Le coup de fourchette : pour s’empétarder la tirelire<!-- --> | Atlantico.fr
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Des menus de 42 à 60 euros.
Des menus de 42 à 60 euros.
©Reuters

Atlantico Lettres

Retrouvez cette semaine, comme chaque dernier mercredi du mois, la chronique culinaire du journal mensuel Service Littéraire. Les restaurants "L’Ami Jean" et "Le Petit Lutétia" sont passés au grill.

Jules  Magret

Jules Magret

Jules Magret écrit pour Servicelitteraire.fr.

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Un gus qui se blaze Jégo ne pouvait que se destiner à la jaffe, histoire d’affûter les meules de quelques voraces qui ne sont pas du genre à s’astiquer la langoustine. Vous l’avez pigé, perspicace lecteur, le Jego, frère de lait du Camdeborde de l’“Avant-Comptoir”, non loin de “Pouic Pouic”, là où caquète le poulaga façon Louis de Funès, est le big master de “L’Ami Jean”, un consciencieux et un inventif. On l’entend qui rouscaille, tout fumant dans sa cuistance, prêt à distribuer des bourre-pif, et, accessoirement, un craquant bœuf carotte, un saumon au lard qui croustille, une patate de roseval (bof), un dos de morue fraîche qui vous bouleverse  les nageoires… Dans la salle, un max bruyante (trop), ça vibrionne, ça bouscule, ça dégage : les daims huppés version Pays Basque et trois quart aile viennent au frichti, prêts à s’empétarder la tirelire, à se tirer sur la courge, à liquider l’irouléguy, le pigeon (fort bon) et l’agneau rôti (croquant), tout ça pour, le lendemain, renauder du trou à soupe. Régaler son burlingue, c’est le mot d’ordre de Jégo. Les balthazars du tutu sont aux oignes, ils ont l’assiette, le cornet et la clape. Moralité : tu as tout, mon bouftou, la gencive et la polka ! Mais pour le morlingue, attention riboteur, tu vas cracher ton carbi, tes monacos et ta soudure, attendu que “L’Ami Jean”, mine de rien, c’est le trou de bise dans le guichet. Ce soir-là, Juliette et moi, pour une patate aux oreilles de cochon coupées au laser, un bœuf carotte, un agneau, un pigeon et un Bandol un brin acide qui m’a révolvérisé le Ben Jelloun une partie de la nuit, on a quand même raqué 156,50 euros.

L’Ami Jean, 27 rue Malar, 75007 Paris. 01 47 05 86 89. Menu : 42 euros. Carte : 80 euros.

Quitte à choisir entre le grand et le petit, Laurel et Hardy, on choisit le grand. “Le Petit Lutétia”, fief d’une armée mexicaine où les louftingues ont deux mains gauches, c’est la Bérézina du service, le Crécy du dégraisseur, l’Azincourt de la caboulote. L’inefficacité est l’impératif de la turne. Du coup, ça suit dans la gamelle, un tourteau qui a passé quinze jours de vacances aux Maldives (malodorant), des papillons qui vous dropent le filet (huîtres microscopiques), la formule 37 (foie de veau ou de génisse ?) qui vous serre les deux frangines, à tel point, sagace lecteur, qu’on a l’abat-jour qui cligne de l’œil, suivi illico des légumes et du moutardier, directo dans le pébroque, par crainte de crever son pneu. L’abattoir des papilles, l’enterrement du fade, c’est dans ce bouic mes lascars, be careful au tambour, les baguettes sont teigneuses, en battant la charge, elles vous expédient au sapin. Aussi sec on décarre, en disant, promis juré, qu’on ne remettra plus les nougats dans ce Montélimar. Obligado, gentes damoiselles, vous le subodorez, ce n’est pas là qu’on s’humecte la laitue !

Le Petit Lutétia, 107 rue de Sèvres, 75007 Paris. 01 45 48 33 53. Carte : 60 euros.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.


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