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Alerte à la pollution des pneus et des freins des voitures
©PASCAL PAVANI / AFP

Atlantico Green

L'abrasion des pneumatiques, des plaquettes de frein et du revêtement participent à la pollution en ville. Ces phénomènes contribuent à la détérioration de la qualité de l'air.

Lise Loumé

Lise Loumé

Lise Loumé est journaliste, rédactrice en chef adjointe du pôle web de Sciences et Avenir et spécialiste des sujets de santé environnementale. Elle est l'auteur du livre « Notre air est-il respirable ? Le vrai du faux sur la pollution intérieure et extérieure »paru en juin 2018 aux Editions Quae.
 

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Atlantico.fr : Lorsque l'on évoque la question de la pollution de l'air, notamment en ville, c'est souvent aux émissions dues à la combustion des moteurs des différents véhicules présents sur les routes auxquelles on pense en premier. Pourtant l'abrasion des pneumatiques, des plaquettes de frein et du revêtement routier est aussi responsable de la détérioration de la qualité de l'air. Qu'en est-il exactement ? 

Lise Loumé : Vivre en ville expose fortement à la pollution automobile et c’est particulièrement vrai lorsque l’on vit à proximité de grands axes routiers. Les citadins sont surtout exposés à deux types de polluants rejetés par les véhicules : les oxydes d’azotes, ainsi que les particules fines en suspension. L’on distingue les PM10 (de taille inférieure à 10 micromètres, c’est-à-dire six fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu appelées) et les PM2,5 (d’une taille inférieure ou égale à 2,5 micromètres). Ces particules proviennent non seulement des émissions à l’échappement des véhicules mais aussi des débris de béton ou de chaussée émis par le frottement des pneus, les plaquettes de frein, ou encore l’usure des routes…

De fait, les véhicules électriques – les voitures mais aussi le métro - eux aussi polluent puisqu’ils émettent des particules fines, dues à l’abrasion des pneus, au freinage… 

Or récemment, un Groupe d'experts britannique a alerté dans un rapport sur le fait que ces poussières contribueraient directement à environ la moitié de la pollution des particules émises par le transport routier. Selon l'Agence Fédérale de l'Environnement en Allemagne, les gaz d'échappement sont à l'origine de 7.740 tonnes de PM10 chaque année (comprenant les modèles dépourvus de filtre à particules encore en circulation), ce qui est à peine plus que les freins (7.340 tonnes de PM10 par an) !

Dans quelle mesure ces particules sont-elles nocives ?

Les plus grosses particules, les PM10, pénètrent dans l’organisme mais s’arrêtent au niveau des voies aériennes supérieures, c’est-à-dire la trachée et les grosses bronches. Quant aux PM2,5, elles vont plus loin et atteignent même les alvéoles des poumons. Et ce n’est pas conséquence sur notre santé, à long terme. Une grande étude européenne publiée en 2017 montre qu’habiter à moins de 150 mètres d’un grand axe de circulation emprunté par plus de 10 000 véhicules par jour expose à un risque plus important d’asthme chez l’enfant et un risque de pathologies chroniques respiratoires et cardiovasculaires plus fréquentes chez les adultes de 65 ans et plus. Les PM2,5 seraient responsables à elles seules de 6 à 10 % des cas de cancers du poumon.

Des solutions sont-elles envisagées pour diminuer ces émissions de particules (que ce soit des solutions réglementaires, ou des solutions innovantes, chez les différents manufacturiers) ?

Pour l’heure, aucune législation n’existe encore pour réduire ces poussières. Mais les normes d'émissions Euro 7, encore en cours de discussion et applicables à l'horizon 2025, devraient fixer une limite réglementaire. 

En attendant, il existe déjà des solutions techniques. Par exemple, comme nous l’avons évoqué récemment sur le site de Sciences et Avenir, l’entreprise Tallano Technologie développe une solution qui devrait être sur le marché d’ici 2020 ou 2021, donc avant qu’une réglementation soit mise en place. Il s’agit d’un étrier de frein modifié (cette pièce qui permet de ralentir la roue en exerçant une pression sur les plaquettes contre le disque), doté de canaux de circulation. Les plaquettes sont elles-mêmes striées pour permettre l'évacuation des particules fines, le tout étant aspiré par une turbine vers un filtre, via des flexibles en caoutchouc. La turbine électrique est activée électroniquement lorsque le conducteur enfonce la pédale de frein. Ce système peut s'adapter à n'importe quel modèle de voiture. Les premiers tests montrent une baisse de 82 % des émissions de particules liées à l'abrasion des plaquettes.

Crédit : Tallano Technologie

Toutefois, ce type de solution ne permet pas de réduire les émissions liées au frottement des pneus sur le bitume, qui augmentent ces dernières années avec le succès grandissant des SUV, plus lourds et aux montes pneumatiques plus imposantes…

Lise Loumé a publié "Notre air est-il respirable ? Le vrai du faux sur la pollution intérieure et extérieure" aux Editions Quae. 

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