Les chiffres sont têtus : la fiscalité du capital continue de plomber la France <!-- --> | Atlantico.fr
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Un épargnant ou un entrepreneur français qui prend 100% du risque ne peut garder après impôt qu’un peu moins du quart du profit généré, l’Etat s’appropriant le reste.
Un épargnant ou un entrepreneur français qui prend 100% du risque ne peut garder après impôt qu’un peu moins du quart du profit généré, l’Etat s’appropriant le reste.
©Reuters

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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"Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout", disait Henri Queuille, grand maître à penser des élus de la Corrèze, comme Jacques Chirac et François Hollande. Il aimait répéter aussi "qu'il n’existe pas de problème, aussi compliqué soit-il, qui ne puisse se résoudre par une absence de solutions". Voilà pourquoi la France souffre d’un pouvoir politique à gauche comme à droite, incapable de faire évoluer la moindre règle du jeu. François Hollande se complait aujourd’hui dans une société bavarde qui considère qu’on a agi quand on a beaucoup parlé. Il se contente de mener sur tous les sujets une politique d’abandon des fonctions régaliennes de l’Etat en matière de sécurité, de justice et de migration. Il ne reste plus que le compassionnel à la remorque de l’émotion, car pour lui, il importe de réagir vite et de faire part en permanence de son indignation tout en ne traitant aucun sujet à fond. Exemples.

François Hollande est dans la ruralité cette semaine. Il a présidé un comité interministériel sur le sujet à Vesoul. On peut s’accommoder, selon lui du déclin, pourvu qu’il soit lent et confortable. Son ambition doit être de faire de la France une grande Corrèze fascinée par les foires aux bestiaux et les arts premiers. En attendant, l’économie de la France ne repart toujours pas, l’industrie et la construction continuent de détruire massivement de l’emploi. La hausse massive des impôts et les mesures multipliant les contraintes sur les entreprises ("le choc de la simplification" n’a toujours pas eu lieu) ont cassé tous les ressorts de l’économie productive.

François Hollande fait fuir tous ceux qui ont du talent. Si elle ne réforme pas son économie, la France va devenir un musée. L’économie mondiale est concurrentielle, très capitalistique et particulièrement entrepreneuriale. Or la France socialiste a choisi de taxer le capital comme le travail, ce qui est une véritable ânerie. Il faut revenir d’urgence à une fiscalité du capital en ligne avec celle de nos concurrents. La taxation des plus values mobilières (= l’argent qui a été gagné par celui qui a pris des risques) est nulle en Belgique et aux Pays-Bas. Elle est autour de 20% en Italie et de 25% en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. Elle est de 64,5% en France si la durée de détention est inférieure à deux ans et de 42% pour une durée de détention supérieure à deux ans ! Au total, un épargnant ou un entrepreneur qui prend 100% du risque ne peut garder après impôt qu’un peu moins du quart du profit généré, l’Etat s’appropriant le reste. Il ne faut pas s’étonner que les plus talentueux, les plus productifs, les plus innovateurs, tous ceux qui sont susceptibles de créer de la croissance et donc des emplois aient envie de quitter la France.

Il paraît que dans le cadre de la prochaine tournée "Investor’s Month", pour vanter les atouts de la France à l’étranger, trois ministres et un secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur (Michel Sapin, Emmanuel Macron, Laurent Fabius et Matthias Fekl) vont insister sur le pacte de responsabilité qui baisse les charges des entreprises. En toute transparence, on espère qu’ils diront que contrairement à ce qui avait été promis, les allègements ne seront pas versés par le gouvernement le 1er janvier 2016, mais décalés de trois mois. L’Etat est un peu dans la situation du particulier qui dit à son fournisseur : "Je vous fait votre chèque mais ne le mettez pas à l’encaissement avant la fin du mois".

François Hollande, après avoir détruit l’école républicaine, est en train de casser le système de santé français avec la généralisation du tiers payant. Cet "acquis social" augmentera un peu plus le déficit de la Sécurité sociale dans un pays qui détient déjà le record mondial de la consommation de médicaments. La loi santé de Marisol Touraine, ministre de la Santé, ne comprend pas une ligne sur la révolution des "docteurs 3.0 de la Silicon Valley". C’est pourtant la clef de la diminution des dépenses de santé et de l’amélioration de l’efficacité des systèmes de prévention.

