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Qui de François Hollande et de Nicolas Sarkozy est le plus crédible ?
Qui de François Hollande et de Nicolas Sarkozy est le plus crédible ?
©Reuters

Politico Scanner

Qui de François Hollande et de Nicolas Sarkozy est le plus crédible en fonction des thèmes ? PS / UMP : quelles mesures sont les plus appréciées des Français ? Et comment la mondialisation et la crise de l'euro affectent-elles l'opinion des Français ? Le meilleur du Politico Scanner 2011 par la Lettre de l'Opinion.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Programmes politiques : le match UMP/ PS (paru le 9/08/2011)

Premier classement programmatique 2007-2012 : focus exclusif sur le match UMP / PS

A quelque 300 jours de l’élection présidentielle, alors que l’Elysée vient de fêter les quatre ans du quinquennat de Nicolas Sarkozy et que la rue de Solférino vient d’adopter son projet pour 2012, la Lettre de l’opinion, en partenariat avec l’IFOP, a réalisé en exclusivité le premier sondage complet* sur la perception qu’ont les Français des 17 réformes majeures de la présidence de Nicolas Sarkozy et des 13 principales mesures que portera le candidat socialiste à l’issue des primaires de l’automne prochain.
Les « noyaux durs » de soutien, c’est-à-dire le pourcentage de « très favorable » permettent de dresser le top 30 des mesures préférées des Français, réformes du quinquennat et projets du PS confondus. (cf graph ci-dessous)

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Burqa, peines planchers et droits de douanes sur le podium

Avec 61% de jugement « très favorable » (et 89% d’adhésion globale), l’interdiction du port de la burqa dans l’espace public, mesure portée par l’UMP, occupe la 1ère place de notre classement. Le taux d’adhésion est majoritaire dans toutes les catégories : 92% auprès des plus de 65 ans et 81% chez les 18-24 ans ; 89% parmi les ouvriers et 84% chez les cadres supérieurs ; 99% auprès des sympathisants FN, 96% parmi ceux de l’UMP, 94% au Modem mais aussi 84% chez les Verts, 77% au PS et 66% parmi les amis de Jean-Luc Mélenchon.

En deuxième position, les questions relatives à la justice semblent plébiscitées par les Français. Ainsi, la majorité présidentielle et ses parlementaires spécialistes des problématiques judiciaires, comme Eric Ciotti ou Jean-Paul Garraud, seront heureux de constater que 53% des Français se déclarent « très favorables » à l’instauration des peines planchers contre les récidivistes (et 89% d’adhésion globale). Dans le détail, cette mesure recueille le soutien de 86% des Franciliens et de 90% des habitants du Nord-ouest, de 97% des sympathisants de droite et de 79% de ceux de gauche, de 91% des 18-24 ans mais aussi de 81% des classes moyennes ou de 94% des ouvriers.

 L’une des mesures phares du projet socialiste se place en troisième position : l’augmentation des droits de douane sur les produits provenant de pays ne respectant pas les normes internationales recueille 51% de jugement  « très favorable » et même 93% d’adhésion globale. Cette mesure de la rue de Solférino reçoit l’assentiment de l’ensemble des sympathisants des formations politiques : de 98% auprès des sympathisants du NPA à 88% parmi ceux du FN, en passant par 94% au PS, 98% au Modem ou encore 95% à l’UMP. Il en est de même en fonction des générations : 88% d’adhésion chez les 18-24 ans et 96% auprès des seniors. Quant aux catégories socioprofessionnelles, elles sont unanimes : 87% chez les ouvriers, 95% parmi les classes moyennes ou 96% auprès des professions libérales.

Si l’on s’intéresse au bas du classement, il faut noter qu’à droite, les réformes qui ne passent pas sont :

Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui n’obtient que 38% d’adhésion globale et seulement 13% de soutien « très favorable », la suppression de la taxe professionnelle avec 53% d’adhésion globale et seulement 16% de jugement « très favorable ». Quant à la création du RSA, avec 68% d’adhésion globale, et 16% de jugement « très favorable », cette mesure obtient davantage de soutiens à gauche (84% chez les Verts, 75% au PS et 78% parmi les sympathisants du Front de gauche) qu’à droite (67% à l’UMP et 34% au FN). Sans doute car le RSA semble associé, aux yeux d’une partie des Français, à l’assistanat.

