Primaire de la Belle alliance populaire : ces clés du scrutin détectables dans la pénurie… euh la répartition des bureaux de vote<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Primaire de la Belle alliance populaire : ces clés du scrutin détectables dans la pénurie… euh la répartition des bureaux de vote
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

Politico Scanner

La primaire de la belle alliance populaire ne comptera finalement que 7.600 bureaux de vote, c'est moins qu'en 2011 et que la primaire de la droite. Manque de militants, manque d'élus, défaut de participation, la primaire organisée par le parti socialiste s'annonce déjà assez mal, voici pourquoi.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

Voir la bio »

Atlantico : La Belle Alliance Populaire a annoncé hier le nombre de ses bureaux de vote pour la primaire des 22 et 29 janvier, les proches du Parti Socialiste pourront se déplacer dans environ 7.600 lieux de vote en France. Le nombre de bureaux de vote pour cette primaire en est baisse conséquente par rapport à celle de 2011 qui en comprenait 1 600 de plus. Qu’est-ce que ce maillage territorial nous apprend ? Comment ces bureaux de vote vont-ils influer sur la primaire ?

Jérôme Fourquet : Nous avions vu lors de la primaire socialiste de 2011 que c’était dans les départements où la densité de bureaux de vote était la plus importante que la participation avait été la plus forte. Il y a un lien entre la densité de bureau de vote ramené au nombre d’électeurs de gauche et le taux de participation. Pour la primaire de la droite, nous avons également observé un lien, qui n’est pas décisif, mais un lien statistique, entre le nombre de bureaux de vote par circonscription et le taux de participation. Plus le nombre de bureaux de vote était élevé, plus la participation était forte. A l’échelle du clivage rural/urbain, nous pouvons constater que c’est dans les agglomérations que la participation est la plus forte, cela s’explique par diverses raisons sociologiques. L’électorat est plus aisé dans les grandes villes, et c’est structurellement cet électorat qui va davantage voter à ce type d’élection. Ce constat s’explique aussi par la proximité de l’électeur au bureau de vote, dans les territoires périurbains et ruraux il y a une forme de double peine, une combinaison de facteurs négatifs, déjà d’une part une composition sociologique qui est moins favorable à ce type de scrutin et d’autre part une distance entre l’électeur et le bureau de vote plus importante que dans les grandes agglomérations. Ces deux facteurs ont contribué à créer une réelle différenciation de la participation à ce type de scrutin entre les territoires ruraux et les territoires métropolitains.

La question du maillage territoriale des bureaux de vote influe même si elle n’est pas le ressort principal du scrutin. Si ce n’est pas le ressort principal, c’est un paramètre important, particulièrement dans le contexte de la primaire de la gauche où il existe une interrogation sur le succès de mobilisation. La droite a mis la barre très haute avec sa primaire qui a réuni environ 4 millions d’électeurs, selon toute vraisemblance, le PS estime qu’il ne pourra pas faire aussi bien et prudemment a mis la jauge en deçà de ce qu’il avait fait en 2011. Si la participation est significativement moindre qu’à la primaire de la droite et qu’en 2011, la légitimité et la crédibilité de ce scrutin en sera affecté. C’est donc dans un cadre où le PS ne peut pas aligner autant de bureaux de vote qu’en 2011 et à fortiori pas autant que leurs rivaux de droite que va se dérouler un scrutin dans lequel les cadres du PS s’attendent à une participation moyenne. Si tout n’est pas joué en fonction du maillage territorial cela reste un facteur important. Il y a environ un quart de bureaux de moins qu’à la primaire de la droite, cela ne veut pas dire qu’il y aura un quart de votant en moins mais cela va influer sur le scrutin. Il faudra évaluer quels seront les territoires où le maillage sera limité, par exemple dans certaines zones rurales, du fait du faible effectif de militants du PS, il est difficile de tenir des bureaux de vote. Certains électeurs de gauche vont donc probablement devoir faire 20 ou 30 km pour voter, ce qui risque de peser fortement sur la baisse de la participation.

Selon vous, quels candidats sont avantagés par la disposition de ces 7.600 bureaux de vote ? Certains sont-ils désavantagés par ce maillage territorial ? Si oui lesquels et pourquoi ?

Jérôme Fourquet : Ce maillage territorial est bien évidemment un enjeu, plus il y a de bureaux de vote plus la participation augmentera, c’est donc un enjeu pour le PS au niveau national et un enjeu pour chacune des écuries. Il faut veiller que dans les zones qui vous sont favorables, la densité des bureaux de vote soit satisfaisante pour ne pas être pénalisé. C’est l’un des enseignements des primaires de 2011 et de 2016, nous pouvons constater un effet de fief qui est extrêmement marqué, les candidats voient leurs scores atteindre des niveaux exceptionnels dans leur territoire d’élection et au fur et à mesure qu’ils s'éloignent de ce territoire d’implantation le score décline. C’était le cas d’Alain Juppé en Aquitaine et plus particulièrement en Gironde et à Bordeaux, de même pour Fillon avec un point culminant dans la Sarthe, en 2011 ça avait été le cas pour Montebourg en Saône et Loire ou pour Martine Aubry dans le Nord-Pas-De-Calais. Il y a une territorialisation des résultats électoraux encore plus forte que pour les scrutins classiques. Chaque candidat a besoin de capter les pleins bénéfices de son fief, il faut donc que la zone soit bien desservie en bureaux de vote. L’organisation du Parti Socialiste essaye de rassurer les différentes équipes de campagne quant à la localisation et l’ouverture des bureaux de vote. Encore faut-il que les équipes des différents candidats aient le nombre de militants nécessaire pour assurer l’ouverture et le bon fonctionnement des bureaux. Lorsque le Parti Socialiste fait face à une demande d’ouverture de bureau de vote, il demande à ceux qui souhaitent cette ouverture les garanties et conditions de bon fonctionnement, c’est-à-dire qu’il y ait un local et les effectifs militants pour sa tenue.

Le fait qu’il n’y ait que 7 600 bureaux de vote cette année, montre d’une part que les effectifs militants sont moindres par rapport à 2011 et d’autre part que les pertes électorales socialistes au niveau local sont conséquentes. La perte de nombreuses mairies, de conseillers généraux et départementaux influe sur la difficulté du maillage territorial. La primaire du Parti Socialiste a été décidé relativement tard, les primaires de 2011 et de 2016 ayant été prévu bien en avance, les dispositions nécessaires à l’ouverture des bureaux de vote étaient assurées. Les conditions matérielles et politiques ont beaucoup changé depuis 2011. Nous ne savons pas encore comment les bureaux de vote ont été réparti sur le territoire, les potentielles zones blanches nous indiqueront quels candidats vont souffrir de manques.

Au vu de la disposition de ces bureaux de vote, la participation va-t-elle être à la hauteur des attentes de La Belle Alliance Populaire ? Concrètement, quel type d’électeurs va se déplacer pour voter à cette primaire ? Seront-ils nombreux ?

Jérôme Fourquet : Il y a des inquiétudes à avoir sur la participation. Le contexte politique actuel étant défavorable à la gauche. Le forfait de François Hollande est arrivé très tard, Manuel Valls s’est lancé dans cette campagne en urgence, les perspectives de victoire pour la gauche semblent minces, tous ces éléments pèsent sur le moral de l’électeur de gauche et donc sur la participation. Par ailleurs, la brièveté de la campagne, environ trois semaines, va compliquer le déploiement d’une réelle campagne. L'intérêt pour la primaire de la droite avait mis du temps à s’installer, les candidatures étaient soumises en septembre pour un scrutin fin novembre. Le calendrier de la  primaire de La Belle Alliance Populaire est beaucoup plus ramassé et cela n’aidera pas à la mobilisation.

Par ailleurs, le sondage que nous avons récemment réalisé pour Atlantico montre qu’une part significative de l’électorat de gauche se dit intéressé par cette primaire et estime qu’il y a des différences marquées entre les différents candidats. Ces éléments viennent contrebalancer ce que j’ai dit précédemment. Cela peut laisser à penser qu’il y a une demande de la part de l’électorat de gauche et un appétit pour le débat d’idées. Donc l’idée générale qu’il y aura forcément une participation faible n’est pas à ce jour une certitude. En fonction de la campagne les choses peuvent encore changer. Pour ce qui est du profil des électeurs, classiquement c’est un électorat qui s’intéresse à la vie politique, traditionnellement plus âgé et plus aisé que la moyenne. L’électorat va être principalement composé de retraités et classes moyennes dans les grands centres urbains.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !