Au festival technophile d’Austin, papotages mobiles en groupes

La mise en valeur médiatique de cette nouvelle génération d’applications vient d’être assurée par le South by SouthWest (SXSW) d’Austin (Texas), un festival pour technophiles épris d’innovations technologiques et de créations numérique : logiciels, jeux, musiques, films. Imaginez un groupe de rock inconnu admis à monter sur la scène de Woodstock devant 450 000 hippies en août 1969. Remplacez « groupe de rock » par « start up », « Woodstock » par « Austin » et « hippies » par geeks ; ajoutez une ambiance fébrile mais festive et des escouades d’investisseurs (venture capitalists) prêts à placer des millions de dollars dans un produit à rentabilité différée,  et vous aurez une idée assez bien cadrée de l’évènement texan.

Salles virtuelles pour groupes mobiles

Des centaines de très petites entreprises à fort potentiel de développement se sont ruées à Austin dans l’espoir d’attirer l’attention des investisseurs, des médias et des géants du web.

Parmi elles, les pionnières du papotage mobile en groupes géolocalisés : TextPlus, GroupeMe, PingCha, Beluga, Kik photo, FastSociety, HurricaneParty, Yobongo. Toutes partent du constat que Facebook a transformé la convivialité, que Twitter a donné le goût du temps réel mais avec des volumes limités, que Foursquare a introduit la recommandation géolocalisée mais bilatérale: un individu signale à un « ami » que tel restaurant propose un dessert unique.

Faisant la somme de ces services, les nouveaux développeurs estiment que les réseaux mobiles en plein essor ont besoin d’offrir des possibilités de conversations de groupes, avec du texte, de la photo et de la vidéo. Il peut s’agir de papotages inopinés ou programmés dans une « salle » virtuelle, donc en mode semi-privé, de rassemblements limités le temps d’une fête ou d’un concert.

Relativité de la vie privée

Si les applications qui permettent ces types de contacts se téléchargent gratuitement sur tous les téléphones mobiles « intelligents », les investisseurs espèrent en retirer des gains soit lorsque la start-up se fait racheter par un géant du web, soit quand elle a suffisamment d’abonnés pour revendre des masses énormes de données comportementales aux agences de marketing et de publicité.

En effet, chaque fois qu’un groupe interagit sur le web ou sur un réseau mobile, chacun de ses membres fournit de précieuses indications sur ses habitudes, sur ses goûts, ses projets. Des milliards de bribes d’informations collectées et agrégées permettent aux annonceurs de cibler beaucoup plus finement des destinataires de leurs offres commerciales. Certains voient dans cette manière d’observer les consommateurs potentiels une atteinte à la vie privée. D’autres – la majorité des usagers – ne se sentent pas surveillés et considèrent que ce  qu’ils disent d’eux-mêmes aux sorciers du marketing est le prix à payer pour bénéficier de services qui leur facilitent la vie.

C’est ce qu’a vu un blogueur français en immersion prolongée à Austin:« La population déambule en mode tête baissée sur son mobile pour raconter sa life. » de fait,  à la différence de son ancêtre de la civilisation rurale qui espionnait les autres villageois à travers les rideaux de sa fenêtre ou les fentes de ses persiennes, l’individu hypermoderne, toujours et partout connecté, admet que la transparence peut aussi concerner une partie de sa vie privée.