François Hollande a fermé la porte à une vraie réforme du code du travail. Pourtant, les plaidoyers pour une réforme se sont multipliés : Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen dans leur livre "Le travail et la loi" ; L’Institut Montaigne dans son rapport "Sauver le dialogue social" et même Jacques Barthélémy et Gilbert Cette de Terra Nova, Think Tank proche du PS dans leur livre "Réformer le droit du travail".

Le code du travail 2015 comprend 3689 pages, 10 628 articles pour un poids de 1,5kg dans sa dernière édition. La France est le pays où le nombre d’heures de travail annuel par adulte est le plus faible du monde. Pourtant, la précarité n’est pas moins forte en France qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni. Ce qui devrait préoccuper le plus le président de la République, c’est le taux d’emploi. Il n’est que de 64% en France, contre 74% en Allemagne et 72% en Angleterre.

Sa valeur ajoutée consiste principalement à laisser manipuler les statistiques du chômage et en recrutant une ministre du Travail qui n’a aucune expérience sur le sujet. L’Insee va pouvoir continuer ainsi à travailler sur les statistiques du chômage pour arriver à inverser la fameuse courbe. On va rechercher "des gens qui veulent travailler mais ne cherchent pas ou ne sont pas disponibles"…

Le rapport Combrexelle sur le droit du travail est très intéressant, mais il ne couvre absolument pas le secteur public pour une raison simple : les fonctionnaires représentent 25% des électeurs et le Parti socialiste n’est plus que le parti de la fonction publique. D’ailleurs sur un sujet très simple comme le travail le dimanche ou le soir, les syndicats sont contre, car ils n’ont pas encore compris que la dérégulation du marché du travail pouvait créer des emplois.

Une fois de plus, la Cour des Comptes a fustigé la gestion des fonctionnaires. La masse salariale augmente trop dans les collectivités locales et chez les opérateurs de l’Etat alors que pour recruter moins, il suffirait de demander aux agents publics de travailler autant que le secteur privé. Les dépenses de personnel ont atteint 278Md€ en 2014, soit près du quart de la dépense publique. Rien n’a été annoncé sur les 32 régimes spéciaux, ce qui est une véritable honte par rapport aux salariés du secteur privé…

Les inquiétudes sur la Chine semblent exagérées

En Chine, les réserves de change baissent, ce qui est normal quand on intervient pour soutenir sa monnaie et faire en sorte que le cours soit fixé quasi librement par les marchés. Toutefois, la Chine n’a aucun problème de compte courant, elle a très peu emprunté à l’étranger. Elle n’a pas non plus de problème majeur d’exode des capitaux, car les banques sont contrôlées majoritairement par l’Etat. Une fois de plus Li Ka-Shing, l’équivalent de Warren Buffett à Hong Kong, avait bien compris qu’il fallait au début de l’année allèger son exposition à la Chine. Il y a un moment où il faudra revenir en Chine…

Le secteur 3D offre des perspectives industrielles étonnantes

Les sociétés du secteur de l’impression 3D cotées en bourse ont baissé d’environ 70% par rapport à leur plus haut, selon l’ETF STOXX Global 3D Printing Pure Play. Pourtant début 2014, c’était selon les analystes l’un des thèmes d’investissement parmi les plus attractifs. On allait assister à une véritable révolution dans la fabrication industrielle de nombreux produits. Les premières sociétés sont américaines, avec 3D Systems, suivie par Stratasys qui est à l’origine une société israélienne. L’Europe a aussi des sociétés intéressantes comme SLM Solutions (Allemagne), Envision Tec (Allemagne), DWS (Italie), Mcor Technologies (Irlande), Shapeways (Pays Bas).

Dans le domaine de la santé, l’impression 3D a d’excellentes perspectives avec Sirona (Allemagne mais le titre est côté à New York). La société est le numéro un mondial pour les dentistes, suivi par Align Technology très utilisé par les orthodontistes. Exatech (US) et Materialise (Belgique) se consacrent à la chirurgie des os.

Les sociétés de software sont également très présentes sur ce créneau comme Autodesk (US), Dassault Systèmes (France), Arcam (Suède), ExOne Company (US).

La prochaine étape devrait être celle du "4D printing" avec des objets capables de s’assembler eux-mêmes et de s’adapter en fonction de leur environnement. Cela pourrait être des ailes d’avion capables de se modifier en fonction de la pression ou de la température ou des pneus dont la surface pourrait changer en fonction des conditions atmosphériques.

Dans le domaine de la technologie, ce ne sont pas toujours les premiers arrivés qui font la meilleure performance boursière. On attend toujours Hewlett-Packard qui devrait faire son entrée sur ce marché très prometteur. A suivre...

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