Le coup de fourchette : "On ne prend plus de commandes après 21h !"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Le coup de fourchette : "On ne prend plus de commandes après 21h !"
©

Atlantico Lettres

Retrouvez cette semaine, comme chaque dernier mercredi du mois, la chronique culinaire du journal mensuel Service Littéraire. Les restaurants "Le Français" et "Hostellerie la Chenaudière" sont passés au grill.

Jules  Magret

Jules Magret

Jules Magret écrit pour Servicelitteraire.fr.

Voir la bio »

Dans le patelin de l’Auberge bressane et de Place Bernard, le bistrot tout Blanc qui vous fait rendre Georges, il y a le Français, tout ce qu’il y a de plus français. Pas le gastos qui vous esquinte au caraco, mais le rade authentique, mastard, vivant, agité, tarabistouille, qui sniffe le sens unique, l’échalote et le poulaga au cholestérol. Il ne faut pas oublier qu’on est dans l’Ain même quand on est deux. À Bourg-en-Bresse, on se fait la rincette directo sans ce franglais qu’affectionnent les globos du cooking actuel, maudits fignards qui se glougloutent le Mont-Blanc en aboulant du col. Ici, pas de chizbroc style cool ou souçaille, on se calfate l’entendement au pâté de volaille, au gratin de queues d’écrevisses, à la sole meunière, à la poularde à la crème, aux quenelles de brochet, au gâteau de foies blonds… N’en jetez plus ! C’est du leaubé. Ah ! mistigris, faites-vous beurrer, c’est de la crème ! Pas de paluche à l’aga-agar ou à la lécithine de soja, on pousse la ficelle du cent pour cent matières grasses à l’extrême, histoire d’avoir le piège à mémé dans le fond des savates. Obligado, les triglycérides en prennent un coup derrière le bilan sanguin. Mais bon, quand on refuse d’être enchtibé dans le moléculaire, on s’acagnarde sur le fiongada, sur le gril, le buffecaille en éventail. Et tout ça pour balpeau, mes lourdingues, bicause avec le rouquin du Bugey ou le chardonnay savagnin, vous avez le crapaud en thalasso. Alors bonne Bresse, mes gros bourgs !

Pratique : Le Français, 7 avenue Alsace Lorraine, 01000 Bourg en Bresse, 04 74 22 55 14. Carte : 40 euros.

Ce n’est pas Colroy la roche mais Roroy la cloche. Dans ce Relais et Châteaux des Vosges où les clients radinent en BM, Porsche et Jaguar, on ne prend plus de commandes après 21 heures, comme si les fonctionnaires à la noix de Monsieur Normal avaient pris les commandes. À la Chenaudière, c’est le blaze de la turne, on peut toujours se matraquer l’hibiscus, ça vire en peau de zébi. Pour le tartare de saumon préparé à table, les foies gras de toutes sortes, le homard au basilic et le pigeon du coin, c’est l’heure de se zoner, Tatave est au pucier, Toinette nettoie ses meules de moulin, tout le monde se patine le caoutchouc. Oyé, oyé ! Roupillez bonnes gens ! On s’interroge alors : dis, tonton, ton blanc-à-fromage d’Alsace avec ses truffes noires en raviole, comment on peut se les morganer dans le lampion ? Réponse : tu te les carres dans la Mobalpa et t’avances ta tocante pour éviter la douche à la napolitaine ! Franchement, amis vosgiens, le long de cette ligne bleue qui nous décrasse le pays-bas, revoyez vos horaires, ajustez vos poulaines, mangez la foufoune à l’Alsace, et tout ira pour le mieux dans le meilleur des Vosges !

Pratique : Hostellerie la Chenaudière, 67420 Colroy la Roche, 03 88 97 61 64. Carte 80 euros.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !