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Sénégal : Youssou Ndour, 
un Barack Obama africain ?
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Revue de blogs

Le chanteur Youssou Ndour a annoncé son intention de se présenter à une présidentielle tendue en 2012 au Sénégal. Et pourquoi pas ? Face à un président Wade en fin de règne peu brillante, Youssou Ndour a su entendre les revendications des "indignés" de Dakar. Il a aussi le CV de la nouvelle Afrique, celle qui réussit, et une célébrité mondiale.

La veille d'un discours très attendu de Youssou Ndour à Dakar, le 2 janvier, Le blog de Continent premierle sentait venir. 

"Madagascar a eu son président Dj !Haïti a son président élu et chanteur professionnel. Certains rêvent d’un Sénégal avec un président chanteur après un premier président poète (ndr : Sengor)". C'est fait, Youssou Ndour a déclaré être candidat, le lundi 2 janvier. Et puisque tout lui réussit, pourquoi ne le deviendrait-il pas ? Pour une Afrique francophone souvent condamnée aux présidents vintages, qui s'éternisent ou s'imposent par les armes, de l'extérieur, sa candidature a un petit quelque chose de celle de Barack Obama africain il y a quatre ans, avec un CV parfait pour les temps nouveaux. Il suffit de consulter une de ses pages Facebook(150 000 fans) ou le groupe We Love Youssou Ndour : Youssou Ndour est une star, tout simplement. Mais pas seulement.

Le CV 

On ne présente plus Youssou Ndour le chanteur, depuis le hit planétaire "Seven seconds away" en duo avec Nenhe Cherie. Chaque année, il remplit Bercy, à Paris, de toute la communauté africaine de France et d'Europe dans ce qui est plus qu'un concert, un vrai happening annuel de la diaspora, "Le grand bal". Au Sénégal, c'est aussi un entrepreneur, propriétaire d'une salle de spectacle et d'un groupe de médias, dont le quotidien l'Observateur, producteurs de disques, de concerts. Et aussi "banquier des pauvres" avec une société de micro-crédit. Son profil sur Wikipedia le prouve : il a tout réussi, et naturellement, il a aussi sa fondation.

Pourquoi se présente-t-il et que promet-il ?

Dakar Actu a reproduit son discours. 

"Pour répondre favorablement à vos demandes, je suis candidat à la présidentielle de 2012. C’est vrai je n’ai pas fait d’études supérieures, mais la présidence ce n’est pas un métier : c’est une fonction. J’ai beaucoup appris à l’école du monde car celui-ci est une vaste école, j’ai rencontré les plus grands décideurs de ce monde et c’est une faveur que j’exploiterai pour accroître les investissements étrangers. Après mon accession à la magistrature suprême, tout au long de mon mandat, je mettrai l’accent sur le secteur agricole afin que l’autosuffisance alimentaire devienne une réalité. Sur le secteur énergétique pour que la lumière soit à la disposition de tous. Et sans oublier la crise casamançaise qui sera une priorité pour mon gouvernement. Bref, je veillerai à ce que tous nos atouts naturels soient exploités. J’entends par là la pêche, le tourisme mais aussi l’artisanat. Et tout cela sera régi par un seul principe : l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ! 
Avec vous mes chers compatriote nous gagnerons au premier tour l’élection présidentielle de 2012'

Le contexte

Le Sénégal est entré en 2011 dans une zone de turbulences : crise économique, absences de perspectives, mais aussi remise en cause de la longévité du président Abdoulaye Wade (85 ans), qui arrive au terme de son deuxième mandat. Cette dernière année de règne a fait tache sur son parcours. Non content de présenter son fils Karim comme son dauphin (souvenez-vous, cité dans l'affaire Robert Bourgi pour des malettes, toute une ambiance) , il a voulu faire voter une modification de la constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. La rue a dit non, en juin dernier, par des émeutes. Les Printemps arabes ont aussi soufflé sur les braises qui couvaient. Dès mars 2011, les "indignés" sénégalais avaient fait irruption sur Facebook et sur Twitter. Avec des revendications politiques, mais aussi très pratiques. L'un des mots clés les plus régulièrement utilisés, sur Twitter au Sénégal (comme ailleurs en Afrique) est #délestage. Chaque coupure de courant provoquée par les multiples crises du fournisseur d'électricité national délabré est un vote qui hésite, ou perdu.

Youssou Ndour, un "indigné"?

Youssou Ndour a su surfer sur ce mouvement de contestation, en fondant lui-même un mouvement dit "citoyen". Mais alors que la Twittersphere mondiale est aux anges, ne voyant que la star bien-aimée, sur place, on s'interroge avec un peu d'inquiétude, surtout devant ses atermoiements, et ses bonnes relations avec l'actuelle famille régnante. Il est évident que son engagement derrière le mouvement citoyen Fekkee Ma Ci Bolé, qui fédère certains des "Y en a Marre" sénégalais (les indignés) est bien commode. Rewni cite ses propos du 18 décembre, et ce qui ressemble à un début de campagne longuement préparée.

"Youssou Ndour, leader du mouvement citoyen Fekkee Ma Ci Bolé, est totalement déterminé à lutter contre la prise en otage du pays par les politiciens. "Les hommes politiques n’ont aucun mérite quand ils prétendent vous aider avec l’argent public. C’est votre argent à vous les Sénégalais et vous avez le droit d’en jouir. Les politiciens ne font que leur devoir en vous le donnant. D’ailleurs, ils s’enrichissent de façon éhontée avec les deniers publics". Une chanson vraie, mais connue.

Ironiques, les Sénégalais sur Twitter s'amusent déjà en se disant qu'un jour, ils iront voir le Président chanter à Bercy. Et ça, c'est déjà vraiment nouveau. 

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