Pourquoi la colère est plus efficace que la joie sur les réseaux sociaux <!-- --> | Atlantico.fr
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La tristesse et le dégoût provoquent très peu de corrélation entre les internautes.
La tristesse et le dégoût provoquent très peu de corrélation entre les internautes.
©Reuters

La minute tech

L'analyse des sentiments sur les réseaux sociaux est un domaine qui motive la recherche. Différentes études universitaires tentent de comprendre comment les émotions agissent ou non sur la propagation des informations.

Une étude scientifique chinoise disponible sur le site de l'université Cornell annonce doctement que la colère a plus d'influence que la joie sur les réseaux sociaux chinois. Ce genre d'affirmations peut sembler étrange mais il faut s'y accoutumer : une vague d'études tentent de comprendre les émotions en ligne.

La revue du MIT, le MIT Technology review, revient sur la méthodologie de l'étude sur l'influence en ligne de la colère, conduite sur l'équivalent de Twitter en Chine, Weibo :

"Les résultats indiquent clairement que la colère a plus d'impact que d'autres émotions, comme la joie ou la tristesse, un résultat qui pourrait avoir des implications importantes pour notre compréhension de la façon dont l'information circule sur les réseaux sociaux."

Les chercheurs ont pris leurs données sur Weibo, un site de micro-blogging qui compte 500 millions d'utilisateurs, qui publient environ cent millions de messages par jour. L'étude se base sur 70 millions de tweets de 200 000 utilisateurs, réunis dans un sous-réseau, construit pour les besoins d’observation des relations entre elles. Pour s'assurer que l'échantillon n'était composé que d’internautes actifs et connectés, l'équipe n'y a inclus que des personnes avec plus de 30 interactions durant six mois. Ils ont ensuite déterminé le sentiment contenu dans chaque tweet de leur base de données en analysant les émoticons que les messages contenait, et les ont classés en quatre catégories : joie, tristesse, colère, dégoût. (...) Enfin, ils ont suivi la façon dont ces sentiments se répandent à travers le réseaux. Par exemple, si une personne publie un tweet de colère, le destinataire va-t-il aussi renvoyer le même sentiment, et ainsi de suite. 

"Les résultats sont assez surprenants. Rui et son équipe ont trouvé que la tristesse et le dégoût provoquent très peu de corrélation entre internautes. Les messages joyeux font un meilleur score. Mais la corrélation la plus forte est de loin provoquée par des utilisateurs en colère. Rui et son équipe disent que la colère contamine aussi le voisinage dans lequel les tweets circulent, et ce jusqu'à trois degrés de séparation. Des quatre émotions pré-définies, la colère arrive donc largement en tête en pouvoir d'influence, de propagation."

L'étude portant sur des internautes chinois, quel genre de tweets de colère ont été étudiés pour en arriver à ces résultats ? Deux types d'événements semblent avoir provoqué des pics de colère durant la période étudiée. Les conflits territoriaux entre la Chine et d'autres pays asiatiques (par exemple, l'activité militaire des Etats Unis et de la Corée du Sud dans la Mer Jaune) ou tout incident avec le Japon. Viennent ensuite les problèmes sociaux, tels que les alertes à la sécurité alimentaire, la révélation d'un scandale de corruption politique ou l'expulsion forcée de propriétaires. 

Le MIT Technology review relativise les conclusions : "il serait intéressant de voir si le même effet peut être observé sur des réseaux occidentaux comme Twitter". 

Ce type de travaux, qui semblent encore très amateurs et tâtonnants, se multiplient. De nombreuses équipes s'aident de logiciels de reconnaissance de mots ou de hashtags et de calculateurs assez puissants pour suivre sur de longues durées des centaines de milliers d'internautes dans leurs activités sur les réseaux sociaux. Une autre étude récente du laboratoire de l'école militaire américaine de WestPoint a cherché à comprendre pourquoi et comment les ''influenceurs" détenaient tant de pouvoir sur la propagation des informations et comment les repérer. Tandis qu'à l'Université du Texas, un chercheur a étudié dans ses travaux (et n'a pas vraiment trouvé) quel pouvait être l'influence des sentiments sur le cours des actions en bourse. 

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