les points. Mais son &quot;souverainisme&quot;, au sens du moyen de préserver son indépendance, n&#39;aurait vite plus grand chose à voir avec la &quot;souveraineté&quot;.

Poing foule lutte manifestation force

Marine Le Pen, néo-atlantiste trumpienne ?

Fuzzy logic

Politique

"Liberté !" Comment un mot abandonné par la droite comme par la gauche a été repris par Trump et Marine Le Pen en passant par les "Brexiters" et Mélenchon

On ne sait pas toujours en France que les Britanniques sont des champions d&rsquo;éloquence. Leurs élites, éduquées à Oxbridge mais aussi dans bien d&rsquo;autres universités, ont droit, à la différence des nôtres, à des enseignements poussés en la matière, sans compter les innombrables clubs et concours que les meilleurs élèves fréquentent là-bas dès le secondaire. Il suffit de comparer un débat aux Communes et à l&rsquo;Assemblée nationale pour mesurer la différence de qualité oratoire entre les deux rives du Channel. Chez nous, les grands tribuns se comptent sur les doigts d&rsquo;une main (ce ne fut pas toujours le cas). On sera charitable en n&rsquo;établissant pas de liste comparative, mais l&rsquo;on se contentera de renvoyer le lecteur aux deux discours post-Brexit de nos responsables suprêmes : celui de David Cameron et celui de François Hollande.&nbsp;Mais voilà : pourquoi justement un aussi bon orateur que David Cameron a-t-il été si mauvais durant la campagne du référendum ? Un référendum qu&rsquo;il a lui-même décidé dans le timing qu&rsquo;il a lui-même déterminé ? Et pourquoi, plus généralement, le camp du Remain a-t-il été aussi inefficace ? Certes, le défi n&rsquo;avait rien de facile, compte-tenu de l&rsquo;euroscepticisme congénital du Royaume Uni (ou du moins de l&rsquo;Angleterre) et de la véritable europhobie qui s&rsquo;est emparée d&rsquo;une partie du pays depuis quelques années. Mais il y avait en face de non moins solides partisans du maintien dans l&rsquo;Europe, depuis les classes aisées londoniennes jusqu&#39;à l&rsquo;Ecosse europhile, en passant par une jeunesse acquise en grande majorité à la cause européenne (ce qui n&rsquo;est pas le cas partout). Or, c&rsquo;est justement quand les deux camps s&rsquo;équilibrent que les maîtres de la parole l&rsquo;emportent.&nbsp;De fait, la campagne du référendum a été une superbe démonstration de la validité des lois de la rhétorique, établies par Aristote il y a un peu plus de 2300 ans. Avis aux gourous de la &laquo; communication politique &raquo; !Tout d&rsquo;abord la &laquo; probité &raquo; de l&rsquo;orateur est décisive. Il faut être convaincu pour convaincre. En l&rsquo;occurrence le passé eurosceptique et le double langage de David Cameron sur l&rsquo;Europe en faisaient un très mauvais chef de son camp, comme Jacques Chirac le fut du sien en 2005. Bien sûr, la probité n&rsquo;est pas ce qui caractérise les leaders de l&rsquo;autre camp et l&rsquo;on commence à en mesurer les colossaux mensonges : mais leur conviction nationaliste, elle, ne fait aucun doute. Inversement, le référendum français de 1992 a dû le succès (ric-rac) du &laquo; oui &raquo; au talent oratoire de François Mitterrand, décuplé par une vraie foi européenne. Il faut rappeler ici, fait peu connu, qu&rsquo;à la veille de son débat historique avec Philippe Seguin, des sondages confidentiels annonçaient le &laquo; non &raquo; victorieux.Deuxièmement, les partisans du Remain ont oublié la leçon d&lsquo;Aristote sur les registres du discours : le caractère et les valeurs de l&rsquo;orateur (ethos) ; la raison (logos) et les émotions du public (pathos). Tout bon discours doit mêler les trois. Or deux erreurs ont été commises par le camp du Remain : l&rsquo;insistance sur la rationalité (voir tous ces &laquo; argumentaires &raquo; économiques fournis en masse par le FMI, la Banque d&rsquo;Angleterre ou la Commission européenne), rationalité qui pèse toujours peu face à la puissance des émotions collectives.&nbsp;Mais il faut aller plus loin : le camp du Remain (comme le camp du &laquo; Oui &raquo; français en 2005) a bel et bien, quoiqu&#39;on en dise, joué sur les émotions : en l&rsquo;occurrence, la peur. Peur de la fuite des cerveaux, de la perte de pouvoir d&rsquo;achat, de la fin de la City et des voyages en douce France et au soleil d&rsquo;Espagne ! Mais voilà : cette peur ne pesait guère face à une peur bien plus grande, agitée sans réserve et sans scrupule par le camp du Brexit : celle de perdre sa souveraineté et son identité. Surtout chez un peuple aussi fier et insulaire que les Anglais.&nbsp;Face à cela, comme dans la France de 2005, le camp du Remain n&rsquo;a pas su opposer le seul remède efficace contre la peur : ouvrir une perspective et susciter un espoir. F. Mitterrand avait ainsi &laquo; mis le paquet &raquo; en 1992 sur les chances que donnait l&rsquo;Europe à la jeunesse, d&#39;Erasmus aux voyages bon marché. Car l&rsquo;homme - et c&rsquo;est tant mieux- préfère toujours désirer que craindre.Leçon à méditer par nos propres candidats, aux primaires comme à la présidentielle.