Tandis qu’à gauche, les points faibles sont :

La création d’un impôt écologique sur les ménages et les entreprises pour favoriser la croissance durable (seulement 7% de jugement « très favorable » et 35% d’adhésion globale). Même les sympathisants Verts sont partagés (53% de soutien). L’instauration du droit de vote et d’éligibilité des étrangers-non européens aux élections locales (9% de jugement « très favorable » et 39% d’adhésion globale seulement). Sujet très clivant selon les proximités partisanes : 60% auprès des sympathisants de gauche contre 18% auprès des sympathisants de droite (23% à l’UMP et 9% au FN). Le droit à l’adoption d’enfants pour les couples homosexuels : le taux de jugement « très favorable » n’atteint que 17% des Français et 55% d’adhésion globale.

* Enquête réalisée en deux vagues auprès d'un échantillon représentatif de 1012 personnes, du 17 au 19 mai 2011 (pour les propositions du PS), et d'un autre échantillon de 2010 personnes, du 10 au 12 mai 2011 (pour les réformes du quinquennat).

Sarkozy / Hollande : le match des crédibilités (paru le 21/12/2011)

Ipsos réalisait début décembre la 2e vague de son enquête auprès de 5 415 Français inscrits sur les listes électorales. Une longue étude qui fait suite à une première vague datant de novembre 2011, commandée par Le Monde, Science Po, Cevipof, Fondapol et la fondation Jean Jaurès. Au programme, crédibilité comparée et image détaillée des 6 premiers candidats…

Les intentions de vote de ce sondage au premier tour consacrent François Hollande en tête avec 32% (-3 points par rapport à la précédente vague), Nicolas Sarkozy à 25,5% en hausse de 1,5 points depuis novembre, Marine Le Pen en troisième place avec 17% (-2 points en un mois), et un François Bayrou en quatrième homme, avec 7% d’intentions de vote au premier tour, (+1,5 points).

Dans cette deuxième vague, Ipsos s’est livré à un décryptage de la mécanique des flux des électeurs : d’un côté le candidat socialiste qui voit 2 points parmi ses électeurs aller vers d’autres candidats : Jean-Luc Mélenchon (1 point), François Bayrou (0,5) et Nicolas Sarkozy (0,5) et une perte d’un point liée à la une baisse de mobilisation chez ses soutiens. Quant au chef de l’Etat, il grappille des électeurs chez François Hollande et Marine Le Pen pour un demi point mais progresse surtout, à l’inverse de François Hollande, davantage en mobilisation qu’en transferts à son profit comme le souligne Ipsos. Il mobilise mieux son camp et ceux qui se disent sûrs de voter en sa faveur.

Autre volet de l’enquête, la crédibilité comparée de François Hollande et Nicolas Sarkozy. Sur 16 items choisis, soit 8 de plus par rapport à la vague n°1, le président de la République sortant obtient une nette avance sur son rival sur 7. Sur deux items, l’opinion est très partagée, tandis que François Hollande prend l’avantage sur 7 autres items. On peut regrouper en 3 séries les items testés.

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Les points forts de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy, perçu par 71% des Français comme le plus capable de lutter contre l’immigration clandestine, s’impose aussi sur la scène diplomatique, considéré par 64% des Français comme le plus capable de faire face à une crise diplomatique et militaire internationale (+4 pts depuis novembre). Nicolas Sarkozy renvoie l’image d’un président capable de prendre des décisions difficiles (62%) et de diminuer l’insécurité pour 58% des personnes interrogées (+4 pts en un mois). Enfin, conséquence du discours de Toulon ou des derniers rendez-vous européens, 54% des Français (+3 pts), considèrent Nicolas Sarkozy comme le plus capable de mieux faire fonctionner l’Europe, tandis que 53% (+3 pts) voient en lui le plus chevronné pour faire face à la crise économique et financière actuelle… Une compétence indispensable pour l’avenir économique de la France et de l’Europe. Dans les domaines régaliens et qui touchent à l’incarnation de la fonction présidentielle, les Français tranchent nettement en faveur du chef de l’Etat.

Les crédibilités partagées

La capacité à réduire les déficits publics ou à protéger les Français des conséquences de la crise économique sont deux thèmes qui offrent, d’une légère avance, l’avantage à François Hollande. Le candidat socialiste est ici considéré comme le plus capable dans ces domaines pour respectivement 51% et 52% des Français interrogés. Mais reste à noter qu’en matière de capacité à protéger les Français des conséquences de la crise économique, François Hollande perd 3 points en un mois tandis que Nicolas Sarkozy les gagne.

