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FN : Des électeurs venus de partout mais pas très convaincus
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Si la droite a fourni des renforts au FN au second tour des cantonales dans les duels dont elle était éliminée, la gauche a également été un pourvoyeur important de voix. Ces reports sont toutefois à relativiser dans la mesure où il n’y a qu’un électeur sur deux du FN à considérer que le parti d’extrême droite est capable de gérer la France.

Tous les indicateurs semblent démontrer que le FN, au-delà des deux conseillers généraux élus (à Caprentras et Brignolles), a nettement progressé à l’occasion des élections cantonales des 20 et 27 mars derniers.

Comme nous le soulignait Atlantico dès lundi, l’IFOP constate une progression importante de plus de 10 points quelle que soit la configuration de second tour.

Y’a-t-il eu un effet Marine Le Pen ? Et le vote FN demeure-t-il un vote protestataire ou se transforme-t-il en vote de conviction ?

Il y a incontestablement un effet Marine Le Pen, même si l’adhésion aux idées du FN n’est que partielle,  auprès de l’électorat frontiste des cantonales

Selon la SOFRES, les deux-tiers (63%) de l’électorat FN du second tour disent voter pour le FN davantage par rejet de l’autre candidat que par adhésion pour le candidat FN (32%). Au total, si Marine Le Pen a amélioré l’opinion que les électeurs FN du second tour avaient sur le parti (pour 77% d’entre eux), leur adhésion idéologique reste partielle : 46% adhèrent aux critiques et aux solutions du FN, 42% adhèrent aux critiques mais pas aux solutions et 10% n’adhèrent ni aux critiques ni aux solutions. Par ailleurs, si la totalité d’entre eux sont convaincus que c’est une bonne chose que le FN ait des élus lors de ces cantonales, les électeurs du FN ne sont que 85% à estimer que le FN est capable de diriger un département et 50% qu’il est capable de diriger la France.

Connait-on le profil de l’électeur FN aux cantonales ?

Si l’on s’en fie aux dernières études IPSOS/France Télévisions, le FN a non seulement fait quasiment le plein de ses supporters (72% des électeurs de Le Pen 2007 et 78% de ses sympathisants) pour un scrutin qui ne lui était, jusque là, pas favorable, mais il a aussi capté 13% des électeurs de Nicolas Sarkozy de 2007 et 8% de ceux… de François Bayrou. Et plus largement 16% des hommes, 15% des femmes (ce qui est nouveau), 18% des 18-24 ans (14% des plus de 60 ans) et 24% des ouvriers (11% des cadres supérieurs)…

Comment ont été perçues et entendues les consignes de vote des différents partis ?

Selon la dernière enquête SOFRES/Canal+/Nouvel Observateur du 29 mars,  51% des habitants des cantons à duels avec le FN (et 62% des sympathisants de gauche) nous disent que les consignes de vote du PS en cas de duel avec le FN ont été claires. L’UMP semble avoir été moins claire : 35% des habitants des cantons seulement (et 49% des sympathisants UMP) ont trouvé ses consignes claires.

Au final, les consignes ont été peu suivies, même si elles semblent avoir été plus efficaces à gauche qu’à droite : dans les cantons avec un duel droite-FN, seuls 31% des électeurs (ou abstentionnistes) de gauche du premier tour disent avoir tenu compte des consignes de vote du PS. De même, seuls 20% des électeurs (ou abstentionnistes) de droite du premier tour disent avoir tenu compte des consignes de vote de l’UMP dans les cantons avec duel gauche-FN.

D’où sont venues les voix du FN au second tour des élections cantonales ?

Guillaume Peltier, La Lettre de l’Opinion : Le Front National a progressé de manière significative grâce à la droite mais aussi et dans une proportion légèrement plus importante grâce à la gauche.

Le FN progresse autant face au PC que face au PS ou l’UMP. Ceci démontre que le FN dispose de réserves importantes et diversifiées : dans les cantons où se déroulait un duel droite/FN, la progression de près de 11 points du score du FN ne peut s’expliquer sans reports significatifs d’une partie de l’électorat de gauche.

De la même façon, la forte progression face à la gauche indique qu’une part significative de l’électorat de droite du premier tour dans ces cantons n’a pas opté pour le « ni, ni » et a voté Front National au second tour.

Selon l’analyse de Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l’IFOP, des reports conséquents en provenance de la gauche ont bien eu lieu.

Pour s’en convaincre, on peut s’intéresser au cas de cantons où le nombre de suffrages exprimés a très peu varié entre les deux tours et où il n’y avait au premier tour que des candidats de gauche et un du FN et un de droite. Dans ces cantons, où la gauche a été éliminée laissant la place à un duel droite/FN, l’observation des transferts est donc plus aisée et plus nette. Or comme on peut le voir dans le tableau suivant, il apparaît de manière assez manifeste qu’une fraction de l’électorat de gauche a voté FN au second tour.

Où le FN a-t-il réalise ses meilleurs scores ?

Au total, sur les 394 cantons où il était présent en duel au second tour, le parti de Marine Le Pen passe de 25,2 % au premier tour à 35,6 % au second et en nombre de voix de 623 682 à 899 944 soit plus de 276 000 suffrages gagnés en une semaine.

La progression du FN entre les deux tours concerne les bastions historiques : + 17,2 points à L’Isle sur la Sorgue dans le Vaucluse, + 17,1 à Guebwiller dans le Haut-Rhin, + 16,9 % au Luc dans le Var ou bien encore + 16 à Canet dans les Pyrénées-Orientales par exemple mais également des terres de conquête : + 15,8 points à Marennes en Charente-Maritime, +15,3 à Lignières dans le Cher ou + 14,4 à Pleine-Fougères en Ille-et-Vilaine.

Ces chiffres viennent souligner l’ampleur de la « poussée frontiste », ce parti franchissant la barre des 40 % dans pas moins de 83 cantons et dépassant 45 % dans 22 cantons (cf. tableau en bas d’article).

Guillaume Peltier pour la Lettre de l'opinion

Jérôme Fourquet pour l'IFOP

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