Assad, Poutine, la satire aura votre peau<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Assad, Poutine, 
la satire aura votre peau
©

Revue de blogs

En Syrie, le groupe MasatitMasi ridiculise Assad par épisodes, dans une série de vidéos de marionnettes à doigts téléchargée sur Youtube "Top Goon : le journal d'un petit dictateur". En Russie, le collectif artistique Voïna dynamite la stabilité à la Poutine par ses performances d'art de rue provocatrices depuis 2005. Peur de rien, prêts à tout. 2011 s'achève comme il a commencé.

Cette semaine, le Prix Reporters sans frontières de la liberté de la presse 2011, d'ordinaire décerné à un journaliste ou à un photographe, est allé à Ali Ferzat, un caricaturiste syrien.  Ferzat et ses caricatures font hurler les palais présidentiels moyen-orientaux depuis Saddam Hussein, ce qui est une référence. Mais le 25 aout dernier à Damas, durant une de ces manifestations syriennes qu'il n'est plus nécessaire de décrire, ses doigts ont été cassés en représailles (vidéo).

Pourtant, sur Internet, la relève est déjà assurée. Quels que soient les risques, en Syrie et à proximité, le groupe MasatitMasi (le nom de la paille utilisée en Syrie pour boire du maté) vient de mettre en ligne une série d'animations faites maisons en vidéo, qui  raconte la folie Syrie avec des marionnettes à doigts. La star de cette télénovela de l'extrême, "Le Journal d'un petit dictateur", est  "Top Goon", le dictateur Bishoo, qui ressemble merveilleusement à l'original. Armés des nouvelles armes fatales, une chaine sur YouTube, une page Facebook, et un compte Twitter, MastitMasi a déjà mis en ligne onze épisodes et réuni 60 000 visiteurs en un mois.

Dans le premier épisode, le dictateur Beeshou (Bichou) fait des cauchemars et se fait bercer par le nervi de service. Voir Bachar en  pantin d'âge mental très moyen, dans un Babygros à motifs de coeurs, est réjouissant et tellement fou que la série toute jeune a déjà attiré au collectif des milliers de fans, et deux articles, sur le Global Postpuis sur le Los Angeles Times. On y apprend que les marionnettes ont été créées en Syrie même, puis passées dans un sac en papier au Liban, et de là, on ne sait où, pour le montage des épisodes. Le réalisateur et sa bande souhaitent "montrer au monde un autre visage de la Syrie, qui en est venue à être définie par un flot sans fin de vidéos mises en ligne par les activistes de tanks faisant feu sur des quartiers, de policiers abusant des détenus et de victimes en sang. La comédie est une réponse naturelle à la tragédie".

Top Goon - Premier épisode (sous-titré en anglais)

Voina: L'art guerilla


Quelques membres du collectif révolutionnaire et artistique russe "Voïna",
photo du blog de Voina sur LiveJournal

Très loin de là, en Russie, le groupe d'art de rue "guérilla", Voïna (Guerre) vient aussi, avec les troubles post-élections en Russie, d'être intronisé symbole d'une génération contestataire. Ce collectif flou, qui communique uniquement par courriels, dont on ne sait s'il compte vingt ou deux cents membres, n'a jamais fait mystère de ses positions radicales sur son blog officiel. et surtout à travers ses performances commando, depuis 2005.Les arrestations de ses membres, les scandales répétés provoqués par ses performances choc, leur valent aujourd'hui de symboliser la Russie anti-Poutine.

Sur le blog de leurs performances,(dont ils publient une version partielle en anglais) quelques-uns de leurs faits d'armes, comme le "Pont prisonnier", dont le blog Putin Watcher raconte l'épopée. Le pont  mobile décoré par leurs soins d'un phallus, quand il se relève, fait face au siège du FSB à Moscou (ex KGB).

Photos du blog Putin Watcher

Détournement d'une affiche électorale

Kobalt TV, en Allemagne, a réalisé récemment un reportage sur les leaders du mouvement Voina (sous-titré en français) et leur philosophie.

La plateforme de blogseuropéens CaféBabel a aussi publié un interview en deux parties de Voïna. Leur réponse à la question : "Où vous voyez-vous dans 10 ans ?"

"Vor : Je ne suis pas sûr de vivre aussi longtemps. Le parcours d’un activiste russe est tragique. Une fois engagé dans le mouvement, vous n’appartenez plus à ce monde. Vous appartenez à la cause."

"Léo : Je suis convaincu que nous parviendrons à faire suffoquer le régime. Nous sommes toxiques, un vrai poison".

Prêts à tout, extrêmes, sans illusions et optimiste. Très russe, très 2011.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !