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Quand le grand chic devient translucide, quand la lumière vient de la mer et quand l’arc-en-ciel met ses crampons : c’est l’actualité des montres au lendemain de la Chandeleur
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Atlantic-tac

Mais aussi de la dentelle suisse crânement fluo, les tribulations horlogères d’un dandy britannique et les multiples axes d’une cosmogonie mécanique…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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GIRARD-PERREGAUX: Au cœur mouvant du continuum espace-temps…

Quoi de plus plat qu’une montre, qui ne nous offre généralement qu’une expression du temps en deux dimensions ? En pleine renaissance, la manufacture Girard-Perregaux nous propose une vision tridimensionnelle de ce temps (qui est, en soi, une quatrième dimension). Ce Planétarium tri-axial dispose en effet d’un « tourbillon » capable de tourner sur lui-même selon trois axes de rotation (une révolution sur lui-même pendant une minute, une giration pendant trente secondes sur un deuxième axe et une rotation en deux minutes sur un dernier axe : c’est proprement fascinant (vidéo ci-dessous). Ce serait déjà un bel exploit, mais Girard-Perregaux ajoute à ce triple axe un globe terrestre sphérique, qui tourne sur lui-même en 24 heures, le temps de nous faire admirer ses peintures miniatures, dans l’esprit des cartographies du XVIIIe siècle. Complément logique : le disque de la Lune, qui reprend l’imagerie sélénographique du XVIIe siècle et qui reproduit la Lune telle que nous la voyons dans le ciel tout au long du mois. Pour mieux admirer ces animations, des « hublots » en verre ont été ouverts dans la carrure latérale de cette montre Planétarium, qui nous prouve que la haute horlogerie reste plus que jamais un pont jeté entre l’espace et le temps. 

FRANC VILA: La quête des heures translucides…

Sans rimer au sens poétique du terme, le « luxe » et la « lumière » possèdent des affinités secrètes : depuis quelques années, la haute horlogerie rêve de montres transparentes et s’enfièvre dans sa quête d’une nouvelle légèreté. Plus c’est léger, plus c’est coûteux. La jeune manufacture Franc Vila, qui a surmonté ses maladies infantiles, concilie dans la translucidité les réponses à ce double défi. Les boîtiers sont réalisés dans un matériau composite exclusif, qui s’offre, en plus, la coquetterie d’une palette de couleurs à peu près infinie[ne pas voir dans le bleu-blanc-rouge de la trilogie ci-dessous une affiche électorale]. Au poignet, c’est non seulement amusant, mais aussi très léger : on en oublierait presque les battements réguliers d’un mouvement « squeletté » qui se trouve comme suspendu dans ce bain de lumière et qui est maintenu en place par un astucieux système de ressorts. Évidemment, autour des 15 000 euros, cette révolution chromatico-pondérale est réservée à une élite, mais songez que les autres manufactures suisses qui prétendent boxer dans cette catégorie transparente vous factureront leur montre entre cinq fois et cent fois plus cher ! Quand les Suisses aiment les riches, ils ne comptent pas…

HUBLOT : Un style fluo qui crâne dans la dentelle suisse…

S’il n’est pas question de transiger une seconde avec le style Big Bang qui s’impose à tous les happy few de la tribu Hublot, on peut en moduler l’expression tellement on compte de variantes de cette icône créée voici à peine plus de dix ans par Hublot. Pour combattre les grisailles de l’hiver, voici les fluorescences brodées de la série des Sugar Skull Fluo : de vraies broderies, dans la tradition des brodeuses de Saint-Gall, repiquées de couleurs inattendues (cobalt blue, sunflower, hot pink ou malachite green : en anglais, c’est plus chic, même si ces dentelles sont suisses alémaniques et réalisées par la fameuse maison Bischoff). Avec la céramique noire du boîtier de 41 mm, c’est un premier choc. Avec le motif à « tête de mort » (skull) choisi pour le cadran et prolongé sur le bracelet, c’est le second choc. Avec les pierres de couleur (saphir bleu, jaune, rose ou tsavorite) qui rehaussent la lunette de leurs lumières électriques, c’est l’éblouissement. La maison Hublot ne fait pas dans la dentelle, elle fait beaucoup mieux : s’il n’y a qu’une Big Bang à porter cette saison, ce sera cette Sugar Skull Fluo…

SPEAKE-MARIN: Le dandysme horloger a trouvé à qui parler…

C’est par passion pour la belle horlogerie que le maître-horloger Peter Speake-Marin a quitté son île britannique pour les rivages suisses du lac Léman. Il a gardé de la tradition anglaise le goût des « boîtiers de travail » (cylindriques, simples et fonctionnels, avec des attaches de bracelet volontairement puissantes), en leur ajoutant la bienfacture suisse qui s’attache aux mouvements « manufacture ». Sa touche personnelle, c’est la créativité exprimée par le cadran, avec une petite seconde inhabituellement placée à 1 h 30 qui vient équilibrer le micro-rotor du remontage automatique et le barillet qui apporte 52 heures de réserve de marche. Deux tailles de boîtiers (38 mm et 42 mm), deux esthétiques (or rouge pour la One, titane pour la Two) et un prix très bien placé pour une telle exclusivité (autour des 16 000 euros) : cette collection des One & Two est un vrai manifeste du nouveau dandysme horloger…

VAN CLEEF & ARPELS: Les humeurs de la mer…

C’est un des plus extraordinaires bracelets horlogers qui ait jamais été produit place Vendôme, où la maison parisienne Van Cleef & Arpels tient vitrine depuis plus d’un siècle. Cette montre « Heure marine » » s’inspire (vaguement) d’une manille, mais c’est sa fluidité joaillière et son secret horloger qui enthousiasment. On remarque tout de suite les deux saphirs taillés en pain de sucre (27,34 carats) enchâssés dans un ruissellement de diamants soutachés de saphirs qui soulignent les courbes du bracelet. Une pression sur le cabochon en émeraude libère le secret d’un cadran en nacre cerné d’onyx et de diamants : le temps qui passe est un trésor dont le coffre s’ouvre par le plus précieux des couvercles. C’est à cet instant précis qu’on regrette de ne pas être milliardaire, parce qu’il faudra l’être pour passer cette pièce unique à son poignet…
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DELACOUR: Un arc-en-ciel qui se rie des maléfices du temps…

On annonce régulièrement la mise à mort du « bling-bling » et la ringardisation des « montres de footballeur » – voyantes et lourdement tarifées. Ce n’est qu’une tendance, lourde et puissante, mais qui génère, comme toutes les dynamiques torrentielles, son contre-courant. La maison suisse DeLaCour maintient la tradition de ces montressurdimensionnées et surdécorées, dont on ne peut nier qu’elles font un certain effet au poignet : le boîtier elliptique de cette City Umbra est parfaitement reconnaissable (c’est le but recherché) avec ses 55 mm de titane, ses diamants et ses saphirs – des pierres dont l’arc-en-ciel chromatique structure les lignes de la montre. Le cadran aurait été jaloux de cette lunette sans ses diamants et ses saphirs assortis. Au fait, c’est une vraie montre, avec un vrai chronographe mécanique à remontage automatique, mais ce n’est pas qu’une montre : c’est un fétiche de poignet autant qu’un prétexte pour engager la conversation – on se sent toujours un peu seul quand on est un footballeur enrichi à la seule force de ses crampons…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES
Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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