"It's the economy, stupid !" : comment l’opposition peut lutter contre l’anesthésie du débat politique par François Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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Tant que dure la guerre au Mali, Hollande gagne du temps avant que les médias ne recommencent à se focaliser sur son bilan domestique.
Tant que dure la guerre au Mali, Hollande gagne du temps avant que les médias ne recommencent à se focaliser sur son bilan domestique.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Cette semaine, Serge Federbusch revient sur l'intervention française au Mali comme nuage de fumée devant la crise économique.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 – Au Mali soit qui Mol y pense 

Nous aurons, une fois n’est pas coutume, quelque reproche à faire à nos amis de Causeur qui justifient l’intervention française au Mali en expliquant qu’elle ne peut être motivée par de sordides calculs économiques puisque les mines d’uranium limitrophes seraient inexploitables par les rebelles touaregs/islamistes/terroristes/narco-trafiquants (rayer les mentions inappropriées en fonction de votre analyse du sujet). De pures considérations humanitaires auraient donc décidé notre chef de guerre et de l’Etat ? Il n’aurait d’objectif que d’endiguer la charia au Sahel ? Ce serait bien la première fois, dans tout son parcours politique, que de telles visées altruistes auraient présidé à ses choix ...

Il est évident que, pour Hollande, trouver un dérivatif à la crise économique en France est un objectif au moins aussi important que l’avenir de cette région d’Afrique. Lui-Président est un animal purement politique et ses actions sont avant tout guidées par ce souci d’escamotage : ce n’est ni lui faire injure ni instruire un mauvais procès que de l’écrire. Pour mémoire, alors que l’offensive française en Libye avait été couronnée de succès et que Martine Aubry la saluait sans réserve, Hollande ne pouvait s’empêcher de critiquer avant tout les relations passées entre Sarkozy et Khadafi.

C’est cet esprit étroitement politicien qui le rendit plus apte que la maire de Lille à affronter le président sortant. Ne pas donner dans l’angélisme, c’est reconnaître cette forme de professionnalisme, à l’origine aussi de son entreprise de diversion sur la question du mariage homosexuel. Tant que dure la guerre au Mali, Hollande gagne du temps avant que les médias ne recommencent à se focaliser sur son bilan domestique. Le peu de cas que les Français ont fait du succès de Sarkozy en Libye devrait pourtant conduire son successeur à relativiser l’impact de ce type d’entreprise sur une opinion davantage préoccupée par l’emploi et le pouvoir d’achat.

Aussi, comme autrefois les démocrates américains, Clinton en tête, objectaient à Bush père : "Look at the economy, stupid !", alors qu’il venait de remporter la première guerre d’Irak, l’opposition française doit d’ores et déjà dire à Hollande : "C’est l’économie, stupide !" afin de dissiper les effets de cette offensive africaine qui ne doit pas qu’à la géo-politique.

De ce point de vue, l’hémorragie des emplois dans l’automobile est une information plus importante que la guerre au Mali ou la polémique sur le mariage gay.

C’est sur ce sujet qu’il faut poser des questions au gouvernement et à ses délégués sur les plateaux de télévision, tel Montebourg qui continue de parader en accentuant les moulinets du bras avec d’autant plus d’énergie qu’il est impuissant sur le terrain.

Car, figurez-vous, les 8 600 suppressions d’emplois chez Renault satisfont le ministre improductif du redressement puisqu’"il n’y aura pas de licenciement sec ni de fermeture d’usines", simplement le non-remplacement des départs à la retraite ! Mais ce sont autant d’emplois qui, globalement, vont peu à peu disparaître. Et pendant ce temps, loin du regard médiatique, on licencie dru chez les sous-traitants : l'équipementier automobile MPAP, filiale du groupe Trèves et fournisseur notamment de PSA, prévoyait hier la suppression de 53 emplois sur 160 dans son usine de Ploërmel (Morbihan) en raison de la contraction du marché.

