Les caprices d'une Lune domptée par la mécanique, une résille de saphirs roses pour le Grand Bal et une Iliade pour les mécaniciens du XXIe siècle : c'est l'actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Des "briques" de verre teinté taillées dans des fils de verre à peine plus gros que des cheveux : le paysage en nanomosaïque qui se dessine prend des allures de tableau néo-impressioniste…
Des "briques" de verre teinté taillées dans des fils de verre à peine plus gros que des cheveux : le paysage en nanomosaïque qui se dessine prend des allures de tableau néo-impressioniste…
©piaget

Atlantic-tac

Et aussi : la double sphère d'une Terre et d'une Lune en 3D, l'élégance d'un calendrier qui se méfie des aiguilles et le savoir-faire des maîtres-verriers de la lagune...

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

PIAGET : Les contes et légendes oniriques d’une Asie éternelle…

Les amateurs asiatiques de belles montres aiment qu’on leur retraduisent leurs légendes, mais en les enrobant d’une touche européenne qui leur semble irrésistible. Piaget l’a parfaitement compris en composant, avec la collection « A Mythical Journey » [qui ne sera pas exposée en Europe, mais réservée aux marchés exotiques], une grande promenade le long de la route de la Soie et des Epices – voyage allégorique qui n’est qu’un prétexte à démontrer comment, à travers les métiers d’art, l’Europe et l’Asie peuvent dialoguer dans le culte du beau. Exemple de cette réinterprétation : deux montres Protocole XL – un décor indien et un décor chinois  – exécutées intégralement en nano-mosaïque de verre, technique inspirée de la mosaïque antique, dont les cubes de terre cuite sont remplacés par des micro-tesselles de verre coloré, dont la juxtaposition forme d’étonnants tableaux (ci-dessus : un gros plan révélateur). Une technique née dans les ateliers des maîtres-verriers italiens : elle rappelle, par ses touches, la manière pointilliste d’un Georges-Pierre Seurat ou d’un Paul Signac. Les collectionneurs asiatiques adorent ce néo-impressionnisme de l’infiniment petit…

A. LANGE & SÖHNE : Un jour d’erreur mécanique tous les mille ans…

Glashütte, une bourgade perdue dans une petite vallée de la Saxe allemande, entre Dresde et la frontière tchèque, est la Mecque de la haute horlogerie mécanique allemande : on dit que c’est la Suisse saxonne. Les montres y ont un style « saxon », précisément, dont le plus bel exemple reste la production de la manufacture A. Lange & Söhne, maison de prestige fondée en 1845, détruite par un bombardement allié en 1945, ce qui en restait étant pillé par les Soviétiques, puis transformé en combinat du temps de la RDA. La marque a été relancée, sur place, en 1990, après la réunification allemande. La nouvelle Grande Lange 1 Phases de lune illustre l’affinement esthétique de ce style saxon, marqué par les heures décentrées, la petite seconde basculée à 5 h et la grande date elle aussi décalée à 2 h. L’affichage des phases de lune [précis à un jour près pendant plus de 1 000 ans] a été harmonieusement intégré dans le cadran des heures, le ciel nocturne s’ornant d’un champ d’étoiles. La taille reste raisonnable (41 mm) et l’élégance affirmée.

VICENTERRA (voir ici) : Une haute horlogerie créative en souscription…

Lancer des montres en souscription est presque aussi ancien que l’horlogerie mécanique, puisque, sous la Révolution française, après la Terreur, Abraham Louis Breguet avait remonté son atelier parisien grâce aux souscripteurs de ses montres à une seule aiguille. Sans passer par les sites de financement collaboratif, le jeune créateur indépendant Vincent Plomb, basé dans le Jura suisse, avait lancé sa première montre VicenTerra en souscription, voici deux ans : 100 pièces écoulées, moyennant à peu près 5 000 euros par souscripteur, ce qui était une bonne affaire. Il revient cette fois nous tenter avec une Luna qui propose, en plus de la Terre sphérique de la première série (un moyen très pédagogique pour comprendre à quoi servent les fuseaux horaires), une Lune tout aussi sphérique, ainsi qu’un Soleil qui se lève et qui se couche au milieu des étoiles pour marquer l’alternance des jours et des nuits. Pour compléter le tableau, une grande date rythme l’année civile (légale), les heures restant classiques. Deux astres sphériques (animation en 3D) sur une même montre-bracelet, on n’avait encore jamais vu ça : le prix de souscription est à hauteur de 13 500 euros pour les 99 pièces en acier (il faudrait compter trois à quatre fois plus avec une « grande » marque), mais il faudra un an d’attente pour se faire livrer une montre qui devrait tenir ses promesses de collector.

H. MOSER & CIE : L’élégance d’un bleu qui se passe d’aiguilles…

Un quantième perpétuel – ou « calendrier perpétuel » – est une montre qui affiche les heures, mais aussi la date et le mois, mais aussi l’année bissextile (366 jours), sans la moindre correction manuelle – même les années qui comptent un 29 février. Normalement, sans exception virtuose, ces quantièmes perpétuels ne réclameront d’intervention que le 1er mars 2100, année séculaire exceptionnellement non bissextile (contrairement à l’an 2000). Généralement, ces montres sont bardées de cadrans annexes et hérissées d’aiguilles pas toujours esthétiques. H. Moser & Cie, ancienne marque suisse récemment relancée, a trouvé une solution très élégante pour afficher non seulement l’heure et la date, mais aussi pour indiquer le mois – c’est la petite aiguille située sous les heures et les minutes, l’année se divisant en 12 repères imaginaires le long des index horaires (ici, nous sommes en juin, la petite aiguille étant à 6 h). La distinction de cette Moser Perpetuel 1 est renforcée par le bleu fumé de son cadran et par la couleur très particulière du palladium pur dans lequel son boîtier de 39 mm est taillé : métal proche du platine, mais encore plus rare et quasiment plus précieux que lui, le palladium est généralement utilisé en alliage, sa dureté le rendant très difficile à travailler…

DIOR : Une résille brodée de saphirs roses pour lancer la mécanique…

Céramique blanche pour le boîtier de 33 mm et le bracelet en maillons pyramidaux, renforcés d’acier mais surtout sertis de saphirs qui font la ronde sur la lunette et qui sont tissés en résille pour former la masse oscillante qui assure le fonctionnement du mouvement automatique de cette Dior VIII Grand Bal. C’est ainsi une broderie de pierres précieuses (211 saphirs roses) qui lance et relance la mécanique : étonnante revanche de la haute couture sur la technique. Comme il se doit, le 8 étant le chiffre fétiche de Christian Dior, le fondateur de la maison, cette série limitée est éditée à 88 exemplaires…

NAISSANCE D’UNE MONTRE : L’Iliade horlogère du XXIe siècle…

Le projet « Le garde-temps – naissance d’une montre » est une aventure intellectuelle autant que professionnelle : trois horlogers réputés se sont associés pour partager leur savoir-faire et surtout le transmettre. Leurs noms sont déjà célèbres : le Suisse Philippe Dufour est considéré partout dans le monde – sauf en Suisse ! – comme un « trésor vivant » de l’horlogerie traditionnelle, alors que Robert Greubel et Stephen Forsey ont fondé la marque Greubel-Forsey qui porte leur nom, en lui donnant une réputation très enviable chez les collectionneurs. Leur bonne idée : faire concevoir une montre traditionnelle (un tourbillon) à un élève,  Michel Boulanger, qui n’est pas n’importe qui puisqu’il était lui-même professeur d’horlogerie dans une école française. Ils se sont lancés en partant d’une feuille blanche, en n’utilisant que des outils traditionnels, mais en notant tout et en filmant tout pour que l’expérience de « Naissance d’une montre » laisse une trace reproductible et surtout transmissible aux futures générations. Le suivi de cette Iliade horlogère est un condensé de culture horlogère, avec des informations et des images qui permettent de tout apprendre et de (presque) tout comprendre auprès de maîtres incontestables, assez sérieux dans leur domaine pour ne pas se prendre au sérieux. Derrière les dérives marchandes d’une horlogerie bling-bling aujourd’hui sérieusement démodée, il y a des hommes et des femmes qui se battent – sans but lucratif – pour l’amour des beaux-arts de la montre et pour que les machines ne l’emportent jamais sur la main de l’homme (voir à ce sujet un entretien vidéo avec Philippe Dufour)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !