Anti-sarkozysme : 60% des Français (hors électeurs de Nicolas Sarkozy) reconnaissent qu'ils ont voté pour sanctionner le président sortant<!-- --> | Atlantico.fr
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Le candidat socialiste est en retrait parmi les catégories populaires (21% chez les ouvriers où il arrive deuxième, mais tout de même 28% chez les employés où il finit premier ex aequo).
Le candidat socialiste est en retrait parmi les catégories populaires (21% chez les ouvriers où il arrive deuxième, mais tout de même 28% chez les employés où il finit premier ex aequo).
©Reuters

« Politico Scanner »

Réalisé le jour du vote auprès d’un échantillon de 3509 personnes inscrites sur les listes électorales, le sondage Ifop / Fiducial pour Paris Match, Europe 1 et Public Sénat donne des indications précieuses sur le profil des différents électorats ainsi que sur l’analyse du vote.

Damien Philippot

Damien Philippot

Damien Philippot est directeur des études politiques au Département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop.

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Premier à l’issue du scrutin avec 28,13% des voix en France métropolitaine, François Hollande obtient, conformément à ce qu’indiquaient les enquêtes d’intention de vote menées avant le premier tour, des scores relativement homogènes dans les différentes catégories de la population. Il arrive premier chez les jeunes de 18 à 24 ans avec 28% et deuxième chez les 65 ans et plus avec 30%. Du point de vue des CSP, son plus haut niveau est atteint chez les retraités (32%) et les cadres supérieurs et professions libérales (31%). Le candidat socialiste est en retrait parmi les catégories populaires (21% chez les ouvriers où il arrive deuxième, mais tout de même 28% chez les employés où il finit premier ex aequo).

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A l’inverse de François Hollande, Nicolas Sarkozy (27,04% en moyenne) obtient des scores très clivés selon l’âge ou encore la catégorie professionnelle. Ainsi, son score est très élevé parmi les 65 ans et plus (41%) où il arrive largement en tête, mais l’est beaucoup moins parmi les 35-49 ans (22%) qui le mettent en troisième position seulement. Chez les employés (19%) et les ouvriers (14%), le candidat de l’UMP est très loin des scores obtenus en 2007 et ne se classe respectivement qu’en troisième et quatrième position. Nicolas Sarkozy est ainsi parvenu à reconquérir ses positions de 2007 parmi les électorats traditionnels de la droite, mais n’a pas réussi à renouveler l’adhésion des tranches d’âge intermédiaires et des catégories populaires.

Dans cette « France du travail », François Hollande et Marine Le Pen enregistrent les meilleurs scores : 28% des employés ont voté pour la candidate frontiste, ce qui la place au même niveau que François Hollande, et surtout 33% chez les ouvriers où elle occupe la première place. De même, 25% des 35-49 ans ont voté pour ces deux candidats. Enfin, François Hollande comme Marine Le Pen devancent Nicolas Sarkozy chez les salariés du privé (respectivement 27% et 23% contre 22% en faveur du candidat de l’UMP), comme parmi ceux du public (respectivement 30% et 23% contre 17%). Relevons que Jean-Luc Mélenchon obtient son meilleur score parmi les ouvriers (18%), mais qu’il se classe dans cette catégorie loin derrière la leader frontiste.

D’autres variables permettent une analyse intéressante du vote, comme par exemple le niveau d’éducation : les plus diplômés votent d’abord François Hollande (34%) ou Nicolas Sarkozy (32%) et délaissent Marine Le Pen (7%), alors que les moins diplômés sont très nombreux à choisir le vote FN (49%). Les clivages sont moins marqués s’agissant de la « facilité à s’en sortir avec les revenus du foyer » mais offrent la même grille de lecture.

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Les motivations du vote

S’agissant des principales qualités reconnues aux différents candidats, on relève des variations sensibles selon les électorats. La compréhension des préoccupations des Français constitue une qualité commune aux différents candidats reconnue par une part importante des électeurs de François Hollande (49%), surtout de Jean-Luc Mélenchon (67%) et plus encore de Marine Le Pen (73%). L’intégrité et l’honnêteté sont fréquemment citées pour François Hollande (41%) et François Bayrou (59%). Marine Le Pen, et à un degré moindre Nicolas Sarkozy, sont souvent salués pour leur courage (38% et 36%). Dans ce tableau, Nicolas Sarkozy tranche assez nettement, puisque 55% des interviewés choisissent avant tout d’évoquer sa capacité à décider (sur ce sujet, François Hollande ne recueille que 7% de citations) et 45% sa compétence (17% pour le candidat socialiste).