Les atouts de François Hollande

Essentiellement sur les nouveaux items testés par l’institut dans le cadre de sa deuxième vague, le candidat socialiste se démarque du chef de l’Etat. 77% des personnes interrogées estiment qu’il est plus capable de réduire les inégalités, 70% qu’il serait le plus capable d’améliorer le système éducatif, 68% d’améliorer le pouvoir d’achat des Français, 67% de mener une politique fiscale juste et efficace, 66% d’améliorer le système de fonctionnement du système de santé, 62% de réduire le chômage ou de garantir l’avenir des retraites. Les items sur lesquels François Hollande prend l’avantage par rapport à Nicolas Sarkozy appartiennent au logiciel idéologique et historique de la gauche, liés essentiellement au domaine social.

En somme, chacun des finalistes présumés joue à domicile dans son domaine de prédilection. A l’opposition et à la gauche les thématiques de justice sociale, au chef de l’Etat les domaines du régalien et de la fonction présidentielle. Finalement, ce qu’on peut retenir de ces crédibilités comparées, ce sont les tendances : et sur les huit items testés dans la première vague de ce baromètre, Nicolas Sarkozy progresse tandis que le candidat socialiste baisse. De plus 4 points (faire face à une crise diplomatique et militaire, diminuer l’insécurité) à plus 1 point (réduire les inégalités sociales.) Si François Hollande est toujours en tête dans les intentions de vote au premier comme au second tour, la confiance semble, à la veille de la trêve des confiseurs, avoir changé de camp. Preuve que plus François Hollande est candidat, moins il est président ? Réponse à la rentrée….

Mondialisation, emploi et protection : les enjeux de 2012 (paru le 6/07/2011)

Crise financière, crise des subprimes, crise de l’euro, plans de sauvegarde, plans de relance, plans de rigueur, récession, … le vocabulaire s’est considérablement enrichi de termes qui ont trait à la dégradation de l’économie de marché, telle que nous la connaissons dans les pays dits de la « vieille Europe ».

Les salariés Français, la mondialisation et l’emploi

Les enseignements d’une dernière étude SOFRES (juin 2011) se révèlent très riches et peuvent parfois aller à l’encontre des idées reçues sur la mondialisation. Il faut en retenir que la perception est très majoritairement négative sur les thématiques qui touchent de près les salariés (les conditions de travail ou les emplois en France), et beaucoup plus positive sur des sujets plus larges et plus « lointains » tels que la croissance des pays en développement ou les entreprises en général.

Perception de la mondialisation

De manière globale, les salariés ont une vision très partagée de la mondialisation de l’économie : 48% estiment que c’est une bonne chose, tandis que 52% tendent à penser que c’est une mauvaise chose. Les réponses « extrêmes » sont minoritaires mais plutôt négatives : si 9% estiment que la mondialisation est « une très mauvaise chose », 4% seulement jugent à l’inverse qu’il s’agit d’ « une très bonne chose ».

Au global, quand leur est posée la question de savoir si la mondialisation est une opportunité pour les entreprises françaises grâce à l’ouverture des marchés ou une menace pour l’emploi et les entreprises, les deux tiers des salariés estiment que la mondialisation est une menace pour l’emploi et les entreprises en France. Même les cadres et les titulaires d’un diplôme de 3ème cycle, s’ils restent plus positifs que les autres, sont très partagés sur la question : 48% des cadres et 43% des diplômés du 3ème cycle considèrent que la mondialisation est une menacepour l’emploi et les entreprises en France.

Les mesures plébiscitées pour lutter contre les effets négatifs
de la mondialisation sont avant tout offensives

Lorsqu’il est demandé aux salariés de juger l’efficacité d’un certain nombre de mesures pour lutter contre les effets négatifs de la mondialisation, les mesures jugées les plus efficaces sont aussi les plus offensives : la mesure la plus efficace consiste selon les salariés français à développer de nouvelles productions moins concurrencées par les producteurs étrangers (80%). Les autres propositions pour lutter contre les effets négatifs de la mondialisation suivent, à un niveau très semblable : améliorer la qualification des salariés par la formation (75%) ; mettre en place un socle universel de protection sociale (74%) ; réaliser des investissements pour réduire les coûts de production (73%) ; baisser le coût du travail en réduisant les charges sociales (71%).

