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Alain Juppé est-il le même qu'en 1995 ? ; Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle de 2017 ? ; Patrick Drahi : industriel ou simple "deal maker" ?
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi l'Express spécial New York et l'état d'urgence en Israël. C'est la revue de presse des hebdos, par Sandra Freeman.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Alain Juppé, N°1 : le présidentiable préféré des Français ! (Une couverture cette semaine)

Aujourd’hui, Alain Juppé est le présidentiable préféré des Français. On nous le répète depuis quelques semaines et quelques sondages. On commence à le savoir. Mais, allons plus loin : "au pouvoir, serait-il courageux ?". C’est la question que pose Le Point cette semaine en lui offrant sa couverture.

Pour l’heure, il semble déjà bien décidé et plein d’énergie. Le journal rappelle "son vibrant plaidoyer pour une identité heureuse en 2014, suivi de la déclamation de son triptyque rassembler, apaiser, réformer" qui a fait que "Juppé a marqué sa différence et donné du grain à moudre à ses rivaux".

Le magazine qui l’interviewe longuement, publie aussi cette réponse qui conforte sa volonté de ne pas en découdre. Il déclare : "Je m’inscris en faux contre l’idée d’une France immobile ", ou "Je me bas contre l'idée d'un déclinisme inéluctable contre les chantres d'un prétendu Age d’or révolu. En même temps, je sens partout une aspiration profonde à changer les choses, à des réformes structurelles ce qui n'exclut pas visibilité extrême et stabilité : les gens ont envie de savoir où on va les conduire".

Alors justement, puisqu’on en parle, où nous conduirait le Juppé-Président ?

Vers "l’emploi". Vers "la sécurité". Mais à le lire dans cet entretien, il y a un point majeur dont il ne se sépare pas dans son parcours politique : les "régimes spéciaux".

Le Point trace un pont entre le Juppé-candidat version 2015 et le Juppé-Premier-Ministre version 1995. Quelle est sa lecture aujourd’hui de la grande grève de 1995 qu’il a dû affronter ? Juppé leur répond : c’est "la théorie de la goutte d'eau. C'est vrai, j'aurais dû écouter les conseils de certains sur les régimes spéciaux. Peut-être ai-je été emporté par mon ardeur réformatrice. Sans doute ai-je voulu en faire plus que de raison. Et c'est cette annonce qui a entraîné une paralysie du pays durant un mois. J'en tire la conclusion que la France est réformable, mais, qu’à l’énergie et l’ambition, doit s’ajouter une certaine forme de réalisme".

"20 ans après, il tire les leçons de cette épreuve", affirme le l’hebdo. Dans cette perspective de réforme, le candidat-Juppé de 2015 affirme aujourd’hui que "globalement, 57 % du PIB de dépenses publiques ce n’est pas viable. Que la moitié d’entre elles sont des dépenses sociales. Il ne faut pas renoncer à des mécanismes de solidarité mais les rendre plus efficace et plus juste". Juppé pense aussi à réformer "des systèmes qui dérivent totalement" : "il n’est pas normal de venir de l’étranger et se faire opérer gratuitement en France alors qu’on aurait pu se faire opérer chez soi". Et il ajoute : "De même je réfléchis à un système de plafonnement de l’ensemble des avantages sociaux de façon que chacun ait toujours intérêt à travailler. Car quelqu’un qui travaille au SMIC en se levant de bonne heure peut avoir le sentiment que son voisin touche presque autant que lui en cumulant les aides". Il conclue : "c’est déresponsabilisant... Et c’est aussi le terreau du FN".

Emmanuel Macron, N°3 : candidat à la présidentielle ? (2 couvertures cette semaine : studieux vs show-off)

"Novice en politique, il est devenu la troisième personnalité préférée des Français, loin derrière Alain Juppé mais au coude à coude avec François Bayrou (…) avec une hausse spectaculaire de six points en septembre », dixit le baromètre Odoxa. Challenges montre, en Une, l’image d’un Macron studieux, tête baissée, plongé dans ses livres avec cette question : "Mais qu’a-t-il en tête ?"

La question se précise, plus clairement, sur la fin du papier qui s’interroge sur une possible campagne éclair d’Emmanuel Macron pour 2017 : "Dans son entourage, certains sont grisés par sa popularité et l’imaginent déjà en lice pour 2017, dans l’hypothèse où François Hollande renoncerait. Pour l’heure, Macron n’a constitué aucune équipe pour un éventuel saut vers la présidentielle. Mais peu à peu, il élargit son champ et construit sa pensée, en dehors de l’économie. Par exemple, Shahin Vallée, son ancien conseiller à Bercy parti à « London School of economics », l’alimente en notes sur l’identité nationale, la citoyenneté et l’immigration. D’autres proches réfléchissent à une campagne éclair, en dehors d’un parti, via les réseaux sociaux. Et les soutiens commencent à s’organiser (…) Un démarrage qui fait sourire les vieux renards de la politique".

Emmanuel Macron est aussi mis en avant par L’Obs . Cette fois, d’allure moins concentrée, il apparaît plus show-off, souriant, éclatant, se remontant ostensiblement les manches, mais la question engagée remet M. Bercy à sa place : "Le dynamiteur : Macron va–t’il trop loin ?". Tout le déroulé du papier décrit un personnage ambigu : "ambition féroce -tête à claque ", "fossoyeur - rénovateur"."Le Rastignac de Bercy (…) bouscule son camp, tape sur les nerfs des énarques du PS et agace nombre de ses collègues ministres. Mais l'énergique Emmanuel Macron s'appuie sur l'opinion pour réformer, convertir la gauche au "social libéralisme" et viser plus haut. Jusqu’où ira l’enfant gâtée de la "Hollandie" ?

Dans cet article, L’Obs parle de sa fascination pour la figure de Mendès France, de son engagement pour la "deuxième gauche", de ses meetings qui "relèvent du one man show à la Lucchini", mais aussi de son image à l’étranger : "Le Guardian et le Wall Street Journal sont tombés sous le charme du « réformateur Gaulois » au point d’en négliger le « French bashing »."

L’homme apparaît comme bien certain de son devenir et se verrait selon l’hebdomadaire comme "un nouvel astre dans la galaxie politique". D’ailleurs, l’Obs le prouve par son parcours, jusque-là : "Cheville ouvrière du programme économique de François Hollande, Emmanuel Macron décroche le poste de secrétaire général adjoint de l'Élysée. Au bout de 18 mois, le jeune homme pressé trépigne. Il se plaint auprès de ses visiteurs de « l’ingratitude » du maître de céans qui lui refuse le Maroquin de secrétaire d’État au budget". Pour sa plus grande satisfaction, lors du départ d’Arnaud Montebourg, il obtiendra finalement le  Bercy. Mais, L’Obs ne s’emballe pas pour autant : "Son sort ne tient qu'à un fil, il le sait. Pour le moment, Macron a l'opinion de son côté et exerce la liberté de parole de  l’outsider, un pied dedans, un pied dehors. Ainsi, François Hollande peut élargir son compas sur sa droite, et Manuel Valls récupérer une partie du terrain perdu à gauche. Mais attention ! Macron n’est pas un serviteur docile".

Ici, pas question de l’habiller en candidat. La question est tout simplement : "sera-t-il un atout ou un boulet pour la gauche en 2017 ?"

L’Express "Spécial New York" en couverture ; mais spécial dédicace à son actionnaire Patrick Drahi dans ses pages intérieures

On apprenait la semaine dernière, dans Le monde entre autres, que les journalistes de L’Express avaient adopté mardi 12 octobre une motion de défiance contre le nouvel actionnaire du groupe, Patrick Drahi, et le directeur des rédactions, Christophe Barbier, pour protester contre un plan social qui vise 125 salariés.

Une semaine plus tard, le magazine qui paraît en kiosque propose : "New York ; capitale du monde" en couverture, pour attirer le lecteur. Il y sera question donc de "New York. Toujours plus rayonnante, la ville affirme son rang de place forte financière, artistique et médiatique. Les milliardaires de la planète s’offrent des pieds à terre à 100 000 dollars le mètre carré. Ses musées flamboyants neufs confortent son leadership culturel. Il y a aussi de jeune start-uppers qui y révolutionnent les médias". Bref, une gouleyante la grosse pomme, tellement "attractive".

