Mademoiselle Chanel, Eva Braun et Mme la ministre de la Santé : toute l'actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Ces diamants que la place Vendôme interdisait à Chanel...
Ces diamants que la place Vendôme interdisait à Chanel...
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Et aussi : un tourbillon dans un trou noir, des diamants et une lune triste...

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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• PASSIF : On a retrouvé la montre de Hitler...

Et l’Allemagne ne sait pas trop quoi en faire. Cette petite montre en platine, réalisée à la fin des années 1930 par la maison Eszeha, de Pforzheim (une marque qui appartenait à la famille Scheufele, actuels propriétaires de la maison Chopard, en Suisse), porte une dédicace personnelle du Führer à Eva Braun. Elle était conservée dans les collections de la Pinacothèque de Munich, avec de nombreux objets autrefois en possession d’Adolf Hitler. Le Spiegel (Allemagne) vient de lever le lièvre, en soulignant à quel point la gestion du patrimoine personnel des dignitaires du Reich avait été aussi opaque que maladroite. Que faire de cette montre ? L’exposer susciterait de malsaines curiosités. La vendre provoquerait de douteuses enchères de « collectionneurs » pas forcément bien intentionnés. La détruire serait absurde et la renfermer dans un coffre tout autant. Le meilleur pour la fin : voir cette montre en platine – dotée d’un mouvement suisse – à la Une du Spiegel pour symboliser les biens personnels du Führer, c’est prouver à quel point les montres sont devenus des objets totémiques de toutes nos crispations contemporaines. On l’a souvent écrit ici même : une montre, c’est beaucoup plus qu’une montre (la preuve par Marisol : ci-dessous)...

• MARISOL : À la faiblesse du poignet...

Marisol Touraine, la ministre socialiste de la Santé, sait qu’une montre, c’est plus qu’une montre. Pendant la dernière campagne présidentielle, on ne voyait qu’elle et sa Chanel J 12 blanche (ci-dessous, à gauche). Depuis qu’elle fréquente le conseil des ministres, quelqu’un a dû lui faire une réflexion : elle ne porte plus que des Swatch ou des Ice-Watch très colorées, rouges ou mauves, visiblement en plastique, ostentatoires dans leur anti-ostentation. Apparemment, la ministre n’a pas compris que Chanel était une marque française, pas spécialement bling-bling, aussi normale que son président, alors que ses montres en plastique sont soit suisse (Swatch), soit belge (Ice-Watch). La montre, c’est le nouveau cilice mortificatoire des poignets socialistes. Pour expier quel péché ?

• BAUME & MERCIER : Le choix dans la date

Vite lassés par les montres néo-classiques (heures, minutes et secondes dans un boîtier rond), les amateurs aimeraient bien se lancer dans les « complications » mécaniques, mais les plus prestigieuses sont rarement compatibles avec les moyens des collectionneurs moyens. Les marques suisses ont compris la tendance et relancent ces « petites » complications qui affirmaient autrefois la suprématie de l’horlogerie suisse. Une des plus célèbres était la « triple date » – la date, le jour, le mois – le plus souvent complétée par un guichet où défilent les phases de la lune. Nouveauté 2013 chez Baume & Mercier, la collection Clifton nous propose ainsi un « calendrier complet » qui a des accents vintage, mais dans un style contemporain très vigoureux (boîtier en 43 mm, cadran bleu satiné, mouvement automatique Dubois Dépraz. On regrettera que le disque de la phases de la lune soit d’un bleu marine plutôt tristounet, alors qu’on aurait pu imaginer un bleu plus rare et assorti au cadran...

• CHANEL : La révélation Pathé 1932

Une simple maison de mode qui fait des montres et des bijoux ? Concernant Chanel, c’est totalement inexact, et on en trouve la preuve dans les actualités Pathé de 1932 : diffusé avec le « grand film » dans les cinémas, cette mini-bande d’actualités (à découvrir sur Business Montres Vision) nous révèle quelques bijoux dessinés et exposés à l’époque par Gabrielle Chanel, qui avait voulu faire un pied-de-nez à la crise en travaillant des diamants. La montre sertie qu’on aperçoit dans ces actualités n’a pas été retrouvée, mais elle repousse de plus d’un demi-siècle la légitimité de Chanel sur le marché des montres. Où a pu passer cette montre ? On le découvre dans une autre vidéo (toujours sur Business Montres Vision) : Mademoiselle Chanel brisait trop les conventions et elle cassait trop les codes de la place Vendôme pour que ces Messieurs de la Haute Joaillerie ne se froissent pas d’être ainsi démodés par une « petite couturière ». Chanel libérait les femmes de leurs bijoux-carcans comme elle les avait libéré de leurs vêtements-prisons : la colonne Vendôme tremblait sur ses bases ! L’établissement joaillier parisien fera tout pour faire interdire à Gabrielle Chanel de vendre ses diamants : il faudra qu’elle disperse et dessertisse tous ses bijoux, et donc cette montre...

• CARTIER : Un double mystère tourbillonnant

Regardez bien la montre ci-dessous : heures, minutes, OK, c’est facile à comprendre. Dans le « ventre » de la montre, une sorte de « trou noir » entièrement transparent, avec une cage et des rouages mécaniques au centre, comme suspendus dans le vide : pas de connexion apparente avec le mouvement de la montre, celui qui permet d’afficher l’heure... Et pourtant : cette cage est un tourbillon, « complication » superlative que les horlogers suisses adorent [même si Cartier est une marque française, les montres sont Swiss Made], non seulement parce que ce tourbillon permet de faire payer la montre beaucoup plus cher, mais aussi parce qu’il rend la montre plus précise. On parle ici de « double tourbillon mystérieux » : double pour la double rotation de cette cage, sur elle-même en une minute et tout autour de son « trou noir », comme un satellite, en cinq minutes. Pourquoi « mystérieux » ? Précisément à cause de l’absence de tout rouage apparent : si ce tourbillon assure la régulation du tic-tac de la montre, c’est grâce aux disques en verre saphir invisible qui transmettent leur énergie régulée au mouvement de la montre, au verso. La double course de ce tourbillon dans un espace mystérieux est un enchantement fascinant...

• CABESTAN : On a flashé sur la Lune

Les amateurs de montres sont des adorateurs de la Lune, notamment sur leurs cadrans. Mieux qu’une lune trop discrète dans son guichet [voir ci-dessus Baume & Mercier], ils plébiscitent les lunes sphériques en trois dimensions, dont les différentes phases sont représentées tout au long du mois lunaire (selon un cycle de 29,5 jours). La montre Cabestan est déjà originale par ses engrenages verticaux (en haut à droite, l’heure et les minutes ; les secondes en bas à droite), son tourbillon vertical (à droite, entre les minutes et les secondes), sa chaîne et sa fusée (à gauche de la montre) pour distribuer l’énergie dans la montre et sa réserve de marche (en haut à gauche) de 72 heures. Au cœur de la montre, une superbe lune en 3D, dont la couleur reste à la discrétion du client : les différentes phases sont affichées par un « cache » qui vient progressivement recouvrir ou découvrir la Lune...

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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