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Le Mobile World Congress de Barcelone a été dominé par la montée en puissance des processeurs qui équipent les terminaux nomades.
Le Mobile World Congress de Barcelone a été dominé par la montée en puissance des processeurs qui équipent les terminaux nomades.
©Reuters

La minute "Tech"

Le Mobile World Congress de Barcelone a été dominé par la montée en puissance des processeurs qui équipent les terminaux nomades. Mais l’offre de nouveaux usages dépend de l’accroissement des débits sur les réseaux.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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A Barcelone, la semaine dernière, ce fut un festival de pâmoisons autour des nouveaux modèles, tous plus étonnants les uns que les autres en design et en fonctionnalités. Il y eut des concours de pronostics sur l’évolution prochaine des parts de marché respectives des systèmes d’exploitation qui font tourner les applications.

Tout cela a généré beaucoup d’articles extatiques mais peu curieux. Car la mobilité, c’est une superposition de couches qui interagissent. Sous la couche marketing et sous la couche logicielle, il y a la couche réseaux. Si celle-ci ne correspond pas, technologiquement parlant, aux promesses du marketing, il y a frustration.

C’est d’ailleurs ce qui apparaît dans les quelques articles de presse qui ont proposé un bilan de Barcelone 2012 : après les gloussements autour des gadgets, beaucoup d’amertume sur un sentiment de vide. Il ne se serait rien passé au MWC 2012. Il y a pourtant été question des infrastructures. Sujet sans doute trop austère. Or, les infrastructures forment la couche réseau de la mobilité. C’est la plus déterminante car sans diversification et améliorations des supports et vecteurs techniques, pas de nouveaux usages. On en serait encore à Transpac (1) et à Bibop (2).

Réseaux mobiles : terminaux, usages et débits

C’est la diversification des réseaux qui favorise une pluralité d’usages. La mobilité se joue aujourd’hui sur quatre types d’ondes : la 3 G pour les communications sur de longues distances; le Wi-Fi, Bluetooth et NFC (Near Field Communication = champs rapprochés) pour les services à courts rayons d’activation. En attendant le déploiement de la norme 4G (120 mégabits par seconde sur longues distances) entre 2015 et 2021, le réseau dont on le plus parlé à Barcelone la semaine dernière est le Wi-Fi, à cause de son prochain standard 802.11ac.

Le 802.11ac est la cinquième version, en cours de finalisation, du protocole 802.11 mis au point aux Pays-Bas en 1991. Le débit était alors de 1 mégabit par seconde. L’équivalent d’un chemin vicinal. Depuis, il y a eu les versions a, b, g et n, ce dernier standard autorisant depuis trois ans des débits compris entre 7 et 30 mégabits par seconde. Avec le standard ac, on va passer de la route nationale à l’autoroute à huit voies. Concrètement, jusqu’à 300 Mégabits par seconde.

A Barcelone, la société Broadcom, qui développe une nouvelle génération de processeurs pour terminaux mobiles, a présenté un téléphone prêt pour le standard 802.11ac. Doté d’une puce moins puissante que celle qui équipera les ordinateurs et tablettes, l’appareil a supporté un débit de 370 mégabits par seconde.

Sa concurrente, Qualcomm, est en train de finaliser, autour de son processeur Snapdragon, un véritable écosystème de la mobilité avec une seule puce qui donnera accès aux principaux réseaux : Wi-Fi, Bluetooth, FM.

L’amélioration du débit, donc de la quantité et de la qualité de contenus que les terminaux pourront recevoir, tient à la multiplication des fréquences d’ondes exploitables (huit fois plus qu’il y a dix ans) et à l’optimisation des antennes. Cette évolution décisive suppose une mise à jour technique des routeurs et des points d’accès, donc des investissements très importants. Il n’y aura de retour sur ces investissements que si de nouveaux services peuvent être monétisés, c'est-à-dire si les utilisateurs acceptent d’en payer le surcoût.

Risque de saturation vers 2015

Ces offres porteront sur des vidéos et des jeux de très hautes résolutions comme la réalité augmentée sur tablettes à écrans larges. Il est possible aussi que certains usages spontanés amènent les fournisseurs à proposer des solutions imprévues. Après tout, les conversations téléphoniques diminuent, dans le trafic mobile, au profit de transferts de données pour lesquels le téléphone n’avait pas été conçu à l’origine. En 1881, cinq ans après la première vraie liaison téléphonique à la foire-exposition de Philadelphie, l’Etat français qui ne croyait pas à cette nouvelle technologie, concédait à une firme privée, la Compagnie du Théâtrophone, le soin de vendre sur un réseau embryonnaire la diffusion en direct des opéras et des comédies de boulevard à la mode (3).

Le déploiement du Wi-Fi nouveau sur les réseaux sans fils va provoquer une nouvelle fracture numérique. Il faudra imposer une sélection par les prix, au moins pour certains utilisateurs, car le volume de données qui transitent par les réseaux mobiles approche de la saturation. Tant qu’il s’agissait de courriels, de SMS et de petites photos prises avec des capteurs à 3 millions de pixels, çà allait encore. Mais depuis que 800 millions de smartphones drainent et charrient du son et de la vidéo de haute résolution, il y a risque d’embouteillages. Avec les jeux en ligne et les télévisions connectées, il va falloir ouvrir des dérivations de trafic. Le porte-parole de la compagnie américaine AT&T s’attend au pire dans trois ans ; selon lui, le trafic des deux premiers mois de 2015 sera égal au trafic de toute l’année 2010.

Sélection par les prix

Le désencombrement s’opérera par les prix. Les heavy users (utilisateurs lourds) paieront plus que les utilisateurs modérés. Le système de tarification s’élabore en même temps que les dernières mises au point du standard Wi-Fi 802.11ac qui, à partir du deuxième semestre de cette année, raccordera les connexions proches au réseau mondial dans les lieux publics, les entreprises et les foyers.

Le Wi-Fi à hautes capacités va automatiquement provoquer un très gros accroissement du trafic sur les réseaux à longues distances 3G et ce, bien avant que la norme 4G soit mise en place pour répondre efficacement à cette demande. Au-delà d’un volume de données prévu dans le cadre d’un forfait, il faudra payer en plus pour chaque mégabit supplémentaire. Et si l’utilisateur compulsif de 802.11ac en demande vraiment trop au réseau global, son fournisseur d’accès diminuera progressivement les quantités de données qu’il pourra recevoir. Sevrage autoritaire pour abus de donnés.

C’est ce qui se passe avec l’accès internet par satellite. Avec une différence sensible : l’internaute dispose d’une sorte de chemin privé vers les relais géostationnaires du firmament.

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(1) Lancé en 1979, le protocole X.25 de transmission par paquets de données sera définitivement arrêté le 30 juin 2012

(2) Lancé en 1991 et arrêté six ans plus tard, le Bibop a été un réseau de communication mobile qui obligeait les utilisateurs à se placer sous certaines antennes dans certaines villes pour pouvoir émettre et recevoir sous conditions optionnelles.

(3) « Télégraphes et téléphones, de Valmy au microprocesseur », Catherine Bertho, Le livre de poche.

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