L'affaire Merah sur Internet : "Cette histoire pue à fond"

Lira aussi : "Oui, il fallait publier les enregistrements Merah, qui montrent l'aveuglement de la France sur les dérives islamiques"

Quelles que soient les décisions ou sanctions demandées ou provoquées par la diffusion des derniers enregistrements de Mohamed Merah, il est trop tard :  les enregistrements litigieux diffusés par TF1 sont déjà hébergés sur de nombreux sites miroirs, impossible à censurer. L'affaire très pénible a plongé les internautes, à chaud, dans une longue discussion en ligne depuis dimanche soir.  Là où journalistes et blogueurs influents défendent avant tout le droit d'informer, le peuple non médiatique recule devant le malaise et les questions soulevées par ce témoignage brut. Les réactions qu'a reçu le tweet de Bruno Masure illustrent bien le profond malaise. 

Maitre Eolas, avocat star des timelines Twitter, présente cependant une objection soulevée par de nombreux autres internautes:

"Ce week end, Soir 3 a diffusé l'exécution publique d'une femme afghane par les Talibans. Mais c'est la voix de Merah qui scandalise."

Sur l'Express, ou sur le blog très fréquenté de Jean-Marc Morandini, sous les différents éditoriaux en faveur de la diffusion des enregistrements, on trouve beaucoup de réactions sceptiques des simples téléspectateurs.

Nechnech : "Où se termine l'info et où commence le voyeurisme ou la course à l'audience ? A quoi et à qui cela a servi de voir la mort en direct de la petite Omayra Sanchez en Colombie il y a plus de 20 ans ? A quoi cela sert de montrer l'exécution d'une afghane en direct ? A rien, strictement rien à mon humble avis."

Qu'est-ce qui choque tant dans ses enregistrements et provoque le malaise ? Plus que tout, le ton bonhomme et complice des échanges avec un Merah égrenant énormités et fanfaronnades, avec l'accent méridional, sur des faits aussi graves qui ont conduit 7 personnes à une mort horrible. Cette conversation presque badine entre pro du terrorisme et policiers du Raid a fait ressortir sur Internet soupçons de collusion, thèses "complotistes", des retours sur l'affaire de la photo de Mohamed Merah mort, et  sur le maquillage éventuel du ratage que pourrait avoir été toute l'opération de neutralisation dans des tentatives de décryptage. 

Témoignage de ce malaise devant trop de questions et de jeux d'ombres, le post furieux de Allain Julles, "Un nouvel enfumage" est remonté en première page de Google, avec ses 131 commentaires :

"On comprend in fine que toute cette mise en scène et ces révélations qui n’en sont pas, sont une espèce de dédouanement du Raid, qui devait “faire son travail” mais ne l’a pas fait en réalité car, il y avait d’autres moyens, notamment des gaz asphyxiants, pour l’interpeller. Là, on a assisté à l’élimination d’une personne “s’en fout la mort”, prête à tout. Une arnaque. Or, les vrais réponses aux questions posées depuis belle lurette n’ont toujours aucune réponse.(...) Pourquoi a-t-il échappé à la DCRI ? Comment s’est-il procuré la carte de visite d’un haut placé de l’Elysée  ? Qui payait ses multiples voyages à l’étranger (Israël, Pakistan, Afghanistan) ? Comment un homme sans emploi a-t-il pu s’acheter autant d’armes ? Al Qaïda peut-être ? Que nenni, l’organisation terroriste ne peut se permettre de faire confiance à un novice. Autant de questions sans réponse qui en disent long sur cette nouvelle manipulation. Tentative vaine de devancer les vidéos des avocats de la famille Merah qui détiendraient des versions contradictoires ? Cette affaire Merah entre dans les attitudes nauséeuses de certains qui veulent toujours avoir raison. Les “qui” veut-on protéger ?"

Un de ses lecteurs résume l'affaire d'un efficace"Cette histoire pue à fond". 

Sur les pages commentaires de la Dépêche de Toulouse, ville directement concernée à plusieurs titres, là aussi, on s'interroge, surtout depuis qu'un lien a été fait entre le frère de Merah et l'explosion de l'usine AZF. 

Au nom de la communauté juive, le blogueur Dreuz a lui publié un long post, "La vérité sur une ordure islamiste", qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, se félicite de cette diffusion : 

"Le moins qu’on puisse dire est que les services de sécurité français ont été, pour le moins, 'roulés dans la farine', voire dans autre chose que la farine. Rien de surprenant là encore. Ce qui est mensonger et manipulateur, ce qui est même abject, est d’avoir présenté Merah comme un pauvre gamin de banlieue victime de la société et de l’avoir pendant quelques jours transformé en héros, ce qu’ont fait quasiment tous les médias français en mars dernier.(...) Ce qui est significatif de l’état actuel de la France est qu’on dissimule la montée de l’antisémitisme islamique dans les banlieues de l’islam, les références positives à Merah dans les discours de nombre de 'jeunes' de banlieues, la multiplication des actes découlant de l’antisémitisme islamique en France depuis le 19 mars dernier. (...) Je pense que ceux qui ont divulgué le document sonore concerné en avaient précisément assez du mensonge et de la manipulation et ont fait ce que leur conscience leur ordonnait de faire. Je les comprends.Quelle que soit leur motivation, les journalistes qui ont diffusé le document ont fait œuvre utile."

Symbole peut-être d'un cynisme général, un t-shirt est maintenant proposé sur une boutique en ligne portant la mention "T'as vu", les mots désormais marque de fabrique du terroriste pas si "loup solitaire" que ça.