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Quand la Kim Kardashian pakistanaise se fait étrangler par son frère pour avoir déshonoré la famille
©Reuters

Revue de blogs

Qandeel Baloch était une star des réseaux sociaux pakistanais, féministe, indépendante, provocante. Assassinée par son frère pour "venger l'honneur de la famille" : un fait-divers courant, mais cette fois, le scandale n'a pas pu être étouffé.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Photo Dawn

Dans une actualité internationale atroce, le fait-divers du lointain Pakistan a pourtant fait le tour des réseaux sociaux mondiaux immédiatement. Après l'avoir droguée, un frère assassine sa soeur car l'honneur de la famille a été taché. Mais au Pakistan, Qandeel était une star pour son franc-parler, ses harangues sur YouTube sur l'injustice, la condition des femmes, les idées ou lois rétrograde. Les Pakistanais étaient soit admiratifs soit révulsés par ses interventions dans les émissions du matin, ou face à un mufti conservateur, ses exhibitions un peu dénudées, sa bouche charnue, son compte Facebook (400 000 abonnés) souvent bloqué pour 'insulte à la pudeur'. A l'annonce de son meurtre, le web pakistanais a explosé en un seulhashtag.

Sur Dawn, le site indépendant d'information au Pakistan, Mehreen, sous le choc, commente :  "Ce que nous savons de Quandeel Baloch, c'est qu'elle était en train de devenir une icône culturelle." L'affaire est commentée jusqu'en Amérique du sud.

Mariée à 17 ans contre son gré, Qandeel s'est enfuie un an et demi après son mariage, qu'elle disait malheureux et violent, avec son fils bébé. Ses parents n'acceptant pas le divorce, elle a vécu seule, puis  a du rendre son fils malade à sa belle-famille. Là où il y a quelques années, elle aurait du plier sous la tradition et subir pour toujours, la toujours rebelle Qandeel est devenue une nouvelle starlette du Net, en commençant par la classique auditionpour la version pakistanaise de American Idol.  Ses différents comptes sur Twitter et Facebook (desormais fermé) sont peu à peu devenus les champs de bataille des commentaires de conservateurs et de jeunes éblouis par cette météorite parlant dru, vrai, fort, et de plus en plus clair contre les lois opprimant les femmes. Et montrant ses charmes qui plus est. Jusqu'au jour où après une ultime vidéo 'dévergondée', son jeune frère l'a droguée et étranglée.

Il y avait un peu de Kim Kardashian dans Qandeel, un peu des Femen, un peu des Pussy Riots mais ceux qui la défendaient depuis le début refusent toute comparaison car ce sont de véritables lois qui permettent au Pakistan à la famille de tuer une rebelle "pour atteinte à l'honneur'. Dans une pétition, titrée 'Pakistan, no country for bold women' (Le Pakistan n'est pas un pays pour les femmes courageuses) ils rappellent: "Qandeel n'était pas Kim Kardashian, comme des médias le disent. C'était notre Qandeel. Une femme du peuple, une féministe du tiers monde, une 'disrupteuse', une rebelle, qui osait faire ce qu'elle voulait, en dépit des menaces sur sa vie." (...)"Nous exigeons justice. Nous exigeons que l'état et la justice soit vigilants, qu'ils ne permettent pas à son meurtrier d'être pardonné, comme cela se fait dans ce pays, sous les lois misogynes du qisas et diyat.”


hoto de profil du compte Twitter de Qandeel

Ils ont été entendus. Chose très rare, l'Etat est intervenu : "La famille de la victime ne peut pas pardonner au meurtrier, car l'Etat a porté plainte. L'affaire sera traitée comme un meurtre envers l'état''. C'est une première, et l'héritage que laisse une toute jeune femme imprudente de 26 ans qui voulait vivre indépendante et libre, au Pakistan.

Photo DAWN

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