Pourquoi la fiscalité créative même venue des Etats-Unis ne semble pas très efficace en France<!-- --> | Atlantico.fr
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Une "dévaluation fiscale", soit augmenter la TVA et diminuer le coût du travail, permettrait d'arriver au même résultat qu’une dévaluation monétaire.
Une "dévaluation fiscale", soit augmenter la TVA et diminuer le coût du travail, permettrait d'arriver au même résultat qu’une dévaluation monétaire.
©Reuters

Revue d'analyses (financières)

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Aux Etats Unis où nous sommes cette semaine, les démocrates et les républicains se rejettent la responsabilité des coupes budgétaires. Barack Obama, président des Etats-Unis, a donc signé le décret qui déclenche une coupe automatique de 85 milliards de dollars dans les dépenses de l’Etat. Cette procédure a été baptisée du nom significatif de « sequestration ». Cela aura en fait un impact sur la croissance difficile à quantifier pour le moment et un impact limité sur le déficit, car l’essentiel des dépenses se produit au niveau de Medicare, Medicaid et de la Sécurité Sociale qui ne sont pas touchés.

Les économistes qui conseillent le président de la République français aiment bien montrer que leur source d’inspiration peut se trouver aux Etats-Unis. C’est notamment le cas de Philippe Aghion qui s’est inspiré  des travaux de Gita Gopinath, professeur à Harvard. Elle a inventé le concept de « dévaluation fiscale » qui produirait selon elle les mêmes effets qu’une dévaluation monétaire. Il suffirait d’augmenter la TVA et de diminuer le coût du travail pour arriver au même résultat. C’est bien l’idée qui a été retenue par le Crédit d’Impôt pour la compétitivité et l’Emploi (CICE), mesure phare du gouvernement Ayrault, pour essayer de relancer la croissance. Selon les calculs effectués par l’OFCE, l’effet sur la croissance du PIB français serait de zéro !

En Italie, les dernières élections sont la forme la plus proche d’un référendum sur l’Europe que l’on ait eue depuis dix ans. La réponse est toujours négative comme lors des précédentes consultations, notamment en France. Les invectives de Beppe Grillo remplissent en fait la fonction assumée autrefois par le fou du Roi dans toutes les cours européennes. Il disait à voix haute ce que taisaient par lâcheté les courtisans qui entouraient le prince. Les électeurs italiens ne croient pas que l’austérité sauvera leur pays. Il n’en demeure pas moins que l’Etat de déliquescence de la société italienne, après quinze ans de berlusconisme, nécessite des mesures courageuses. L’économie ne peut prospérer coincée entre l’économie illégale, la mafia et le crime organisé… Heureusement tout cela n’a pas empêché l’Italie de placer pour plus de 6 milliards d’euros d’obligations à 4,83% !

Le Portugal tout comme l’Irlande pourraient se voir accorder un allongement de leurs échéances par L’Eurogroupe.

En Franceon est à l’heure de l’épreuve de vérité. Le nombre de demandeurs d’emplois est proche du record de janvier 1997 (3,1 millions). Il ne s’agit plus d’essayer de gagner du temps en attendant une reprise de l’économie européenne qui n’aura pas lieu.

Parmi les mauvais signes de la semaine, nous avons le vote par l’Assemblée de la loi d’amnistie des syndicalistes qui vise les délits passibles de moins de cinq ans commis lors de mouvements sociaux. Il s’agit tout simplement d’amnistier des délits qui ont abouti à des destructions dans des usines et mis en danger des personnes. Les droits de casser et de séquestrer ont donc été sanctifiés par la République !

La remise en liberté « par erreur » de dix dealers de drogue présumés par un Juge d’Instruction dans une affaire à Créteil ne pourra que satisfaire tous les policiers qui s’étaient donnés beaucoup de mal pour les arrêter !

Le Rapport Colin et Collin sur la fiscalité du numérique s’inscrit bien dans le cadre d’une

élite qui ne comprend décidément toujours pas grand chose à la troisième révolution industrielle. Pour Nicolas Colin, Inspecteur des Finances, il est inacceptable que les entreprises du numérique puissent se débrouiller toute seule. Il faut donc les  taxer. Seule une politique menée par l’Etat pourra, selon lui développer le numérique. Au lieu de se placer sur le plan idéologique, il aurait été plus utile de se battre sur le terrain de la réalité. En effet, il fallait se battre sur le terrain de la fiscalité.

Google exfiltre en Irlande la quasi totalité de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices réalisés dans l’hexagone. Microsoft utilise les mêmes astuces fiscales que Google en facturant en Irlande des prestations réalisées en France. Apple a pris l’habitude de faire transiter son chiffre d’affaires entre les Iles Vierges Britanniques et l’Irlande. Le système est si efficace qu’Apple a payé moins de 2% d’impôts sur les bénéfices réalisés à l’extérieur des Etats-Unis. Aux Etats-Unis, la société a été imposée à 25% et y a réglé 1,2 milliards de dollars au fisc américain !

Aux Etats-Unis, on voit bien que le pays est en train de reconstruire sa base industrielle grâce aux capitaux très importants investis dans l’innovation et à un prix de l’énergie compétitif. Le redressement de GM devrait être étudié de près par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement Productif. General Motors s’apprête à verser à chacun de ses salariés un bonus de 6 600 dollars au titre de l’année 2012. C’est impressionnant pour une société qui avait déposé son bilan en 2009 après 80 milliards de dollars de pertes. Le redressement a été mené avec toutes les parties prenantes en fermant quatorze usines sous productives et en supprimant un emploi sur trois. Tout cela a pu être mené avec une injection d’argent public mais sans freins politiques ni retard judiciaires.

En France,  le troisième plan social de Fralib, filiale d’Unilever, a été annulé par la Cour d’Appel d’Aix en Provence qui a demandé à Unilever de « reprendre au début ladite procédure et de présenter au Comité d’Entreprise un plan de sauvegarde de l’emploi concernant l’ensemble des salariés du site de Géménos ». On voit bien la « destruction créatrice » de Schumpeter fonctionner plutôt bien aux Etats-Unis et pas du tout en France.

Au Japon, c’est bien Haruhiko Kuroda qui a été nommé à la tête de la Banque du Japon. Il aura la responsabilité de mettre en œuvre Abenomics…

En Chine, la reprise marque le pas. L’expansion de la production manufacturière est au plus bas depuis 5 mois.

Le Brésil essaye aussi de relancer sa croissance. Depuis le début de 2012 les valeurs brésiliennes ont perdu 2,4% alors que la bourse de Mexico a progressé de 16%.

Le Liban a organisé cette semaine une campagne de communication auprès des investisseurs américains à New York. Malgré un environnement très difficile dû à la situation en Syrie, l’économie résiste plutôt bien puisque la croissance serait de 2,5% en 2013. Certes le déficit budgétaire restera proche de 6% avec un niveau d’endettement représentant plus de 130% du PIB. David Grayson, président d’Auerbach Grayson, broker qui représente à New York 13O broker de pays émergents avait invité les trois plus grandes banques libanaises : Freddie Baz, General Manager de Banque Audi, Saad Azhari Chairman de Blom Bank et Sami Haddad General Manager de Byblos Bank. Elles ont toutes réduit considérablement leurs engagements en Syrie après avoir passé des provisions. Elles se redéploient à l’étranger, en Turquie pour Banque Audi, en Afrique pour Byblos Bank.

Matières premières : gros coup de mou sur les métaux

Le cuivre est au plus bas depuis le début de l’année. Venant de 8300$/T il a cassé les 7900$/T car on s’attend à ce que la demande baisse au cours des prochains mois alors que de nouvelles capacités vont entrer en production an Chili et en Mongolie.  Sur l’aluminium les stocks sont très importants tout comme sur le plomb et le zinc.Le pétrole cède aussi du terrain avec le Brent qui a cassé le seuil de 114$ le baril.  Le blé est au plus bas depuis huit mois. La neige qui est tombée sur les Grandes Plaines américaines est un signe favorable qui après la sécheresse de l’année dernière permettra de bien meilleures récoltes.

L’or intéresse de nouveau de grands investisseurs, le plus impliqué étant John Paulson de Paulson & Co qui détient la plus grosse position sur le tracker SPDR Gold Trust avec 22 millions de titres !

Secteurs : échec du solaire en France

L’industrie solairea sévèrement ralenti en France. Les raccordements de nouvelles installations ont chuté d’un tiers à 800 mégawatts contre 5 gigawatts en Allemagne. Le photovoltaïque produit en France 0,5% de l’électricité. La France échoué en prenant des mesures fiscales incitatives favorisant en priorité les fabricants chinois, puis en s’engageant à racheter la production électrique à des prix élevés. Comme ils étaient intenables ils ont baissé en un an de 16% pour le résidentiel, de 22% pour les moyennes toitures et de 26% pour les centrales au sol. Sur deux ans la perte est comprise entre 45% et 70%....

Les sociétés occidentales comme Wacker Chemie (Allemagne), Solarworld (Allemagne) Q-Cells (Allemagne), REC(Norvège), First Solar (US) quia baissé de 18% lors de l’annonce de ses résultats cette semaine. Sunpower (US) ont été fortement concurrencées par les sociétés chinoise notamment Suntech Power Holdings (n°1 mondial des panneaux),  LDK Solar (n°2),Yingli Green Energy, Trina Solar. La Chine dont les coûts de fabrication sont inférieurs maintenant  de 60% à ceux de l’Occident est en situation de surcapacité et d’endettement… C’est probablement un peu tôt mais il faudra savoir se réintéresser au secteur. A suivre

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