Quand les pongidés nous narguent, quand Super Mario nous lance un défi et quand le saphir rose nous dévoile sa transparence : c’est l’actualité des montres… <!-- --> | Atlantico.fr
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Un super-prolo superpixellisé qui nostalgise les années 8-bit chères à tous les quadras adulescents…
Un super-prolo superpixellisé qui nostalgise les années 8-bit chères à tous les quadras adulescents…
©Reuters

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Mais aussi un chronographe qui se méfie des divas du design, une bulle tridimensionnelle qui n’est pas une sphère et une plongée dans le glamour néo-chic…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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RJ-ROMAIN JEROME : La contre-attaque suisse de Super Mario…

Les adulescents qui ont crispé leurs pouces sur les consoles Nintendo restent inconsolables du départ de Super Mario, le vrai héros numérique de la fin du XXe siècle – que les historiens du futur nommeront peut-être l’ère du 8-bit. Qu’on se souvienne ici que Nintendo a vendu 680 millions de consoles électroniques et plus de 4,3 milliards de jeux vidéo. Pour les trente ans de Super Mario (né en 1985), Nintendo et RJ-Romain Jerome lancent une montre dédiée au jeu et à son personnage, promu « icône générationnelle » avec sa salopette bleue et sa chemise rouge de prolo pré-industriel. La montre – dans un très reconnaissable boîtier Moon Invader en titane – reprend dans un style pixellisé en trois dimensions l’image du héros et les éléments clés de son univers (champignon, nuage, décor végétal). L’effet au poignet est saisissant, avec une fusion du style purement digital de l’écran des consoles et de la tradition des cadrans resculptés et enrichis d’appliques en émail à froid. Même l’inscription « Super Mario Bros. » ressemble à celle qui apparaissait sur les consoles. C’est quand même une vraie montre, qui a la politesse de donner l’heure (mouvement automatique), avec de vraies aiguilles. Les rotules en téflon (quatre cavaliers à cheval sur la lunette de la montre) assurent un efficace confort au poignet. On retrouvera un médaillon Super Mario Bros. Sur le fond du boîtier, orné d’un motif gravé en allégorie stellaire. Seul détail qui fâche : à 17 500 euros pour cette série limitée, la nostalgie n’est plus ce qu’elle était…

LONGINES: Pas question de réinventer l’horlogerie…

Marque on ne peut plus suisse qui peut se flatter d’une excellente réputation en France, Longin est une de ces maisons suisses qui réussissent à passer pour « exclusives » alors qu’elles flirtent avec les deux millions et demi de pièces vendues par année. C’est un bel exploit, dont le secret est à peine racontable : au lieu de s’offrir des designers qui jouent les divas et sans vouloir révolutionner l’horlogerie mécanique à chaque lancement, Longines se contente de puiser dans son patrimoine ses nouveautés de l’année – ce qui permet de contenir les prix, dont le niveau moyen semble stabilisé depuis une ou deux décennies. Moralité : on en a pour son argent, comme avec ce chronographe Conquest (41 mm) qui se contente d’être une belle montre, très accessible avec son mouvement chronographe électronique capable de mesurer le centième de seconde et ses touches de bleu. Difficile de trouver un meilleur rapport qualité-prix pour une généreuse poignée de billets de 100 euros. C’est finalement ça qu’on aime dans les montres : elles nous rassurent par leur souci de ne rien changer au temps qui passe. Question subsidiaire : à quoi la mesure d’un temps au centième de seconde quand on n’est pas dans une enceinte olympique ? À rien, bien entendu, sinon à prouver qu’on sait le faire, ce qui n’est pas donné à tout le monde…

CORUM: Une illusion d’optique qui recrée une sphère en trois dimensions…

L’avantage des icônes, c’est qu’elles sont relativement insubmersibles (étanches aux aléas du temps qui passe) et qu’elles peuvent donc servir de bouées de sauvetage lors des naufrages. Placée dans une panade noire par ses nouveaux actionnaires chinois, la manufacture Corum tente de survivre en animant sa Bubble, un modèle « historique » récemment relancé en version Pop Art. On a gardé les 8 mm d’épaisseur du verre-bulle, qui agrandit et déforme subtilement le cadran : ce dôme apporte une troisième dimension à la montre, les lignes qui animent le cadran créant une illusion optique proche de la sphère (d'où le nom de Bubble Sphère 2 du modèle). L’autre bonne idée, ce sont les aiguilles bleues assorties au bleu du boîtier en acier (47 mm, ce n’est pas rien !) et au bleu du boîtier en bronze. Il n’y aura que 350 exemplaires de cette série, qui est une des plus originales de cette fin d’année…

