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Evaporation ? Ce que comptent voter en 2017 les électeurs de droite de 2007 et 2012
©AFP

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Le PénélopeGate a écorné l'image de François Fillon auprès des électeurs de droite. Certains d'entre-eux resteront fidèle à leur champion mais pour les autres, ils pourraient être tentés par les différentes offres politiques qui se profilent en vue de la présidentielle, que ce soit Marine le Pen, Emmanuel Macron ou bien même l'abstention.

Bruno Cautrès

Bruno Cautrès est chercheur CNRS et a rejoint le CEVIPOF en janvier 2006. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections. Il a développé d’autres directions de recherche mettant en évidence les clivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans les électorats et les opinions publiques. Il est notamment l'auteur de Les européens aiment-ils (toujours) l'Europe ? (éditions de La Documentation Française, 2014) et Histoire d’une révolution électorale (2015-2018) avec Anne Muxel (Classiques Garnier, 2019).

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Atlantico : Aux deux précédentes élections présidentielles, pour le premier tous, l'électorat de droite a voté pour Nicolas Sarkozy à 31.18% en 2007 et à 27.18% en 2012. Au regard des dernières données, en prenant en compte le niveau d'abstention et les indécis, quel pourrait être le potentiel du candidat de la droite ? Que sont devenus les électeurs de 2007 et 2012, dans quelles catégories (votants, indécis, abstentionnistes) et auprès de quels candidats peut-on les retrouver aujourd'hui ? 

Bruno Cautrès : Répondre à cette question aujourd’hui dépend de la manière dont la campagne du candidat de la droite, François Fillon, va pouvoir ou pas se relancer. Le potentiel électoral de François Fillon aujourd’hui, dans le contexte du « Pénélope gate », est nettement inférieur à celui de Nicolas Sarkozy en 2012 et a fortiori 2007. Si par « potentiel électoral » on entend le réservoir que le candidat de la droite pourrait trouver parmi les abstentionnistes potentiels, il est difficile de savoir ce qu’une partie de ces abstentionnistes feraient si finalement François Fillon n’avait pas eu les ennuis qu’il a aujourd’hui. L’enquête rolling de l’IFOP montre que seule une moitié (54%) des électeurs de 2012 de Nicolas Sarkozy déclare avoir l’intention de voter pour François Fillon tandis que 20% d’entre eux sont partis vers Marine Le Pen et 16% chez Emmanuel Macron. Il s’agit d’une perte très importante et d’un élément de fragilité très inquiétant pour François Fillon. Si le soutien chez les sympathisants LR reste important, elle n’est que de 73% quand même ; le soutien parmi l’ensemble des sympathisants de droite est à un niveau faible (63%) pour un candidat qui a triomphé à la primaire et se trouve à quelques semaines de la présidentielle. Tous ces éléments traduisent une fragilité certaine de la candidature Fillon aujourd’hui et une situation un peu bancale. 

Qui sont encore les Français qui soutiennent François Fillon ? Quelle est leur sociologie ? Que nous apprennent-ils de l'évolution du vote de "droite" ?

Alors même que l’ampleur de sa victoire à la primaire semblait faire de François Fillon un candidat s’imposant dans tous les segments de l’électorat de la droite, voire au-delà, la sociologie de l’intention de vote Fillon aujourd’hui est réduite à une peau de chagrin : la dernière vague de l’enquête rolling réalisée quotidiennement par l’IFOP indique que 18% des personnes interrogées déclarent avoir l’intention de voter pour François Fillon. Ce pourcentage n’est à la hausse que chez les plus de 65 ans, les retraités, les dirigeants d’entreprises et les personnes diplômées du supérieur. Cette sociologie semble étroite pour gagner l’élection présidentielle, même si dans cette élection de 2017 le pourcentage de voix pour se qualifier au second tour peut tourner autour de 20% au premier tour.  Si cette sociologie colle assez bien à certains segments classiques de l’électorat de droite, on voit dans le même temps qu’elle n’est pas une sociologie de conquête de nouveaux milieux sociaux, voire même tout simplement une sociologie porteuse pour entraîner l’adhésion au programme de réformes de François Fillon s’il était élu. 

Au regard de ces évolutions, quelles sont les obstacles potentiels de la candidature de François Fillon ? Quelles devraient être ses priorités au cours des deux prochains mois ?

La candidature de François Fillon fait face à une situation qui semble très difficile à redresser. Le point le plus difficile pour lui est l’écart entre le discours ou l’image qu’il a livrés aux électeurs (rigueur, droiture), le programme annoncé (efforts, coupes massives dans les dépenses publiques,) et les éléments révélés ces dernières semaines. Comment peut-on avoir déclaré être à la tête d’un Etat en faillite (lorsqu’il était premier ministre)  et en même temps ou presque avoir salarié sur de l’argent public des membres de sa famille à un tel niveau de salaire ? Comment en appeler aux efforts dans la fonction publique dans ce contexte là ? Si François Fillon parvient à maintenir sa candidature (ce qui n’est pas certain), sa priorité devrait être d’avoir une série de gestes symboliques et de propositions lui permettant de montrer qu’il a compris ce que ressentent les français face à tout cela. Il ne pourra pas, en tout cas, faire campagne sur les thèmes centraux qui devaient être les siens comme si de rien n’était : réduction drastique des dépenses publiques, efforts sur le temps de travail des fonctionnaires, suppression de l’ISF par exemple. L’évocation de ces thèmes par François Fillon durant sa campagne le mettra tout de suite en porte-à-faux. Je ne vois pas bien comment il peut faire face à cette situation, cela semble très, très compliqué. 

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