L'adhésion des Français au droit de vote des étrangers aux élections locales en fort recul<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis l’automne 2006, la proposition d’instaurer le droit de vote des étrangers aux élections locales a perdu 16 points d’adhésion de la part des Français…
Depuis l’automne 2006, la proposition d’instaurer le droit de vote des étrangers aux élections locales a perdu 16 points d’adhésion de la part des Français…
©Reuters

« Politico Scanner »

Le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales semble de moins en moins soutenu par les Français. Ce recul constaté par une enquête IFOP du 29 novembre dernier est valable auprès de toutes les sensibilités politiques, y compris à gauche, et particulièrement marqué chez les catégories populaires.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Le 25 septembre dernier, à peine arrivée au Sénat pour proclamer la victoire de la gauche dans la Chambre des Sages, Martine Aubry, candidate déchue à la primaire socialiste, se précipite pour affirmer qu’elle fera du droit de vote et d’éligibilité des étrangers non européens aux élections locales « la priorité » de la gauche. Seulement voilà, ce 8 décembre 2011, dans un Sénat à majorité de gauche, les socialistes sont décidés à aller jusqu’au bout, mais sont-ils vraiment soutenus par les Français ?

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Fait marquant, un an avant l’élection présidentielle de 2007, ce même item recueillait 65% d’opinions favorables. En somme, depuis l’automne 2006, la proposition d’instaurer le droit de vote des étrangers aux élections locales a perdu 16 points d’adhésion de la part des Français… Une mesure qui, contrairement aux socialistes, est bien loin d’être une priorité pour les citoyens Français. Et il faut noter que la question ne précise par le droit d’être élu pour les étrangers, ce que propose le PS dans son projet et le texte étudié au Sénat qui stipule : le droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales est accordé aux étrangers. Et, comme le rappelle Jérôme Fourquet de l’Ifop: "Sur ce sujet, le fait par exemple de mentionner ou non, à côté du droit de vote, le droit d’éligibilité pour les étrangers, aurait pu durcir les réponses" ( ndlr : Il y a huit jours un sondage BVA / Le Parisien indiquait que 61% des Français étaient favorables au droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales).

[ Pour comprendre les différences de réponses lire : "Droit de vote des étrangers ou l'art de mitonner les questions posées dans les sondages..." ]

Le détail de l’enquête Ifop, publiée le 1er décembre, démontre que les 50-64 ans sont les plus réticents à cette mesure, puisque 56% de cette classe s’y oppose. Les 65 ans et plus la rejette à 52%, tandis qu’un Français sur deux âgé de 35 à 49 ans se dit pas d’accord avec cette mesure. Certains pourront parler d’une courte majorité mais l’évolution de ces chiffres en 5 ans prouve un rejet grandissant de la proposition socialiste. L’adhésion par classe socioprofessionnelle à la proposition des socialistes d’accorder le droit de vote aux personnes étrangères non ressortissantes de l’Union Européenne démontre que le fossé ne cesse de se creuser entre le parti de Martine Aubry et l’électorat ouvrier qui ne lui est plus acquis. En 2006, 66% des employés, 60% des ouvriers et 52% des retraités se prononçaient en faveur de l’instauration du droit de vote des étrangers… Aujourd’hui, 54% des ouvriers se disent « pas d’accord » avec cette proposition. De même que 52% des employés ou encore 53% des retraités s’y opposent.

66% des sympathisants UMP, ou encore 52% des sympathisants du Mouvement démocrate de François Bayrou s’opposent à la proposition socialiste. A noter qu’au sein même des sympathisants de gauche, le droit de vote des étrangers ne fait pas l’unanimité, puisque presque un tiers des sympathisants de gauche (30%) s’y s’oppose en 2011. Là encore, et comme le démontre le graphique ci-dessous, le degré d’adhésion au droit de vote des étrangers s’effondre depuis 2006, même auprès des sympathisants de gauche (-4 points auprès des sympathisants communistes ; -6 points auprès des sympathisants socialistes ; très étonnant -23 points auprès des sympathisants Verts en 2006 et EELV aujourd’hui). En 2011, cette proposition séduit encore moins à droite et chute de 18 points auprès des sympathisants UDF/MoDem, moins 19 points auprès des sympathisants UMP et enfin moins 27 points chez les sympathisants du FN.

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Cette question du droit de vote est symbolique. Serpent de mer de la politique française et promesse de la gauche depuis Mitterrand, elle révèle deux camps à gauche : ceux qui proposent de réconcilier la gauche et l’électorat populaire en ne faisant pas de cette question une priorité, comme François Kalfon et ceux qui proposent au contraire à la gauche de se créer une nouvelle majorité électorale autour des jeunes, des diplômes et des minorités (cf le rapport de Terra Nova). A ce débat stratégique au sein de la gauche, se greffe un calendrier politique entre la droite et la gauche : Nicolas Sarkozy s’est opposé à cette idée récemment devant les maires de France et le Sénat débattra de la question… demain. Le tout, à six mois de la présidentielle...

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Sondage Ifop/Europe 1/Paris Match
Echantillon de 1040 personnes
Réalisé du 2 au 4 novembre 2011

Guillaume Peltier pour la Lettre de l'opinion et Jérôme Fourquet pour l'IFOP



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