Allô, c'est Rachida : les coups de fil assassins de Rachida Dati ; un djihadiste Bac plus 10 ; l'homme qui veut séparer sexe et procréation ; Bayrou candidat ? peut-être ...

La plupart de vos mags étaient bouclés ou déjà sous presse au moment où a éclaté "l'affaire Fillon". Seul Marianne en fait sa couverture et n'y va pas de main morte avec ce titre  "l'affaire qui peut faire tomber Fillon". Les autres news magazines s'intéressent à la primaire de la gauche. L'Obs a déjà tranché. Tout en se montrant réservé sur son programme, le  mag consacre sa couverture à Benoit Hamon et annonce "la Rupture", tandis que le Point compare la situation actuelle du PS  à ce qui s'est passé en 1969, (-la mort de la SFIO), et pose la question "qui rachètera le PS à la découpe après 2017 ? Valls, de l'intérieur du PS, par un sursaut des réformistes? Macron, de l'extérieur du PS, pour refonder un grand parti progressiste du type blairiste ? Ou Mélenchon, en se rapprochant de Benoit Hamon pour renouer avec la tradition guesdiste?". En attendant la réponse, l'Obs publie une longue interview de Benoit Hamon qui défend bec et ongles le revenu universel... Pour lui "ce n'est qu'un transfert de richesses. La vraie question, c'est qu'est-ce que ça rapporte ? Le revenu universel libérera potentiellement 600.000 emplois étudiants, ce n'est pas neutre. Il mettra en circulation beaucoup d'argent : 45 milliards d'euros dans un premier temps. Il permettra enfin d'éradiquer la pauvreté. C'est un choix politique qui n'a rien de déraisonnable, dès lors que l'on a mis 40 milliards d'euros sur le pacte de responsabilité, qui n'a créé que 70.000emplois". Vous avez bien lu "mettra en circulation" et non coûtera... dans un premier temps... mais, écrit le mag qui ne voudrait sans pas passer pour totalement "réac", "il faut bien commencer un jour par planter les graines d'un imaginaire. Il a fallu cinquante ans de débats avant d'instaurer en France, en 1945, la Sécurité Sociale".

Ouragan sur la fillonie

De sécurité sociale, il en est question chaque fois que l'on évoque le programme de François Fillon. Mais aujourd'hui c'est le salaire de sa femme Pénélope, rétribuée comme attachée parlementaire de son mari, qui fait polémique. Marianne écrit : "Avec sa réserve et son ascendance gallo-anglaise, Penelope était présentée comme l’antithèse d’une Carla Bruni, omni­présente et interventionniste. Une future première dame façon Yvonne de Gaulle. Et dont la communication très contenue se bornait à répéter qu’elle se tenait loin du microcosme et qu’elle se consacrait à son foyer, mère de cinq enfants, dont le plus jeune a aujourd’hui16 ans. En octobre 2016, alors qu’elle s’était fugacement exposée dans la dernière ligne droite de la primaire, elle avait d’ailleurs confié au Bien public : "Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais impliquée dans la vie politique de mon mari." Depuis 2014, elle était tout de même conseil­lère municipale de Sablé...

"Mardi soir, alors que se levait l’ouragan médiatique, le premier cercle de Fillon se serrait autour de la patronne de sa communication, Anne Méaux. De cette réunion sont sortis de bien maigres éléments de langage que le candidat a ânonnés mercredi matin. Manque de chance, il était ce jour-là à Bordeaux, pour rencontrer son adversaire mal­heureux à la primaire, Alain Juppé, avec une meute de journalistes aux trousses. Fillon a donc entonné l’air du « mépris » et de la « misogynie » dont ferait preuve selon lui le Canard enchaîné !           "Alors, parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un instant qu’un homme politique dise d’une femme – comme le fait cet article – qu’elle ne sait que faire des confitures. Toutes les féministes hurleraient". Loin du déni filloniste, l’affaire a engendré pour le coup un véritable effet "blast" dans les rangs de la droite... "Cette espèce d’affichage de probité, de morale, de vertu qu’avait Fillon vient se percuter sur cette his­toire ", souffle l’une de ses anciennes ministres. "Il y en a plein qui font cela. Mais tu ne peux pas, comme lui, faire tout le temps des leçons de morale aux autres et te comporter ainsi", observe un cadre de LR.

ça m'en touche une...

