La chute de Nokia, ou comment l'Europe a fini par perdre la bataille du mobile<!-- --> | Atlantico.fr
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Les entreprises dont les plateformes mobiles dominent désormais le marché, c'est-à-dire Google, Apple et Microsoft, sont américaines.
Les entreprises dont les plateformes mobiles dominent désormais le marché, c'est-à-dire Google, Apple et Microsoft, sont américaines.
©Reuters

Le Nettoyeur

L’ex-numéro un des mobiles dans le monde Nokia a vendu mardi son activité de conception et de fabrication de portables à Microsoft pour 5,44 milliards d’euros.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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C'est la fin d'une ère. Microsoft a racheté la division “mobile” de Nokia. L'entreprise qui fut il y a quelques années le plus grand fabriquant de téléphones portables au monde et dont hier les parts de marché étaient à un chiffre ne fabriquera plus de téléphones.

Cet événement est un peu un symbole pour toute l'Europe. Il y a 7 ans, si on voulait faire la liste des entreprises les plus en pointe sur le mobile, ç'aurait été une liste européenne : Nokia, mais aussi Siemens et Ericsson. Aujourd'hui, cette liste est complètement différente : les entreprises dont les plateformes mobiles dominent le marché, c'est-à-dire Google, Apple et Microsoft, sont américaines. Le plus gros fabricant est Samsung, le sud-coréen.

Que s'est-il passé ?

Il y a eu une révolution dans le mobile, et cette révolution commence, bien sûr, avec l'iPhone. L'iPhone a été une innovation qui a changé la manière dont nous voyions le mobile. D'autres entreprises se sont engouffrées dans la brèche. Google a innové, avec son modèle open-source décentralisé pour Android face au modèle intégré d'Apple, copiant l'expérience utilisateur d'Apple mais inventant une nouvelle stratégie. Et Samsung a tiré son épingle du jeu dans la bataille des fabricants avec son expertise manufacturière (née de son expérience de fournisseur dans l'industrie) et ses économies d'échelle de grand conglomérat. Même Samsung, souvent décrit comme un simple suiveur, a innové en apportant des nouvelles tailles d'écrans pour les téléphones et tablettes qu'Apple a copié ensuite.

Dans cette grande guerre qui détermine l'avenir de l'informatique, qui à son tour imprègne tant nos vies, qu'ont fait les Européens, qui étaient leaders du marché ?

Pour résumer : rien.

Toutes ces grandes entreprises se sont fait dépasser complètement par le tsunami de l'iPhone et de l'Android. Nokia a essayé de rebondir en adoptant la plateforme de Microsoft, Windows Phone, mais c'était trop tard.

Il faut se rendre compte de l'énormité de la transformation. En quelques années - une période très rapide - le monde du mobile a été complètement transformé. Nous le voyons chez nous et autour de nous : nos voisins dans le métro ont tous acheté des smartphones en quelques années. A l'échelle de la planète, c'est maintenant plus d'un milliard de personnes qui sont dotées de ces terminaux connectés.

Pourquoi l'Europe, qui avait une telle position de leadership dans ce secteur vital, s'est-elle laissée renverser aussi vite et de manière aussi complète ?

Lorsqu'on regarde l'histoire des entreprises qui ont tiré leur épingle du jeu de cette révolution, on voit que deux critères ont été décisifs : l'innovation et la vitesse d'adaptation.

L'innovation, d'abord. Tout naît de l'iPhone, lui même né du génie de Steve Jobs. Mais c'est trop rapide de dire que tout vient d'un homme. Apple, c'est aussi une équipe de gens talentueux, une culture qui encourage l'innovation, une marque.

Ces innovations qui conquièrent le monde naissent principalement aux Etats-Unis. Apple est une entreprise fondée en 1976. Google fut fondée en 1998. Nokia et Siemens ont plus d'un siècle.

On voit ensuite qu'il y a eu une capacité d'adaptation très rapide des acteurs qui ont tiré leur épingle du jeu. Google, dont le projet Android préexistait à l'iPhone, l'a adapté pour prendre en compte les innovations de l'iPhone et a innové avec son modèle open source.

On voit donc que ces innovations et le succès de nouvelles idées et de nouvelles technologies naissent d'une certaine flexibilité. Pour créer des innovations, il faut une société ouverte aux nouvelles idées, ouvertes aux gens un peu étranges, comme Steve Jobs, qui dans les années 1970 était un hippie végétarien qui ne se lavait pas. C'est cette ouverture aux nouvelles idées qui a fait que les Etats-Unis sont le lieu où ces innovations sont nées. On ne peut pas en dire autant sur l'Europe.

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