#occupyistanbul, Twitter contre Erdogan <!-- --> | Atlantico.fr
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“Il y a maintenant une menace, a déclaré le Premier ministre turc a la télévision dimanche, "qui s'appelle Twitter. Pour moi, les médias sociaux sont la pire menace pour la société”.
“Il y a maintenant une menace, a déclaré le Premier ministre turc a la télévision dimanche, "qui s'appelle Twitter. Pour moi, les médias sociaux sont la pire menace pour la société”.
©Reuters

Hashtags

Le soulèvement en Turquie qui a déjà fait deux morts se déroule sous les yeux du monde entier via Twitter. Un flux constant de photos et de vidéos a permis de contourner la censure des médias turcs, les hashtags devenant les nouvelles chaines d'info d'une situation devenue incontrôlable.

Istanbul : Photo @UZAKMESAFE sur Twitter

Tout a commencé par une petite manifestation à Istanbul et l'occupation du parc Gezi pour le préserver des promoteurs. La police a expulsé les opposants avec une brutalité extrême. Les preuves ont surgi sous forme de photos sur Twitter. Les hashtags ont été créé :   #occupytaksim #occupyturquey, et bien d'autres..

Cinq jours plus tard, les grandes villes de Turquie sont secouées d'énormes manifestations et le gouvernement Erdogan est dépassé.“Il y a maintenant une menace, a déclaré le Premier ministre a la télévision dimanche, "qui s'appelle Twitter. Pour moi, les médias sociaux sont la pire menace pour la société”. 

Graphisme symbolisant le début des manifestations, pour stopper la destruction des arbres du parc Gezi

Twitter est effectivement devenu la pire menace pour Erdogan : devant le black-out sur les événements imposé aux médias turcs, il est devenu la chaîne centrale d'information locale et internationale d'une Turquie prospère mais maintenant enveloppée de gaz lacrymogène, car exaspérée par la conception de la "démocratie à la turque" du premier ministre.

Les centaines de milliers de tweets, de photos et de video-stream en direct permettent de suivre  toutes les manifestations à Istambul, Izmir, Ankara. Un blog central OccupyGezia été créé pour les centraliser. Le hashtag fait d'ores et déjà partie des records de Twitter et des médias sociaux.  

Graphique de la propagation des tweets géolocalisés publiés en Turquie ( réalisation Benedikt Koehler)

Dans une situation qui se crispe et dérape rapidement, L'observatoire de la vie politique turque, le blog universitaire du chercheur Jean Marcou,  a publié une analyse des raisons de cette colère. "De quoi Taksim et Gezi Parkı sont-ils le signe ?'. 

"Au cours des derniers mois, le gouvernement a multiplié les mesures touchant aux modes de vie : réforme de l’éducation valorisant l’essor des établissements religieux, tentative de réduction du délais légal pour avorter, et très récemment limitation de la vente d’alcool. Malgré l’enlisement de la réforme constitutionnelle au parlement, par ailleurs, beaucoup d’indices laissent penser que le parti au pouvoir entend finalement faire passer son propre projet constitutionnel par référendum, ce qui lui permettrait d’instaurer un régime présidentiel, ouvrant la voie à une longue présidence de Recep Tayyip Erdoğan. En dernier lieu, les émeutes de Taksim interviennent au moment où la situation internationale est particulièrement tendue aux frontières de la Turquie, et où l’attentat de Reyhanlı fait craindre une extension de la crise syrienne aux territoires turcs frontaliers, amenant à s’interroger sur des choix diplomatiques que l’AKP (ndr, parti au pouvoir) n’a cessé de présenter au cours des dernières années de façon tout aussi grandiloquente que ses projets stambouliotes et ses succès économiques." 

Et à Istanbul même, trop de bouleversements urbains, trop vite :

"Lors de sa dernière campagne électorale, en 2011, le premier ministre a ainsi annoncé le creusement d’un «Kanal» pour doubler le Bosphore. Il y a quelques jours, il a lancé la construction d’un troisième pont au nord du Bosphore. A l’autre bout du détroit, le projet de métro souterrain «Marmarail» va relier les parties européenne et asiatique de la ville, tandis qu’une mosquée gigantesque édifiée sur la colline de Çamlica dominera la nouvelle Rome. Inéluctablement l’AKP plante le décors de ses succès et ce faisant dépossède une partie des habitants d’Istanbul de leur histoire et de leurs repères".

Dans les rues d'Istanbul, les pancartes résument : 'Ce n'est pas à propos d'un parc. C'est à propos de la démocratie'. 

Photo sur le compte Twitter de @DENZKARASU "

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