Mais partout on s’interroge sur la source du Canard. Un sarkoziste déçu et mal servi par François Fillon ? "Vous plaisantez, si nous avions eu ce genre d’information, nous l’aurions sortie au moment de la primaire", souffle un cadre LR, pas très fillonisé, on l’aura compris. Alors, les regards se tournent vers l’Assemblée nationale, où sont archivées les fiches de paie de Penelope Fillon. "C’est un coup de la gauche, cela tombe au plus mauvais moment pour nous", accuse un col­laborateur parlementaire. Au moment où des sérieux doutes se font entendre sur la manière, impressionniste, dont François Fillon mène campagne depuis sa victoire à la primaire. Une période flottante, avec une désastreuse séquence non encore purgée sur sa très hésitante réforme de l’assurance maladie. Un épisode sanctionné par plusieurs sondages montrant un net recul de l’ancien Premier ministre, dépassé par Marine Le Pen et surtout talonné par Emmanuel Macron. "Cela m’en touche une sans faire bouger l’autre", a répondu Fillon – façon Chirac – devant les parlementaires qu’il a conviés à son QG la semaine dernière, refusant notamment de prendre la juste mesure du phéno­mène Macron. C’est dire l’importance du ren­dez-vous que le candidat avait fixé à ses troupes le 29 janvier à Paris, un grand meeting pour relancer une campagne poussive où il devait annoncer quelques améliorations à son rude programme, très criti­qué au sein de son propre camp. Il va maintenant devoir faire avec ce scandale Pénélope dont l’ancien Premier ministre n’a visiblement pas encore pris la mesure. Marianne complète le dossier avec deux portraits, celui de François de Castries, l'un des inspirateurs du programme économique de François Fillon et celui de Marc Ladreit de la Charrière, le président de Fimalac, propriétaire de la Revue des deux Mondes qui a généreusement salarié Madame Fillon.   

François Bayrou le temps  des résolutions

Le Point  qui consacre un dossier à "la Nouvelle Cyberguerre Mondiale", publie les bonnes feuilles du nouveau livre de François Bayrou, " Résolution Française", aux éditions de l'Observatoire. C'est le premier livre de la nouvelle maison d'édition de Muriel Beyer. "Pau l'a changé" écrit le mag. On le retrouve moins pessimiste"... "Quand les choses vont mal trop longtemps, vient toujours un moment où l'on se lasse de la lassitude elle-même. Pour la France ce moment s'approche! Ce n'est pas un peuple qui va se suicider, pas un peuple qui va se perdre. Il va envoyer sa dépression par dessus les moulins. C'est son réveil qu'il va décider... Ce moment est venu : nos résolutions sont prises. Il convient de boucler notre sac, de ne pas oublier la boussole et la carte"... Pour aller dans quelle direction ? Derrière lui, François Bayrou ? Il n'exclut rien, mais n'est pas encore "résolu". Décision, début ou fin février.

Rachida et le ménage

Rachida Dati est très en colère à cause du parachutage pour les législatives, de Nathalie Kosciusko-Morizet dans la deuxième circonscription de Paris qui englobe le 7e arrondissement dont elle est la maire, alors qu'elle même souhaitait être investie. L'ancienne garde des Sceaux ne s'est privée de le clamer sur les ondes; elle a aussi passé quelques coups de fils "cash", notamment à Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, dont vos mags font tous état cette semaine dans leur rubrique d'échos confidentiels. Dans l'Express cela donne "toi, tu es un petit Blanc. Ne crois pas que je vais aller faire le ménage chez toi comme le faisait ma mère"... Le Point nuance : "Tu préfèrerais sans doute que je fasse le ménage chez toi comme ma mère le faisait dans des familles comme la tienne il y a vingt ans". Ce à quoi le député des Hauts de Seine lui a répondu : "Je comprends très bien ce que tu peux vivre, Rachida. En 2012, j'ai vécu la même chose quand Claude Guéant est venu se présenter dans ma circonscription. D'ailleurs à 'époque tu avais voté mon exclusion de l'UMP". Pour Valeurs Actuelles les choses sont plus simples : si Rachida Dati n'a pas été investie, c'est tout simplement parce qu'elle n'aurait jamais envoyé sa déclaration de candidature au siège des Républicains. Et d'après une "source" anonyme "en tant que député européen elle peut cumuler jusqu'en 2019. Si elle avait été élue députée de l'Assemble nationale, elle aurait, en revanche dû démissionner de sa mairie. Ses gesticulations contre NKM ne sont donc que tactiques et relèvent uniquement de l'attaque personnelle".

De Louis le Grand à Al Bistouri

Il avait adopté un pseudonyme évocateur : Al Bistouri. L'Express a reconstitué le parcours de cet interne en médecine qui était sur le point d'entamer sa dernière année de stage au service de chirurgie orthopédique à l'hôpital de la Timone à Marseille lorsqu'il a pris le large à l'automne 2016... Il est aujourd'hui mis en examen pour "Association de malfaiteurs terroriste criminelle..." "Stupeur", écrit le mag : c'est la première fois en France qu'un médecin spécialiste est suspecté d'avoir voulu rallier le groupe Etat Islamique... Amine L. est né à Paris le 21 mars 1987. Ainé d'une famille de quatre enfants, il grandit à la Goutte d'Or... Ils vont tous réussir de brillantes études. Amine, lui, intègre le Lycée Louis le Grand, l'un des établissements les plus cotés de la capitale... Après le bac, il entame des études de médecine. Un membre du cercle familial raconte : "Il était pratiquant mais sans plus. Impossible de comprendre qu'il ait pu basculer" C'est à Marseille qu'Amine  L. fait de mauvaises rencontres. A l'hôpital de la Timone, il était apprécié des patients et des infirmières. Il était amené à effectuer des actes chirurgicaux sur des femmes et il n'y a jamais eu le moindre problème"... En fait Amine L. se serait radicalisé au contact de personnes évoluant dans la mouvance salafiste marseillaise. Certaines sont réputées proches de Sanabîl, une association de soutien aux détenus musulmans, dissoute en novembre dernier par le Ministère de l'Intérieur. "Plusieurs anciens membres set sympathisants de Sanabîl ont rejoint le groupe Etat Islamique". Selon les informations de l'Express, l'exploitation du smartphone  de Amine L; a révélé  des vidéos de propagande de Daech et des textes aux titres explicites : fabrication d'explosifs, manuel de survie en garde à vue, leçons et trésors de la bataille de Toulouse, une ode à la gloire du tueur Mohamed Merah (2012)... Le futur chirurgien n'apparait sur les radars des services de police qu'à l'été 2015...  avec un compte Twitter intitulé Al Bistouri"… Puis ce sera Al Bistouri 2.

