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Titanic, un mythe insubmersible
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Revue de blogs

Préparons-nous : le centième anniversaire du naufrage du Titanic le 15 avril déchaîne déjà sur le Net une orgie de témoignages, enquêtes et archives. La nouvelle sortie du film "Titanic" de James Cameron, relooké en 3D, va encore aggraver l’obsession. Une question reste sans réponse : pourquoi le Titanic, et pas un autre naufrage ?

Pourquoi ne pouvons-nous pas oublier le Titanic ?" se demande le Newyorker, en pleine frénésie du 100ème anniversaire du plus célèbre naufrage, et assure aussi que  "Les trois sujets sur lesquels on a écrit le plus (aux Etats-Unis) sont Jésus, la Guerre civile, et le Titanic".  L'anniversaire du naufrage le 15 avril et le lancement du film Titanic relooké en 3D promettent une nouvelle orgie de Kleenex détrempés. Les âmes d'ingénieurs peuvent préférer l'animation du même James Cameron décryptant comment le Titanic s'est désintégré, en une heure et demie.

 Vidéo de la reconstitution en 3D du naufrage

On sait pourtant déjà tout du Titanic et de ses passagers, jusqu'au fait que cinq pianos a queue, huit milles fourchettes, un standard de 50 lignes de téléphone, 29 chaudières, et un exemplaire incrusté de pierres précieuses du Rubáiyát de Omar Khayyam ont sombré avec le navire. Avec 1503 personnes. Mais cela ne suffit pas. Le mythe du Titanic a faim. Pour son centième anniversaire, il devient boulimique. Et curieusement, on trouve encore de quoi le nourrir.

La chaine américaine History a lancé, cent ans après les faits, un live tweetdes derniers jours du Titanic, qui s'achèvera avec le naufrage, le 15. Pendant ce temps, une "croisière du souvenir" qui suivra le même trajet que le Titanic, est partie de Southampton en Angleterre à bord du Balmoral, avec des passagers en costume d'époque. On espère que le réchauffement climatique leur épargnera une reconstitution trop fidèle.

Il n'y aura pas de mariage sous-marin sur les lieux du naufrage, car outre que la saison ne s'y prête pas, cette folie a déjà été commise par un couple d'Américains. Un tour opérator de l'extrême propose toujours un package Titanic: " Lors d'une croisière de deux semaines, d'un montant de 60 000 dollars, deux touristes peuvent se glisser dans un petit bathyscaphe russe MIR de 2,10 mètres de large, piloté par un Russe. La descente jusqu'aux abysses où repose le Titanic prend environ deux heures et demie, et la durée totale d'immersion est de 8 à 10 heures". Du moins, si les pétitions s' opposant à ce que l'on boive du Champagne sur les lieux d'un drame n'y mettent pas un terme; 

L'université Widener a elle aussi cherché, et trouvé, un nouvel angle pour son exposition Titanic : le Titanic et les chiens. Ils étaient 12, 3 ont survécu : deux Loulous de Poméranie et un Pékinois. Au moins deux survivants ont exigé de leur assuranceune compensation pour leur chien disparu. The Big Picture, le site modèle de photo-journalisme, a préparé une rétrospective photos beaucoup plus digne qui comprend la photo supposée de l'iceberg fatal, prise par un membre d'équipage d'un bateau passé là un peu plus tôt.

Le Titanic sévit jusque sur les sites pédagogiques, qui proposent une liste des meilleurs sites et blogssur le Titanic. Ultimate Titanic serait le meilleur (en anglais), avec plusieurs interviews de survivants tels que ceux-ci :

Ancestry.co.uk met à la disposition des internautes gratuitement jusqu'à la fin du mois de mai une collection de 200 000 documents d'archives de l'apparemment intarissable fonds d'archives et de vestiges du Titanic (il faut néanmoins s’inscrire au site et la recherche est difficile car elle s'effectue par noms ou lieu de naissance). Parfois totalement macabres comme la liste officielle des corps identifiés retrouvés, les recherches sur un patronyme anglais courant, Smith, qui était aussi le nom du capitaine, révèle plus de cinquante passagers portant ce nom, morts ou rescapés, passagers ou membre d'équipage. Pour les obsédés professionnels du Titanic, la référence absolue du recueil de témoignages de rescapés resteA night to remember, publié en 1955, et qui n'a jamais cessé d'être réimprimé depuis.

Poynter s'est intéressé à la couverture de l'évènement par les journaux américains de l'époque. Seul le New York Time semblait avoir compris l'énormité de l'émotion populaire, et avait affecté 16 journalistes à l'arrivée du Carpathia, où des centaines de rescapés avaient trouvé refuge, en louant un étage de l'hôtel situé en face du quai et en y installant tous ses typographes.  

Ce qui ne répond pas à la question : pourquoi le Titanic ?  Au cours des décennies, toutes les thèses ont été avancées. Un symbole de l'égalité des classes devant la mort. Une parfaite illustration de deux mythes grecs. Le terrible plaisir que l'on prend à la destruction d'une chose très belle. Cette année, un chercheur de Harvard, Nathaniel Philbrick, avance dans une préface que le mythe est insubmersible pour deux questions, qui entretiendraient l'obsession : "'Qui va s'en tirer ?" Et surtout : "Qu'aurai-je fait dans cette situation ?" 

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