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Russie : élections piratées
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Revue de blogs

Soupçons de fraudes électorales, pressions, sites d'opposition piratés, opposants inquiétés : les élections russes se sont achevées dans un climat tout sauf paisible. Sur la blogosphère russe, des initiatives font collaborer les internautes pour surveiller les élections ou dénoncer la corruption. Ils ont été les premiers piratés.

Les élections législatives russes remettent sans grande surprise le parti Russie Unie de Poutine et Medvedev à la Douma, mais l'ambiance a changé : les manifestations qui ont éclaté lundi dans la nuit dans de grandes villes russes traduisent le ras le bol des jeunes ou moins jeunes électeurs devant les manipulations, pressions sur les médias, agressions de journalistes et ambiance générale de fraudes, et l'émergence d'une génération moins résignée, peut-être parce que plus connectée. On peut trouver par exemple sur YouTube des compilations de vidéos prises avec des téléphones portables lors du scrutin russe, visiblement pour garder trace des suspicions de fraudes.

Piratages massifs

Une véritable cyberguerre s'est livrée sur Internet ces derniers jours, atteignant un pic lors de la journée de l'élection, le 4 décembre, entre internautes et pirates. La plateforme la plus populaire de blogs russophones, LiveJournal, le principal rendez-vous des internautes les plus remuants, est très perturbée depuis plusieurs jours. Des sites ou forums d'opposition sur les élections, ou de surveillance du scrutin ont disparu du web et ont vu leur contenu disparaître, ou se remettent péniblement en ligne après des piratages, y compris des sites de grands médias, comme Kommersant. Les attaques n'ont pas été signées, mais ont été si systématiques qu'il est difficile d'imaginer une simple lubie de hackers désœuvrés. A un tel point que Reporters Sans Frontière a publié un communiqué listant quelques-uns des médias et sites piratés et les arrestations et menaces contre des journalistes ou opposants, en remarquant :

La grande majorité des médias traditionnels, et en particulier les chaînes de télévision, ont passé sous silence ces différents incidents. Elles ont accordé une couverture largement positive au parti de Vladimir Poutine, Russie unie, qui remporte ces élections.

Il aurait été intéressant de présenter par exemple Golos, un site de surveillance électorale, qui a créé une carte en ligne de signalement des irrégularités de l'élection où les électeurs pouvaient signaler ce dont ils étaient témoins par mail ou SMS. Actuellement (mardi) le site est toujours indisponible. Son compte Twitter est en revanche actif et la carte est à nouveau accessible depuis la France.

Capture d'écran de la carte des irrégularités signalées par les électeurs russes

La contestation par la collaboration en ligne

Cette démarche pour exercer une contre-surveillance et faire collaborer les internautes autour d'un projet commun n'est pas nouvelle en Russie. Lors des catastrophiques incendies de l'été 2010, ils s'étaient par exemple fédérés en ligne pour prendre en main l'aide aux sinistrés, quand il est devenu clair que le gouvernement était dépassé. La carte des incendies et des demandes d'aide, Russian Fires, qui a obtenu plusieurs prix à l'étranger, a engendré de multiples initiatives citoyennes. La plus connue, Rospilest tout simplement un appel à dénoncer anonymement... les fraudes dans les marchés publics. Le site est devenu depuis un forum anti-corruption. Preuve de sa sagesse, il se fait héberger aux États-Unis.

Capture d'écran de documents sur les fraudes aux marchés publics
téléchargée sur le site anti corruption RosPil

Du côté des vainqueurs de ces élections, le compte Twitter de Medvedev, d'habitude plus bavard, s'est contenté de tweeter : "Merci d'avoir voté Russie Unie".

La revue Foreign Policy a publié une galerie de portraits des figures de l'opposition russe, ou de la mobilisation citoyenne (en anglais) : La brigade anti-Poutine. On risque de les revoir.

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