Pourquoi l'Europe intéresse beaucoup les investisseurs américains (mais pas la pensée économique française)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les valeurs américaines sont désormais 57% plus chères que celles que l’on peut acheter sur les marchés émergents et surtout 67% plus chères que les valeurs européennes.
Les valeurs américaines sont désormais 57% plus chères que celles que l’on peut acheter sur les marchés émergents et surtout 67% plus chères que les valeurs européennes.
©Reuters

Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Quand on passe quelques jours à New York, on a envie d’éviter les commentaires classiques sur la ville hyper active… qui ne dort jamais…. qui est totalement sous l’emprise de Wall Street etc… Trois images permettent de sortir de ces marroniers que l’on retrouve à longueur de journées dans les médias français.

New York est la ville des inégalités record, avec 1% des new yorkais qui se partagent 40% des revenus imposables. La quasi totalité des médias français répète en boucle que c’est bien normal puisque son maire était Michael Bloomberg, le patron du groupe éponyme qui fournit toutes les salles de marché du monde en données en temps réel. Ce que les esprits bien pensant qui s’expriment sur New York sans jamais y mettre les pieds oublient de dire, c’est que les fameux 1% payent la moitié des impôts de la ville et surtout que le nombre d’emplois dans la ville de New York est à son plus haut niveau historique, à 3,9M de personnes. Depuis la crise financière, c’est la ville qui a le plus rebondi parmi toutes les villes américaines. Et s’il y avait un petit lien entre le niveau de vie des "riches" et le sort des plus pauvres dans une société ?

La Roumanie est très à la mode à New York, mais pas pour les mêmes raisons qu’en France. Pendant que le gouvernement français fait grand cas des Roms, les investisseurs américains s’intéressent eux aux sociétés roumaines. Templeton, le grand gérant américain, a créé le fonds Fondul Propriatea, qui possède des participations dans les grandes sociétés du pays : OMV Petrom, Hidroelectrica, Romgaz, GDF Suez Energy Romania etc…Il est curieux qu’aucune entité européenne ni française ne soit proactive dans le processus de privatisation de ce pays… !

Dans les périodes difficiles de l’histoire, il a toujours été fait appel aux jésuites.

En France, on ne parle que de Gaël Giraud, Jésuite, brillant polytechnicien et Docteur en mathématiques appliquées. Pour lui,  l’obstacle, c’est la finance dérégulée. La concurrence dérégulée n’est pas le fondement du lien social. Il faut renoncer à la financiarisation idôlatre, ce que Saint François d’Assise appelait "le crotin du diable". Les financiers ont construit, selon lui, des jeux mortels qui nous menacent. Il nous faut un grand programme de réindustrialisation verte, une politique de transition écologique. Nous attendons que les marchands et les banquiers lâchent le veau d’or. L’épargne ne doit pas être captée par le casino international des marchés…. Tous ces propos surréalistes ont été tenus lors de la conférence de Carême à Notre Dame de Paris le 11 mars 2012 !

Aux Etats-Unis, on préfère le Révérend Robert Sirico, qui mène un combat pour l’économie de marché et la liberté des entrepreneurs. Pour lui, le socialisme a été totalement discrédité. Le seul moyen d’élever le niveau de vie de ceux qui en ont besoin ce n’est pas l’assistanat généralisé, mais de laisser les entrepreneurs créer, développer, prendre des risques. Ce sont les seuls capables de créer de vrais emplois. Il faut lire le livre du Révérend Robert Sirico, président du Acton Institute : Defending the free market. The moral case for a free economy. Comme on peut le constater une fois de plus, un jésuite peut en cacher un autre…. !

Revenu en France on est stupéfait, une fois de plus, de lire les commentaires sur le mauvais procès fait à l’Allemagne, en expliquant que le miracle allemand n’existe pas. Comme le rappelle très bien Hubert Jousset, fondateur de la société de gestion GEFIP, cela reflète le goût pour le mystère et le surnaturel des élites françaises qui croient encore dans une économie vaudoue ! Il n’y a pas plus de miracle allemand que de beurre en branche, dit-il. L’Allemagne a simplement baissé son coût du travail et simplifié son droit du travail pour faciliter les embauches et les licenciements. "Il n’y a qu’en France ou les socialistes refusent encore d’admettre les lois du marché. Il y a un moment, écrit-il, où les explications morales, sociales, existentielles cessent de pouvoir être évoquées et doivent laisser la place à quelques adjectifs plus offensants : sectarisme, incompétence, bêtise, inadaptation darwinienne… !"

Aux Etats-Unis, les indices américains ont battu tous leurs records historiques cette semaine avec un Dow Jones franchissant pour la première fois le niveau de 16 000 et un S&P 500 le niveau de 1800. D’après Cambria Asset Management, les valeurs américaines sont désormais 57% plus chères que celles que l’on peut acheter sur les marchés émergents et surtout 67% plus chères que les valeurs européennes.

Dans cette perspective, l’Europe intéresse beaucoup les investisseurs américains. Il y a consensus sur le fait que la BCE ne pourra pas faire autrement que d’injecter massivement des liquidités pour éviter une dépression sévère. L’Europe offre des rendements élevés. Avec des taux réels négatifs, l’incitation pour les entreprises à procéder à des acquisitions est forte. Cela va entrainer beaucoup de fusions acquisitions qui s’effectueront avec des primes sur le dernier cours de bourse.

