Mango, Gap ... Made in Bangladesh, made en enfer <!-- --> | Atlantico.fr
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L'effondrement d'un immeuble d'ateliers de confection au Bangladesh a causé la mort de centaines d'ouvrières.
L'effondrement d'un immeuble d'ateliers de confection au Bangladesh a causé la mort de centaines d'ouvrières.
©Reuters

Revue de blogs

L'effondrement d'un immeuble d'ateliers de confection au Bangladesh, qui a causé la mort de centaines d'ouvrières, entraîne aussi des marques occidentales dans le scandale. Un syndicat informel de consommateurs s'est constitué en ligne pour que les marques assument au moins la sécurité en échange de marges intéressantes.

Sur le site d'information du Bangladesh BDnew24, les photos de la tragédie de l'immeuble Rana Plaza sont classées par jour. Jour 1 : l'effondrement d'un immeuble de huit étages, les rescapées suffoquant, les blessées. Jour 2 :  les décombres, les tentatives de sauvetage, l'identification des corps. Jour 3 : l'arrestation des contremaîtres et du propriétaire d'un immeuble dangereux, fissuré, qui avaient obligé les ouvrières à retourner à leur machine à coudre après un ordre d'évacuation. Sur sa page Facebook,  Mohamed Yunus, prix Nobel de la paix et bengladais, a publié la photo que les médias ont écartée, trop dure. Le sort des ouvriers et surtout des ouvrières du secteur confection les moins chers de la planète, 45 dollars par mois, dans le pays deuxième exportateur de vêtements au monde, juste après la Chine. 

Le très lourd bilan(397 victimes recensées pour l'instant, plus de 1000 blessés) a choqué, mais cette tragédie n'est que la plus meurtrière et la dernière en date d'une longue suite d'incendies et d'accidents dans le quartier de la confection à Dacca, surnommé "le triangle de feu". 

De multiples appels à signer, manifester, harceler les marques fabricant au Bangladesh apparaissent ces jours-ci aux Etats-Unis et en Europe, avec des lettres types adressées aux responsables de 'l'éthique" ou de la "durabilité" des marques. Sur un site de pétitions,Change.org, les pétitions pour demander à Walmart ou Tomy Hillfiger de financer et surveiller la sécurité dans les ateliers de confection s'accumulent depuis 2011. Les histoires d'horreur ouvrière sont de longue date sur tous les blogs militants, et elles résonnent aujourd'hui particulièrement aux Etats-Unis, où l'incendie de l'atelier Triangle Shirtwaist à New York est imprimé dans la mémoire collective et l'Histoire, pour avoir imposé des normes de sécurité aux usines dans toute l'Amérique. C'était en 1911, et 131 immigrées italiennes y avaient trouvé la mort.

Photo  sur Twitter : manifestation devant un magasin GAP en Californie

Les marques dans la mire

Aux Etats-Unis, l'onde de choc atteint particulièrement la marque GAP, attaquée sur les médias sociaux, car son refus de participer à un programme de sécurisation des ateliers de confection au Bangladesh, en 2012, a resurgi et s'est immédiatement retourné contre la marque.

Pour Walmart, Triplepunditexpose les coulisses de la sous-traitance ordinaire au Bangladesh :"Une des sociétés qui opérait dans l'immeuble effondré était EtherTex, qui dit  fournir des vêtements à Wallmart. L'atelier employait 530 personnes, surtout des femmes, et n'avait besoin que de quatre unités de production pour produire 960 000 articles chaque année. Ceci signifie que chaque ouvrière fabriquait 1 811 article par an. Pour produire si vite, les femmes travaillaient 13 heures par jour de 8 heures du matin à  9 heures du soir, six ou sept jours par semaine. (...) Il rappelle aussi des déclarations passées de Walmart, depuis longtemps pressé de prendre des mesures après un énième incendie d'atelier : "Nous parlons de  4 500 ateliers, et dans la plupart des cas, des rénovations importantes et coûteuses sont nécessaires. Il n'est pas possible pour les marques de faire de tels investissements". Le chiffre d'affaires de Walmart est de 17 milliards de dollars. 

Pour Tommy Hilfiger, NeonTomy rappelle que les enquêtes et reportages de la chaine ABC sur la responsabilité de la marque dans un l'incendie d'atelier à Ashulia, qui avait fait 29 victimes en 2010, n'avait rien changé. Depuis, dans les ateliers qui fabriquent pour cette marque, "un travailleur est récemment mort quand le câble d'un monte-charge s'est rompu, deux autres ont été écrasés par une chaudière qui a pris feu dans un autre atelier, où là encore les issues étaient cadenassées. Aucune action ne semble convaincre ces marques de prendre des mesures."

Menaces de boycott

Cette fois-ci, un syndicat informel d'activistes et de consommateurs choqués s'est constitué en ligne et pourra peut-être obtenir plus, par les menaces de boycott.  En Europe, Mango, qui faisait fabriquer dans l'immeuble effondré, est sous un tir de barrage et tente de sauver ce qui reste de son image. Le compte Twitterde la marque Mango s'est tu depuis le message offrant de pâles condoléances aux familles des victimes.

La marque Primark, en Grande Bretagne, et le groupe de distribution canadien Loblaw ont annoncé qu'elles indemniseraient les familles des victimes. Et cette fois-ci, au Bangladesh, où un deuil national a été décrété, des blogueurss'organisent et sont prêts à s'assurer sur place que les annonces seront suivies d'effets.

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