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Quand une huître prend les bons galbes et quand la baroudeuse verse dans la rétronostalgie : c’est l’actualité des montres en phase printanière
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Atlantic-Tac

Mais aussi, de retour du salon Baselworld, les cinq aiguilles qui n’ont qu’un seul axe, le chronographe qui passe (enfin) sous le poignet de la chemise, le bronze en souscription pour s’offrir Superman et la couronne à quatre heures d’une sportive chic pleine de lourds secrets…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ROLEX : Fais-moi un cygne !

Il y a bien longtemps qu’une « Rolex » est bien plus qu’une montre et que la marque s’est instituée en symbole statutaire pratiquement planétaire [même les papes disposent d’une Day-Date « vaticane » qui affiche les jours de la semaine en latin]. Le miracle, c’est que Rolex prend toujours très au sérieux sa double vocation horlogère et élitaire, en s’efforçant de (re)créer les plus belles montres du monde pour les plus « grands » de ce monde. C’est pourquoi il faut comprendre l’infinie subtilité et la délicatesse des codes Rolex, qui ne relèvent pas du catéchisme élémentaire de l’horlogerie classique, mais qui sont tissés d’un étonnant mélange de bienfacture technique poussée à l’extrême, d’une relative simplicité stylistique dans un goût parfois ostentatoire, d’une singularité aristocratique dans l’affirmation de soi, d’un réquisit statutaire et d’une culture affinitaire qui confine parfois à un culte dont les montres seraient les objets liturgiques. La collection 2019, que les sots des réseaux sociaux affectent de mépriser parce qu’ils ne la comprennent pas, témoigne de cette « sensibilité » qui échappe à la facilité des clichés sur la marque. Un seul exemple : la nouvelle Yacht-Master, modèle « nautique » qui n’était pas le plus aimé, ni le plus iconique des « professionnelles » de la gamme Rolex. Cette Yacht-Master a été redessinée en 42 mm, avec l’ajout de tous ces « détails » visibles et invisibles qui font la force de Rolex. Le boîtier Oyster (« huître ») en or gris a été rendu à la fois plus élégant et plus expressif par les nouveaux galbes de ses lignes plus tendues : la Yacht-Master n’existait jusqu’ici qu’en acier – allez donc en boutique et comparez le profil de cette Yacht-Master 42, ci-dessus, avec le profil brutal d’une Daytona). Ne pas oublier une nouvelle lunette tournante en céramique noire gravée de chiffres en relief, des aiguilles plus larges et des index agrandis qui sont encore plus luminescents, un nouveau bracelet en caoutchouc, avec des « coussins » latéraux pour le confort et un fermoir innovant pour la sécurité, enfin un mouvement automatique de nouvelle génération aux performances renforcées. Ce qui fait déjà pas mal comme changements pour une maison réputée « conservatrice » ! Mieux : on découvre dans cette collection 2019 d’autres pépites dont nous reparlerons dans les semaines qui viennent. Disons, avec un minimum de perspicacité dans la sagacité, que cette Yacht-Master 42, qui était un peu le vilain petit canard de la couvée, est devenue un… cygne plutôt très impressionnant…

BVLGARI : L’insoutenable légèreté du titane ultra-plat…

En imposant la minceur extrême de sa ligne Octo comme un des parangons du nouveau chic horloger contemporain, la maison Bvlgari a réussi à créer ce qui pourrait bien être une des icônes des années 2010, voire une des montres les plus iconiques de tout le XXIe siècle naissant. Avec le nouveau chronographe de cette collection, qui s’annonce comme le plus fin de l’histoire de l’horlogerie (3,3 mm), Bvlgari bat son cinquième record mondial consécutif de minceur, en s’offrant le luxe de doter ce chronographe ultra-plat d’une fonction GMT (affichage d’un second fuseau). Pour résumer le propos, on pourrait dire que cette Octo est le premier « chrono » suisse qui passe facilement sous le poignet de la chemise ! Comme ce boîtier à la fois rond, carré et vaguement octogonal, mais sculpté comme un monument de l’Antiquité romain, est en titane, la montre est très légère. Comme ce titane est mat, que le bracelet est sablé et que le cadran reprend ce titane en mode monochrome, le chronographe Octo est d’une élégance à peu près inégalée au poignet. Ne cherchez plus : vous avez là le plus beau chronographe suisse de ce printemps 2019…

DE BETHUNE : Une extravagance mécanique d’une rare sobriété…

Mécaniquement, ce chronographe DB 21 Maxichrono est probablement le plus « fort » de tout ce qui été présenté au cours de ce printemps horloger 2019. Apparemment, il affiche un parti-pris de sobriété esthétique, avec la volonté de simplifier le cadran en plaçant toutes les aiguilles nécessaires (heures et minutes de la montre, secondes, minutes et heures du chronographe) sur un même axe, avec une lecture « centrale » des temps mesures. En réalité, cette simplicité dans la clarté et la précision de l’affichage relève de la haute complexité horlogère et même de la plus remarquable des prouesses techniques : cinq aiguilles sur un axe unique, avec un mouvement qui bat à 36 000 alternances par heure (100 fois la vitesse d’un cœur humain au repos) avec une précision de l’ordre du dixième de seconde, c’est mécaniquement extravagant – ce chronographe est un concentré d’innovations horlogères. Le plus étonnant est sans doute le style dépouillé, mais très architecturé de l’ensemble, le « berceau » flexible en titane bleui qui permet de fixer la montre et son bracelet au poignet soulignant l’identité De Bethune de ce Maxichrono.

