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Le nouveau concept de la "curation"
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La minute "Tech"

Depuis le début de 2011, la « curation » est en débat chez les geeks. Vous ne connaissez pas ? Petit précis de vocabulaire sur les contenus du web, avec rappels et actualisation en prime.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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Il est déjà loin le temps où les contenus du web se répartissaient en deux catégories, le push et le pull. L’époque était binaire. Si les internautes n’allaient pas « tirer » les articles, les articles (et la pub) étaient « poussés » vers les internautes.

La « Reine de l’agrégation » empoche 315 millions de dollars

Depuis que les internautes produisent et échangent leur prose, musiques, photos et vidéos sous l’égide du web 2.0, les usages se sont diversifiés et la terminologie s’est enrichie de notions nouvelles, pas toujours précises. A la prolifération des contenus correspond une inflation lexicologique, farcie de néologismes approximatifs et instables. Car ce qui était in en automne a de fortes chances d’être out au printemps. Ainsi en est-il de la curation (curating, si vous êtes snob) que les initiés hexagonaux (geeks) ont découvert en novembre, venant bien sûr des « uhesses ».

Mettons donc les choses au point.

Agrégation : pratique qui consiste à rassembler sur une seule plateforme internet et généralement dans une interface unique des contenus provenant de plusieurs autres plateformes. La logique de cette offre, telle que la conçoit  Arianna Huffington, est de proposer de la visibilité à tous ceux qui ont quelque chose à dire. Depuis qu’Arianna a vendu sa plateforme à AOL pour 315 millions de dollars, elle est la cible de violentes attaques et même de la première grève de blogueurs avec eun plus une action judiciaire collective (class action suit), comme Microsoft en avait subi dans les années quatre-vingt dix. Arianna avait dit en substance aux blogueurs : « Je ne vous paie pas car, mettant à votre disposition la grande visibilité de ma plateforme, je vous offre l’occasion de monétiser votre talent ailleurs.» Sauf que, quand elle a empoché le chèque  de 315 millions offert par AOL, ceux qui avaient fourni gratuitement leurs contenus à la dame se sont demandé s’il n’y avait pas un truc bizarre dans le business plan de Mme Huffington, par ailleurs récidiviste notoire en plagiats.

Recommandation : des internautes conseillent des contenus à d’autres internautes. Le marketing viral adore la recommandation sur le web 2.0 puisque ce sont des « cibles » qui  recrutent et agrègent – gratuitement - d’autres « cibles » tout en déversant des milliards de données comportementales dans les data centers (immenses entrepôts de serveurs qui stockent et gèrent les agissements commercialement exploitables des internautes). Un des dispositifs de recommandation le plus amusant est le Who-To-Follow de Twitter. Il se base sur les abonnements existants du twittos (adepte du micro-blogging) pour lui conseiller des abonnements similaires. Le twittos , en somme, se fait des recommandations à lui-même, en laissant au passage quelques données comportementales.

La curation, c’est de l’agrégation contextualisée

Curation : pratique qui consiste à sélectionner des contenus précis en anticipant sur des attentes particulière des internautes. La curation est plus sélective, plus spécialisée que l’agrégation. Elle anticipe et elle cible mais surtout elle crée un contexte autour des contenus qu’elle agrège. Elle se propose d’aider les internautes à s’y retrouver dans le chaos des contenus du web. Comme l’écrit un adepte de la curation : « On met de l’humain à la place des algorithmes de tri. » Le tri, c’est ce qui séparerait le grossiste Youtube du détaillant ShortForm (Voir « Aller plus loin »). 

S’agissant de curation dans l’information, sélection des informations à placer dans un contexte, , les journalistes patentés se mettent à hurler : « Quoi ? Mais c’est à nous de faire le tri entre le bon, le moins bon et le pas bon du tout ! Au secours, c’est la crise de la presse et on veut nous prendre notre travail » Bien sûr, bien sûr…Puis les veilleurs professionnels se sont réveillés : « Quoi ? Il y en a qui cherchent sur le web des contenus précis ? Mais c’est notre travail, çà ! Au voleur, on veut nous piquer nos emplois ! » Evidemment, si les « veilleurs amateurs » viennent renforcer les « journalistes citoyens », les professionnels de ces professions ont intérêt à chercher l’adresse du Pôle Emploi le plus proche. Rassurons-les quand même: seuls les médiocres sont menacés, les autres s’en sortiront par le haut.

Car il y a pire que l’agrégation et la curation.

Google rétrograde les fermes

Les fermes à contenus : petites entreprises à fort potentiel de développement (start up) qui produisent des contenus inspirés par les requêtes les plus nombreuses sur les moteurs de recherche. L’idée est que si les internautes demandent quelque chose aux algorithmes de Google, il faut écrire massivement ce que les internautes veulent lire. Comme çà, les articles des fermes à contenus arriveront en tête des résultats de Google et la publicité déversera son argent dans l’escarcelle des content farms. Curieusement, les journalistes se taisent. Peut-être parce que certains sites sont des fermes à contenus déguisés en organes de presse. C’est Google qui a hurlé : « Quoi ? On se sert des requêtes de mes internautes chéris pour tromper mes algorithmes de classement de résultats ? Mais c’est du dopage de pages vues, çà ! Pas question ! » Et Google de rétrograder les fermes à contenus dans l’affichage de ses classements.

Mais voilà que les dirigeants du très respecté « USA Today » envisageraient de verser des primes aux auteurs des articles les plus lus. Il y a là comme une incitation à privilégier les articles qui seront les plus recherchés sur Google. Des articles un peu plus racoleurs. Oh vilain mot !

Ah ! J’allais oublier: il y a aussi Stats Monkey,  le robot journaliste (à ne pas confondre avec les journalistes robotisés par que le conformisme) qui « couvre » les matches de baseball en incrustant les données statistiques instantanées d’une rencontre dans un article sportif modélisé par l’informatique sémantique.

Avec tout çà, les populations du web 2.0 sont forcément très bien informées.

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