"Brexit" Britannia dixit ou le naufrage rhétorique du camp du "Maintien"

Ce clivage entre les générations n&rsquo;a sans doute pas échappé aux élites&nbsp;politiques, mais les dirigeants ont préféré nier le phénomène pour ne pas avoir&nbsp;à en tirer les leçons. Avant et juste après le vote britannique, tout le monde a&nbsp;préféré considérer que le vote (légèrement majoritaire) des Britanniques&nbsp;s&rsquo;expliquait par la crise économique, le risque d&#39;une immigration massive, le&nbsp;sentiment d&rsquo;être tenu à l&rsquo;écart d&rsquo;une Europe dont la gouvernance était trop&nbsp;bureaucratique (eurocratique), trop éloignée du peuple ou des vrais gens,&nbsp;comme l&rsquo;a martelé la presse tabloïde.Autant d&rsquo;arguments qui ne sont pas sans provoquer d&rsquo;échos favorables en&nbsp;Europe continentale, en Espagne, en Italie, en France. Les tentations populistes&nbsp;sont fortes et donnent aux démagos de tous les extrémismes des leviers pour&nbsp;accéder au pouvoir.Toutes ces analyses sont sans doute justes, mais la vérité, c&rsquo;est qu&rsquo;elles&nbsp;dissimulent une autre réalité.Les jeunes ont voté massivement pour rester dans l&rsquo;Union européenne, qu&rsquo;ils&nbsp;habitent Londres où tout est chic et cher, ou à Glasgow où tout est&nbsp;triste et pauvre.Les Britanniques qui ont voté pour la sortie appartiennent&nbsp;massivement aux classes les plus âgées. Des riches comme des pauvres. Ce qui&nbsp;explique que la Grande-Bretagne se soit réveillée avec la gueule de&nbsp;bois, que beaucoup regrettent leur vote, que les pétitions lancées pour obtenir&nbsp;un nouveau référendum se multiplient, et qu&#39;une grande partie des votants&nbsp;pour le Out&nbsp;reconnaissent avoir voté sans savoir exactement pourquoi.&nbsp;Une étude réalisée sur le vote britannique révèle que si l&#39;on pondère le vote par&nbsp;l&rsquo;espérance de vie, on s&rsquo;aperçoit que les moins de 50 ans auraient voté à plus&nbsp;de 80% pour l&rsquo;Europe.Les plus de 60 ans ont voté à plus de 70% contre l&#39;Europe. Comme les moins de&nbsp;50 ans sont plus nombreux mais qu&rsquo;ils votent beaucoup moins, on arrive au&nbsp;résultat qu&rsquo;on connaît.Les jeunes interrogés savent précisément pourquoi ils sont favorables à une&nbsp;Union européenne. Dans tous les pays de l&rsquo;Union, les moins de 30 ans&nbsp;n&rsquo;imaginent pas leur avenir en dehors du cadre européen. Et cela pour trois&nbsp;grandes raisons.D&#39;abord parce qu&rsquo;ils ne sont pas prisonniers de l&rsquo;histoire du pays dans lequel&nbsp;ils sont nés. Les jeunes Allemands ne se sentent pas coupables des horreurs&nbsp;passées, les jeunes Français ou Anglais ont sans doute beaucoup de respect&nbsp;pour ce qu&rsquo;ont fait leurs grands-parents, mais ça reste théorique. La notion de&nbsp;nation où de patrie forgée par l&rsquo;histoire et par les guerres n&rsquo;a pas la même&nbsp;densité que pour leurs parents, et c&rsquo;est normal.Ensuite, parce que qu&rsquo;on le veuille ou non, cette génération des moins de 40&nbsp;ou 30 ans est beaucoup plus éduquée que la précédente. Près de 90% des&nbsp;jeunes Français ont le bac. Alors on peut dire que le bac s&rsquo;est dévalorisé (sans&nbsp;doute un peu). Mais le niveau culturel s&rsquo;est considérablement élevé pour le&nbsp;plus grand nombre. C&rsquo;est vrai partout.Enfin, cette génération est la génération X, puis Y et demain W. C&rsquo;est la&nbsp;génération qui a fait et qui assume la révolution digitale avec tous les moyens&nbsp;de communication qui ont transformé le monde. Internet, les réseaux&nbsp;sociaux, le mobile, les Google et autres