En Europe, les principales valeurs qui sont dans les radars sont : en Allemagne : Dialog ; en Grande Bretagne : Burberry, Fenner, Imperial Tobaco, Man Group, Morgan Advanced, Rotork, Sage, Shanks Group, Spectris, UBM; En Suisse : Sonova, Straumann;  En Suède : Tele2; Aux Pays Bas : TNT Express.

En France, la liste des candidats est la suivante : Chimie Pharmacie : AB Sciences , Arkema , DBV Technologies (désensibilisation aux allergies du lait et de l’arachide), Eurofins, Medicrea, PCAS, Stentys, Vexim ; Immobilier : Eiffage, Kaufman & Broad (sortie de PAI Partners), Nexity ; Pétrole matières premières :CGG Veritas , Coil Maurel & Prom, Maurel & Prom Nigeria , Ober ; Industrie :Faurecia  (Peugeot 57,4%), Financière de l’Odet, Hologram, Latécoère, MGI Digital Graphic, Schneider Electric, Thalès ; Logiciels/services informatiques : ESI  Group (Simulation 3D), Esker, IGE + XAO  (logiciel de CAO), Sidetrade, Tessi, Luxe/alimentation : Alès Group, Fromageries Bel, Naturex (Caravelle 15,3%), Toupargel ; Media/services aux entreprises : CXanal + CIS, Edenred, Teleperformance ;Télécommunications : Alcatel Lucent.

Les « Non Performing Loans », c’est-à-dire des obligations émises par des sociétés européennes qui cotent entre 30% et 50% de leur nominal, sont également recherchées par les fonds américains qui s’intéressent aux obligations « distressed ».  Ils estiment que le gisement représente un encours situé entre 1000 et 1500 Md€. Jusqu’à maintenant, c’est un secteur qui n’intéressait que KKR, Blackstone Group, Cerberus ou Apollo Asset Management. On voit de plus en plus les gestions privées des banques proposer ce type de produits à leurs clients. C’est notamment le cas de JP Morgan Private Bank, Deutsche Bank Wealth Management, Citi Private Bank

En France, en septembre dernier, Arnaud Montebourg, ministre en charge du Redressement Productif nous avait présenté ses grandes idées pour créer des emplois… 

Cela se déclinait en trente-quatre projets pour sauver l'industrie qui seront érigés en "priorité nationale" par le gouvernement. Ce plan avait été élaboré par la Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services (DGCIS) avec l’aide du consultant McKinsey. La liste comprenait notamment des domaines qui sont sur les radars de tous les investisseurs en capital risque du monde depuis des années (big data, cybersécurité, nanoélectronique, robotique…), des curiosités (souveraineté télécoms, dirigeables pour charges lourdes… !) et des sujets sur lesquels l’Etat a déjà dépensé beaucoup d’argent sans aucun succès (énergies renouvelables). Depuis cette présentation très médiatique, personne n’a aucune nouvelle de l’état d’avancement de ces chantiers. Ce que l’on sait en revanche, c’est que  le nombre de défaillances d’entreprises en France ne cesse d’augmenter. Il est proche de son record historique….

En fait, selon les prévisions de l’Observatoire de France Industrie & Emploi, il y aura 35 plans sociaux par mois jusqu’à la fin de 2014. Ce sont des plans sociaux programmés qui émanent d’entreprises qui se restructurent et qui s’ajoutent à ceux des sociétés en dépôt de bilan. On serait en train de retrouver, malheureusement, le record des 2000 plans sociaux de 2008. La destruction créatrice chère à Joseph Scumpeter ne fonctionne donc pas vraiment en France !

L’or est au plus bas depuis quatre mois, les obligations indexées sur l’inflation sont en baisse de 7% depuis le début de l’année. Pendant ce temps là, le cours du Bitcoin, une monnaie virtuelle, flambe…Ces deux classes d’actif qui étaient censées apporter une protection face à la dérive laxiste des banques centrales n’ont pas vraiment fonctionné jusqu’à maintenant. A suivre…

L’Uranium suscite de nouveau de l’intérêt

Le demande d’Uranium pourrait remonter significativement dans les années qui viennent car peu de capacité nouvelles ont été mises en place depuis de nombreuses années. Les spécialistes peu nombreux qui suivent ce secteur de près voient que Cameco, société canadienne, vient de franchir à la hausse sa moyenne mobile des 200 bourses. Uranium One est l’autre société canadienne.

Parmi les autres sociétés concernées, il faut suivre : Areva en France, qui exploite la mine de Arlit an Niger et dont la production représente 20% des besoins annuels d’EDF ; Kazatomprom est également un acteur important au  Kazakhstan ; Rio Tinto qui exploite la mine Rössing en Namibie ; China Guandong Nuclear Power Corporation qui exploite la mine Husab également située en Namibie ; ARMZ en Russie ; Navoi en Ouzbekistan et en Australie Paladin et BHP Billiton.

Les cycliques en Europe restent le thème préféré des fonds américains. Ils aiment : en Allemagne : Continental, Deutsche Bank, Deutsche Post, Hugo Boss, SAP, Siemens; en France : Axa, Cap Gemini, Saint Gobain, Société Générale; en Grande Bretagne : Bodycote, IMI, Kingfischer; en espagne : BBVA, Mediaset Espana; en Italie : Mediaset ; en Irlande : Ryanair; en Suisse : Adecco.

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