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Moyen-Orient : le web sur la piste des armes légères utilisées contre les manifestants
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Revue de blogs

Une enquête d'un genre inédit, menée par les manifestants du monde arabe et les blogueurs, a pris un nouveau tour durant l'explosion de violence de la place Tahrir depuis la mi-novembre : l'enquête sur la provenance des grenades lacrymogènes, des armes et munitions utilisées contre les manifestants dans le monde arabe.

Photo extraite de l'album photos de Ahmed Moustafa publié sur Facebook en Egypte  "Danse avec le gaz lacrymogène"

[Mis à jour le 30 novembre] Le 30 novembre, les douaniers de Suez, en Egypte, ont refusé de réceptionner une cargaison de 21 tonnes de gaz lacrymogène en provenance des USA, commandé par le Ministère de l'Intérieur égyptien. Eux aussi en ont assez.

Le 22 novembre, le blogueur américain Mike Lewis écrivait : 'Il y a un nombre grandissant de gens sur et autour de la place Tahrir en colère qu'on leur tire dessus avec des armes fournies par des pays qui font des bellesdéclarations sur la démocratie et recommandent de la retenue en Egypte, et ils commencent à faire une base de données des marques et caractéristiques de ce qui est utilisé. Ca ne va pas arrêter les violences mais je suis plutôt favorable à ce qui embarrasse des gouvernements et sociétés qui continuent à fournir des armes de répression, en général pour en tirer un bénéfice". Son post rassemble les photos et témoignages publiés sur les blogs et Twitter en Egypte, sur les grenades lacrymo, armes, douilles, cartouches, boites de munitions, retrouvées sur le champ de bataille des manifestations, qui ont fait officiellement une quarantaine de morts, et des milliers de blessés. En voici quelques unes :

Photo Omar Hamilton, balles réelles 9mn tchèques ramassées autour de la place Tahrir au Caire


 Balle réelle italienne, photo sur Flickr de Omar Hamilton au Caire

Balle en caoutchouc portant des mentions en arabe et, en anglais, "Anti-Crime", photo sur Twitter de @Msheshtawy

C'est en Tunisie, en janvier dernier, qu'avaient été publiées les photos des premières grenades lacrymogènes importées des USA. Dans le cataclysme de la révolution, l'information avait trouvé peu d'échos.

Photo d'une grenade lacrymogène vide prise en Tunisie en janvier 2011 (Blog de Liliopatra)

Les mêmes photos se sont multipliées sur Twitter, en provenance de tout le Moyen-Orient, au gré des soulèvements. Mais avec la récente vague de manifestations au Caire, les témoignages épars se sont structurés, d'abord pour alerter sur l'utilisation de gaz lacrymogènes qui étaient peut-être des gaz neuro-toxiques, comme le gaz paralysant CR, au vu des graves symptômes présentés par certaines victimes, comme au Yémen au printemps dernier.

Grenade lacrymogène vide, Photo Lilian Wadgy sur Flickr, place Tahrir, le Caire, mi novembre

C'est sur Twitter encore que les Égyptiens ont directement interpellé les États-Unis depuis leur mobile.
@omarkamel : "Peuple des États-Unis - vous voulez nous aider ? Fermez les usines qui produisent le gaz lacrymogène avec lequel ils nous attaquent. Est-ce que c'est trop demander ?".
Quelques heures plus tard, le fabricant, en Pennsylvanie, était repéré, par un internaute allemand:
@unitedanonDE "Les gens qui fabriquent le gaz lacrymo contre les occupations : Combined Tactical Systems: Phone: (888) 989-7800 FAX:(724) 932-2166"
L'Egyptien Bikyar Nasr rappelait sur son blog qu' "aux termes de la Convention de Paris sur les armes chimiques de 1993, le gaz CR est officiellement listé comme substance contrôlée, et a été interdite, mais cela n'a pas empêché les gouvernement du monde entier de l'utiliser contre des civils. Les États Unis, le Sri Lanka, Israël, et d'autres pays, dont l'Egypte, ont continué à l'utiliser contre leurs citoyens" 

Nisat, le blog de l'Initiative norvégienne sur le transfert d'armes légères, suit de près les photos et informations et s'est servi du post de Mike Lewis pour  les croiser avec les sites de fabricants de munitions, comme par exemple le Tchèque Sellier &  Bellot,(dont le slogan est, tout simplement, "Votre fournisseur de munitions)' et avec les données de la base Eurostats sur les passages en douane de matériels sensibles à destination de l'Egypte. Il a relevé, parmi une multitude de fournisseurs européens, une livraison de la France.

" France: EURO 781 079 de pièces d'arme, de munitions de petit calibre, de munitions de gros calibre, et autres munitions diverses".

De blogs en blogs, l'enquête continue.et vient étayer le récent rapport d'Amnesty International sur les livraisons d'armes et de fournitures de "contrôle" des manifestations au Moyen Orient depuis les soulèvements de 2011. Il réclame un contrôle renouvelé de ces exportation particulières au vu de l'utilisation qui en est faite sur la population civile.

Pour ce qui est de la Syrie, les choses sont claires, toujours selon le rapport d'Amnesty International :  la Russie est le premier fournisseur d'armes de la Syrie, et 10% de la production d'armes russes est absorbée par le "marché" syrien. C'est de la Russie dont il est de plus en plus souvent question comme lieu d'exil pour la famille Assad.

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