La logique protectionniste semble moins convaincante, même si 61% des salariés jugeraient des mesures protectionnistes efficaces ! Assez logiquement, dans le détail, on note que les ouvriers valorisent davantage les mesures protectionnistes que les cadres (à 67% contre 44%).

Les salariés français sont donc essentiellement dans une logique volontariste, ce qui semble aller à l’encontre de l’image que peut avoir la France aux yeux des autres pays.

Les Français et le protectionnisme

Pour  l’association « Manifeste pour un débat sur le libre-échange », l’institut Ifop réalisait du 17 au 19 mai 2011 une large enquête sur les thèmes du protectionnisme et du libre-échange. Principales informations, 84% des sondés estiment que l’ouverture importante des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises des pays comme la Chine ou l’Inde a eu des effets négatifs sur l’emploi, 70% sont défavorables à la faible taxation de produits importés de ces mêmes pays, et 65% émettent le souhait d’une augmentation de ces taxes. Aussi, près de deux Français interrogés sur trois considèrent que l’ouverture économique des frontières et le montant des droits de douane devront constituer un sujet important dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012.

De l’ouverture des frontières

Alors que seules quelques voix politiques revendiquent clairement la mise en place d’un protectionnisme économique, l’échiquier politique français est encore loin de faire du libre-échange le bouc émissaire de la crise. De quoi rassurer les Français ? Pas si sûr. En effet, le jugement porté à l’égard des conséquences de l’ouverture des frontières sur l’économie française est très négatif. Principales préoccupations des Français, le pouvoir d’achat et la sensation d’être pénalisé par le système actuel se retrouvent dans les chiffres. Pour 57% des Français, l’ouverture importante des frontières de la France et de l’Europe aux marchandises des pays émergents (exemple de la Chine et de l’Inde) et l’ouverture de ces pays aux produits français a conduit à des conséquences négatives concernant le prix des produits de consommation en France. Seuls 4% y voient des conséquences très positives. Les sondés sont également 73% à estimer que cette ouverture aggrave les déficits publics de la France, 78% que celle-ci affecte le niveau des salaires et 84% que l’ouverture des frontières françaises et européennes aux marchandises étrangères pénalise l’emploi dont 48% de façon très marquée.

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De l’augmentation des droits de douane

Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant de voir que l’opinion se prononce majoritairement pour l’augmentation des barrières douanières, à 65% (71% chez les sympathisants PS, 75% chez les sympathisants UMP et 61% chez les proches du Front National). Ces résultats ne sont pas sans rappeler l’une des mesures phares du projet socialiste (cf PS/UMP, le match des programmes) Pour rappel l’augmentation des droits de douanes pour les marchandises ne respectant pas les règles sociales ou environnementales, recueillait 51% de jugement« très favorable » et même 93% d’adhésion globale. La rue de Solférino recevait à ce titre l’assentiment de l’ensemble des sympathisants des formations politiques : de 98% auprès des sympathisants du NPA à 88% parmi ceux du FN, en passant par 94% au PS, 98% au Modem ou encore 95% à l’UMP, des générations : 88% d’adhésion chez les 18-24 ans et 96% auprès des seniors comme des catégories socioprofessionnelles unanimes : 87% chez les ouvriers,95% parmi les classes moyennes ou 96% auprès des professions libérales…

Élever les barrières douanières mais pour quels avantages ? Pour les Français, la protection du savoir-faire français serait le premier domaine à profiter de conséquences positives (59%). Suivrait l’activité des entreprises françaises du secteur de l’industrie (57%) devant l’emploi en France (55%) - toujours dans le podium des préoccupations principales des Français – ou encore la croissance économique en France (50%).

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Au final, les Français attendent des réponses fortes et concrètes des responsables publics sur la thématique de la mondialisation, enjeu essentiel à leurs yeux et qui recouvre de très nombreuses préoccupations : les délocalisations, la justice sociale, la politique industrielle, le rapport à l’agriculture, les flux migratoires, l’Union européenne, la compétitivité de nos entreprises,…

Sur ces questions-là, les candidats à l’Elysée devront présenter à la fois :

- des solutions protectrices dans un monde instable,

- et une vision audacieuse dans un monde qui change.

La campagne présidentielle ne pourra être menée sans prendre en compte l’exceptionnelle attente des Français relative à la régulation de la mondialisation.

Les Européens face à la crise de l'euro (paru le 20/07/2011)

Réalisée à la fin du mois de juin, une enquête de l’Ifop indiquait en effet que le niveau d’inquiétude à l’égard du déficit public et de la dette de l’Etat oscillait entre 81 % au Royaume-Uni et 90 % en Italie. Alors que les dirigeants européens avançaient avec le FMI et la BCE sur un nouveau plan d’aide à la Grèce, la crainte demeurait vive puisque l’inquiétude sur la dette domestique se maintenait au même niveau dans les cinq pays étudiés (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne et Italie) que dans un précédent sondage réalisé en mars 2010 lors du déclenchement de la crise grecque.

Si l’inquiétude concernant la dette souveraine est donc bien partagée par les principales opinions publiques européennes du fait notamment des forts déficits budgétaires, la peur d’un scénario à la « grecque » pour son propre pays n’a pas la même ampleur partout. 70 % des Espagnols, 62 % des Italiens mais aussi 61 % de nos compatriotes jugent ainsi que leur pays pourrait, certainement ou probablement, connaître dans les prochains mois ou années la même situation que la Grèce, l’Irlande ou le Portugal. L’effet domino est en revanche moins redouté dans le Nord de l’Europe : 36 % seulement en Allemagne et 47 % en Grande-Bretagne, nation n’appartenant pas à la zone euro.

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Ce sentiment d’une plus ou moins forte exposition au risque de contagion influe très fortement sur l’adhésion à une aide financière à la Grèce. Tout se passe comme si les pays qui se sentent les plus fragiles sont également ceux qui sont les plus favorables à un nouveau plan d’aide à la Grèce en ayant en tête qu’ils pourraient à leur tour, prochainement, avoir potentiellement besoin de cette solidarité européenne...

73 % des Italiens, 59 % des Français et 58 % des Espagnols déclarent ainsi que leur pays doit aider financièrement la Grèce. Ce n’est le cas que de 20 % des Britanniques qui ne partagent pas la même monnaie et de 41 % des Allemands, qui, on l’a vu, redoutent moins l’effet domino, et estiment que leur pays qui a fait beaucoup d’efforts en matière de finances publiques et d’adaptation de son modèle social à la mondialisation n’a pas à « payer pour les errements de la Grèce. Notons cependant que cette posture assez individualiste de l’opinion publique allemande a perdu du terrain, notamment sous l’effet des prises de position du gouvernement d’Angela Merkel. 76 % des Allemands étaient opposés à une aide financière à la Grèce en mars 2010 contre 59 % en juin dernier (soit un recul de 27 points). En France et en Italie où la disposition à aider la Grèce était déjà majoritaire, cette opinion s’est également renforcée (+ 6 points dans les deux pays) quand elle restait assez stable en Grande-Bretagne et en Espagne.

Cette grave crise que traverse la zone euro ne remet pas, pour l’instant (?), en cause l’adhésion populaire à l’euro, même si la tentation d’un retour à la monnaie nationale taraude une partie des opinions publiques. C’est en Allemagne qu’elle est la plus vive, 40 % des Allemands souhaitant un abandon de l’euro et un retour au mark. Cette proportion atteint 34 % en Espagne et 31 % en Italie. En France, le retour au franc serait soutenu par 29 % de la population, un chiffre certes assez élevé mais en recul, cette proportion étant de 38 % en mai 2010 et de 35 % en novembre dernier. Dans le détail, on s’aperçoit que la volonté d’abandonner l’euro émane d’abord des milieux populaires : 56 %des ouvriers français et 44 % en Allemagne, mais aussi des femmes (7 points d’écart entre hommes et femmes en France, 9 points en Allemagne et...21 points en Italie), soient les catégories les plus sensibles à la dégradation du pouvoir d’achat et à la hausse des prix des produits du quotidien engendrée par le passage à l’euro.

Si les tensions sur la monnaie commune et les craintes d’un effet domino au sein de la zone euro existent donc aujourd’hui, les opinions publiques européennes n’ont pas pour autant basculé dans un rejet de l’Union Européenne. 74 % des Espagnols et 72 % des Italiens, nations actuellement les plus fragilisées, estiment ainsi que l’appartenance à l’UE est plutôt une bonne chose pour leur pays. Ce constat est partagé par 61 % des Français et 65 % des Allemands. Seuls les Britanniques viennent rompre ce consensus et manifestent de nouveau leur euro-scepticisme en déclarant à 60 % que l’appartenance à l’UE est plutôt une mauvaise chose pour leur pays.


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