L’instant poétique pour les milliardaires endiamantés, les heures en apesanteur mécanique et le bleu électro-franco-californien : c’est l’actualité des montres

CORUM : Un jouet pour les milliardaires qui s’ébattent place Vendôme…

Ce n’est pas parce que le bling-bling est passé de mode en Europe que les milliardaires de la planète le délaissent. Témoin, cette Corum Billionnaire Tourbillon, dont le nom est déjà tout un programme. Le style aussi : tout y proclame urbi et orbi l’opulence du propriétaire, à commencer par la taille (46,5 mm d’or blanc poli miroir), mais aussi les diamants (on doit en compter dans les 750 sertis un peu partout, dessus, dessous, au fond, sur les côtés, sur les cornes, pour un total qui dépasse les 10 carats), qui ne nichent jusque dans les chiffres romains (44 diamants baguette), le tourbillon, complication mécanique appréciée des riches amateurs, et, enfin, l’exclusivité, puisqu’il n’y aura que trois exemplaires de cette montre, réservés à la maison Dubail, qui fête cette année le vingtième anniversaire de son installation place Vendôme. On vous fait grâce de la tarification, au-delà du prix d’un confortable logement familial dans Paris. Un peu de douceur dans un monde de brutes dorées sur tranche : notez les petits inserts de nacre entre les chiffres romains. Même les milliardaires ont besoin de poésie…

HAUTLENCE : En apesanteur, à l’avant-garde de l’avant-garde…

Le nom de cette montre (HL RQ 01) n’est pas simple à retenir, disons que c’est la dernière-née des collections Hautlence, un nom de marque qui n’est autre que l’anagramme de… Neuchâtel, métropole horlogère suisse renommée. Puis HL RQ 01 il y a, admirons la rondeur de ce boîtier en titane (44 mm), puisque Hautlence pratiquait plutôt le rectangle façon écran 16/9^e : les codes Hautlence y sont (exacerbation de la perception mécanique du temps, à travers un affichage non-conformiste des heures), de même que le souci de lisibilité (heures « sautantes » par disque rotatif à gauche, bien séparées des minutes sur segment rétrograde à droite, belle date à 6 h). La profondeur du cadran hypnotise par son enchevêtrement de rouages et on y distingue des détails de finition tout aussi fascinants de minutie. On retiendra surtout de cette HL RQ 01 une volonté de séduction au-delà des subtilités mécaniques : c’est peut-être la naissance d’une nouvelle tradition, celle d’une horlogerie post-moderne apaisée…

RAYMOND WEIL : Elles vont toutes demander à la Lune…

La Lune est associée, depuis notre préhistoire, à tous les symboles et à tous les rituels de la féminité. La maison Raymond Weil nous rappelle ces légendes de la Lune en dédiant aux femmes une Lady Maestro qui raconte cette légende avec le défilé de l’astre dans un guichet placé à 6 h : la Lune y défile, sur fond d’étoiles, tout au long du mois, tantôt pleine, tant croissante ou décroissante. Pour que le mouvement de cette Lune soit aussi précis que celui du mouvement automatique et de son calendrier (28, 30 ou 31 jours selon les mois, contre 29,5 jours pour la Lune), on peut en ajuster l’affichage grâce à deux poussoirs intégrés dans la carrure du boîtier de 36 mm – à 4 h et à 8 h. Pour compléter la dimension stellaire de cette Lady Maestro, on admirera le « guillochage » décoratif du cadran, à la fois « soleillé » et circulaire, ainsi que la lunette sertie de 68 diamants. Les chiffres et les aiguilles sont en acier bleui, assorti aux phases de la lune.

MARCH LA.B : Charismatiquement rétro-nostalgique…

Cette nouvelle marque franco-californienne est pleine de mystères, mais aussi de ressources. March pour le mois de mars, mais ça peut également jouer pour le côté marche militaire, puisque les deux créateurs (français) semblent fous d’épopée impériale – ils ont même dédié une montre au 4^e régiment de Hussards ! LA pour Los Angeles, où le designer de l’équipe réside. B pour Biarritz, où le second surfe la houle de l’Atlantique. Ils viennent d’ouvrir au cœur du Marais (Paris), rue Charlot, une boutique pour repositionner leur marque vers un style de vie encore plus avant-gardiste, traduisez « life style tendance design accessible ». Témoin cette AM2 « bleu électrique », inspirée par les années soixante et animée par un mouvement électronique suisse façon années soixante-dix. Made in France pour le tout : les jeunes gens de la génération Y – ceux qui sont nés avec un portable au creux de la main, sans passer par la case montre au poignet – commencent à comprendre que la montre est un vecteur d’expression de la personnalité et un « truc » plutôt agréable à regarder, voire même finalement bien pratique pour lire l’heure…

TIMEX : Tous les feux cristallisés d’un cadran qui scintille…

Noir pour le boîtier aux dimensions généreuses pour une montre de femme (mais on est dans l’esprit « sculpture de poignet »), noir pour les cristaux Swarovski semés sur le cadran, noir légèrement irisé pour le bracelet : la nouvelle Easy Reader de Timex (version blanche également disponible, dans le même style scintillant) est une arme de séduction massive qui ne ruinera personne (moins de 70 euros), mais dont les dégâts collatéraux en soirée peuvent changer une vie. La rondeur est rassurante, mais la forme néo-classique intègre une touche d’excentricité bling-bling assez décalée pour être amusante. On tire la langue aux convenances sans se ruiner. C’est le vrai chic contemporain, plus malicieux que ruineux : c’est le nouveau « radin chic »…

SICIS : Si les Byzantins avaient porté des montres, ils auraient adoré…

La manufacture d’art mosaïque italienne Sicis, qui avait repris la tradition des grandes mosaïques de l’Antiquité et du Moyen Age, mais dans un style plus contemporain (Marilyn en haut de la page) et à une échelle décorative monumentale : 1,20 m x 1,20 m), vient de lancer une collection de montres en nano-mosaique de verres : chaque mini-tesselle de pâte de verre est colorée, découpée, puis ajustée, une par une, sur le cadran, pour former un motif décoratif abstrait, animalier ou figuratif. Alors que l’horlogerie suisse se gargarise de son recours aux « métiers d’art », nouvel Eldorado pour capter les nouvelles fortunes émergentes, Sicis réinvente lestechniques de cette nano-mosaïque pour la rendre plus accessible. La série des montres du « Grand Tour » nous promène dans les grandes villes du monde (Moscou, Beijing, etc.) : pour illustrer le Paris préféré des touristes, il n’aura pas fallu moins de 1230 micro-tesselles de verre, 0,13 carats de diamants, 3,34 carats de saphirs et 0,80 carats de rubis, dans un boîtier de 99 grammes d’or gris. On pourra découvrir les collections Sicis au salon Belles Montres, fin novembre (Carrousel du Louvre).

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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