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Quand neuf aiguilles se nichent dans l’acier des guerriers et quand quatre feuilles saccadent les secondes : c’est l’actualité des montres du début juin
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Atlantic-Tac

Mais aussi le bolide qui remonte par son pot d’échappement, l’étoile et le jerrycan fétiche des GI’s du D-Day, les hauts reliefs d’une mécanique amincie et le chic parisien d’un carré cambré d’Auteuil…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BRM : Les muscles d’une nouvelle minceur…

En dépit de son nom, « BRM Chronographes » (BRM pour Bernard Richards manufacture), la marque indépendante française BRM ne fait pas que des chronographes. Dotée de ses propres ateliers et d’un parc machines qui ferait rougir de honte bien des marques suisses beaucoup plus prétentieuses, capable de réaliser à peu près 2 000 montres par an, BRM est une des « manufactures » françaises les plus honnêtes dans sa volonté d’aller le plus loin possible dans ce Made in France, en s’attachant autant à l’esprit de cette « francité » horlogère qu’à sa lettre. On trouvera un excellent exemple de cette détermination tricolore dans la nouvelle montre Flat-42, dont on regrettera seulement qu’elle ait été baptisée en franglais – « flat » pour signaler qu’elle est nettement plus « plate », disons « mince », que les productions habituelles de BRM. Effectivement, avec 42 mm de diamètre pour 6,6 mm d’épaisseur, c’est du BRM élégant et gentiment urbain au poignet, sans que cette volonté de discrétion tourne à la furtivité tellement cette Flat-42 reste gavée de ces « citations » automobiles qui marquent la génétique BRM, laquelle affiche un penchant très net pour l’usinage « industriel » : la couronne de remontage est travaillée comme un piston, les aiguilles sont ajourées comme des pédaliers (trois couleurs disponibles), les grands chiffres rappellent les numéros des voitures en compétition, même la « petite seconde » ressemble à un compteur de bord et les cornes qui portent le bracelet « sport » sont profilées comme les éléments d’un bloc moteur de bolide. Cette montre ne doit à la Suisse que son mouvement – un bon vieux « tracteur » mécanique à remontage manuel, à l’ancienne. Même le prix sera une (relativement) bonne surprise pour les amateurs, puisque cette Flat-42 est annoncée à partir de 3 450 euros : comme la marque n’a qu’une centaine de boutiques à travers le monde, les amateurs feraient mieux de ne pas trop musarder en chemin, surtout pour être au rendez-vous de la prochaine Fête des Pères…

JOHN-MIKAEL FLAUX : Le bolide rouge qui défie le temps…

Pour rester dans l’inspiration automobile évoquée avec BRM (ci-dessus), voici un autre horloger indépendant français, John Mikael Flaux, spécialiste des objets du temps et des automates horlogers, dont Atlantic-tac vous avait révélé il y a un an qu’il aimait bien « rouler des mécaniques ». Il revient aux beaux jours avec une nouvelle Time Fury P18 [encore cette manie française du baptême en franglais !], concept d’horloge mécanique profilée comme une voiture de course de l’âge d’or des courses automobiles. Pour remonter le mouvement, qui a une autonomie de huit jours, on glisse une sorte de manivelle dans le pot d’échappement arrière gauche (vidéo ci-dessous). On lire l’heure à l’arrière, avec des heures « suspendues » dont la pointe précise la minute ! La mise à l’heure s’effectue à l’aide des roues arrière. Cette horloge… roule, sur ses roues, à la vitesse démentielle de 13,2 mm à l’heure, soit 31 cm par jour, mais on peut l’immobiliser sur un socle translucide spécial, qui permettra aux roues de tourner. Cet ensemble spectaculaire de 256 composants mécaniques ne sera réalisé qu’en dix exemplaires (environ 14 900 euros), avec une carrosserie en aluminium laqué rouge, une grille de radiateur en argent massif et des éléments mécaniques dont les finitions sont dignes de montres de haute horlogerie. Il faut à peu près un mois de travail pour terminer à la main chaque Time Fury P18. C’est à ce jour un des plus beaux « jouets de garçon » de l’année…