Windows ont forgé une nouvelle façon&nbsp;de penser et de vivre.Les jeunes ont appris aux anciens la pratique d&#39;Internet.Que les plus anciens le veuillent ou non, leurs enfants sont des enfants du&nbsp;monde, qui n&rsquo;ont jamais connu d&rsquo;autre système que celui de l&#39;économie de&nbsp;marché (le mur de Berlin est tombé avant qu&#39;ils ne soient nés). Ils sont dopés&nbsp;à la concurrence, ils sont bilingues, souvent trilingues. Ils ont voyagé comme&nbsp;aucun autre de leurs ancêtres ne l&rsquo;a fait.La majorité sont des enfants d&rsquo;Erasmus, d&rsquo;Easyjet et de Twitter. Qu&rsquo;on le&nbsp;veuille ou non.Et l&#39;Europe dans tout cela ? C&rsquo;est non seulement leur espace de jeu, mais c&rsquo;est&nbsp;aussi le seul cadre capable de leur offrir un projet d&rsquo;avenir. Un job, un rêve de&nbsp;vie. Cette génération est sans doute attachée à ses racines, mais c&rsquo;est pour&nbsp;mieux s&#39;épanouir ailleurs.Ce phénomène-là touche absolument toute la génération des moins de 30 ans,&nbsp;quelle que soit l&rsquo;origine sociale, ou géographique. A l&rsquo;exception d&rsquo;une frange&nbsp;marginale de 10 à 15% des jeunes de moins de 30 ans dans chaque pays&nbsp;membre de l&rsquo;Union européenne qui sont restés sur le quai de l&#39;évolution&nbsp;technologique. Complètement abandonnés par la société, écartés des&nbsp;bénéfices de la technologie. 10% de laissés pour compte, de désespérés de la vie,&nbsp;c&rsquo;est beaucoup certes... Beaucoup trop.Mais l&rsquo;immense majorité de cette génération est aux antipodes des&nbsp;tentations&nbsp;protectionnistes ou conservatrices que cultivent leurs aînés.Le problème, c&rsquo;est qu&#39;ils ne votent pas tous, loin s&#39;en faut. Ils ont d&rsquo;autres&nbsp;passions et d&rsquo;autres expressions, d&rsquo;autres engagements (les ONG par&nbsp;exemple).Le problème, c&rsquo;est que les dirigeants politiques représentent les générations&nbsp;les plus âgées, les seniors. Lesquels sont inquiets pour eux-mêmes alors qu&#39;ils sont pour la plupart très sécurisés. Ils sont inquiets pour l&rsquo;avenir, mais ne le&nbsp;regardent souvent que dans un rétroviseur. L&rsquo;avenir a tellement changé le&nbsp;présent.Pour les aînés, le passé reste plus que parfait... Du coup, ils ont le pouvoir&nbsp;partout et étouffent les initiatives des plus jeunes. Dans les entreprises, les&nbsp;collectivités locales ou l&rsquo;administration centrale. Ils serrent les boulons pour&nbsp;éviter que ça bouge.Politiquement, c&rsquo;est du pain béni pour les mouvements conservateurs... En&nbsp;Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne ou en France. Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon peuvent faire du surf sur cette vague d&rsquo;inquiétude sans offrir de&nbsp;solutions alternatives ou d&rsquo;analyse très cohérente. Ils se contentent de taper&nbsp;sur ce qui est nouveau. Trop subversif, trop dérangeant.Pendant ce temps-là, les jeunes essayent de lancer des projets, partent dans le&nbsp;monde où on les écoutera (pourquoi rêvent-ils tous de la Californie ? Parce&nbsp;que là-bas on les écoute). Ou alors, ils se replient sur eux-mêmes, en attendant&nbsp;de vieillir. Souvent résignés, et frustrés.La politique est pour l&rsquo;heure incapable de leur apporter ce dont ils auraient&nbsp;besoin.

Rhétorico-laser

"Liberté !" Comment un mot abandonné par la droite comme par la gauche a été repris par Trump et Marine Le Pen en passant par les "Brexiters" et Mélenchon

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"Brexit" Britannia dixit ou le naufrage rhétorique du camp du "Maintien" dans l’Europe