Ce que les scientifiques ont découvert grâce à l’anthropause, cette grande mise à l’arrêt de l’activité humaine liée à la pandémie Covid-19 <!-- --> | Atlantico.fr
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Animaux seuls sur la plage en Corse
Animaux seuls sur la plage en Corse
©PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Atlantico Green

Le confinement a été l'occasion d'une grande étude de la part du monde scientifique.

Romain Julliard

Romain Julliard

Professeur du Muséum national d'Histoire naturelle, biologiste, spécialisé en Biologie de la Conservation, dans la conception, l'animation et la valorisation d'observatoire de la biodiversité (projet Vigie Nature), les thèmes de recherche principaux de Romain Julliard portent sur l'homogénéisation fonctionnelle de la biodiversité, ses mécanismes (réorganisation des communautés sous l'effet des changements globaux) et ses applications (construction d'indicateur de biodiversité).

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Atlantico.fr : Quel a été l'impact du confinement sur la vie sauvage ?

Romain Julliard : Commençons par un avertissement : nous ne disposons pas de données robustes pour répondre à cette question. Comme tout le monde, les scientifiques et les réseaux d’amateurs ont été surpris et sont restés confinés, pas de dérogation pour observer ce qu’il se passait. Ce sont donc un ensemble d’observations anecdotiques qui constitue nos sources, biaisées par la soudaine attention à la nature à laquelle a conduit ce confinement – j’y reviendrai. On pourrait résumer le constat par : quand les humains se confinent, les non-humains se déconfinent. Les animaux qui ordinairement nous évitent ont occupé l’espace soudain vacant, selon un mécanisme principal : un changement de comportement au sein de leur domaine vital. Tout ce qu’y est sorti de l’ordinaire, qui nous – urbains confinés soudain attentifs – a surpris, était là avant le confinement mais plus discret, invisibles et inaudibles. Il n’y a pas eu de dispersion massive de la campagne vers les villes. Ici ou là, quelques oiseaux de retour de leur migration ont pu s’installer dans un espaces verts clos et calme, une plage désertée, mais la plupart d’entre eux sélectionnent leur lieu de nidification l’année précédente, il faudrait une année entière de confinement – au moins – pour que ce mécanisme prenne une certaine ampleur. 

Quelle faune ou flore a le plus profité de cette "anthropause" ?

Romain Julliard : L’essentiel de ce qui a été visible pendant le confinement a repris ces habitudes discrètes, et les 2 mois de pause n’ont pas permis l’accomplissement d’un cycle de reproduction pour les animaux vertébrés (oiseaux, mammifères, lézards, etc.) si bien que l’effet sur la démographie est limité. Les seuls effets potentiellement durables sont à rechercher dans les espaces habituellement fortement entretenus, là où les jardiniers confinés chez eux ont laissé la nature exprimer tout son potentiel. Cette production végétale a pu être l’amorce d’une source de nourriture pour les insectes (par exemple, les pollinisateurs ont pu trouver une plus grande diversité de fleurs spontanées dans les espaces verts en « pause printanière ») et ainsi se mettre en place un début de chaîne alimentaire fonctionnelle.

Quelles perspectives de changement sur notre mode de vie cette "anthropause" peut-elle laisser imaginer ?

Romain Julliard : Si l’effet sur la faune et la flore a été limité, c’est peut-être du coté de notre relation à la nature qu’il faut rechercher un effet plus durable. Pour les urbains, le confinement fut l’occasion de constater à quel point la nature nous manquait – en témoigne le soudain intérêt pour celle-ci – pas (que) la nature des grands espaces sauvages, mais celle ordinaire que nous croisons chaque jour sans nous en apercevoir et qui rend la ville vivable. Alors peut-être que le jardin public un peu en friche que nous retrouvons avec tant de plaisir, nous apparaitra enrichi d’une vie sauvage de proximité, à chérir, et pourquoi pas, à développer ?

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