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Puits de l'enfer : La plate-forme Elgin, nouveau scandale de Total
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Atlantico Green

La plate-forme Elgin, installée en mer du Nord, à deux cent quarante kilomètres au large d'Aberdeen (Écosse), est en grande difficulté. Il s'agit du plus grave incident qu'ait connu Total dans la région depuis au moins une décennie.

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En avril 2010, la plate-forme Deepwater Horizon explosait dans le Golfe du Mexique, provoquant la plus grave marée noirede l'histoire des États-Unis. Preuve (si besoin était) que, deux ans plus tard, l'exploitation pétrolière offshore n'est toujours pas sans risques, la plate-forme Elgin, installée en mer du Nord, à deux cent quarante kilomètres au large d'Aberdeen (Écosse), est à son tour en difficulté. Il s'agit du plus grave incident qu'ait connu Totaldans la région depuis au moins une décennie.

Le « puits de l'enfer »

Exploitant de la plate-forme Elgin, le groupe pétrolier français est aujourd'hui montré du doigt par plusieurs associations de protection de l'environnement, qui l'accusent de minimiser l'ampleur écologique du drame. Y a-t-il eu des manquements à la sécurité en amont ? Quelle sont la ou les causes de la fuite de gaz qui s'est déclarée le 25 mars dernier et dont on ignore toujours quand et comment elle pourra être résorbée ? En attendant des réponses à ces questions capitales, on soulignera que l'exploitation pétrolière en mer du Nord fait depuis de longues années l'objet de critiques virulentes des ONG écologistes. Celles-ci dénoncent notamment une législation très incomplète et le fait que de nombreux incidents soient passés sous silence.

Même son de cloche chez l'eurodéputée et présidente de Cap 21 Corinne Lepage, qui dans une tribune publiée sur le site de Rue89 regrette en particulier que le champ d'application de la directive dite « Responsabilité environnementale » du 21 avril 2004, « pièce maîtresse du droit européen de l'environnement », ne couvre pas l'ensemble des eaux concernées par les champs pétroliers offshores.

Directeur de l'association norvégienne Bellona, Frédéric Hauge, lui, a dans les heures qui ont suivi l'incident parlé de « puits de l'enfer »et estimé que, malgré les allégations rassurantes des responsables de Total, « le problème échappe à tout contrôle ». Si cette dernière accusation n'est pas (encore ?) corroborée par les faits, on sait qu'Elgin produisait l'équivalent de soixante mille barils de brut léger et jusqu'à... neuf millions de mètres cubes de gaz naturel par jour, soit 3 % de la production britannique. Enfoui à plus de quatre mille mètres de profondeur, le réservoir de gaz générait en outre une pression de l'ordre de mille cent bars, c'est-à-dire trois cents de plus que dans le puits de la plate-forme Deepwater Horizon. Des chiffres impressionnants et qui expliquent peut-être beaucoup de choses...

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Quelles conséquences pour l'environnement ?

Depuis le début de l'incident, les responsables de Total mettent un point d'honneur à relativiser ses impacts écologiques, quand bien même environ deux cent mille mètres cubes de gaz s'échapperaient quotidiennement d'Elgin depuis deux semaines. Réfutant la présence de pétrole aux abords de la plate-forme accidentée, une porte-parole du groupe citée par Libération a tout de même évoqué « un condensat léger de gaz », lequel ne poserait néanmoins « pas de risques significatifs pour les oiseaux marins ou le reste de la vie sauvage ».

La torchère a beau s'être éteinte toute seule en fin de semaine dernière, le risque d'étincelle ne peut en revanche être définitivement écarté, comme l'a d'ailleurs reconnu Andrew Hogg, directeur de la communication dans la branche Exploration et Production du pétrolier français, qui a cependant assuré que toutes les mesures nécessaires étaient prises pour « assurer la sécurité du personnel et des équipements ».

Le groupe français, dont le nom reste indissociable du drame de l'Erika, même si la Cour de cassation devait finalement estimer qu'il n'en est pas responsable, se sait « marqué à la culotte » par Greenpeace. L'association a en effet effectué des prélèvements qui sont actuellement analysés en laboratoire. Son bateau Koenigin Juliana a par ailleurs été dépêché sur place en début de semaine, avec à son bord une trentaine de personnes ainsi qu'une douzaine de journalistes. « Situées à environ cinq kilomètres de la plate-forme […], les équipes de Greenpeace ont observé une nappe de pétrole à la surface de l’eau et inhalé des vapeurs chimiques dans l’air. On peut se rendre compte de la pollution et de la contamination de l’environnement », a résumé l'un d'entre eux sur BFM TV mardi matin. Last but not least, un expert de l'ONG a parlé d'un gaz à l'effet de serre environ vingt fois plus important que le dioxyde de carbone (CO2).De quoi s'interroger sur la justesse des assertions de Total...

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Et maintenant ?

Total a constitué une équipe mixte composée de trois de ses experts et de cinq spécialistes de la société Wild Well Control, spécialisée dans les interventions sur puits et qui avait déjà pris part aux opérations de secours déclenchées à la suite de l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon. Différé en raison de conditions météorologiques défavorables, son transfert sur la plate-forme Elgin a finalement eu lieu hier après-midi.  

De reconnaissance, la mission des experts, qui a duré environ quatre heures, visait à collecter des données relatives à « la plate-forme de tête de puits d'Elgin et au puits G4 », a indiqué le groupe pétrolier dans une communiqué. Il s'agissait aussi de dresser un premier état des lieux de la zone de la fuite, dont on sait maintenant qu'elle provient de « la tête du puits G4 au niveau du pont de la plate-forme », comme l'a indiqué Total dans un communiqué diffusé en milieu d'après-midi, et de définir des zones d'accès sécurisées. « En parallèle, un relevé réalisé par un robot d'intervention a confirmé l'absence de toute fuite de gaz sous-marine », a précisé le groupe pétrolier.

Les informations récoltées par les experts, qui « envisagent de retourner sur la plate-forme dans les jours à venir pour terminer leur examen et mettre au point des plans détaillés », seront utilisées pour préparer le déploiement des équipements nécessaires à l'opération de contrôle du puits. Dans le même temps, le processus pour le forage de deux puits de secours se poursuit. Périlleuse, cette tâche devrait nécessiter de longues semaines. Enfin, les autorités écossaises ont décidé tout à l'heure de mettre en place une mission d'expertise indépendante, rapporte l'AFP. Jugé « minime » à ce stade, l'impact environnemental de la fuite n'en fait pas moins l'objet d'un suivi étroit du gouvernement, lequel a envoyé le bateau Alba na Mara sur place afin de recueillir à son tour des échantillons.

Le boulet de BP s'appelait Deepwater Horizon. Le nouveau calvaire de Total, hélas beaucoup moins médiatisé en raison de la proximité du premier tour des élections présidentielles,s'appelle Elgin...

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