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Tous les candidats choisis l’ont été avant tout pour leur projet pour la France. Les électeurs de Marine Le Pen sont les plus nombreux à citer cette raison de leur vote (69%), signe d’une adhésion croissante aux idées du FN parmi les motivations du vote en faveur de ce parti. On relèvera que Jean-Luc Mélenchon est celui pour lequel le plus grand nombre d’électeurs évoquent « sa personnalité, ses qualités personnelles » (34% de citations), et que François Hollande a souvent été choisi pour son appartenance politique (44%).

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82% des électeurs de François Hollande l’ont soutenu pour qu’il soit président de la République, de même que 85% de ceux de Nicolas Sarkozy. Pour les deux candidats qualifiés au second tour, c’est donc très nettement la volonté de les voir élus qui prime. Les résultats sont différents pour leurs challengers du premier tour : 57% des soutiens de Jean-Luc Mélenchon et 46% de ceux de François Bayou évoquent avant tout le souhait de voir leur influence croître dans la vie politique. Pour ce qui concerne le vote Marine Le Pen, il a des motivations partagées : 40% de ses électeurs souhaitaient la voir accéder à la présidence de la République, un taux élevé pour un candidat frontiste, 34% espéraient que son influence puisse augmenter, et 26% qu’elle accède au second tour.

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Dernier indicateur des motivations du vote, la foi en la capacité du candidat choisi à améliorer les choses en France est reconnue dans chaque électorat : 49% des électeurs au global estime que cela s’applique « tout à fait » au candidat choisi, taux montant à 52% parmi les soutiens à Nicolas Sarkozy et 56% parmi ceux de Marine Le Pen, autre signe d’un vote d’adhésion croissant pour le FN. 44% des électeurs adhèrent tout à fait aux propositions de leur candidat, un taux équivalent parmi tous les électorats.

Élément notable, 60% des électeurs (hors électeurs de Nicolas Sarkozy) sont tout à fait d’accord pour dire qu’ils se sont rendus aux urnes afin de sanctionner le président sortant et son gouvernement, un taux qui monte à 73% parmi les électorats du Front de Gauche et du Parti Socialiste (mais qui « n’est que » de 47% parmi les électeurs de Marine Le Pen). Enfin, 42% des électeurs adhérent tout à fait à l’idée que leur vote exprime une défiance à l’encontre des autres candidats, un taux qui monte à 49% parmi les électeurs de Marine Le Pen et 61% parmi ceux de Nicolas Sarkozy, ce qui signifie qu’une part importante des soutiens du candidat UMP a voté par défiance vis-à-vis des autres candidats.

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La campagne électorale

La télévision est de manière attendue le canal d’information jugé le plus utile pour faire son choix pour cette élection. Les personnes interrogées placent d’ailleurs deux types de programmes télévisés en tête : les émissions politiques à la télévision (44% de citations) et les journaux télévisés (34% de citations). En troisième position, la radio demeure un moyen d’information non négligeable (21% de citations), même si elle semble peu attractive auprès des jeunes (12% auprès des moins de 35 ans). Elle s’avère aussi importante qu’Internet sous ses diverses formes, qui recueillent au final autant de citations : 15% de citations pour les sites Internet d’information, 6% pour les sites Internet et blogs des candidats, 1% pour Facebook et 1% pour Twitter. Les réseaux sociaux n’ont par conséquent pas joué un rôle central dans cette élection présidentielle, y compris auprès des jeunes.

Les canaux partisans ont joué un rôle moins central, mais recueillent des scores non négligeables. Meetings (13%), sites Internet et blogs des candidats (6%), tracts (5%) et affiches (2%) n’ont été mentionnés au total que par 26% des interviewés. Les Français ont privilégié des moyens d’information moins subjectifs et plus synthétiques. Notons cependant que les meetings de Jean-Luc Mélenchon (24% contre 13% en moyenne) et la distribution de tracts (9% contre 5% en moyenne) par ses partisans ont joué un rôle substantiel auprès de ses électeurs.

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Méthodologie

Ce document présente les résultats d’une étude réalisée par l’Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction.

Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l’accord exprès de l’Ifop.

Étude Ifop-Fiducial pour : Europe 1 - Paris Match - Public Sénat

Échantillon de 3509 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus
inscrite sur les listes électorales.

La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Les interviews ont eu lieu par questionnaire autoadministré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing), le 22 avril 2012.

Précision relative aux marges d'erreur

La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :

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Exemple de lecture du tableau : dans le cas d’un échantillon de 4 000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 10%, la marge d’erreur est égale à 0,9. Le vrai pourcentage est donc compris entre 9,1% et 11,9%.

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