Quand l’horlogerie est tentée par la conciergerie, quand la patine se paye au prix du neuf et quand Gaston manque de prétention : c’est l’actualité des montres…<!-- --> | Atlantico.fr
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Une expérience immersive du sol au plafonnier (les dames qui s’ennuient au lit pourront apprendre la mécanique horlogère)…
Une expérience immersive du sol au plafonnier (les dames qui s’ennuient au lit pourront apprendre la mécanique horlogère)…
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Mais aussi une grande complication qui se veut tout petite, un coup d’œil dans le rétroviseur avant de redémarrer et le réveil suisse des actionnaires chinois…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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HUBLOT: De la suite dans les idées – sans se priver de dessert…

À quoi reconnaît qu’une marque est arrivée à maturité ? En fêtant les dix ans de sa renaissance, la manufacture Hublot se positionne de plus en plus clairement sur l’art de vivre plutôt que sur l’intégrisme mécanique. Dans cette optique, les montres sont les accessoires statutaires d’une vie de luxe pour privilégiés, et non plus de simples fétiches ostentatoires. Il s’agit donc d’accompagner ces privilégiés – qui se recrutent parmi les « gagnants de la mondialisation », en Europe comme dans le reste du monde – dans leur parcours de vie, au quotidien, sur les pistes de stations de skis comme dans les plages à la mode, en jet privé comme en limousine, dans les loges VIP des grands événements sportifs comme dans les clubs où ils fêtent, entre eux, leur quotidien cousu d’or et serti de diamants. Hublot, qui a signé la plus belle saga horlogère du XXIe siècle (chiffre d’affaires multiplié par 20 en 10 ans), excelle dans cet exercice de proximité. La preuve avec cette « suite Hublot » qu’on vient d’inaugurer au premier étage de l’hôtel Atlantis by Giardino de Zurich – hôtel à capitaux qatariens qui est lui-même à la pointe de la pointe des tendances contemporaines de l’horlogerie, tant pour son architecture contemporaine (très 1970) que pour le style de confort absolu qu’il procure, entre ville et campagne (une ferme et une forêt le cerne), avec un service qui n’a rien d’empesé et de quoi contenter le plus exigeant des oligarques en quête de nouvelles émotions. C’est précisément ce que vise Hublot avec sa suite : créer des émotions fortes par une expérience immersive de la marque (ci-dessus et ci-dessous) et par une infusion de ses codes esthétiques, doublée d’une piqûre de rappel quand l’hélicoptère vient vous chercher, directement à côté de la piscine, pour vous faire visiter la manufacture Hublot, à une demi-heure de vol de là. En prime, vous apprécierez le Hublot Cocktail de la saison au bar et, au dessert, vous dégusterez le Hublot Dessert préparé par le chef, qui vous le sert dans un écrin horloger (le même coffret que celui qui est offert lors de l’achat d’une montre). Il ne manque plus qu’un cigare Hublot pour méditer pendant une heure : ça tombe bien, Hublot est partenaire d’Arturo Fuente, le créateur des fameux Opus X – qu’on pourrait considérer comme le cigare le plus rare du monde. Pas belle, la vie rêvée des anges contemporains ?

BELL & ROSS : Même le crâne luminescent évoque le vert de gris du bronze…

Autant vous prévenir tout de suite : seuls les ringards rêvent de montres en or [jaune, quelle horreur démodée ! – rose, c’est dépassé !] ou en platine poli miroir… Le métal doit être aujourd’hui oxydé ! Les surfaces doivent être mates, comme sablées ou grainées. On nous a déjà vendu de l’acier rouillé, vieilli ou sacrément patiné. Voici maintenant le bronze pré-oxydé, qui ne va plus cesser d’évoluer vers d’improbables verdissements d’épée viking qui aurait passé quinze siècles dans sa vasière. Bell & Ross, la marque culte de l’horlogerie tricolore, a créé avec Laurent Picciotto (Chronopassion) une série de BR 01 Skull (nom de baptême dû à la tête de mort emblématique) en bronze microbillé, dont le vieillissement est accéléré pour parvenir à une teinte comparable à celle d’une pièce millénaire. Même le crâne luminescent du cadran est traité en vert de gris. Pour le confort au porter, le fond du boîtier – celui qui est au contact de la peau – est en titane anallergique. Les aiguilles reprennent le poignard et le sabre de toute symbolique militaire qui se respecte.

