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Abattoirs : la grosse intox du halal
©Capture d'écran

Paille et poutre

Où l'on découvre que l'égorgement rituel des animaux est le dernier des soucis d'une filière d'abattage aux allures de studio de tournage pour films d'horreur.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Mon podium culinaire personnel, c'est la côte de bœuf sur la marche du haut, le pot-au-feu en deuxième position et le gigot d'agneau en médaille de bronze. L'idée de devenir végétarien ne m'a jamais vraiment traversé l'esprit : m'auto-interdire la charcuterie, le travers de porc, le poulet rôti ou le magret de canard tiendrait plus du masochisme que du banal changement d'habitudes alimentaires.

Ce carnivorat assumé ne m'empêche pourtant pas d'être perturbé – et le mot est faible – par le visionnage de ces petits clips tournés en caméra cachée puis postés sur le Web et ayant déjà conduit à la fermeture de plusieurs abattoirs aux allures de plateaux de tournage pour films d'horreurs. Vaches vivantes découpées en morceaux, agneaux copieusement tabassés avant d'être éviscérés sans autre forme de procès, poussins mâles précipités à la chaîne dans un broyeur... Manger de la viande implique-t-il nécessairement de se moquer de la manière dont elle est arrivée jusqu'à son assiette ?

Pour les partisans du tout légumes, la cause est entendue. S’asseoir devant un steak, serviette sur les genoux, c'est pratiquement tenir la main du psychopathe qui balance des coups de pieds sur le bœuf paniqué qui refuse d'avancer en sifflotant vers la chambre de torture. Mais pas mal de mes congénères amateurs de chair tiennent à peu près le même discours, même s'ils en tirent des conclusions diamétralement opposées : s'indigner du traitement infligé à un animal élevé pour la boucherie, c'est sombrer dans la sensiblerie et l'hypocrisie.

Entre la négation pure et simple de besoins physiologiques parfaitement légitimes et l'acceptation tranquille d'un système productif totalement dénué d'humanité, il existe pourtant une voie moyenne consistant simplement à respecter des normes d'abattage dont on n'imaginait pas, avant la diffusion de ces vidéos, à quel point elles étaient ignorées de manière aussi routinière – y compris par la " filière bio ".

Et surtout, cette prise de conscience amène à revisiter le récent barouf sur l'abattage rituel des animaux, que ses détracteurs nous présentaient comme une entorse barbare à " nos " pratiques censément dignes et civilisées... Dans un monde idéal, combattre ces fameux égorgements sans étourdissement préalable, apparemment prescrits par un Très-Haut finalement assez peu miséricordieux, serait évidemment justifié. On conçoit d'ailleurs que tous les militants du anti-halal n'aient pas les mêmes raisons de s'y opposer qu'une Marine Le Pen, dont l'opportunisme et le talent pour la polémique en carton-pâte ne sont plus à démontrer.

Mais, clairement, cette controverse tenait davantage de l'enfumage caractérisé, de l'intox pure et simple, que d'une quelconque préoccupation pour la cause animale d'un FN refusant par ailleurs d'opposer " bien-être des animaux " et " développement de l'économie agricole ". Quand le tranchage de jugulaire avec récitation de formule magique finit par ressembler à de la sollicitude, c'est peut-être sur nos propres archaïsmes qu'il convient de s'interroger.

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