Alors que l’Etat détient toujours 15 % du capital de Renault, on se demande à quoi sert d’avoir gardé cette participation dont la vente, il y a quelques années, aurait fait des recettes substantielles pour les caisses de notre république impécunieuse. Nos éminences ont beau s’émouvoir de la stratégie de Carlos Ghosn ou lancer de vains appels à la solidarité de Nissan, ils sont dépourvus de toute influence sur le sujet. Décidément, il est plus facile d’envoyer des Rafale à Bamako que d’exporter des Clio à Munich. "C’est l’économie stupide !"

2 – France, capitale Berlin ?

A un siège près, la coalition au pouvoir à Berlin a perdu le contrôle de la Basse-Saxe, défaite électorale qu’Angela Merkel a immédiatement reconnue.

Le calcul allemand de notre président, à savoir qu’une chancelière fragilisée se montrera plus conciliante et fera pression sur Draghi et la Banque centrale européenne pour doper l’activité en Europe par la création monétaire, risque d’en être la victime par ricochet.

En effet, Merkel peut avoir intérêt à camper sur sa position rigoriste pour ressouder un électorat conservateur dont la mobilisation lui a fait défaut. Mais il y a plus grave. Si l’Allemagne commence à envoyer aux marchés financiers des signaux sur un plus grand laxisme monétaire et budgétaire, c’est le niveau général des taux d’intérêt en Europe qui retrouvera une pente ascendante. Ce qui, actuellement, permet aux Allemands et aux Français de bénéficier de taux très faibles, c’est la conviction qu’une forme de rigueur dans la gestion des finances publiques finira par l’emporter dans toute l’Europe, sous la pression germanique.

La stratégie "hollandaise", qui consiste à assurer un service minimum de réformes en attendant le miracle de la reprise, aurait du mal à résister à un regain d’inquiétude sur la réalité des efforts de restructuration de l’Etat en France. Super-Normal, en n’agissant que de manière superficielle pour traiter les problèmes de notre pays, nous met dans la main allemande. Si cette main se met à trembler, nos affaires ne se porteront pas mieux. Et celle des marchés aurait une poigne de fer.

3 – Vallaud-Belkacem invente la police politico-immobilière !

Parmi les nombreux secteurs d’activité où les principes économiques socialistes ne fonctionnent pas, celui de l’immobilier est très haut placé dans le classement de l’inefficacité. Qu’on se souvienne des appartements collectifs en Union soviétique et de l’état des bâtiments dans tous les pays où la propriété privée et l’investissement individuel ont été entravés.

C’est pourtant sur cette pente ô combien savonneuse que Vallaud-Belkacem et Duflot glissent chaque jour un peu plus. Pour lutter contre l’habitat dégradé, nos apprenties-sorcières veulent rendre plus rapides les procédures contre les propriétaires indélicats tout en s’insurgeant contre les expulsions locatives. "Il est interdit par la loi de louer moins de 9 mètres-carrés et, dans la seule région Ile-de-France, il y a plus de 170 000 logements considérés comme indignes", dénonce la porte-parole du gouvernement.

Comme ces deux compères et leur acolytes du gouvernement sont en train de paralyser progressivement la construction, il y a fort à parier que, ces 170 000 logements disparus, les malheureux qui y vivent n’auraient d’autre destination que la rue.

Mais nos Fouquier-Tinville du bâtiment ne veulent pas en rester là. "La sanction contre les propriétaires indélicats pourrait intervenir dès le constat de l'infraction et avant l'aboutissement des développements judiciaires" renchérit Najat Vallaud-Belkacem. Les droits de la défense et autres garanties superflues comme celle de l’intervention d’un juge pour punir un délit n’ont qu’à bien se tenir. Le Conseil constitutionnel a du pain sur la planche.

4 - Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer Peillon ?

Les socialistes ont beau expulser peu ou prou le même nombre d’étrangers en situation irrégulière que la droite, traiter plus durement les Roms, supprimer autant d’emplois que feu la RGPP dans la fonction publique, casser du musulman en Afrique : rien n’y fait, le cœur de l’électorat de Hollande au premier tour de l’élection présidentielle n’est pas atteint, ses partisans ne lui en veulent pas, leur droit-de-l’hommisme est en hibernation.

En revanche, s’attaquer à la question des rythmes scolaires et, par éditorial du Monde interposé, dénoncer le corporatisme des enseignants, voilà qui va faire des dégâts. Elève Peillon, recevez nos félicitations !

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