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Pas d'effet Marine 
pour les cantonales
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En 2004, malgré une assez forte participation et un scrutin régional porteur pour la gauche et le FN, le parti lepéniste n’avait pas réalisé de « miracles électoraux ». En 2011, la faible participation et le relèvement du seuil de qualification au second tour devrait limiter les scores du parti en raison d'un électorat peu mobilisé qui hésite le plus souvent entre vote Le Pen et abstention.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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 Les Français semblent se désintéresser totalement des cantonales, à quel taux de participation peut-on s’attendre ? 

C’est la clé du scrutin.

Selon nos estimations, le taux de participation devrait être assez en dessous de la barre des 50 % en moyenne France pour un scrutin pourtant à fort impact sur la vie quotidienne des Français. Pour la première fois depuis 1994, les élections cantonales seront un rendez-vous « sec », c’est-à-dire sans élections municipales ou régionales pour tirer vers le haut la participation.

Qui sont les Français qui votent aux cantonales ?

Dans le monde rural, le seuil des 50% devrait être atteint à l’inverse des cantons urbains où il sera difficile, sans doute, de franchir aisément les 40% de participation. Dans le détail, les plus de 60 ans devrait se rendre aux urnes à 60% environ contre 30% chez les moins de 35 ans (source Opinion Way/Le Figaro, février 2011). Et les catégories populaires dans des proportions deux fois moins importantes que les CSP+.

72% voteront en fonction des enjeux spécifiques à leur canton, contre 27% pour des enjeux nationaux (30% parmi les sympathisants de gauche).

Les principaux enjeux de ce scrutin sont : l’emploi (41%), les impôts (39%), le pouvoir d’achat (33%), la protection sociale (31%) et la sécurité (30%). A noter qu’à droite, la question de la sécurité est en tête (49%) devant les impôts (48%) et l’emploi (41%). 21% des Français voient l’immigration comme un sujet clé des élections cantonales…

Quel est le portrait robot de l’électeur Front National 2011 ?

Ce n’est pas le profil le plus motivé par des élections cantonales, à l’inverse des plus de 65 ans par exemple, plus favorable à la droite parlementaire ou des catégories socio professionnelles favorisées qui votent plus.

Le FN réalise ses meilleurs scores parmi les catégories populaires (30% selon Harris Interactive/le Parisien du 8 mars contre 24% en moyenne France) et auprès des 35-49 ans (30% aussi). Le profil-type de l’électeur FN aujourd’hui correspondrait à celui d’un homme (même si Marine Le Pen a nettement progressé dans l’électorat féminin, à 23% selon Harris), issu des classes moyennes ou populaires, qui aurait entre 30 et 50 ans (sans oublier les 25-34 ans à 24%).


Quels enseignements tirer des cantonales 2004 concernant le vote FN ?

En 2004 déjà, malgré une assez forte participation et un scrutin régional porteur pour la gauche et le FN, le parti lepéniste n’avait pas réalisé de « miracles électoraux »

Hors triangulaires, le FN avait bénéficié au second tour d’autant de reports de voix en provenance de la droite lorsqu’il était en duel avec un candidat de gauche qu’en provenance de la gauche lorsqu’il était face à un candidat de droite (environ 10 points dans un cas comme dans l’autre).

S’il est relativement attendu qu’une partie de l’électorat  de droite se reporte par « réflexe » sur le FN pour barrer la route à la gauche, il est plus surprenant de constater que le « vote anti-système » dépasse souvent les clivages politiques et que le mouvement de Marine Le Pen dispose également de réserves dans l’électorat de gauche. Il sera d’ailleurs intéressant d’analyser cette année les reports de voix sur le FN, notamment dans les cantons où le candidat de droite sera éliminé au soir du premier tour. Il s’agit la plupart du temps de cantons très ouvriers et populaires.

 Evolution du score du FN aux cantonales de 2004 dans les cantons où il pouvait se maintenir

Configuration de 2nd tour

1er tour

2nd tour

Evolution

Triangulaires

20,4 %

18,7 %

-          1,7

Duels gauche / FN

19,9 %

30,2 %

+ 10,3

Duels droite / FN

20,5 %

30,5 %

+ 10

La présence du Front National a désavantagé la droite et contribué à sa défaite en 2004 mais les triangulaires ont été moins meurtrières pour la majorité présidentielle qu’elles ne l’avaient été lors des législatives de 1997 par exemple.  

Quel impact attendre du relèvement du seuil de qualification au second tour à 12,5% ?

Le nombre de triangulaires avec le FN devrait être nettement moindre qu’en 2004. A l’instar des élections législatives, le seuil de maintien au second tour sera, pour la première fois pour des élections cantonales, de 12,5% des inscrits, contre 10% auparavant.

En période de faible participation, il faudrait réaliser, par exemple, près de 30% des suffrages dans les cantons urbains, généralement plus abstentionnistes (avec une participation d’environ 40%) pour pouvoir se maintenir.

Le nombre de cantons où le FN a franchi le seuil des 12,5% des inscrits au second tour des dernières élections régionales est sept fois moins important qu’avec le seuil des 10% :

71 cantons dans la première configuration ; 532 dans la deuxième ce qui démontre l’impact très important d’une telle modification.

Comme la carte ci-dessous le démontre, Les dix meilleurs cantons pour le FN se répartissent entre le Pas-de-Calais (4), le Vaucluse (3), les Bouches-du-Rhône (2) et les Alpes-Maritimes (1).

Selon les estimations de la Lettre de l’opinion à paraître le 9 mars, en partenariat avec l’IFOP, le FN n’est présent que dans 1450 cantons sur 2035 (contre 1850 en 2004) et pourrait prétendre, en fonction des scores obtenus aux élections régionales, à une présence au second tour dans 200 cantons environ (contre 276 en 2004)…

Cette moindre présence démontre, qu’en dépit de la volonté affichée par Marine Le Pen de ne pas négliger les élections locales pour ancrer son mouvement, les ressources financières et militantes ne sont pas encore totalement reconstituées.  En comparaison à 2004, le score national « moyenne France » (c'est-à-dire sur l’ensemble des cantons y compris dans les 550 où le FN ne sera pas présent) s’en trouvera mécaniquement affecté même si le FN concrétise aux cantonales la dynamique qui semble aujourd’hui bénéficier à Marine Le Pen.

Guillaume Peltier

Rédacteur en chef de La Lettre de l’Opinion

Jérôme Fourquet

Directeur adjoint du Département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop

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