Que projetait  Al Bistouri ?

 Ces comptes seront supprimés, et lui fiché S. En novembre 2016, à propos de Nice, il écrit    "Rien que je revois les vidéos des gens qui crient et écartelés, chui plié en 72 (référence aux 72 vierges censées accueillir les martyrs au paradis)". A l'automne 2016, l'aspirant chirurgien est décidé à aller plus loin. Il prend des congés durant la seconde quinzaine d'octobre. A la Timone, il raconte qu'il part rendre visite à des proches en Algérie. En réalité, il prend un vol Paris-Athènes, avec escale en Turquie, puis rentre en France le 14 novembre. Placé sur écoutes, il repart immédiatement pour la Turquie… Interpelé par la police turque le 3 décembre à Istanbul, puis placé en centre de rétention, il est finalement expulsé le 25 décembre vers Paris. Lors de son second séjour en Turquie des connexions avec des individus se trouvant en zone irako-syrienne ont été mises en évidence. Ces personnes l'encourageaient très clairement dans sa volonté de faire le djihad... Depuis son interpellation Al Bistouri est resté mutique et n'a répondu à aucune question des enquêteurs ou du juge"...  

La seconde révolution sexuelle

 Dans L'Obs vous trouverez un dossier intitulé "Des bébés à la carte". C'est la parution du livre "La Fabrique des Bébés" (ed.Seuil) de Natacha Tatu qui a enquêté sur le monde de la procréation assistée, qui en est à l'origine. "En vingt ans, les progrès conjugués de la néonatalogie, de la génétique et de la procréation médicalement assistée ont totalement bouleversé les lois de la reproduction"..."Greffes d'utérus, diagnostics préimplantatoires, tests génétiques de plus en plus poussés. Jusqu'où ira la médicalisation de la procréation assistée. L'horloge biologique est en passe d'être suspendue", écrit notamment l'auteure. Dans ce contexte le mag consacre un reportage  à un entrepreneur américain, Marc Varsavsky qui  "prédit une seconde  révolution sexuelle qui découple sexe et procréation" ... Il  veut en donner les moyens. L'homme  part du constat que "le sexe est formidable, le sexe est récréatif, mais il est vraiment trop peu fiable pour rester le seul moyen de faire des bébés quand on a dépassé la trentaine"... Car "l'infertilité progresse de façon alarmante; selon l'OMS  c'est même le troisième problème de santé mondial, après le cancer et les maladies cardio-vasculaires... Aujourd'hui un tiers des couples n'arrivent pas à concevoir d'enfants par relation sexuelle, et 15% des grossesses se terminent en fausses couches". Fort de constat Marc Varsavsky, un "serial entrepreneur" qui a investi dans la biotechnologie  comme dans l'immobilier, a créé "Prelude Fertlity"; il  commercialise une offre de congélation des ovocytes, la création d'embryons  avant de les  implanter "pour augmenter les chances d'une grossesse réussie". C'est interdit en France, mais autorisé en Espagne  et les Françaises en mal de bébé y affluent, parait-il.

Et encore

- A lire dans l'Express, le dossier consacré au nucléaire Français qu'il faut " sauver". C'est le titre   en couverture. / On y découvre une filière qui n'attire plus jeunes ingénieurs, un parc nucléaire fragilisé qui nécessiterait des milliards de travaux, le patron de l'ASN (Autorité de Sureté Nucléaire), jugé trop zélé par les "nucléophiles", et à l'autre bout de la chaine, un savoir français dans le domaine de la déconstruction des installations obsolètes...

-"Le nouveau monde", (ed. Gallimard), est le titre du dernier ouvrage du philosophe  Marcel Gauchet. Tous vos en parlent, ou en publient de bonnes feuilles... "Nous avons changé de monde, et ce renouvellement du monde a rouvert en grand notre problème...Tout est à réapprendre de ce que nous pensions connaitre... Alors que nos ancêtres scrutaient anxieusement les entrailles de leur société, interrogeaient fiévreusement les signes du futur, se passionnaient pour la transformation de leur monde, nous végétons dans un présent sans questions ni ouvertures"... Quelques sentences à méditer sans modération.