Gc (Guess Swiss Made): Une touche de glamour pour faire briller les yeux…

Merci de ne pas demander à quoi peuvent servir des diamants sur une pièce qui se présente comme une « montre de plongée » : la mode a ses raisons que la raison ne connaît ! Donc, dans la (dé)raison de ce néo-glamour si bien incarné par Guess à travers sa ligne Gc (Swiss Made), voici une proposition Diver Chic, avec 32 diamants sur la lunette et un boîtier en acier prévu pour supporter 100 m de profondeur – disons qu’il est sans risques pour un bon plongeon dans la piscine du spa où la céramique noire de son bracelet aussi bien ses anses dans le style place Vendôme feront parfaitement illusion. Comptez tout de même un peu plus de 2 000 euros pour rhabiller aussi sensuellement votre poignet : aucun souci pour la précision, le mouvement à quartz épargnant même à ses dames les ongles écaillés par la manipulation de la couronne pour régler la date ou la remise à l’heure. Pas glamour, la vie en Gc ?

RICHARD MILLE: Puisqu’on vous (nous) dit que c’est très féminin…

Ne faut-il pas être un horrible un horrible macho pour décider qu’une montre de dame doit être, par nature, plus petite qu’une montre d’homme et, si possible… rose ? Richard Mille n’a pas ces scrupules de chaisière du politiquement correct et il n’entre pas dans ses considérations – ne serait-ce que parce qu’il ajoute un terme magistral à l’équation : une montre de femme doit surtout être plus précieuse et plus chère qu’une montre d’homme. C’est donc dans un bloc de saphir rose (gemme de culture) qu’il a taillé le boîtier transparent de sa nouvelle RM07-02, qu’il renforce de plusieurs lignes de diamants et d’un mouvement mécanique de nouvelle génération, lui-même ponctué de diamants et enrichi d’or rose. Prière de s’extasier sur la performance technique d’un tel boîtier cintré en saphir rose : il faut en casser plusieurs pour en réussir un bon. Prière de ne pas s’affoler en découvrant la facture à sept chiffres, qui correspond à celui d’un bel appartement dans un beau quartier de Paris. Pas de doute, à ce prix, c’est bien une montre de dame…

ANNÉE DU SINGE: Franchement, qui va se passionner pour ces pongidés de poignet ?

À la fin du XVIIIe siècle, les élites de l’Ancien régime se pâmaient pour des animaux exotiques comme le rhinocéros, la girafe ou le tigre, très chics dans les ménageries princières. On sait comment tout cette préciosité baroque, ultime étourdissement avant les tempêtes, a fini : très mal. Les nouvelles élites horlogères et joaillières dansent toujours sur un volcan : l’année du Singe, un des douze cycles du zodiaque chinois, excite le tropisme décoratif des maisons suisses et des créateurs de bijoux, qui nous inondent à présent de singes – alors qu’il est désormais prouvé que les jeunes générations de nouveaux riches chinois se moquent éperdument de ces fétiches d’un passé gommé par la globalisation quand il n’est pas dévoyé par la prédation marchande. Qui n’a pas son singe ? Réponse en écho des amateurs européens : mais qu’est-ce que ça nous fait à nous, ces singes ? Bien sûr, ces aimables pongidés témoignent d’une exubérante créativité dans l’usage des métiers d’art traditionnels (micro-sculptures, laques précieuses, sertissages originaux, etc.), mais en quoi mobilisent-ils notre imaginaire, alors que les montres connectées s’apprêtent à expulser des poignets les montres traditionnelles – qui auraient bien besoin de susciter des émotions fortes plutôt que de courtoises appréciations sur leur virtuosité décorative ?

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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