YEMA : Les nouvelles marques françaises ont le vent en poupe…

La nouvelle horlogerie française se porte bien, même s’il lui faudra du temps pour retrouver son niveau – pas forcément très loin de l’excellence suisse – des années 1960, avant qu’elle ne soit naufragée par l’impéritie et les lourdes fautes stratégiques de ses dirigeants. La renaissance de la marque Yema – qui était un des piliers de cette identité horlogère française [n’oublions pas qu’un certain Richard Mille a avait été le directeur de la création] – est un des signes les plus encourageants de ce printemps français : la relance s’effectue sur la base limpide d’un retour assumé aux classiques de la marque, en se gardant bien d’innover dans l’esthétique [après tout, validée par le temps qui passe] et en se consacrant sur les détails de qualité qu’on attend d’une montre contemporaine. Avec son boîtier en bronze et son cadran bleu, la nouvelle Superman est un délice de gourmet, que les gourmands se presseront de commander, à son prix de souscription forcément plus avantageux (comptez dans les 750 euros) dès l’ouverture de la campagne de lancement sur Kickstarter, fin mai. Un bon conseil : ne traînez pas, tout va se jouer dans les premières heures de la souscription !

TUDOR : Les petits secrets d’une sportive chic…

Sans être un millésime horloger exceptionnel, on aura compris que le printemps 2019 ne manquait pas de propositions substantielles, signalées dans cette chronique et programmées pour les prochains épisodes d’Atlantic-tac. C’est à Tudor que revient le privilège d’avoir suscité la polémique de l’année, avec sa nouvelle Black Bay P01 – avec un « P » comme prototype. Officiellement, cette montre est la réédition d’une montre développée pour répondre à un cahier des charges de la Navy américaine dans les années 1960 [heureux temps où les armées commandaient des belles montres aux grandes marques !] et restée depuis à l’état de prototype. La polémique vient du fait que, voici quelques années, Tudor refusait de reconnaître l’authenticité de ce prototype, dont il circulait beaucoup de fausses versions dans le milieu des collectionneurs. La version 2019 a conservé les marqueurs identitaires du prototype, comme la couronne bien protégée à quatre heures et l’astucieux dispositif de blocage de la lunette tournante par le couvre-anses basculant qui termine le bracelet. Ce qui devait être un « instrument » de plongée pour les nageurs de combat américains est dès à présent une montre les plus élégantes et les plus hautement désirables du moment, surtout à ce prix (autour des 3 500 euros). Le mouvement automatique « manufacture » à spiral en silicium, le cadran noir aux marquages luminescents, les aiguilles « viriles » et la taille « urbaine » (42 mm) font de cette montre étanche à 200 m une probable future icône de l’année : s’il y a une « sportive chic » à se procurer ce printemps, c’est bien cette Black Bay P01…

MILUS : Le retour au bercail d’une baroudeuse rétro-nostalgique…

Une oasis de fraîcheur dans un monde de marques surplombantes jusqu’à l’arrogance : la maison Milus (fondée en 1919 et qui fêtera donc ses cent ans cette année), est de retour sur le marché avec de nouvelles collections Swiss Made. La marque est, à ce jour, le seul exemple de manufacture suisse rachetée par des Chinois, puis finalement revendue à des Suisses capables de la ramener au bercail. C’est d’autant plus miraculeux que ce retour s’effectue avec des montres superbes et intelligemment positionnées sur ce segment de marché « accessible » (entre 1 000 euros et 2 000 euros) que les « grandes marques » ont abandonné sans voir qu’elles se tiraient une balle dans le pied. On appréciera entre autres la nouvelle Archimèdes, qui reprend l’esthétique d’un modèle historique de la marque (double couronne, lunette tournante intérieure, aiguilles « flèche » à l’ancienne, cadran grainé aux indications fonctionnelles ultra-lisibles enrichies d’une touche vintage), en dotant cette montre d’une mécanique automatique et d’une étanchéité poussée à 300 m, sécurisée par une valve à hélium. Dans les années 1970, on parlait de « style Compressor » pour ces montres à double couronne. Prenez cette baroudeuse urbaine tout-terrain en main et vous aurez, à un prix accessible, la proposition rétro-nostalgique la plus réussie de ce printemps 2019…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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