Patrick Drahi : "industriel ou simple deal maker" ?

Mais le papier d’analyse qui fait mouche, cette semaine, se situe en page 76 de l’hebdo. Il y est question du fameux "nouvel actionnaire du groupe, Patrick Drahi". Le titre : "Patrick Drahi, le frein sur la dette". Le journal resitue, chiffres à l’appui, la situation financière de son propriétaire, mais surtout décrypte une "méthode Drahi" : "L'homme est connu pour repérer les entreprises mal géré les restructurer afin de rembourser ses dettes" y lit-on.

Et concrètement, "L’Express" (informant de son lien avec le sujet, sans faire allusion à son propre cas de plan social) raconte : "A force d’acquisitions menées à vive allure, Altice, le groupe du nouveau poids lourd des télécoms, a accumulé un endettement de 48,2 milliards d’euros. Mais les marchés jusqu’ici emballés, lui imposent de lever le pied. Ils ont tiré un coup de semonce après sa dernière grosse prise dans le câble américain".

Pour faire court : "En un an, le propriétaire de câblo-opérateur Numéricâble s’est lancé dans une course effrénée aux acquisitions avec ses diverses sociétés Altice - aux Pays-Bas, aux Etats-Unis etc.- (…) Mais, ces derniers jours, l’ultime opération outre atlantique de 17,7 milliards de dollars (soit 15,5 milliards d’euros), sur Cablevision s’est révélée plus compliquée à mener (…) Autre embarras pour le milliardaire : afin de boucler son opération américaine, son capital destiné à faire entrer 1,8 milliards d’euros dans les caisses n’a rapporté que 1,6 milliard en raison de la chute du titre en bourse…"

Face à ce constat, comment s’applique la dite "méthode Drahi" ? Le magazine affirme que "les Drahi boys ont l’habitude de passer les entreprises, qui tombent entre leurs mains, à la paille de fer" et qu’en l’occurrence, chez Cablevision, une réduction des coûts se profile : "les quelques 300 responsables locaux, payés de 260 000€ à 900 000€ par an, ont du souci à se faire. Tout comme les salariés du centre d'appels, estimé trop nombreux pour gérer les problèmes de facturation. Et une petite flotte d'hélicoptère et d'avion destinée à assurer les déplacements de certains dirigeants américains risque de disparaître. Car chez Altice, on se félicite de voyager en règle générale sur les compagnies low cost".

Face à sa série d’acquisitions, face à sa capacité à réduire les coûts très rapidement, le journal interroge la capacité de son actionnaire "à développer les activités" : "industriel ou simple deal maker.

Israël : Tsahal contre Netanyahou ; un Etat d’urgence ?

Face à l'actuel cycle de violence qui ébranle à nouveau Israël, Le point affirme que "depuis des années, les responsables de Tsahal (militaires) et les patrons de Shin Beth (la sécurité intérieure) ne cessent de répéter que : seul un processus politique peut atténuer la colère dans les territoires palestiniens". Selon leurs prévisions, "sans perspective d'espoir une nouvelle explosion de violence est inéluctable". Cette analyse, validée par les violences aujourd’hui, mais les "lanceurs d'alerte se refusent pourtant à les qualifier de troisième intifada".

Autre analyse intéressante portée dans les pages de Télérama cette semaine, face à l’impossibilité croissante d’une solution à deux Etats du Proche Orient. Ils y rapportent la réflexion de l’écrivain israélien Avraham Yehoshua qui "prône désormais le cheminement vers un Etat unique"... mais "binational" ! Explication rapide : "par la colonisation, Israël a détruit la solution à deux Etats. Mélanger deux populations totalement différentes ne pouvait qu’aboutir à une catastrophe. C’était une terrible erreur".

Ainsi, Avraham Yehoshua poursuit :" je ne dis pas que « l’Etat binational » est idéal, mais il n’y a plus d’autre choix (…) Pour les palestiniens, « ce serait pour eux un soulagement. Ils disent : si on ne peut pas avoir un petit Etat, nous sommes prêts à être israéliens (…) on pourrait commencer par leur donner la citoyenneté israélienne, donc des droits à la Sécurité Sociale".

Et de conclure, "les Européens ont le devoir et le pouvoir d’imposer une solution".

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