BAUME & MERCIER : Le frisson de la grande complication sans la folie du prix…

La tradition de l’horlogerie suisse distingue les « grandes complications » – très valorisées – des « petites complications » – très prisées des amateurs parce que plus accessibles et souvent plus utiles. Ce chronographe automatique Baume & Mercier propose ainsi un calendrier complet en plus de ses affichages chronographiques (décompte des temps courts en heures, à 6 h, en minutes, à 12 h, et en secondes, par aiguille centrale bleuie). On peut ainsi lire la date par une aiguille centrale (point rouge) sur un calendrier circulaire, mais aussi le jour de la semaine et le mois de l’année (double guichet dans le compteur à 12 h). En prime, un affichage des phases de la lune et un compteur jour/nuit qui vient, à 9 h, nous préciser s’il est 10 h 10 ou 22 h 10. On peut s’offrir ainsi le frisson apparent d’une quasi-grande complication horlogère – disons que le cadran traduit l’idée d’une certaine complexité mécanique – dans une montre (43 mm) qui semble avoir défié les décennies pour nous revenir dans son style intemporel hérité de l’âge d’or des beaux chronos mécaniques. Cette Clifton Chronographe Calendrier Complet est une friandise pour grand amateur exigeant qui ne serait pas pétromilliardaire…

ETERNA : Un chronographe de tradition sportive dans un style urbain…

Deux compteurs parce que c’est le grand chic, des angles soigneusement disposés, des lignes parfaitement tendus, un cadran parfaitement structuré pour rester lisible, un noir industriel à peine troublé par la pointe rouge de la seconde du chronographe, un mouvement automatique « manufacture » 100 % maison pour servir de base à un chronographe doté d’un « retour en vol » (remise à zéro instantanée de l’aiguille des secondes) et enrichi d’un dateur, une étanchéité garantie à 200 m : difficile de faire mieux que cette Royal KonTiki (42,5 mm) dans un style contemporain sans agressivité. À l’aise en ville comme dans un contexte plus actif, ce chronographe a même un atout supplémentaire : son prix relativement accessible pour une montre suisse (il est vrai que les nouveaux actionnaires d’Eterna sont… asiatiques !).

GASTON & CO : Sans autre prétention que l’absence de prétention…

On veut bien parier que vous n’avez jamais entendu parler de la marque Gaston & Co, qui st probablement la plus confidentielle des marques horlogères « grand public », puisqu’elle n’est distribuée qu’en ligne (gastonclub.com), pour un public d’initiés qui apprécient non seulement de ne sacrifier que moins de 150 euros pour ce clin d’œil, mais surtout qui goûtent l’humour décalé du designer qui s’est fait plaisir avec Gaston & Co. Il s’agit d’Emmanuel Gueit, le dessinateur de la Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet et de la Rolex Cellini, pour ne citer que deux de ses plus célèbres créations. L’ambiance est festive (voir notre vidéo : Relax watches for the fun), le branding amusant et la montre sans autre prétention que l’absence de prétention, à une heure où les objets de poignet deviennent parfois plus savamment commentés que des dicastères à la Sorbonne…

GIRARD-PERREGAUX : Un coup d’œil dans le rétro avant de déboîter…

Pour Girard-Perregaux, manufacture de tradition qui n’en finissait plus de décrocher et qui vient de repartir sur le sentier de la guerre, du bon pied (analyse Business Montres du 7 décembre), la clé du succès est à la fois dans l’innovation, comme le lancement d’une ligne 1966 en acier à prix accessible, mais aussi dans la relégitimation patrimoniale. Bon exemple avec cette nouvelle Laureato, qui sera lancé au début de l’année prochaine pour le 225e anniversaire de la maison : elle est à peu près identique au modèle original des années 1970, dont elle porte l’esthétique vintage (bracelet intégré au boîtier, lunette octogonale, « tapisserie » du cadran : pour l’époque, c’était furieusement in), mais elle a été modernisée, avec un mouvement automatique maison et un adoucissement subtil des angles de la lunette et du boîtier. Le blanc très légèrement ivoiré du cadran et des aiguilles semble même avoir pris un coup de patine quadridécennal (vous avez ici la première pièce de la pré-série en production). Et si Girard-Perregaux redevenait la marque la plus hype de la nouvelle haute horlogerie suisse ?

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : http://www.businessmontres.com

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