MECCANICHE VELOCI : Neuf aiguilles dans un acier de guerriers…

Restons dans cette veine mécanique qu’adorent les horlogers avec, cette fois, une marque trop transalpine de style pour qu’on n’en vienne pas à oublier son Swiss Made genevois. L’idée de la marque, dont le nom italien dit bien la vocation (« mécanique rapide »), est d’illustrer en mode horloger ces arts mécaniques, avec des montres qui ressemblent à des composants automobiles : chacun aura reconnu dans ce « cadran » son inspiration cylindre-piston-soupapes ! À l’emplacement des quatre soupapes, quatre cadrans annexes pour quatre affichages horaires différents, le tout animé par un seul mouvement automatique visible au dos de la montre. Soit quatre fuseaux horaires qu’on peut régler chacun à une heure différente. L’un de ces cadran annexe (à deux heures) s’offre même une date, celui qui est à quatre heures proposant un affichage des secondes (aiguille rouge). Histoire de raffiner un peu cette originale proposition horlogère, on aura noté que ce boîtier de 49 mm de diamètre [poignets de poulets s’abstenir, mais les Italiens adorent faire ce genre de démonstration par-dessus leur chemise] est réalisé dans un acier forgé en « damas » (multicouches inlassablement martelées), ce qui lui donne cette allure « veinée » que les connaisseurs apprécieront – c’est dans de tels aciers qu’on forgeait les fameuses épées des samouraïs japonais, des guerriers gaulois et des conquérants d’Allah. Comptez dans les 10 000 euros pour arborer ce signe ostentatoire d’originalité, d’autant plus singulier que la marque a limité sa distribution internationale à vingt-cinq boutiques : autant dire que vous n’êtes pas près de trouver cette montre au poignet de votre voisin de bar…

EBERHARD & CO : Le porte-bonheur italien qui pulse à chaque seconde…

Allez, encore un rejeton italien des inlassables noces de l’automobile et de l’horlogerie suisse : la marque Eberhard & Co., fondée en 1887, s’est associée au célèbre constructeur italien Alfa Romeo pour nous proposer un nouveau chronographe « Quadrifoglio Verde » orné, comme son nom l’indique, du fameux trèfle à quatre feuilles qui est le fétiche gagnant de la marque. Il faut savoir qu’en 1923, pour le Grand Prix d’Europe sur le circuit de Monza, le pilote italien de l’Alfa Romeo « P1P1 » avait trouvé la mort dans un accident : coïncidence sans doute, ce jour-là, sa voiture ne portait le trèfle à quatre feuilles qui y était généralement apposée pour conjurer le mauvais sort ! Autant que le chronographe automatique proposé par Eberhard & Co. est un porte-bonheur de poignet de 43 me diamètre, dont les quatre feuilles de trèfle servent d’aiguille des secondes et dont l’échelle tachymétrique est inspirée par les tableaux de bord d’Alfa Romeo. Comme on dit chez Eberhard & Co. à propos de cette collaboration avec Alfa Romeo : « Certaines marques savent combiner technologie, émotion, performance et passion. Ce sont celles qui sont destinées à durer dans le temps, précisément parce qu'elles parviennent à exalter les esprits et les âmes ». C’est si joliment formulé qu’on ne résiste pas au plaisir de la citation…

RESERVOIR : La bonne étoile de l’US Army…

Allez, cette fois pour de vrai, un petit dernier « pour la route » dans cette série d’évocations horlo-automobiles. En plus, c’est vraiment la montre de la semaine et elle est au cœur de l’actualité. On la trouve chez les Français de Reservoir, nouvelle marque indépendante qui monte, qui monte ! C’est la « Battlefield D-Day » [encore un abus de franglais : pourquoi ne pas imiter les Italiens – ci-dessus – qui parlent italien ?], dont l’esthétique commémore le jour du débarquement des Alliés en Normandie. Le cadran est peint comme les véhicules militaires de l’époque, avec cette étoile blanche qui est l’emblème de l’US Army et des chiffres qu’on jurerait appliqués au pochoir. Les 43 mm du boîtier en acier sont traités dans une finition « Gun Metal » brossée d’esprit très militaire. Même le logo de Reservoir évoque les jerrycans d’essence de l’époque ! Comme cette montre automatique (mouvement suisse) affiche le temps à la manière d’un compteur automobile du temps des belles mécaniques, elle ne déparerait pas le poignet d’un GI’s de l’époque : Reservoir annonce d’autres montres commémoratives, comme une Battlefield Midway pour la guerre du Pacifique et une Battlefield Tobrouk pour les opérations en Afrique du Nord. Le prix annoncé (3 750 euros avec deux bracelets et un label Swiss Made) n’est pas exactement à la portée de la solde du premier GI’s venu, mais, soixante-quinze ans plus tard, on ne va pas chipoter entre Alliés…

SAINT HONORÉ : Le chic français sans se faire rançonner…

Ouf, pour finir, une touche de douceur urbaine dans ce monde de brutes automobiles militaro-nostalgico-mécaniques ! On va faire confiance aux « heures essentielles » de la nouvelle collection Auteuil proposée par la maison indépendante Saint Honoré, un des piliers de l’identité horlogère française. La proposition est masculine par l’esprit de son boîtier « tonneau » (carré cambré) aux dimensions intelligentes (39 mm) et par son cadran d’un bleu soleillé très élégant, bien mis en valeur par la ronde intérieure des minutes et la sobriété des deux aiguilles. Le Made in France fièrement proclamé sur le cadran et le choix d’un mouvement électronique pour un précision sans souci au quotidien permettent d’éviter l’habituelle rançon imposée par l’horlogerie suisse à ses clients : pour moins de 400 euros, avec un intéressant choix de couleurs pour les cadrans, cette Auteuil néo-classique avec une pointe d’épices est une excellente option pour la Fête des Pères qui se profile à l’horizon…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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