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Pierre Palmade revisité : « T’es chef d’État, tu préfères le Brexit ou les gilets jaunes ? 
©LUDOVIC MARIN / AFP

Peste ou choléra ?

Choix cornélien s’il en est. Mais le pire serait tout de même d’avoir les deux en même temps, ce qui nous pend au nez.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je ne suis pas spécialement fan de Pierre Palmade, mais il a un sketch marrant sur les questions absurdes et là, pour le coup, c’est davantage mon rayon (les questions absurdes, je veux dire). Ainsi, dans ce sketch, un type demande à un autre s’il préfèrerait avoir des dents en bois ou des jambes en mousse, ou encore s’il choisirait d’avoir la grippe pour le restant de ses jours plutôt que d’être suivi en permanence par trente canards…

Je suis bon public. Ça me fait rigoler.

Du coup, je me demandais si, pour un chef d’État, il serait préférable d’être confronté au Brexit ou aux gilets jaunes. Ne répondez pas tout de suite comme si c’était évident parce que ça mérite réflexion tout de même. Tenez, le Brexit, par exemple, c’est un peu comme avoir des dents en bois : priver ses entreprises de l’accès à un marché de 500 millions de consommateurs, pour ne prendre que cet exemple, c’est pas terrible pour se nourrir...

Mais les gilets jaunes, d’un autre côté, c’est un peu comme être encombré par trente canetons en plastique un peu agités à chaque fois qu’on veut prendre un bain le samedi. Admettez que ça n’encourage pas beaucoup à la propreté.

D’ailleurs, puisqu’on en est aux propositions absurdes, je me dis aussi qu’avec un Le Pen ou un Mélenchon au pouvoir, on aurait probablement ET le Brexit (enfin le Frexit, bien sûr) ET les gilets jaunes. Les dents en bois ET les jambes en mousse, la peste ET le choléra, si vous voulez… Le rêve !

Car enfin, imaginez que l’un ou l’autre de nos leaders extrémistes soit élu président, compte tenu de leur intérêt très relatif pour l’Europe et de leur goût affiché pour la « démocratie directe » — l’appellation à la mode de la popu-démagogie référendaire. Pas de doute, la première chose qu’ils feraient en arrivant au pouvoir serait de déclencher un RIC sur l’appartenance à l’Union et bing, ni une ni deux, la France serait plongée dans le même merdier inextricable que les Britanniques : les boîtes étrangères se barreraient à la vitesse grand V, les boîtes locales mettraient la clé sous la porte faute de clients à l’export, la grogne monterait vite…

Dans l’hypothèse Le Pen, tout ce que le pays compte d’anfifas, de syndicalistes, de jeunes des cités, etc. serait dans la rue avec des fourches H24, se colletant avec les flics et cassant tout ce qui peut l’être. Les gilets jaunes puissance 10 et tous les jours de la semaine ! Dans l’hypothèse Mélenchon, une armée d’identitaires, de skinheads, de cathos intégristes, de monarchistes, etc. ferait également le coup de poing sur les avenues du lundi au dimanche (enfin, on imagine que les cathos intégristes ne viendraient mettre le feu aux Champs-Elysées que du lundi au samedi). On en regretterait presque Eric Drouet et son gang.

A tout prendre, il y a tout de même une réponse raisonnable à ma question palmadienne. Moi président, comme disait l’autre, je privilégie l’option gilets jaunes surl'option Brexit sans problème. Après tout, les manifs, en France, on est habitués. Le République-Nation est pratiquement une classique, au même titre que le Paris-Roubaix ou le Paris-Nice. On gère. Et puis on sent bien que la séquence touche à sa fin malgré tout parce que même les meilleures séries télé finissent par lasser leurs fans. Surtout lorsqu’elles deviennent incompréhensibles faute de scénaristes façon « Lost ».

Le Brexit, c’est une autre paire de Manche, comme on dit sur l’autre rive du Channel, c’est prévu pour durer. Un pays a vraiment le temps de couler. On dira ce qu'on voudra, il a du pot, finalement, le Macron.

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